Commentaires de la dégustation du 25.01.2017 –
Buzet, Fronton, Côtes du Marmandais
Le vin ‘’mystère’’ :
Domaine Elian Da Ros Cuvée ‘’Coucou Blanc’’ Millésime 2014 (19,80 € -
Caviste)
Pour
l’entame de notre dégustation, le passage obligatoire par le vin ‘’mystère’’
s’impose.
Afin
de rester dans l’environnement, le choix d’un blanc et plus spécialement de ce
domaine m’est apparu comme une évidence. Bien m’en a pris, car après un léger carafage
et une présentation des plus sommaires (indications : français, 2 cépages
connus), les narines ainsi que les neurones de mes partenaires se sont mises à
l’ouvrage. Après quelque errements, promenade dans le sud de la France (c’est
vaste) et des indications hasardeuses, personne, compte-tenu de ces arômes de
pamplemousse fruits blancs, de pêche, d’abricot (caractéristiques du cépage
sauvignon dans la région des Graves) n’est allé se positionné sur le Sud-Ouest
et ce cépage principal ; d’autant plus que le sémillon (le cépage
secondaire) développe lui aussi des arômes sur les fruits confits, les agrumes
avec des notes plus miellées, sur la cire d’abeille.
Qu’une
reconnaissance à l’aveugle est difficile et ardue !!!
Donc
nous voilà donc en présence de la cuvée
‘’Coucou Blanc’’, millésime 2014 qui provient d’un assemblage de 60 % de
sauvignon, 30 % de sémillon et de 10 % de sauvignon gris.
Il
se dévoile sous une robe jaune paille soutenue.
Le
verre nous propose un ensemble de notes florales (fleurs blanches), des
senteurs de fruits blancs, quelques agrumes et des fragrances grillées.
Une
ample gourmandise emplit la bouche, apportant fraîcheur sur une attaque pommes,
poires dévoilant des arômes de fruits secs et d’abricots.
La
matière présente, sans être excessive,
offre des longues réminiscences vives et fruités au palais (quelques
caudalies).
Pour
une entame, belle réussite que ce flacon, issue d’une vinification bio qui,
gastronomiquement, donnerait la réplique à des crustacés, des plats épicés, safranés
ainsi qu’à des viandes blanches et à une cuisine exotique.
Bien
++
Appellation Buzet :
LesVignerons de Buzet :
Domaine de Lhiot Millésime 2012
(6,95
€ - Cave)
Quelques
embruns marins viennent à notre rencontre, le nom du château (Lhiot) désignant
précisément un vent marin. Ce dernier a-t-il balayé les ceps d’une similitude
bordelaise (cabernet franc, cabernet sauvignon et merlot) à l’origine ce qui
est servi dans le verre ? Nul ne le sait.
Tout
auréolé de sa robe violacée, grenadine avec de légères notes tuilées présageant
d’un début d’évolution, le verre se présente à notre perspicacité.
Le
nez se rempli d’arômes fleuris (pivoine) et de fruits noirs avec quelques fragrances
grillées en accord sans doute avec la
perception visuelle de ces traces d’évolution.
L’attaque
en bouche sur une puissante matière est relativement complexe, sur une
dominante de fruits noirs, soutenue par des tannins présents et relativement
vifs offrant néanmoins une trame
élégante. L’allonge relative restitue une impression de dilution tout en
conservant cette note de virilité qui, dommage, nous laisse une finalité de fin
de bouche relativement asséchante (ressenti alcooleux) ainsi qu’une impression stricte
et persistante d’austérité et de rusticité.
Sur
un plat régional et rustique (cassoulet, civet de sanglier …) ce vin s’accordera
volontiers et entrera en harmonie, mais seul, ce vin puissant « mâle » ne
satisfait pas amplement le palais de nos dégustatrices.
Assez
bien +
Sur
cette première approche de l’ appellation, tous les dégustateurs se
retrouvent sur la réserve.
Que
nous réserve le second vin ?
Domaine Georges Vigouroux :
Château Tournelles Millésime 2014 (10,50 € - Caviste)
Quand
Georges Vigouroux, par ailleurs propriétaire du Château de Mercuès en pays de Cahors, acquière
le château Tournelle dans les années 1990, son idée directrice est de réaliser
sur ce domaine un vin de Buzet
‘’différent’’. A cet effet il entreprend la plantation du cépages Malbec (aussi
nommé Côt) en complément de l’encépagement classique ‘’bordelais’’
(cabernet-sauvignon, cabernet-franc et merlot) figurant sur le domaine jusqu’à
atteindre 15 % de la surface de
production.
Ce
cépage Malbec est considéré comme un cépage puissant et fruité produisant des
vins riches, puissants, et corsés, plein
de fougue et de tempérament, c’est un vin rouge défini communément ‘’masculin’’
mais gardant suffisamment de fraîcheur en bouche, ce qui les rend très fruités
et leur donne un belle ‘’sève’’.
Sur
ce millésime 2014, la robe se découvre sombre et profonde avec des reflets
violacés, à l’aspect limpide.
Le
nez se révèle très fins sur des arômes floraux et de fruits noirs avec de
légères fragrances de chocolat mentholé soutenues par des notes poivrées et
épicées.
Très
belle attaque franche et fraîche en bouche sur des notes de fruits noirs et de senteurs
fleuries dans une trame de tannins fins bien intégrés, procurant une sensation
plaisante d’ampleur et d’élégance sur une réelle et belle longueur laissant en
résiduel des notes légèrement compotées.
Gastronomiquement ce vin accompagnerait volontiers
des mets plus fins : rôti de veau aux cèpes, foie de veau rôti.
Bien +
Les Vignerons de Buzet :
Château de Gueyze Millésime 2012 (10,00 € -
Cave)
Sur
ce deuxième vin de la Cave des Vignerons de Buzet, nous retournons à un
encépagement ‘’classique’’ (cabernet-sauvignon, Cabernet-franc, Merlot à parts
égales) ; Ce Château se veut être le fleuron de la Cave, son deuxième vin
(La Tuque de Gueyze) est lui aussi fréquemment référencé et distingué au guide
Hachette.
Sur
le millésime 2012 le vin se présente dans une robe violacée sombre, présentant
un disque légèrement évolué.
Le
nez nous dévoile des arômes de fruits noirs, mélangés à des fragrances florales
et mentholées sur une trame d’arômes de torréfaction, café et de vanille.
La
belle et ronde attaque en bouche est puissante et ample sur des tannins
présents mais fondus, tout cela dans l’immédiateté, car dans l’instant suivant
nos sensations tombent en panne, ces belles perceptions s’évanouissent très
rapidement ne laissant en final que des
souvenirs.
En
bouche ce vin nous propose donc deux visages, une présentation avenante, pour
fuir dès que la bouche souhaite saliver avec cette finale évanescente,
quasiment inexistante et ne laissant en vérité aucune trace.
Dommage,
les prémices pouvaient laisser augurer du meilleur.
Et
que dire des commentaires qui présentent ce millésime pour ce Château
susceptible d’une garde remarquable !!!
On
reste sur notre relative déception.
Passable.
Appellation Fronton :
Château Flotis Cuvée ‘’Si
Noire’’ Millésime 2012 (10,50 € -
Caviste)
Nous remontons le cours de la Garonne pour nous arrêter dans le Frontonnais dont la particularité viticole réside dans son cépage : La Négrette. Ce cépage rapportée de l’île de Chypre par les templiers, il y a neuf siècles est le cépage principal de l’appellation. Il peut être vinifié en cépage unique ou assemblé avec les autre cépages autorisés dans l’appellation.
Nous
prenons l’option de découvrir ce cépage vinifié seul qui est susceptible de
donner des vins frais et fruités aux notes de violette et de réglisse avec des
robes assez colorées mais manquant d’acidité.
La
cuvée ‘’Si Noire’ du Château Flotis ouvre notre série des trois vins 100%
négrette.
La
robe se présente sous une tunique rouge sombre très légèrement tuilée avec des
reflets violacés. Immédiatement le nez est agressé par de puissantes notes
animales, foxées, viscérales avec des effluves d’éther, d’où l’on peut
discerner quelques arômes épicés.
Aérer,
tournicoter le verre, attendre et malgré cela, ces senteurs animalières, somme
toutes déplaisantes, subsistent. Il faut tout de même faire fi de ces premières
impressions.
En
bouche une attaque franche, bien entendu sur des notes animalières, proposant
une belle et ronde structure d’où ressortent des notes de cacao amers dans une
trame tannique très présente mais néanmoins non dénuée de souplesse et laissant
une finale relativement allongée sur des notes épicées.
Mais,
diantre, que l’animalité dérange !. D’aucuns allaient même comparer ce vin
à un vin naturel quand ce dernier a ‘’tourné vinaigre’’.
Bon,
là, une réelle déception.
Aurait-il
fallu carafer ce vin quelques heures
auparavant ? Surement que cela n’aurait pas nuit.
Etait-ce
millésime (2012) ; 5 ans déjà, sachant que le cépage n’a pas un potentiel
de garde quand il est vinifié seul ?
Mériterait
donc d’être redégusté sur un millésime plus récent pour porter un jugement
définitif.
Pas
de notation.
Château Plaisance Cuvée ‘’Alabets’’ Millésime 2013 (11,00 € -
Caviste)
A
l’instar du précédent château, le Château Plaisance est lui aussi régulièrement cités et notés dans les guides
spécialisés, entre autres, le ’Guide Vert RVF 2017.
Sa
cuvée « « Alabets » se présente avec une belle robe
soutenue presque noire avec des reflets brillants
Tout
de suite, le nez se laisse envahir par des senteurs puissantes de fruits noirs
mélangée à des notes réglissées et d’une discrète animalité d’où s’exhalent,
après aération, de légères fragrances florales de violette.
L’attaque
en bouche est souple, mûre, généreuse et chaleureuse sur les fruits, cerises
noires tout en offrant de discrète perception de réglisse. Le tout sur un
ensemble équilibré reposant sur une trame tannique fine, très peu acide et presque délicate d’où s’exhalent
d’agréables notes de violettes, proposant une fin de bouche plaisante, joviale
et d’une belle allonge.
Une
impression tendant à la ‘’redemande’’ pour ce vin de soif et d’amitié.
En
se référant aux caractéristiques précédentes des vins de négrette, cette cuvée
‘’Alabets ‘’ entre parfaitement dans ces standards.
Bien
+
Château La Colombière
Cuvée ‘’ Coste Rouge’’ Millésime 2014 (14,50 € -
Caviste)
Comme
les châteaux précédent, le Château Plaisance est lui aussi régulièrement cités et notés dans les guides
spécialisés, et plus particulièrement, le ’Guide Vert RVF 2017 ( 1 étoile).
Sa
cuvée ‘’Coste Rouge’’ dans ce millésime, se distingue par une robe grenat très
sombre avec des reflets violines.
A
son approche le nez s’emplit de senteurs diverses, florales difficilement
distinguables, de fruits rouges, griottes avec une pointe de perception de torréfaction.
L’attaque
en bouche tendue par une acidité presque envahissante mais néanmoins doucereuse
sur des notes florales, sans volume et sans fraîcheur. La structure se révèle,
de fait, déséquilibrée, entrainant une présence en bouche évanescente et une
finale quasiment à dominante acétique.
Déception quand on se rappelle que lors d’une
précédente dégustation (Mars 2013) où ce vin a été proposé dans le millésime
2010, j’avais noté :
« Robe
violacée soutenue, à la limite opaque
Nez dense sur les fruits rouges avec des
senteurs de violette que perçaient les notes épicées et animales.
En bouche, vin puissant et concentré sur les
fruits rouges, emprunt de souplesse, tapissant le palais avec une finale portée
par une acidité contenue, donnant un ensemble très gourmand et plaisant. »
Donc,
ce vin dans ce millésime 2014 mériterait d’être regoûté afin de vérifier la
pertinence de nos appréciations.
Pas
de notation.
Appellation Côtes du Marmandais :
Cave du Marmandais Cuvée ‘’Terre
d’abouriou’’ Millésime 2013 (7,00 € -
Cave)
Nous
repartons pour redescendre le cours de la Garonne et nous arrêter à la
frontière du Bordelais dans les Côtes du Marmandais.
Cette
appellation dispose d’un cépage
autochtone qui entre dans la liste des plants autorisés : l’abouriou. C’est
un cépage à la robe sombre et à la chair charnue dont l’origine, bien que
mystérieuse, trouve ses racines dans le Lot-et-Garonne et est redevenu
emblématique. Précoce, il propose des notes de fruité avec un goût charpenté,
donnant des vins généreux, charnus et très aromatiques.
La
cuvée ‘’Terre d’abouriou’’ de 2013 ( 90% d’abouriou, 10% de merlot) nous dévoile une robe d’un beau grenat
soutenu.
Chacun
de nous, néophyte sur ce cépage, se complait avec ce nez gourmand, complexe,
explosif et élégant sur les fruits rouges et noirs avec des fragrances poivrées
et mentholées.
La
bouche n’est pas en reste, équilibrée entre puissance et belle fraîcheur
soutenue par une trame de tannins fins et élégants, et qui s’allonge sur une
finale rehaussée d’une pointe d’épices.
Quelle
belle découverte !
Ce
vin convivial se verrait bien accompagner des plats de ‘’famille’’ autour du
bœuf et du canard, sans oublier les charcuteries.
Bien
+
Domaine Elian Da Ros Cuvée ‘’Le Vignoble d’Elian’’ Millésime 2014 (14,80 € -
Caviste)
Ce
domaine, ‘’locomotive’’ des Côtes du Marmandais, géré en biodynamie, cité et
noté dans les revues et guides spécialisés nous propose donc cette cuvée ‘’Le
vignoble d’Elian’’. L’encépagement inclut de la syrah, soit : 50 % de
cabernet-franc, 30 % de merlot et 20 % de syrah..
Bouteille
ouverte en début de dégustation (environ 2 heures), mais vin non carafé.
La
robe se présente dans une belle tenue grenat sombre très soutenue.
Au
nez, le verre propose des effluves puissantes et complexes sur des notes de
torréfaction, de fruits noirs à noyaux, de réglisse et d’épices. Plaisir
olfactif tant le mélange des odeurs se révèle prégnant.
Porté
à la bouche le vin propose une attaque franche de cette puissante matière
complexe, ample, gourmande, soyeuse, chaleureuse et élégante sur les fruits noirs, des arômes
réglissés et de discrets épices.
L’équilibre
est parfait avec une symbiose entre les différents composants dans les lesquels
les tannins sont contenus, fins et délicats, la belle acidité est présente sans
agressivité, les amers contenus, l’alcool présent parfaitement dilué, proposant
des saveurs qui rebondissent en bouche.
Et
tout cela nous entraine sur une finale longue, goûteuse et salivante.
Bref
un grand vin, fruit d’un élevage maitrisé et reflet d’un grand savoir
faire, peut être apprécié dès maintenant ,mais ne manquera pas d’évoluer en
cave.
Bien
+++
Domaine Elian Da Ros Cuvée ‘Clos Baquey’ Millésime 2012 (31,90 € -
Caviste)
Avec
cette seconde cuvée choisie d’Elian Da Ros, nous retrouvons le cépage abouriou
en complément d’une répartition bordelaise, soit : 35 % de cabernet-franc,
35 % de merlot, 15 % de cabernet-sauvignon, 15 % d’abouriou.
Ce
vin a été carafé en début de dégustation, donc environ 2 h avant son service.
Au
service, le deuil apparaît dans le verre tant la robe est sombre, presque noire
d’une haute densité.
Tout
de suite le nez est pris par de effluves complexes fines et élégantes sur les
fruits noirs, cerise à noyau, des fragrances de santal, de cuir. Une présence
nasale de grande classe qui pourrait nous transporter (surtout lors d’une
dégustation à l’aveugle) sur les crus Médocain et qui procure un plaisir
olfactif certain.
La
belle matière complexe, sur des arômes de fruits noirs et d’épices s’impose
immédiatement en bouche.
L’attaque
est franche et charnue (gourmande) sur les fruits noirs enveloppés par les
épices, le tout reposant sur une très belle trame tannique donnant avec
l’acidité un très bel équilibre et apportant chaleur, amplitude et une
délicatesse soyeuse en bouche qui s’étire longuement en finale.
Vin
de grande lignée, là aussi fruit d’un élevage maitrisé et reflet d’un grand
savoir faire, qui est taillé pour la garde et doté d’un réel et gros potentiel
de vieillissement
Très
bien.
Claude Falourd
le
samedi 28 janvier 2017
ZOOM sur Domaine Elian Da Ros
Notre domaine est situé à Cocumont dans les Côtes du Marmandais sur la rive gauche de la Garonne. Mon père y cultivait des tomates, des céréales, du tabac et des vignes dont il apportait les raisins à la cave coopérative du village. Enfant je rêvais d’être vigneron et dès l’âge de 14 ans j’ai entamé des études de viticulture-œnologie. En 1997, après avoir travaillé 5 ans en Alsace, j’ai choisi de revenir sur les terres familiales et d’y construire un chai pour y faire mon vin. 1998 est mon premier millésime. Le domaine couvre aujourd’hui 22 hectares en coteaux sur un terroir de graves et d’argilo-calcaires. Les vignes sont en culture biologique depuis 2000 et en biodynamie depuis 2002.
Pour pallier à deux années consécutives de grêle (50% en 2006 et 13 ha à 100% en 2007), nous achetons, depuis le millésime 2007, un peu de raisin à un ami viticulteur qui possède une très jolie parcelle sur un terroir argilo-calcaire sous éboulis graveleux. Les raisins achetés sont produits avec un cahier des charges strict et sont destinés uniquement à la cuvée Le vin est une Fête (non certifiée bio).
Nous portons beaucoup d’attention au travail et au soin des vignes, car c’est la somme de petits détails pratiqués tout au long de l’année qui fera une grande différence qualitative à l’arrivée. En cave aussi, nous travaillons en douceur pour respecter le raisin mais surtout nous les accompagnons pour qu’ils expriment le terroir d’où ils viennent et le caractère unique de chaque millésime.
Merci Claude de nous faire revivre cette dégustation riche et instructive avec un cépage prometteur l'abouriou et un grand vigneron Elian Da RoS.
RépondreSupprimerBernard Chat