samedi 28 janvier 2017

Dégustation – Buzet, Fronton, Côtes du Marmandais du 25.01.2017

Commentaires de la dégustation du 25.01.2017 – 

Buzet, Fronton, Côtes du Marmandais



Le vin ‘’mystère’’ :

Domaine Elian Da Ros  Cuvée ‘’Coucou Blanc’’  Millésime 2014                (19,80 € - Caviste)

Pour l’entame de notre dégustation, le passage obligatoire par le vin ‘’mystère’’ s’impose.
Afin de rester dans l’environnement, le choix d’un blanc et plus spécialement de ce domaine m’est apparu comme une évidence. Bien m’en a pris, car après un léger carafage et une présentation des plus sommaires (indications : français, 2 cépages connus), les narines ainsi que les neurones de mes partenaires se sont mises à l’ouvrage. Après quelque errements, promenade dans le sud de la France (c’est vaste) et des indications hasardeuses, personne, compte-tenu de ces arômes de pamplemousse fruits blancs, de pêche, d’abricot (caractéristiques du cépage sauvignon dans la région des Graves) n’est allé se positionné sur le Sud-Ouest et ce cépage principal ; d’autant plus que le sémillon (le cépage secondaire) développe lui aussi des arômes sur les fruits confits, les agrumes avec des notes plus miellées, sur la cire d’abeille.
Qu’une reconnaissance à l’aveugle est difficile et ardue !!!
Donc nous voilà donc en présence  de la cuvée ‘’Coucou Blanc’’, millésime 2014 qui provient d’un assemblage de 60 % de sauvignon, 30 % de sémillon et de 10 % de sauvignon gris.

Il se dévoile sous une robe jaune paille soutenue.
Le verre nous propose un ensemble de notes florales (fleurs blanches), des senteurs de fruits blancs, quelques agrumes et des fragrances grillées.
Une ample gourmandise emplit la bouche, apportant fraîcheur sur une attaque pommes, poires dévoilant des arômes de fruits secs et d’abricots.
La matière présente, sans être excessive,  offre des longues réminiscences vives et fruités au palais (quelques caudalies).
Pour une entame, belle réussite que ce flacon, issue d’une vinification bio qui, gastronomiquement, donnerait la réplique à des crustacés, des plats épicés, safranés ainsi qu’à des viandes blanches et à une cuisine exotique.

Bien ++

Appellation Buzet :

LesVignerons de Buzet : Domaine de Lhiot   Millésime 2012                            (6,95 € - Cave)

Quelques embruns marins viennent à notre rencontre, le nom du château (Lhiot) désignant précisément un vent marin. Ce dernier a-t-il balayé les ceps d’une similitude bordelaise (cabernet franc, cabernet sauvignon et merlot) à l’origine ce qui est servi dans le verre ? Nul ne le sait.

Tout auréolé de sa robe violacée, grenadine avec de légères notes tuilées présageant d’un début d’évolution, le verre se présente à notre perspicacité.
Le nez se rempli d’arômes fleuris (pivoine) et de fruits noirs avec quelques fragrances  grillées en accord sans doute avec la perception visuelle de ces traces d’évolution.
L’attaque en bouche sur une puissante matière est relativement complexe, sur une dominante de fruits noirs, soutenue par des tannins présents et relativement vifs  offrant néanmoins une trame élégante. L’allonge relative restitue une impression de dilution tout en conservant cette note de virilité qui, dommage, nous laisse une finalité de fin de bouche relativement asséchante (ressenti alcooleux) ainsi qu’une impression stricte et persistante d’austérité et de rusticité.
Sur un plat régional et rustique (cassoulet, civet de sanglier …) ce vin s’accordera volontiers et entrera en harmonie, mais seul,  ce vin puissant « mâle » ne satisfait pas amplement le palais de nos dégustatrices.

Assez bien +
Sur cette première approche de l’ appellation, tous les dégustateurs se retrouvent  sur la réserve.
Que nous réserve le second vin ?

Domaine Georges Vigouroux : Château Tournelles  Millésime 2014                       (10,50 € - Caviste)

Quand Georges Vigouroux, par ailleurs propriétaire du Château de Mercuès en pays de Cahors, acquière le château Tournelle dans les années 1990, son idée directrice est de réaliser sur  ce domaine un vin de Buzet ‘’différent’’. A cet effet il entreprend la plantation du cépages Malbec (aussi nommé Côt) en complément de l’encépagement classique ‘’bordelais’’ (cabernet-sauvignon, cabernet-franc et merlot) figurant sur le domaine jusqu’à atteindre 15 %  de la surface de production.
Ce cépage Malbec est considéré comme un cépage puissant et fruité produisant des vins riches, puissants, et corsés,  plein de fougue et de tempérament, c’est un vin rouge défini communément ‘’masculin’’ mais gardant suffisamment de fraîcheur en bouche, ce qui les rend très fruités et leur donne un belle ‘’sève’’.  

Sur ce millésime 2014, la robe se découvre sombre et profonde avec des reflets violacés, à l’aspect limpide.
Le nez se révèle très fins sur des arômes floraux et de fruits noirs avec de légères fragrances de chocolat mentholé soutenues par des notes poivrées et épicées.
Très belle attaque franche et fraîche en bouche sur des notes de fruits noirs et de senteurs fleuries dans une trame de tannins fins bien intégrés, procurant une sensation plaisante d’ampleur et d’élégance sur une réelle et belle longueur laissant en résiduel des notes légèrement compotées.
Gastronomiquement ce vin accompagnerait volontiers des mets plus fins : rôti de veau aux cèpes, foie de veau rôti.

Bien +

Les Vignerons de Buzet : Château de Gueyze  Millésime 2012                     (10,00 € - Cave)

Sur ce deuxième vin de la Cave des Vignerons de Buzet, nous retournons à un encépagement ‘’classique’’ (cabernet-sauvignon, Cabernet-franc, Merlot à parts égales) ; Ce Château se veut être le fleuron de la Cave, son deuxième vin (La Tuque de Gueyze) est lui aussi fréquemment référencé et distingué au guide Hachette.

Sur le millésime 2012 le vin se présente dans une robe violacée sombre, présentant un disque légèrement évolué.
Le nez nous dévoile des arômes de fruits noirs, mélangés à des fragrances florales et mentholées sur une trame d’arômes de torréfaction, café et de vanille.
La belle et ronde attaque en bouche est puissante et ample sur des tannins présents mais fondus, tout cela dans l’immédiateté, car dans l’instant suivant nos sensations tombent en panne, ces belles perceptions s’évanouissent très rapidement ne laissant en final  que des souvenirs.
En bouche ce vin nous propose donc deux visages, une présentation avenante, pour fuir dès que la bouche souhaite saliver avec cette finale évanescente, quasiment inexistante et ne laissant en vérité aucune trace.
Dommage, les prémices pouvaient laisser augurer du meilleur.
Et que dire des commentaires qui présentent ce millésime pour ce Château susceptible d’une garde remarquable !!!
On reste sur notre relative déception.

Passable.

Appellation Fronton :

Château Flotis Cuvée ‘’Si Noire’’  Millésime 2012                                     (10,50 € - Caviste)

Nous remontons le cours de la Garonne pour nous arrêter dans le Frontonnais dont la particularité viticole réside dans son cépage : La Négrette. Ce cépage rapportée de l’île de Chypre par les templiers, il y a neuf siècles est le cépage principal de l’appellation. Il  peut être vinifié en cépage unique ou assemblé  avec les autre cépages autorisés dans l’appellation.
Nous prenons l’option de découvrir ce cépage vinifié seul qui est susceptible de donner des vins frais et fruités aux notes de violette et de réglisse avec des robes assez colorées mais manquant d’acidité.

La cuvée ‘’Si Noire’ du Château Flotis ouvre notre série des trois vins 100% négrette.
La robe se présente sous une tunique rouge sombre très légèrement tuilée avec des reflets violacés. Immédiatement le nez est agressé par de puissantes notes animales, foxées, viscérales avec des effluves d’éther, d’où l’on peut discerner quelques arômes épicés. 
Aérer, tournicoter le verre, attendre et malgré cela, ces senteurs animalières, somme toutes déplaisantes, subsistent. Il faut tout de même faire fi de ces premières impressions.
En bouche une attaque franche, bien entendu sur des notes animalières, proposant une belle et ronde structure d’où ressortent des notes de cacao amers dans une trame tannique très présente mais néanmoins non dénuée de souplesse et laissant une finale relativement allongée sur des notes épicées.
Mais, diantre, que l’animalité dérange !. D’aucuns allaient même comparer ce vin à un vin naturel quand ce dernier a ‘’tourné vinaigre’’.
Bon, là, une réelle déception.
Aurait-il fallu carafer ce vin  quelques heures auparavant ? Surement que cela n’aurait pas nuit.
Etait-ce millésime (2012) ; 5 ans déjà, sachant que le cépage n’a pas un potentiel de garde quand il est vinifié seul ?
Mériterait donc d’être redégusté sur un millésime plus récent pour porter un jugement définitif.

Pas de notation.

Château Plaisance  Cuvée ‘’Alabets’’  Millésime 2013                             (11,00 € - Caviste)

A l’instar du précédent château, le Château Plaisance est lui aussi  régulièrement cités et notés dans les guides spécialisés, entre autres, le ’Guide Vert RVF 2017.
Sa cuvée « « Alabets »  se présente avec une belle robe soutenue presque noire avec des reflets brillants
Tout de suite, le nez se laisse envahir par des senteurs puissantes de fruits noirs mélangée à des notes réglissées et d’une discrète animalité d’où s’exhalent, après aération, de légères fragrances florales de violette.
L’attaque en bouche est souple, mûre, généreuse et chaleureuse sur les fruits, cerises noires tout en offrant de discrète perception de réglisse. Le tout sur un ensemble équilibré reposant sur une trame tannique fine, très peu acide  et presque délicate d’où s’exhalent d’agréables notes de violettes, proposant une fin de bouche plaisante, joviale et d’une belle allonge.
Une impression tendant à la ‘’redemande’’ pour ce vin de soif et d’amitié.  
En se référant aux caractéristiques précédentes des vins de négrette, cette cuvée ‘’Alabets ‘’ entre parfaitement dans ces standards.

Bien +

Château  La Colombière  Cuvée ‘’ Coste Rouge’’  Millésime 2014                  (14,50 € - Caviste)

Comme les châteaux précédent, le Château Plaisance est lui aussi  régulièrement cités et notés dans les guides spécialisés, et plus particulièrement, le ’Guide Vert RVF 2017 ( 1 étoile).
Sa cuvée ‘’Coste Rouge’’ dans ce millésime, se distingue par une robe grenat très sombre avec des reflets violines.
A son approche le nez s’emplit de senteurs diverses, florales difficilement distinguables, de fruits rouges, griottes avec une pointe de perception de torréfaction.
L’attaque en bouche tendue par une acidité presque envahissante mais néanmoins doucereuse sur des notes florales, sans volume et sans fraîcheur. La structure se révèle, de fait, déséquilibrée, entrainant une présence en bouche évanescente et une finale quasiment à dominante acétique.
Déception quand on se rappelle que lors d’une précédente dégustation (Mars 2013) où ce vin a été proposé dans le millésime 2010, j’avais noté :
« Robe violacée soutenue, à la limite opaque
Nez dense sur les fruits rouges avec des senteurs de violette que perçaient les notes épicées et animales.
En bouche, vin puissant et concentré sur les fruits rouges, emprunt de souplesse, tapissant le palais avec une finale portée par une acidité contenue, donnant un ensemble très gourmand et plaisant. »
Donc, ce vin dans ce millésime 2014 mériterait d’être regoûté afin de vérifier la pertinence de nos appréciations.

Pas de notation.

Appellation Côtes du Marmandais :

Cave du Marmandais Cuvée ‘’Terre d’abouriou’’  Millésime 2013                     (7,00 € - Cave)

Nous repartons pour redescendre le cours de la Garonne et nous arrêter à la frontière du Bordelais dans les Côtes du Marmandais.
Cette appellation  dispose d’un cépage autochtone qui entre dans la liste des plants autorisés : l’abouriou. C’est un cépage à la robe sombre et à la chair charnue dont l’origine, bien que mystérieuse, trouve ses racines dans le Lot-et-Garonne et est redevenu emblématique. Précoce, il propose des notes de fruité avec un goût charpenté, donnant des vins généreux, charnus et très aromatiques.

La cuvée ‘’Terre d’abouriou’’ de 2013 ( 90% d’abouriou, 10% de merlot)  nous dévoile une robe d’un beau grenat soutenu.
Chacun de nous, néophyte sur ce cépage, se complait avec ce nez gourmand, complexe, explosif et élégant sur les fruits rouges et noirs avec des fragrances poivrées et mentholées.
La bouche n’est pas en reste, équilibrée entre puissance et belle fraîcheur soutenue par une trame de tannins fins et élégants, et qui s’allonge sur une finale rehaussée d’une pointe d’épices.
Quelle belle découverte !
Ce vin convivial se verrait bien accompagner des plats de ‘’famille’’ autour du bœuf et du canard, sans oublier les charcuteries.

Bien +

Domaine Elian Da Ros  Cuvée ‘’Le Vignoble d’Elian’’  Millésime 2014               (14,80 € - Caviste)

Ce domaine, ‘’locomotive’’ des Côtes du Marmandais, géré en biodynamie, cité et noté dans les revues et guides spécialisés nous propose donc cette cuvée ‘’Le vignoble d’Elian’’. L’encépagement inclut de la syrah, soit : 50 % de cabernet-franc, 30 % de merlot et 20 % de syrah..
Bouteille ouverte en début de dégustation (environ 2 heures), mais vin non carafé.

La robe se présente dans une belle tenue grenat sombre très soutenue.
Au nez, le verre propose des effluves puissantes et complexes sur des notes de torréfaction, de fruits noirs à noyaux, de réglisse et d’épices. Plaisir olfactif tant le mélange des odeurs se révèle prégnant.
Porté à la bouche le vin propose une attaque franche de cette puissante matière complexe, ample, gourmande, soyeuse, chaleureuse  et élégante sur les fruits noirs, des arômes réglissés et de discrets épices.
L’équilibre est parfait avec une symbiose entre les différents composants dans les lesquels les tannins sont contenus, fins et délicats, la belle acidité est présente sans agressivité, les amers contenus, l’alcool présent parfaitement dilué, proposant des saveurs qui rebondissent en bouche.
Et tout cela nous entraine sur une finale longue, goûteuse et salivante.
Bref un grand vin, fruit d’un élevage maitrisé et reflet d’un grand savoir faire, peut être apprécié dès maintenant ,mais ne manquera pas d’évoluer en cave.

Bien +++

Domaine Elian Da Ros  Cuvée ‘Clos Baquey’  Millésime 2012                      (31,90 € - Caviste)

Avec cette seconde cuvée choisie d’Elian Da Ros, nous retrouvons le cépage abouriou en complément d’une répartition bordelaise, soit : 35 % de cabernet-franc, 35 % de merlot, 15 % de cabernet-sauvignon, 15 % d’abouriou.
Ce vin a été carafé en début de dégustation, donc environ 2 h avant son service.
Au service, le deuil apparaît dans le verre tant la robe est sombre, presque noire d’une haute densité.
Tout de suite le nez est pris par de effluves complexes fines et élégantes sur les fruits noirs, cerise à noyau, des fragrances de santal, de cuir. Une présence nasale de grande classe qui pourrait nous transporter (surtout lors d’une dégustation à l’aveugle) sur les crus Médocain et qui procure un plaisir olfactif certain.
La belle matière complexe, sur des arômes de fruits noirs et d’épices s’impose immédiatement en bouche.
L’attaque est franche et charnue (gourmande) sur les fruits noirs enveloppés par les épices, le tout reposant sur une très belle trame tannique donnant avec l’acidité un très bel équilibre et apportant chaleur, amplitude et une délicatesse soyeuse en bouche qui s’étire longuement en finale.
Vin de grande lignée, là aussi fruit d’un élevage maitrisé et reflet d’un grand savoir faire, qui est taillé pour la garde et doté d’un réel et gros potentiel de vieillissement

Très bien.


Claude Falourd      
                                                                                          le samedi 28 janvier 2017



ZOOM sur Domaine Elian Da Ros 

Notre domaine est situé à Cocumont dans les Côtes du Marmandais sur la rive gauche de la Garonne. Mon père y cultivait des tomates, des céréales, du tabac et des vignes dont il apportait les raisins à la cave coopérative du village. Enfant je rêvais d’être vigneron et dès l’âge de 14 ans j’ai entamé des études de viticulture-œnologie. En 1997, après avoir travaillé 5 ans en Alsace, j’ai choisi de revenir sur les terres familiales et d’y construire un chai pour y faire mon vin. 1998 est mon premier millésime. Le domaine couvre aujourd’hui 22 hectares en coteaux sur un terroir de graves et d’argilo-calcaires. Les vignes sont en culture biologique depuis 2000 et en biodynamie depuis 2002.
Pour pallier à deux années consécutives de grêle (50% en 2006 et 13 ha à 100% en 2007), nous achetons, depuis le millésime 2007, un peu de raisin à un ami viticulteur qui possède une très jolie parcelle sur un terroir argilo-calcaire sous éboulis graveleux. Les raisins achetés sont produits avec un cahier des charges strict et sont destinés uniquement à la cuvée Le vin est une Fête (non certifiée bio).

Nous portons beaucoup d’attention au travail et au soin des vignes, car c’est la somme de petits détails pratiqués tout au long de l’année qui fera une grande différence qualitative à l’arrivée. En cave aussi, nous travaillons en douceur pour respecter le raisin mais surtout nous les accompagnons pour qu’ils expriment le terroir d’où ils viennent et le caractère unique de chaque millésime.

1 commentaire:

  1. Merci Claude de nous faire revivre cette dégustation riche et instructive avec un cépage prometteur l'abouriou et un grand vigneron Elian Da RoS.

    Bernard Chat

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