jeudi 21 octobre 2010

François Cotat – Sancerre – La Grande Côte – Verticale en magnum du 21.04.2010

François Cotat – Sancerre – La Grande Côte – 
Verticale en magnum
21/04/2010


Le thème de la dégustation de ce mois de mon club fait rêver !
C'est grâce à l'ami Claude, qui est dans les "petits papiers" de Paul Cotat, père et modèle de François, que nous avons eu la chance de voyager dans le temps sur un des plus beaux coteaux de Sancerre.

La cuvée "La Grande Côte" est issue d'une parcelle de 1 ha, plantée en 1953, constituée d'argilo-calcaires (terres blanches), donc du sol de Sancerre qui donne les vins les plus longs à se faire. Le rendement habituel est de 60 hl/ha mais on n'arrive pas à y croire tant la concentration de la plupart des millésimes est phénoménale.

La vinification est "la plus simple possible", dixit Paul Cotat et son fils suit la même philosophie "je laisse le vin se faire tout seul". Donc pas de levurage, pas de bois (uniquement de vielles barriques, pas de filtrage et tout juste deux soutirages ...

L'ordre de dégustation a été suggéré par Paul et les vins directement servis depuis les magnums.
Ce sont mes propres notes de dégustation, donc très subjectives, et non une synthèse, et j'ai utilisé un taster de la série des impitoyables.

2001
Robe d'une couleur paille assez soutenue, brillante et avec encore des reflets verts.
Le nez est très intense et parfumé, d'une belle complexité (cire, miel, citron, menthol).
L'attaque en bouche est ronde, avec une certaine fraicheur, et la finale est ciselée par la minéralité.
Beau vin, élégant.

2003
La robe est légèrement dorée.
Le nez est puissant, très miellé, presque brioché, avec une pointe de fruits exotiques.
Grand volume en bouche, qui se montre onctueuse grâce aux sucres résiduels, très belle longueur avec une finale fraiche malgré le millésime.
Très beau vin, riche.

1997
La robe est légèrement dorée.
Le nez est puissant et complexe, presque envoutant, avec du caramel, de la cire et des fruits jaunes. On ne peut s'empêcher d'y revenir, encore et encore.
Mais il faut bien le passer en bouche, aussi ;)... Pas de déception, bien au contraire, mais autre chose : l'attaque est franche et assez ronde, le milieu de bouche très minéral et pur (c'est à cela que l'on ne s'attendait pas) ; seule la finale longue et riche nous rappelle le nez.
Le contraste est étonnant entre l'exubérance fruitée et presque sucrée du nez et la minéralité de la bouche.
Vin exceptionnel, complexe.

1998
La robe est toujours légèrement dorée.
Le nez explose, sur des arômes moins nobles (mais plus classiques !) de bourgeon de cassis et de pamplemousse.
La bouche se révèle très ronde, avec des sucres résiduels qui permettent d'équilibrer des arômes végétaux (thé notamment).
Bon vin, végétal.

Nota : certains ont décelé des notes de bouchon, surtout en bouche.

1996
La robe est légèrement plus soutenue, d'un or moyen.
La puissance du nez révèle immédiatement une grande richesse : poire, miel, fleurs, avec une pointe de cassis.
Belle rectitude en bouche, sur la finesse, avec de faibles sucres résiduels mais néanmoins perceptibles, et une finale longue, réglissée et légèrement saline.
Très grand vin, équilibré.

1986
La robe est du même tonneau (pas le vin ;)), mais incroyablement jeune pour le millésime.
Le nez est très ouvert, avec au premier nez des notes herbacées et de champignons, puis du pétrole bien présent.
La bouche est marquée par la minéralité et l'acidité.
Beau vin, tranchant.

Nota : certains l'ont trouvé comme étant le plus proche des Sancerre "classiques". Il est vrai que depuis le début, et la suite ne le démentira pas, on est loin des Sancerre classiques.
Pour moi on se rapprochait plus d'un vieux Riesling avec ce 1986.

1989
La robe est d'un or franc.
Le nez est intense, moins puissant que les précédents, mais d'une finesse et d'une complexité incroyables. L'alcool de poire domine, mais la vanille apparaît, puis c'est un festival d'épices ... C'est très subtil.
L'attaque est grasse, la bouche riche et charpentée, bien relancée par une magnifique acidité qui lui confère une énorme longueur.
Très grand vin, racé et subtil.

1985
La robe est d'un or un peu plus clair, encore très jeune.
Le nez, puissant, est dominé par la truffe, les champignons et la réglisse.
En bouche, on retrouve truffe et champignons, avec une pointe de sucre qui équilibre la minéralité bien présente.
Beau vin, étonnant.

Nota : certains l'ont encore plus apprécié que moi, sans doute envoutés par la truffe !

Et pour finir, un beau cadeau sous forme d'intrus, mais on est toujours chez Cotat, toujours sur un grand terroir, et sur un millésime exceptionnel ...

Monts Damnés 1990
Ce vin est issu de raisins récoltés très tard (novembre) et n'a rempli qu'une seule barrique. C'est donc une rareté, qui plus est en magnum.

La robe est d'un bel or franc, peut-être la plus soutenue de la dégustation.
Le nez est très puissant, sur les fruits exotiques (mangue), le caramel, les épices ... On trouve un nouvel arôme à chaque inspiration !
La bouche est massive et capiteuse (l'étiquette indique 12,5 ° mais on a du mal à y croire), sur l'abricot et le coing. La finale réglissée et fraiche met du temps à percer derrière la richesse du milieu de bouche !
C'est un gamin, il n'a que vingt ans ...
Vin exceptionnel, opulent.

Au final, une dégustation mémorable, qui marquera les esprits des dégustateurs. Nous sommes de la région (Bourges), mais n'étions pas tous convaincus que les Sancerre peuvent bien vieillir. Certes il y a l'effet du contenant, mais cela est loin d'expliquer ces robes très jeunes, ces nez complexes, ces bouches puissantes et élégantes à la fois, pour des vins vieux de 10 à 25 ans ...

Encore un grand merci à Claude et à Paul !

Jean-Loup Guerrin