Le 24.09.2018
Les arômes du vin, d’où viennent-ils
?
Le néophyte de
la dégustation et du vin que vous êtes, ou que vous avez un jour été, s’est
forcément déjà posé cette question : mais d’où peut bien provenir la
multitude d’arômes que l’on peut rencontrer dans les vins ?
Comment des
arômes aussi différents que le cuir, la cerise, la vanille ou encore l’herbe
fraîche peuvent-ils être naturellement présents dans le vin ?
Après tout, le
vin provient du raisin, pourquoi n’en a-t-il pas simplement le goût ?
Eléments de réponse ci-dessous.
Pour commencer, dissipons tout malentendu : non,
on ne rajoute pas d’arômes artificiels dans le vin ! Si un sauvignon a des
arômes d’agrumes, ce n’est pas parce qu’on a rajouté des arômes de citron dans
le vin, mais tout simplement parce que les agrumes sont l’un des arômes variétaux
– arômes primaires – de ce cépage ! Idem pour le litchi dans le
gewurztraminer ou le poivron vert dans le cabernet (enfin, dans celui qui
manque de maturité) par exemple. Le vin, ce n’est pas comme le cocktail
rosé-pamplemousse tout de même, et ce genre de pratique est bien entendu
totalement interdite !
Dans cet article, nous ne traiterons que des arômes
naturels, c’est-à-dire qui existent à l’état naturel dans certaines substances
végétales ou animales, puisque les arômes de synthèse et les arômes
artificiels, qui ne sont pas présents dans le vin, ne nous intéressent pas.
Même si, en réalité, c’est un peu plus complexe que cela, notamment avec
l’ajout de levures.
Les arômes du vin, c’est avant tout
une histoire de molécules :
Pour commencer, ces arômes que nous assimilons à
d’autres produits que nous connaissons sont des ensembles de composés volatils
faits de molécules aromatiques naturelles. Par exemple, la vanilline est un
composé aromatique présent dans la vanille. Certains arômes sont simples alors
que d’autres sont d’une grande complexité puisqu’ils sont constitués d’une
multitude de composés volatils, comme le tabac par exemple (plus de deux mille
deux cents composés volatils).
Par simplifier, on utilise pour décrire un vin des
produits dont l’odeur ressemble à celles qu’on retrouve dans ce vin, même si
bien entendu, ces produits ne sont eux-mêmes pas présents dans votre verre, et
n’ont même rien à voir avec le vin. En réalité, ces arômes du vin sont des
ensembles de composés dont les structures moléculaires sont proches ou
apparentées à celles des produits dont on reconnaît l’odeur. On ne rencontre
pas d’arôme pur de citron dans le vin, mais une structure moléculaire proche de
celle présente dans le citron, d’où la similitude olfactive. Il serait bien
plus compliqué, fastidieux et probablement inintelligible pour la plupart
d’entre nous, de lister les molécules responsable des arômes du vin. Du coup,
nous utilisons des analogies avec des odeurs proches de celles dont nous avons
l’habitude. Voilà pourquoi les commentaires de dégustation peuvent parfois
sembler si étranges aux personnes qui débutent leur apprentissage du vin :
on peut donc dire d’un vin qu’il dévoile à la fois des flaveurs de fruits
rouges, des notes giboyeuses, de sous-bois et … de café ! Prenez par
exemple l’anéthol. C’est le composé responsable du goût anisé. Il est présent
dans le fenouil, l’anis ou encore la badiane. Et bien sachez qu’on retrouve
dans certains vins des composés proches de la structure de l’anéthol ! Le
furanéol s’apparente quant à lui à l’odeur de la fraise. On le détecte aussi
dans certains vins. Parfois cette ressemblance est tellement frappante qu’elle
peut donner l’illusion de sentir le produit en question. L’exemple est un peu
caricatural mais c’est notamment le cas du litchi dans certains
gewurztraminers : au nez, et à l’aveugle, on pourrait presque croire qu’on
hume l’odeur de litchis frais et de pétales de rose !
Mais parce que le vin, n’est pas juste du jus de
raisin, l’origine des arômes a une explication qui dépasse la seule variété de
cépages.
Les Arômes du vin primaires,
secondaires, tertiaires :
On distingue généralement trois catégories d’arômes,
du fait leurs origines différentes : primaires, secondaires et tertiaires.
Les arômes primaires, ou variétaux, sont inhérents au cépage (ou à une famille de cépages) et
au terroir. La pulpe et la pellicule des raisins contiennent de nombreux
composés organiques dont une partie est aromatique. On distingue ces arômes
variétaux en deux groupes : les arômes variétaux libres de rang et les
précurseurs d’arômes, non odorants. Les cépages à saveurs
« simples », comme le cabernet, le pinot noir, le gamay, le sauvignon
ou le chardonnay, n’ont que des précurseurs d’arômes (leur moût est inodore,
c’est la vinification et plus particulièrement l’action des levures qui les
transformera en molécules volatiles pour les rendre aromatiques – ce que l’on
appelle en termes savants l’hydrolyse enzymatique) ; alors que les cépages
aromatiques, comme la muscadelle, le muscat ou le gewurztraminer, contiennent à
la fois des précurseurs d’arômes et des arômes variétaux libres de rang
(c’est-à-dire des arômes déjà odorants dans le fruit, qui n’ont pas besoin de
transformation pour être aromatiques). Les échanges se font avec le vin grâce
aux macérations des moûts, lorsque le jus est en contact avec les pellicules
des raisins.
Les arômes secondaires, ou fermentaires, proviennent de la fermentation
(alcoolique et malolactique). Il s’agit d’arômes créés par l’activité des
levures et des bactéries durant la fermentation alcoolique. En effet, ces
dernières assimilent les nutriments du moût (sucres et acides aminés) et les
transforment en alcool, ce qui crée de nouveaux arômes (alcooleux, spiritueux
et certains arômes de fruits). Ces arômes comme l’arôme amylique (saveur de
bonbon anglais ou de banane), sont particulièrement perceptibles dans les vins
primeurs. Ils varient en fonction de nombreux facteurs, principalement le type
de levure, la température de fermentation (qui influe sur le type d’alcool
produit – alcools supérieurs ou esters – et donc sur leurs arômes). Nous ne
rentrerons pas dans le débat houleux sur les levures non-indigènes et leur
transformation – ou non – des arômes du vin, trop complexe pour les modestes
amateurs que nous sommes, mais vous pouvez vous renseigner à ce sujet chez les
spécialistes du sujet. Pendant les fermentations malolactiques, de nouveaux
arômes apparaissent, principalement lactés et beurrés (le diacétyle, qui est un
produit formé par la fermentation malolactique) et une accentuation des arômes
empyreumatiques (tout ce qui touche au feu, au fumé). Au contraire, les arômes
qui influent sur la fraîcheur du vin, comme les arômes d’agrumes vont avoir
tendance à diminuer.
Enfin, les arômes tertiaires proviennent de
l’élevage et du vieillissement. La vanille, les arômes empyreumatiques et les
épices font partie de ce type d’arômes. En effet, la vanilline, l’eugénol
(arôme de clou de girofle) ou le le gaiacol (arôme de pain grillé) proviennent
du contact avec les fûts de chêne préalablement toasté – qui porte le joli nom
d’opération du « bousinage » -. Tous ces arômes proviennent des
composantes du bois. Les notes d’élevage dépendent intimement du type de bois
utilisé et des techniques de chauffe : ces paramètres peuvent conférer au
vin des arômes assez différents (passage de la vanille à l’amande grillée avec
une chauffe plus intense par exemple).
Bon on vous l’accorde, ça n’est pas franchement si
simple à comprendre. Et encore on n’est pas trop entré dans les détails
chimiques, parce que nous-mêmes, ici, on n’a pas de spécialiste de la chimie.
Arômes primaires, secondaires, tertiaires : savez-vous les reconnaître ?
On peut dénombrer plus de cinq cents arômes différents dans un
vin, jusqu’à 700 selon
certains ! S’entend sous le terme « arômes » les sensations
perçues par le nez (à la distinction des saveurs, perçues par la bouche). Pour
les identifier, du moins quelques-uns d’entre eux, il faut s’y exercer,
méthodiquement. Les mémoriser est la seule façon de les reconnaître. Ils sont
classés en grandes familles, par analogie avec toute la gamme des odeurs
rencontrées dans la nature.
En voici quelques-uns !
Les arômes primaires ou variétaux :
floral : acacia, aubépine, œillet, chèvrefeuille, jacinthe, jasmin,
iris, fleur d’oranger, rose, lilas, genêt, tilleul…
fruité : cassis, fraise, framboise, mûre, pomme, pêche, poire, abricot,
agrumes, citron, citronnelle, coing, ananas, mangue, litchi…
végétal : thym, laurier, garrigue, poivron, bourgeon de cassis, foin
coupé, herbe, fougère, buis, tisane, lierre, thé, mais aussi anis, menthe,
fenouil…
minéral : pierre à fusil, craie, iode, silex, pétrole, naphte…
épicé : poivre, cannelle, clou de girofle, muscade…
Les arômes secondaires de la
fermentation :
fermentaire : levure, mie de pain, brioche, biscuit, pâtisserie
lacté : lait, beurre frais, caramel, yaourt
amylique : banane, bonbon anglais, vernis à ongles…
Les arômes tertiaires de
l’élevage :
floral : fleurs séchées, bruyère
fruité : fruits secs, noisette, noix, amande, abricot
pruneau, prune, cerise noire
confiserie : pralin, miel, pâte d’amandes, cake…
boisé et balsamique : chêne, bois neuf, pin, cèdre, vanille, bois fumé, eucalyptus,
brûlé…
épicé : vanille, cannelle, poivre, clou de girofle, réglisse, zan,
goudron
animal : jus de viande : cuir, fourrure, gibier, venaison…
empyreumatique : cacao, pain grillé, pain d’épice, café, tabac, caramel…
végétal : truffe, champignon, sous-bois
chimique : vernis, solvant
Si les arômes, identifiés, sont un bon moyen de communiquer et de
retranscrire ses sensations, ne perdons pas de vue que le plus important
lorsque l’on goûte un vin, ce n’est pas tant d’en lister toutes les notes que
de prêter attention à sa texture, sa forme, sa persistance.
D’après
commentaires sur le site ‘’Idealwine’’
Claude le
24.09.2018
Bel article sur les arômes du vin et la roue est particulièrement bien faites.
RépondreSupprimerMerci Claude
merci pour faire vivre le blog, toujours un plaisr de te lire
RépondreSupprimerjean michel
Bel article très instructif ! Merci Claude
RépondreSupprimerPatrice RENAUD