Retour de notre traditionnel repas, qui clôture
nos séances annuelles de dégustations après son absence, regrettée, l’année
passée pour cause d’aléas logistiques. Et pour
cette gustative rencontre, les
bonnes fées se sont penchées sur la date retenue car nous étions 38 à venir partager
cette soirée mêlant ‘’Vins’’ et ‘’Plats’’ dans notre point de chute favori ‘’La
Suite’’.
Faisons fi de quelques esprits chagrins qui feront
peut-être remarquer que la moitié de cette audience provenait de conjointes ou
conjoints.
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Participants 1 (En premier plan , notre président) |
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Participants 2 (Au fond, debout, David notre hôte)
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Participants 3
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Participants 4
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David, épanoui, accueille, comme à son habitude,
chaleureusement chacun d’entre nous et nous laisse nous installer pour profiter
de l’apéritif dont le thème portait sur les blancs du Mâconnais.
A l’initiative du choix de cet apéritif, je
souhaitais proposer à l’assemblée les deux belles pointures de Viré-Clissé (qui
certainement font partie du ‘’Top 10’’ des vins du Mâconnais) ainsi que de
découvrir un Pouilly-Fuissé dont la valeur n’avait pas encore été mise en avant
dans les guides spécialisés.
Accompagnés par quelques ‘’friandises’’
concoctées par le chef les 3 vins seront donc servis et commentés les uns après
les autres.
Les ‘’friandises’’ : |
Pour accompagner nos vins ''apéritifs'' |
Nous débutons l’apéritif par :
Domaine Guillemot-Michel : Mâcon Viré-Clissé ‘’Quintaine’’
2020
Le Domaine :
Le Domaine
Guillemot-Michel est un petit domaine familial situé à « Quintaine », entre les
villages de Viré et Clessé, au cœur de l’appellation Viré-Clessé, l’un des
trois crus du Mâconnais.
En 1982, après des
études de viticulture et d’œnologie, Pierrette Michel et son mari Marc
Guillemot retournent sur le domaine des parents de Pierrette. En 1985 ils embouteillent
leur premier millésime sous le nom « Guillemot-Michel ».
Les vignes sont
converties en bio dès leur retour, puis en Biodynamie à partir de 1991
(certification DEMETER 1992-2017, BIODYVIN depuis 2018). Depuis 2012, leur
fille Sophie, désormais aidée de son mari Gautier, suit le même chemin en
reprenant petit à petit la gestion du domaine.
Sophie, Gautier, Pierrette
et Marc cultivent 6,5ha de vieilles vignes de Chardonnay (55-60 ans)
situés autour du hameau de Quintaine.
Terroir :
Les 6,5 hectares
de Chardonnay sont situés au sud de la Bourgogne, sur les coteaux de Quintaine,
à mi-chemin entre Mâcon et Tournus. Comme la grande majorité de la Bourgogne
viticole, nos vignes sont situées sur des sous-sols de
calcaires jurassique (Bathonien à Oxfordien, -160 Ma). Cependant, le terroir
de Quintaine, historiquement reconnu au sein des villages de Viré et Clessé, présente
un caractère atypique. Le relief de Quintaine engendre une forte densité
d’orages estivaux, accélérant la décarbonatation des calcaires en limons. Les
conséquences sur la physiologie de la vigne et donc sur le style des vins sont
de trois ordres : -l’apport d’eau
durant l’été participe à une meilleure acidité naturelle des vins,
-le faible taux de
calcaire actif favorise l’implantation de la vigne et modifie la structure des
vins,
-les limons
accueillent un microbiote unique qui participe à la fermentation et donc à
l’arôme de nos vins (vinifiés en levure indigène).
La vigne :
Les parcelles sont
toutes exposées au soleil levant et bénéficient de l’influence climatique de la
Saône qui tempère les excès, aussi bien hivernaux qu’estivaux. Les vignes les
plus anciennes du domaine encore en production ont été plantées par le
grand-père de Pierrette, au retour de la Première Guerre Mondiale. Les plus
jeunes ont été plantées par Marc et Pierrette à la reprise du domaine, au début
des années 80. Aujourd’hui, nous n’arrachons plus de vignes mais renouvelons
les ceps mort chaque année pour un âge moyen d’environ 60-65 ans. Nous avons la
chance de travailler sur des parcelles suffisamment grandes pour nous permettre
de créer des barrières naturelles (haies, chemins, etc.) limitant les effets de
bordure. Chacune de nos parcelles est ainsi un véritable petit
microcosme."
Travail :
En Biodynamie vise
tout d’abord à maintenir un sol vivant, par un entretien mécanique et non
chimique, et par le refus de tout produit phytosanitaire de synthèse lors des
traitements, au profit de substances minérales et de préparations à base de
plantes. Ces préparations sont réalisées au domaine ou en groupe avec d’autres
vignerons. Nous cultivons une partie des plantes utilisées (achillée, prêle,
ortie, luzerne, valériane, consoude, thym, origan, sarriette…) ou effectuons
des cueillettes de plantes sauvages.
En cave :
Nous limitons nos
interventions au strict nécessaire, grâce à une qualité de vendange optimale. A
maturité, les raisins sont cueillis à la main puis pressés en douceur.
La continuité :
Sophie
Roussille : Fille de Pierrette
et Marc, agronome et œnologue de formation, elle a repris la gestion du domaine
en 2013 et régit tous les aspects techniques. Fourmillante d’idées, c’est à
elle que nous devons la distillation au domaine, les bulles… ainsi que le
jardin de simples et les différentes mixtures improbables qui en sont issues.
Gautier
Roussille : Époux de Sophie,
agronome et œnologue de formation, son caractère débonnaire lui permet de gérer
les tâches administratives du domaine avec le flegme d’Asterix visitant « la
maison qui rend fou », certains coups de fils lui donnant néanmoins assez
d’allant pour taper sur des piquets ou faire des trous à la vigne pour le reste
de la journée.
La cuvée : Viré-Clessé ‘’Quintaine’’ 2020
Appellation : Viré-Clessé Quintaine 2020.
Millésime : 2020 se classe sans
conteste dans le profil désormais classique des millésimes chauds et secs. Bien
que toute l’année ait été sèche, on ne peut véritablement parler de sécheresse
que sur les trois dernières semaines avant vendanges, ce qui n'a pas suffi à
faire souffrir nos vieilles vignes profondément enracinées. On retrouve un vin
gourmand mais structuré et au beau potentiel de garde grâce à l'épaississement
des peaux lié à la sécheresse (apportant phénols structurants et précurseurs
aromatiques).
Cépages : 100% Chardonnay Terroirs : Eboulis calcaires du
coteau de la Quintaine, à Clessé. Sous-sols de calcaires jurassique (Bathonien
à Oxfordien, -160 Ma).
Viticulture : Biodynamie.
Vendanges : Manuelles.
Vinification : Récoltés à la main et à
pleine maturité, les raisins sont directement et doucement pressés. Les moûts
décantent à froid une nuit pour séparer les jus clairs des bourbes. Les
fermentations alcooliques et malolactiques s’effectuent naturellement en cuves
béton grâce aux levures et bactéries indigènes.
Élevage : En cuves béton et
maintien sur lies jusqu’à l’embouteillage, en début d’été suivant la récolte.
Appréciation
dégustative :
« La robe est teintée d’un or clair.
Le nez intense développe des fruits blancs, de l’acacia
et une touche crayeuse. C’est toujours pareil avec cette cuvée : j’ai
l’impression d’avoir du chenin dans le verre !
La bouche élégante présente une harmonie remarquable
avec un beau fruité et une fraîcheur vivifiante. C’est dans la finale salivante
que la sensation crayeuse ressort.
Très Bien (+) »
Références :
Domaine Guillemot Michel
664 Rte de Quintaine
71260 Clessé
Tél : 03 85 36 95 88
Web : www.domaineguillemotmichel.net
Pour poursuivre,
rencontre avec :
Domaine de la Bongran :
Viré-Clessé ‘’Quintaine’’ Cuvée E.J. Thévenet 2018
Les Domaines :
Thevenet Quintaine
est le fruit de 3 domaines dans le Maconnais sur Viré Clessé :
- le domaine de la
Bongran (Viré-Clessé),
- le domaine Emilian
Gillet (Viré-Clessé) et,
- le domaine de
Roally (Mâcon-Villages).
L’homme :
Jean Thevenet est un
vigneron, héritier de la tradition familiale depuis 1972. Jean Thévenet a
beaucoup œuvré pour faire perdurer la tradition des vins à sucres résiduels
dans cette partie de la Bourgogne. Sa spécialité : Elaboré des Chardonnay avec des expressions
plus opulentes. Gautier Thevenet, vigneron, fils de Jean, a rejoint
l’exploitation familiale en 1996 et pris les rênes de la cave en 2000.
La Philosophie de
Jean Thevenet et fils : "Le terroir est au vin ce qu’est le compositeur
à la musique. Le vigneron n’étant que le chef d’orchestre".
Domaine de La
Bongran :
Il a vu le jour il y
a plusieurs siècles. Propriété familiale, le vignoble s’est transmis de génération
en génération de vignerons et tailleurs de pierre. Il s’étend sur 15 hectares
sur la terre de Quintaine. Emile puis Jean Thevenet et son fils Gautier,
derniers maillons de la chaîne, héritiers des savoir-faire de toujours y
travaillent dans le plus grand respect de la nature et ce terroir si particulier.
Ces vins sont complexes et fins, un juste équilibre entre puissance aromatique
et minéralité. Le Domaine de la Bongran (étymologiquement : bon grain, terre
donnant du bon raisin) est en Agriculture Biologique depuis 2008.
Terroir :
Ici, le terroir, où
le sous-sol – les marnes blanches – affleure au pied des vignes, permet au
cépage, exclusivement chardonnay, de donner sa pleine mesure. Il apporte au vin
complexité et finesse, un juste équilibre entre puissance aromatique et
minéralité.
Plusieurs années de
conservation pourront voir l’expression d’arômes secondaires et tertiaires
intéressants, tout en préservant la fraîcheur du vin. Certaines vendanges, des
conditions climatiques et une exposition particulière permettent l’élaboration
de cuvées issues de raisins partiellement ou totalement botrytisés donnant naissance
à des vins aux parfums miellés.
Méthodologie :
Depuis plusieurs
décennies, les techniques culturales appliquées au sein des trois domaines sont
inspirées des traditions vigneronnes ancestrales et privilégient le travail du
sol dans un respect total de la nature et du milieu. Afin que le terroir donne
le meilleur de lui-même, il est fondamental de préserver son intégrité,
l’équilibre naturel et la vie des sols et des sous-sols.
Si la qualité des
raisins est primordiale, les vinifications lentes et naturelles sont
essentielles dans la recherche de la juste expression des terroirs.
Après un élevage long
sur lies fines en cuves, nos vins sont mis en bouteilles au domaine après une
filtration légère afin de préserver leur équilibre naturel.
Les interventions à
la vigne ou en cave sont limitées au strict nécessaire et n’entravent jamais
les processus naturels.
Dans un souci de
clarté auprès de la clientèle, la certification en Agriculture Biologique a été
demandée auprès d’Ecocert. Les domaines sont entrés dans le processus de
certification en 2008.
La
cuvée ‘’Levroutée’’ :
S’appuyant sur une tradition ancienne de vins
moelleux ("levroutés", disait-on autrefois), Jean Thévenet et son
fils Gautier ont beaucoup œuvré pour la reconnaissance des vins à sucres résiduels
dans cette partie de la Bourgogne.
La mention ‘’levrouté’’
en question, qui faisait jusque-là objet d'une dérogation, a été officialisée
pour les 400 ha de l'appellation Viré-Clessé en mai 2018 : cela autorise une
sucrosité résiduelle entre 8 et 18 g/litre.
"Cuvée
Levroutée" est une cuvée très
épisodique, très dépendante de la météo ; les derniers millésimes sont 2006,
2011 et maintenant 2017 ! Il faut une alternance d’humidité et de chaleur afin
que le champignon Botrytis puisse se développer et apporter une maturité
exceptionnelle. On récolte des raisins ‘’levroutés’’ (en même temps que la
récolte normale), avec 25 à 30 % de pourriture noble. Dernière info importante,
ce ne sont pas des vendanges "tardives", mais une récolte classique,
en même temps que la vendange, mais uniquement sur certaines zones très
marneuses, où se développe le champignon Botryutis uniquement certaines années
humides et chaudes (2006-2011-2017). Il en résulte des vins plus riches, plus
complexes, partis pour durer 10 à 15 années !
La cuvée : Viré-Clessé 2018
Appellation : Viré-Clessé.
Millésime : 2018 est un
millésime chaud qui nous aura donné bien des frayeurs. Climat électrique,
orages, grêle... mais plus de peur que de mal.
Cépage : 100% Chardonnay.
Terroir : Marnes
blanches (+ argilo-calcaire). Quintaine, hameau de Clessé. Vignoble : Les
techniques culturales appliquées au sein de nos domaines sont inspirées des
traditions ancestrales vigneronnes et sont mises en œuvre dans un respect total
de l’environnement.
Âge des vignes : 55 années.
Viticulture : Biologique
(certifiée).
Vinification : Rendements 42hl/ha, fermentations lentes sans adjonction
de levures ni de bactéries commerciales.
Elevage : Cuves
époxy 12 à 18 mois sur lies, basses températures (14° à 16°C), fermentation
malo-lactique effectuée. Mise en bouteilles au domaine après une filtration
légère afin de préserver l’équilibre naturel.
A boire : Entre
2024 et 2035
Service : 11°
à 13°, carafer dans sa jeunesse.
Appréciation
dégustative :
« La robe se présente sous un or de densité
moyenne et bien brillant.
D’une grande intensité, le nez affiche des fruits très
mûrs partant sur les fruits exotiques, complétés par des accents floraux qui
apportent de la complexité.
La bouche est rondement assise sur une matière riche
en fruit et en sucre (10 à 15 g / l de SR ?), tout en préservant une vivacité
réjouissante. La finale pure et précise laisse un palais net, prêt pour la
gorgée suivante.
Très Bien + et pour moi le vin de la soirée. »
Références :
Gautier Thevenet
Rue des Gillet
Quintaine - Cedex 654
71260 Clessé
Tel : 03 85 36 94 03
Web :
http://www.bongran.com/fr
Et pour terminer cette mise en bouche :
Domaine Auvigue :
Pouilly-Fuissé 1er cru ‘’La Frérie’’ 2021
Le Domaine :
Le domaine Auvigue,
situé au cœur de Fuissé, produit depuis 1946 des vins fins selon une méthode
traditionnelle bourguignonne et biologique.
Les vignes du domaine
Auvigue sont plantées sur 6 ha en AOC Pouilly-Fuissé et sur 0.50 ha en AOC
Mâcon-Solutré.
Pour que chaque cuvée,
dont « La Frérie », puisse s'exprimer pleinement, le domaine Auvigue adapte sa
façon de vinifier selon les climats influant sur chaque parcelle.
La cuvée : Pouilly-Fuissé 1er Cru La Frérie 2021
Appellation : Pouilly-Fuissé.
Cru : La Frérie
(1er Cru depuis 2020)
Cépages : 100% Chardonnay
Terroirs : Exposition Sud-Est.
Altitude 280 m. Terroir issu d’argiles résiduelles, d’argiles à chailles (concrétions
siliceuses ; ‘’silex du pauvre’’) et d’alluvions anciens (du crétacé),
plutôt profond, peu calcaire de type limoneux-argileux avec des argiles de
couleur ocre, ocre-jaune indiquant la présence d’oxyde de fer. Village de
Solutré-Pouilly. Viticulture : Traditionnelle et soignée.
Vendanges : Manuelles.
Vinification : Récoltés à la main et à pleine
maturité, les raisins sont directement pressés et les jus sont placés en
débourbage statique. Les jus clairs sont ensuite entonnés en fûts de chênes
(âgés de 1 à 3 ans) pour les fermentations : alcoolique et malolactique.
Élevage : 11 mois en fûts,
suivi d’un affinage de 5 mois en cuve inox (fréquence du bâtonnage adaptée en
fonction des caractéristiques du millésime).
Appréciation
dégustative :
« Le nez moyennement ouvert livre un boisé
prégnant, avec du clou de girofle, et une touche végétale, certainement due à
l’effet millésime.
La bouche est à l’avenant, confirme le boisé dominant
qui apporte certes de la rondeur mais aussi cette aromatique qui gomme le
cépage et le terroir. Une bonne acidité est à mettre à son actif, ou plutôt à
celui du millésime…
Bien parce que je ne suis pas totalement réfractaire à un élevage trop marqué
(pour ceux-ci, ce serait bof) et encore plus loin d’être un fan (pour ceux-là,
ce serait Très Bien +).Attendre au moins cinq ans pour que la matière ait une
chance de ressortir, mais je suis pessimiste. »
Références :
Maison Auvigue
100 Pl. Saint-Germain
71960 Fuissé
Tél : 03 85 34 17 36
Mail : contact@auvigue.fr
Après
cette belle entrée en matière profitons du repas élaboré par le chef en
découvrant les vins qui accompagnent chacun des mets (coût de la
prestation : 70,00 € / personne, apéritif offert par le club).
Quatre
services seront proposés.
Premier
service :
queues de langoustines,
coulis de carapaces.
&
Le plat : Bavarois d’asperges
vertes, queues de langoustines, coulis de carapaces.
Domaine
François Cotat : Sancerre ‘’ Monts Damnés’’ 2008
L’homme :
Sur ses terres, François fait régner son air bonhomme
depuis 1997.
Droit dans ses bottes et solide sur ses appuis de
colosse et très attachant, telle est son image. Cette nature lui vient sûrement
du caractère autodidacte de son apprentissage. Avant de prendre officiellement
les rênes du domaine en 1997, il se forme au métier de vigneron aux côtés de
son père, Paul Cotat, dès 1979 (décédé en 2018 à 87 ans) ; sa mère
recevait alors les clients.
De cette vie passée au contact des pratiques viticoles
paternelles, résulte une continuité tranquille dans l’approche du vin et de la
vinification, sorte de tradition familiale perpétuée à travers les générations.
D’héritage, peut-être sera-il transmis à son fils cadet, Clément, qui a
commencé à faire ses gammes au domaine François Chidaine et les poursuit au
Domaine Beaucastel. Cette façon de rester fidèle à soi-même, loin des modes,
François Cotat la cultive aussi hors champ. Jusque dans sa cuisine, où il met
un point d’honneur à élaborer des accords mets et vins pleins de justesse.
Devenus de véritables références au sein du vignoble sancerrois, ses vins se
sont affinés au fil des années sans rien perdre de leur personnalité. Lui aussi
reste le même. À 56 ans, il s’affiche peu. Il continue de cultiver son côté
“ours” et son bon sens paysan.
Hors normes, hors codes, hors temps. François Cotat se
réserve le même luxe que ses vins. Celui d’apparaître tel qu’il est. Sans
artifice.
Ses vignes :
Ici, trois terroirs distincts se font face. Pas
n’importe lesquels, puisqu’il s’agit de ce que l’on pourrait considérer comme
étant les trois “grands crus” de Sancerre.
Hérité de sa grand-mère “Thomas”, ce triptyque, qu’il
est un des seuls à posséder, confère aux vins de François Cotat une complexité
singulière.
La Grande Côte. Les Culs de
Beaujeu. Les Monts Damnés.
Ces trois parcelles représentent à peine plus de 2,4
hectares sur un domaine qui en compte un peu plus de 4 ha. Elles assoient leur
classe toute kimméridgienne sur des sols dont la première couche calcaire
repose sur des argiles profondes.
Les Culs de Beaujeu reste la plus petite, du haut de
ses 70 ares. Depuis que François est aux commandes du domaine, 4 autres
parcelles sont venues agrandir le vignoble d’un peu plus d’1 hectare. 4
fractions pierreuses et calcaires, dont une superbe exposée plein sud, sont le
socle de la cuvée « Caillottes », en référence à ces pierres calcaires. Là où
les 3 « grands crus » réservent leur potentiel parfois très longuement avant de
se livrer, cette cuvée créée par François en 2005 se révèle plus accessible dans
sa jeunesse.
Enfin, la culture du pinot noir est infime, puisque
seuls 0,5 hectares sont dédiées à la fabrication d’un vin rouge et d’un rosé
très confidentiel. De véritables raretés que seuls certains ont eu la chance de
goûter !
L’élaboration du vin :
La tradition n’est pas
une version de savoir-faire figé. Les vins de François en sont la preuve
vivante ; l’énergie, la complexité et la précision déployées par les vins
du domaine ne cachent rien et continuent à défier le temps.
Utilisation de levures indigènes. Pas de débourbage.
Au chai, François Cotat plaide pour une vinification
très peu interventionniste. Tout est fait pour obtenir l’expression de terroirs
la plus pure possible. Deux préceptes paraissent immuables. Comme au temps où
son père était aux commandes, les vins ne sont ni collés ni filtrés. Ces
procédés ne sont rendus possible que par l’obtention d’une récolte de grande
qualité. Elle est vendangée manuellement en petites caisses afin d’éviter de
fouler les raisins avant qu’ils n’arrivent dans le pressoir, et de récolter
ainsi des lies trop grossières. Autre spécialité héritée de longue date, les fermentations
sont volontairement courtes, pour ne pas prendre le risque de fatiguer les vins
et conserver toute leur énergie.
Seul changement opéré depuis la reprise du domaine par
François, l’assemblage des différentes pièces est effectué lors du premier soutirage.
Cela permet une homogénéité parfaite des vins. À l’époque, les jus étaient mis
en bouteille à la chèvre à deux becs, directement au fût !
Les vins, peu sulfités, le sont à la vendange et lors
des deux soutirages.
Côté vigne, François Cotat ne se montre pas embarrassé
par la question du bio et assume une viticulture raisonnable. Il traite peu et
travaille à obtenir des raisins de la meilleure qualité.
J’invite les curieux à relire notre précédente et
éclectique dégustation sur les ‘’Monts Damnés’’ des millésimes 2014, 2015 et
2016. Pour cela cliquez ICI.
👍 De plus un grand merci à David d’avoir pu nous proposer
ce rare et recherché flacon lors de ce repas.
Appréciation dégustative :
« La
robe se situe quelque part entre paille et or.
Le
nez expressif exhale de l’angélique, des senteurs de tisane et des touches végétales
bien présentes.
L’attaque
est large puis une tension, combinée à une grande densité, emporte tout,
d’autant qu’elle s’accompagne de saveurs végétales en rétro-olfaction. Vous l’aurez
compris, le style de ce vin est droit et bien cadré, la finale de bonne allonge
étant dans la même veine.
Bien
++ / Très Bien
mais loin du style habituel de François Cotat, avec des vins démonstratifs et
luxuriants, y compris dans l’aromatique combinant exotisme et rigueur
kimméridgienne.
Le
vin est à son aise (3,5 /5), plus sur les asperges que sur les queues de
langoustines.»
Références :
Domaine François Cotat
Chavignol
18300
Sancerre
Tél: 02 48 54
21 27
Second
service :
jus tranché à l’estragon, tombée de jeunes légumes.
&
Le plat : Mignon de veau
rôti, jus tranché à l’estragon, tombée de jeunes légumes.
Domaine Alphonse Mellot : Côtes de La
Charité ‘’Les Pénitents’’ Rouge 2019
Le Domaine :
Au sommet
de son art, Alphonse dit « Junior », représentant la 19e génération familiale,
propulse son domaine parmi les plus brillants du vignoble français.
Sur 58
hectares conduits en biodynamie depuis 1999, il repousse sans cesse les limites
de l’excellence, forgeant des vins racés, étincelants et complexes qui n’ont
rien à envier aux grandes pointures de l’Hexagone. Sur l’échiquier mondial
même, ses rouges survolent leur catégorie. Habile vinificateur, gérant les
élevages sous-bois à la perfection - tous les vins sont vinifiés puis élevés
dans différents contenants en chêne, de la barrique à la cuve tronconique de 48
hectolitres, Alphonse Mellot livre une lecture passionnante du terroir de
Sancerre, autour de cuvées parcellaires qui détaillent chaque recoin de ce territoire.
L’âge des vignes, d’une moyenne de 75 ans, accentue la prégnance du terroir et
fonde une gamme inspirée dont la première marche - la cuvée domaine tirée à 150
000 exemplaires - forme déjà une hauteur plus que respectable.
Il
possède également 18 hectares en IGP des Côtes de la Charité, assurant une
superbe variation sur le chardonnay et le pinot noir.
(Cf :
Bettane et desseauve)
La Cuvée :
Appellation : IGP Côtes de La Charité
Cépages : 100% Pinot Noir. Terroirs ; Sols
calcaires à entroques sur 5 ha.
Vendanges : Manuelles en petites caisses.
Elevage : 10 mois pour moitié́ en cuve
bois et pour moitié́ en fûts de 600 litres.
Fin d’élevage en masse pendant
quatre mois minimums.
Viticulture : Biologique et biodynamique certifiée.
Vinification : Fermentation
en cuve tronconique, pressurage vertical délicat.
Appréciation
dégustative :
« La robe bien sombre ne
présente aucun indice sur son âge.
Le nez intense et avenant
propose des fruits rouges et des notes légèrement épicées.
La bouche à la trame charnue
et lissée est habillée de tanins poudrés et d’une aromatique tout aussi
agréable qu’au nez. Le toucher est fin et une belle vivacité lui apporte
suffisamment de nervosité jusqu’à une finale épurée.
Très Bien
(+)
Nous avons donc bu la même
cuvée avec Amphores à deux jours d’écart, seul le millésime variant entre 2020
et 2019.
Et les deux vins n’ont rien
à voir ! Autant le 2020 était chaleureux et sudiste (un beau C9P !) autant le
2019 est classique et équilibré.
Avec le mignon de veau rôti,
jus tranché à l’estragon, tombée de jeunes légumes, l’accord est très réussi (4
/ 5), autant en finesse qu’en texture.»
Références :
Domaine Mellot Alphonse
6 Rue Porte César,
18300 Sancerre
Tel :
02 48 54 07 41
Web: ww.mellot.com
Mail: alphonse@mellot.com
Troisième
service :
Munster.
&
Le plat : Munster.
Domaine
Trapet : Alsace ‘’Beblenheim’’ Riesling
2019
Le Domaine :
Les
parcelles que cultive la famille Trapet sont le fruit d'une transmission
familiale mais également d'une passion patrimoniale et d'un attachement profond
au terroir.
Andrée
Trapet est alsacienne, terrienne et vigneronne, et en 2002, elle décide de
poursuivre l'œuvre de ses parents sur les vignes alsaciennes au tempérament et
à l'accent bien marqués.
Dès le
début, la biodynamie est, selon elle, la condition nécessaire et unique à
l'épanouissement de ses terroirs et de ses vignes.
Depuis, le
vignoble s'est enrichi et s(étend sur 14 hectares, dont 4,5 ha en grands crus :
Sonnenglanz,
Schoenenbourg, Sporen et Schlossberg, ainsi que de nombreux magnifiques
lieux-dits sur les finages de Kientzheim, Ammerschwihr, Riquewihr, Mittelwihr,
Zellenberg, Hunawihr et bien entendu Beblenheim.
En 2017,
Pierre, puis Louis Trapet en 2018, rejoignent le domaine pour faire leurs armes
et leurs expérimentations. Ils ont à cœur de donner aux grands crus alsaciens
les lettres de noblesse qui leur reviennent naturellement mais qui ont été mis
sous silence pendant un temps.
Conduite
de la vigne en piquets hauts, parcelles en voie de re-densification, contenants
de vinification adaptés, Pierre et Louis Trapet continuent d'accompagner les
raisins pour atteindre une expression la plus pure qui soit, tout en s'adaptant
aux problématiques climatiques.
La Cuvée :
Dénomination : B.B.H.M. Beblenheim Riesling
Millésime : 2019
Présentation : Les
historiens pensent qu’il s’agit de l’«Argitis minor» des Romains. On le
retrouve en Alsace dès le 15ème siècle après un crochet par la Rhénanie et par l’Orléanais
! Plus proche de nous, les vignerons le nomme «Gentil Aromatique» (Edle
gewurtztraube). Avant la Révolution, il se limite à quelques clos d’exceptions,
seuls véritablement capables de le faire mûrir.
A
Beblenheim, mes grands-parents l’ont planté sur le Burgreben (vigne du château)
et le Hagenschlauf, ces deux terroirs calcaires offrent à nos Riesling dans
leur jeunesse de beaux arômes floraux et citronnés.
Le
vieillissement exalte leur minéralité et apporte une touche mielleuse et suave.
Sur
Riquewihr, les sols sont granitiques issus du prolongement du Schlossberg, ce
terroir confère aux vins qui en sont issus beaucoup de pureté et de tension.
La dernière-née
se situe à Kientzheim, il s’agit d’une magnifique parcelle de 30 ans plantée
sur des éboulis granitique.
Appréciation
dégustative :
« La robe scintille d’un beau doré.
Le nez très ample déploie une aromatique qui ne laisse
que peu de doutes sur le cépage : pétrole bien net et une pointe de citron.
L’attaque finement perlante précède une bouche en
demi-corps, égayée par de légers sucres résiduels. L’aromatique en cœur de
bouche est toujours terpénique alors que la finale se montre plus gourmande.
Bien + (+)
Le vin est malheureusement écrasé par un munster de
compétition (2,5 / 5).
L’accord avec un gewurztraminer sec aurait
certainement mieux fonctionné. »
Références :
Domaine Jean
et Jean-Louis Trapet
14 Rue des
Prés
68340
Riquewihr
Tél :
03 80 34 30 40
Email : message@trapet.fr
Web : www.domaine-trapet.fr
Quatrième
service :
La gariguette,
comme un
fraisier revisité …
&
Le plat : La gariguette,
comme un fraisier revisité …
Domaine
Matignon : Cabernet d’Anjou ‘’Gourmandise’’ 2022
Le Domaine :
Le Domaine Matignon est une exploitation viticole familiale depuis 3
générations. Perpétuant les traditions ancestrales, il élabore différentes
cuvées et propose une large sélection de vins (blancs, rouges, rosés,
effervescents), récoltés méticuleusement et vinifiés de manière traditionnelle.
Les vins du domaine Matignon sont représentatifs des appellations du Val de
Loire. Le Domaine produit les vins suivants : Anjou, Anjou Villages,
Cabernet d’Anjou, Rosé de Loire, Coteaux du Layon, Saumur fines bulles.
Reconnue dans le milieu viticole par la qualité de sa production, Yves
Matignon accorde une attention particulière sur tout le vignoble, notamment à
toutes les phases de fabrication du vin, la vendange et la vinification. En
effet, le Domaine possède des terroirs uniques en région Pays de la Loire.
Le Domaine Matignon s’étend sur 38 hectares de vignes plantées en majorité
de Cabernet Franc, Chenin et Grolleau. Adhérent à la Charte des Vignerons
Indépendants, Yves Matignon conduit son domaine viticole selon un programme de
lutte raisonnée, entretenant la vigne avec un soin tout particulier tel le
travail du sol.
Ses vins sont tous élevés et mis en bouteille au domaine viticole.
La Cuvée :
Définition : Gourmandise.
Type : Rosé demi-sec.
Cépages :
50 %
Cabernet franc, 50 % Cabernet sauvignon. Terroir : Altérite de schistes.
Vendanges
: Mécanique, récolte début octobre.
Vinification
: 80% de la vendange est
pressurée juste après la récolte, tandis que les 20% restant macè rent pendant 12 heures.
Durant la fermentation, la
température est maintenue autour de 16°C. Lorsque l’équilibre sucres/alcool est
atteint pour obtenir ce vin rosé demi-sec, il est procédé à un mutage au froid.
Elevage :
En cuve jusqu’à la mise en bouteille qui est
effectuée après une filtration tangentielle.
Production
: 30
000 bouteilles.
Appréciation
dégustative :
« La
belle robe saumon fait envie.
Le
nez intense est d’abord teinté de vernis avant que des arômes fruités de pêche
et de groseille viennent cacher cet intrus.
Moelleuse,
mais avec un sucre bien intégré dans la matière à l’étoffe fruitée, la bouche
ne se dépare pas d’une franchise minérale bienvenue, offrant un équilibre
réussi. La finale assez courte se rattrape par sa netteté et sa finesse.
Bien
++ et une bonne
surprise pour moi, d’ordinaire pas fan de cette appellation.
Le
dessert proposé est « La gariguette, comme un fraisier revisité », pour un
accord salué unanimement (4 / 5) : couleurs, saveurs, finesses sucrées,
l’accord coche toutes les cases ! »
Références :
Yves Matignon
1 avenue du
château
49540
Martigné-Briand
Tél :
02.41.59.43.71
Web: https://domaine-matignon.fr
Références du
restaurant :
|
Logo du restaurant
|
La Suite
50 Rue Bourbonnoux
18000 Bourges
Web : www.lasuite-bourges.com
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Les vins à l'honneur pour ce repas
|
Un grand merci à David pour ce
diner réussi avec ce choix judicieux de vins en accompagnement des plats
proposés, socles d’une soirée à l’ambiance détendue et conviviale.
Je n’oublie pas de remercier
Jean-loup pour ses ‘’pointus’’ commentaires de dégustation de chacun des vins ainsi
que Jean-Michel pour les clichés de cette soirée.
Bonne lecture.
Claude le 30.07.2023
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