lundi 20 février 2017

Rencontre avec les Muscats d'Alsace du 15.02.2017




Rencontre avec les Muscats d’Alsace             le 15.02.2017

Pour cette seconde rencontre annuelle de notre Club, nous avions projeté d’aller dans le vignoble d’Alsace à la rencontre  de productions élaborées à partir des cépages muscats.


Bien que ces derniers, muscats à petits grains, muscat ottonel et plus confidentiellement muscat à petits grains roses ne représentent que moins de trois pour cent de la l’encépagement total de ce vignoble, notre intérêt sur le choix de ce thème s’est trouvé renforcé par trois arguments :
-  d’une part, la relative rareté de cette production méritait d’être prise en compte et dégustée,
- d’autre part, nous avions délaissé quelque peu ce vignoble (hormis une dégustation l’an passé, des réalisations du viticulteur Deiss qui avait été, puis-je dire, oublié à tort par nos participants),
- et aussi, par la prise en charge de cette dégustation par Laurent, qui professionnellement, arpente les collines et vallées de ce  vignoble (je ne parle pas des restaurants) et se proposait donc de sélectionner une palette diverse et variée des réalisations de certains viticulteurs (la suite nous confirmera la justesse de ses choix).

Nous voilà donc partis pour déguster des muscats secs, des presque secs, des Vendanges tardives, une cave coopérative, des vignerons connus et d’autres très connus, des appellations régionales et des Grands Crus, des variétés, ‘’ petits grains’’ et ‘’ Ottonel ‘’, des vins jeunes et d’autres matures.

Quelle belle perspective !!!

Comme un plaisir n’arrive jamais seul, la fréquentation, somme toute réduite et inquiétante quelques jours auparavant s’est subitement gonflée pour remplir une salle, bon enfant et joviale, pour cette rencontre (43 participants, je pense).
Au nom du bureau : Merci, merci.

Et, pour commencer, comme pour chaque dégustation, il convient de passer par la case :

« Vin mystère ». 

Là aussi, Laurent est à la manœuvre, et je crois savoir qu’il nous a déniché un « Ovni » intéressant.
Dommage, compte-tenu qu’il ne dispose que d’un magnum et que l’affluence (oui, l’affluence), demande au moins l’équivalence de trois flacons, le voilà donc en train de changer son fusil d’épaule (pas pratique pour un chasseur).

Trois carafes nous sont donc présentées emplies d’une belle couleur jaune pâle avec des reflets or.
Dans les verres cette robe limpide se révèle légèrement plus pâle tout en y conservant ces reflets brillants ‘’or’’.
Le nez généreux, nous apporte des notes florales mélangées à des fruits jaunes sur une trame minérale d’où se dégagent quelques émanations fumées.
L’attaque en bouche se révèle complexe et ample reposant sur une structure vive, contenue, bien maitrisée dont une minéralité et une salinité sont perceptibles en fin de bouche et laissant percevoir des sensations pré-oxydatives. 
Vin de très bonne facture alliant puissance et finesse.

Bien ++

Quèsaco ?

Personnellement, presque immédiatement les neurones bouillonnantes, je me remémore une précédente dégustation et le jeu de l’année passée (2016), et éliminant les cépages ‘’traditionnels’’ (sauvignon, chardonnay et chenin),  je m’arrête sur un melon de bourgogne (muscadet) de quelques années, suite d’une part à cette vivacité, cette minéralité et cette sensation semi-oxydative.
Par ailleurs ma voisine, me glisse timidement :«  Ca ne serait pas un muscadet ? " .
Que nenni, il n’en était rien.
C’est donc un  bien chardonnay, mais  du Jura.
Pas facile, et pourtant, une dégustation précédente (thème : chardonnay du Jura) nous avait permis de déguster de tels vins et précisément de ce viticulteur  et aurait donc du m’aiguiller.

Il s’agissait donc  du Domaine Labet  à  Rotalier  (Noté : 2 ** sur Guide vert RVF 2017)
et plus précisément de sa cuvée :


Côtes du Jura Chardonnay ‘’Les Varrons’’ Millésime 2013                                                                                17,50 €


- Vigne travaillée en bio depuis 2007, conversion Ecocert depuis 2010.
- Cépage chardonnay – Sélection massale - 60 ares -Vignes plantées en 1932 et 1940
- Altitude 260 m - Coteau exposé à l’Est.
- Argile de décalcification de couleur rouge-orangée sur socle calcaire du Bathonien
- Elevés sur lie, en fûts de chêne âgés de 4 à 12 ans. Les fûts sont complétés (ouillés) chaque semaine pour prévenir l’oxydation et le développement d’un voile de levure. Ce style d’élevage permet d’être au plus proche de la personnalité de chaque vigne, de chaque terroir.


Après cette belle découverte, la dégustation peut commencer. Toutes les bouteilles seront servies à température modérée 11-13 °C et seront débouchées au fur et à mesure de leur service.


Cave Wolfberger  : Muscat d’Alsace Wolf Signature   Millésime 2015                                                               6,60 €

La Maison Wolfberger à Eguisheim fait partie, par sa taille et son niveau d’activité, des entreprises de premier plan de la viticulture française. Pour bâtir ce niveau de développement l’entreprise a bâti sa marque Wolfberger qui est aujourd’hui reconnue lorsqu’on parle de Vins, Crémants et Eaux-de-Vie d’Alsace.
C’est : 142 salariés,420 vignerons, 13 000 parcelles enherbées, 90 km d’étendue du vignoble du Nord au Sud de l’Alsace, 15 Grands Crus valorisés, 1 200 hectares de vignoble dont 48 hectares en Grands Crus.
Disponibles pour chacun des 7 cépages d’Alsace (Sylvaner,  Pinot blanc, Riesling, Muscat, Pinot gris, Gewurztraminer et Pinot noir), les vins Signature de Wolfberger sont représentatifs de la diversité du vignoble alsacien. Issus de vignes âgées de 15 à 20 ans, les Vins Signature sont vinifiés et élevés avec soin. Une fermentation à température rigoureusement contrôlée et régulée leur permet de développer toute leur richesse. Ils sont mis en bouteille au printemps qui suit la récolte.  

Premier muscat présenté dans le verre, première robe limpide jaune paille.
Le nez présente une belle intensité sur des arômes muscatés et de raisin frais d’où s’exhalent quelques fragrances de violettes et de roses dans une trame manquant néanmoins de finesse.
L’attaque en bouche très aromatique, sur les raisins frais, est prenante.
Des notes florales, de violettes arrondissent la structure en apportant de la fraicheur tandis que la finale bien présente, s’avère toutefois tendue et s’accompagne d’une relative amertume.
Ce vin basique, bien réalisé, réinstalle dans nos souvenirs les muscats d’Alsace classiques que l’on a eu l’occasion de déguster (ou que l’on peut déguster) lors de réunion amicales non centrées sur l’œnologie et que l’on pourra présenter à table sans risque de mauvais goûts pour accompagner, asperges, desserts à bases de fruits exotiques, foie gras (s’il reste encore des possibilités pour s’en procurer).

Bien

Domaine Remy Gresser : Muscat d’Alsace Brandhof  Millésime 2014                                                               9,10 €

Pour commencer la valse des vignerons, Laurent nous propose donc une réalisation d’un viticulteur adepte des pratiques biodynamiques.
Et, et ce ne sera pas le seul !!!

En premier, ce sera Rémy Gresser, vigneron emblématique qui dirige son vignoble de 11 hectares sur la commune d’Andlau depuis plusieurs décennies. Travaillées avec des pratiques biodynamiques depuis 2000, les vignes sont certifiées AB depuis 2010. L’âme du domaine est de type sec et la variation des trois grands crus d’Andlau est un must. Des sols sablonneux au schiste, Rémy traduit au mieux ses terroirs et ne se contente pas du riesling ; c’est d’ailleurs le seul à proposer du pinot gris sur le grand cru Wiebelsberg. Millésimes prêts à boire, en vente à des prix abordables, le domaine propose aussi d’excellents moelleux et liquoreux.
(Noté : sur Guide vert RVF 2017)

Dans le verre cet assemblage de muscat d’Alsace et de muscat Ottonel se présente sous une robe paille très cristalline.
Le nez empreint de finesse s’ouvre lentement sur de fins arômes muscatés parsemés de fragrances citronnées (citron vert) devenant plus présentes au fur et à mesure de l’aération. 
L’attaque en bouche ronde et riche reposant sur une structure fruitée (prunes mûres) et équilibrée, se révèle généreuse (le fait des sucs résiduels ?), souple, presque soyeuse, tout en tapissant et stimulant avec plaisir et fraîcheur le palais de ces très présents arômes citronnés. 
La belle (et envoûtante pour certains) harmonie ressentie : ce bel équilibre entre la richesse et l’acidité, s’étire sur une tendre amertume dans une finale néanmoins courte.

Bel réussite que l’assemblage de ces deux muscats que l’on aura plaisir à déguster tranquillement dès à présent pour profiter de sa fraîcheur.
Si l’accord avec des asperges parait couler de source, pourquoi ne pas essayer un accord sur des Saint-Jacques aux agrumes ?

Bien +

Domaine Paul Ginglinger : Muscat d’Alsace Caroline  Millésime 2014                                                          11,00

Nous voilà donc de retour à Eguisheim pour rencontrer le second viticulteur.

Il s’agit du domaine Paul Ginglinger, situé à 5 km au sud de Colmar, qui exploite quelques treize hectares de vignes sur des versants exposés à l’est, sud-est particulièrement bien ensoleillés, à une altitude de 220 à 340 m. ce vignoble, aux pieds des Trois Châteaux, est abrité par les contreforts des Vosges et bénéficie d’un microclimat particulièrement sec et chaud, puisque les précipitations y sont les faibles de France. Le sous-sol est marneux légèrement granitique qui repose sur un sol argileux très caillouteux. Les vins issus de ces terroirs sont charpentés, puissants et prédispose une belle longévité tout en maintenant leur typicité et leurs arômes floraux.
Les pratiques viticoles si elles ne relèvent pas de la biodynamie respectent au mieux l’environnement
L’usage d’herbicides est proscrit sur le domaine, les seuls traitements autorisés sont réalisés à très faibles doses, avec des produits répondant au cahier des charges de l’agriculture biologique.
(Noté : 1 * sur Guide vert RVF 2017)

Le Muscat Cuvée Caroline est constituée pour majorité de muscat Ottonel sur le lieu-dit Mamsellenloch et de muscat d’Alsace à petits grains sur le lieu-dit Pflanzer.
L’Ottonel apporte l’exubérance et la finesse aromatique, tandis que le muscat à petits grains confère au vin une belle structure acide et donc un meilleur potentiel de vieillissement.
La structure du vin se voit aussi renforcée par la nature des terroirs marno-calcaires où se situent ces parcelles.

La robe dans le verre se confondrait presque avec la paroi de ce dernier tant celle-ci est pâle et lumineuse.
Les intenses senteurs qui viennent titiller nos parois nasales sont pleines d’arômes muscatés, de prunes blanches, de touches florales, d’où s’exhalent de belles notes acidifiantes d’agrumes : citron vert.
L’attaque en bouche n’est pas en reste.
Elle marie avec bonheur une chair riche empreinte de suavité à une grande fraicheur.
La sensation aromatique s’appuie sur les notes florales donnant de la finesse à cet ensemble dense et équilibré qui s’étire avec élégance dans une finale dotée d’une amertume délicate.

Un beau moment en présence de ce beau vin qui, je pense, pourra supporter, avec bonheur quelques années en cave et sera, à ne pas en douter, un agréable compagnon de table.

Bien +

Domaine André Kientzler : Muscat  d’Alsace  Millésime 2014                                                                             9,60 €

Depuis 5 générations, le domaine Kientzler à Ribeauville se transmet de père en fils en perpétuant l'amour des grands vins secs et de gastronomie. Cultivé avec le plus grand respect de la terre et de son environnement, le vignoble s'étend sur 13,8 hectares dont 4,4 en Grands Crus répartis sur les villages de Ribeauvillé, Bergheim, Hunawihr et Riquewhir.
Ce vignoble se retrouve :
sur  le Geisberg, 1,5 ha pour 95 % de Riesling, 5% de Pinot Gris.

sur le Kirchberg de Ribeauvillé, 1,63 ha pour les cépages Muscat, Riesling, Auxerrois et Pinot Gris.

sur l'Osterberg, 1,15 ha pour les cépages  Riesling, Gewurztraminer et Pinot Gris.
sur le Schoenenbourg, 012 ha pour le cépage Riesling.
Le plus grand soin est apporté au sol et à la vigne tout au long de l’année. En dehors des travaux classiques de viticulture, trois éléments concentrent toute l’attention de l’exploitation : les terroirs, les vieilles vignes et la sélection des pieds.
(Noté : 2 ** sur Guide vert RVF 2017)

Dans ce domaine deux vins ont été retenus pour la dégustation :

Ce premier muscat élaboré à partir, moitié de cépage ‘’petits grains’’ et moitié cépage ‘’Ottonel’’ présente un taux de sucre résiduel < 2 gr/litres.
Presque à l’identique du précédent vin, le verre se drape d’une robe très pâle, lumineuse.
Le nez inquisiteur, s’interroge sur ce que peut bien cacher cette enveloppe diaphane, il s’y glisse timidement et là dès que le nez plonge, d’intenses senteurs aromatiques sur une trame variétale, vapeurs d’asperges en cuisson, emplissent les narines. La robe est secouée, non, le verre virevolte pour aérer et dissiper ce surplus d’intensité odorante et là, sur une trame minérale, des arômes fruités, raisins frais, prunes blanches, sont perceptibles mélangés à des fragrances florales, roses anciennes.   
La bouche a hâte de participer à ce plaisir olfactif. L’attaque fraîche est vive et ‘’explosive’’ sans manquer de finesse sur des notes de fruits frais.
Une très belle acidité, vive non brutale, plutôt tonique (tension) avec un soupçon de souplesse emplit avec plaisir le palais et propose une finale sur une délicate amertume avec une pointe de salinité.
Un beau vin qui pourra être un compagnon idéal à l’apéritif, bien pour ouvrir l’appétit et attendre les premiers mets, sans parler d’alliances gastronomiques classiques à ce type de cépage.
Bien qu’il soit taillé pour la garde, pourquoi ne pas en profiter dans l’immédiat pour profiter de sa fraîcheur et de sa tonicité ?

Bien +

Domaine André Kientzler : Muscat  d’Alsace GC Kirchberg   Millésime 2015                                               19,00 €

Le Grand Cru Kirchberg de Ribeauvillé est constitué de pentes assez fortes exposées sud, sud-ouest et comprend à son sommet un plateau au climat légèrement plus frais. Le sol à dominante marno-gréseux est complété par un filet de calcaire et ses terres, sous l’influence de l’altitude et de vents rafraîchissants, permettent une lente maturité des raisins.

Ce second muscat élaboré à partir du cépage ‘’Ottonel’’ présente un taux de sucre résiduel < 2 gr/litres.

Les robes se suivent et se ressemblent même si pour cette dernière la tunique se présente un cran moins pâle avec quelques reflets argentés.
Tout naturellement l’annonce de la dégustation d’un CG titille les curiosités.
Celles-ci seront satisfaites.
Très intenses les effluves distillent une palette aromatique de muscat très pur tout en finesse et élégance, reposant sur des touches fruitées et florales d’où quelques notes fumées s’échappent.
Ouah !!! Quel beau nez !!!
Il faut tout de même goûter.
A l’instar des perceptions olfactives la bouche élégante racée, se présente sous ses meilleurs atours, par sa matière bien mûre, son fruité suave, ses notes florales capiteuses (rose, violette), sa tension minérale et son ampleur.
La finale persistante tout en finesse soutenue par une douce amertume donne un supplément de longueur et nous fait profiter avec bonheur de la pureté du fruit.
Un beau muscat, jeune, il est vrai, mais tellement empreint de classe et de race.
D’aucuns se sont interrogés sur ce vin, le jugeant trop jeune, pas en ‘’place’’ proposant quelques années de vieillissement pour qu’il puisse se structurer et donner un vin ‘’accompli’’.  Si l’on s’en tient à sa minéralité,  on peut penser qu’une garde de 5 à 10 ans révèlera sa dimension et sa complexité minérale et qu’au-delà, le temps affirmera pleinement l’éclat de ce Grand Cru.
Mais pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent plus attendre il ne reste qu’à le  boire sur sa jeunesse pour apprécier sa générosité aromatique.

Très bien.

Domaine Pierre Frick : Muscat  d’Alsace GC Steinert  Millésime 2012                                                         17,60 €

Ah !!! Un nouveau viticulteur adepte de la culture en biodynamie.

Le Domaine PIERRE FRICK à Pfaffenheim est lié au vignoble depuis douze générations et soigne aujourd’hui 12 ha de vignes. Les parcelles se répartissent sur une douzaine de terroirs à dominante calcaire, distants aux extrêmes de 15 km. Parmi ces terroirs très diversifiés par leur sol et leur exposition, les principaux sont : Grands Crus Steinert (Pfaffenheim), Grand Cru Vorbourg (Rouffach) et Grand Cru Eichberg (Eguisheim), Bihl, Rot Murlé, Bergweingarten, Lerchenberg, Carrières (Krottenfues) et Strangenberg.
Les vignes sont cultivées en biodynamie depuis 1981 (demeter).  
Sans collage, sans flash-pasteurisation ou autres traitements physiques ou chimiques, les vins sont simplement filtrés sur plaques de cellulose (pas de filtration stérile) avant mise en bouteilles.
Les vins reçoivent un ajout minimal de sulfites, avant mise en bouteilles.

Depuis 1999, des cuvées vinifiées et mises en bouteilles sans ajout de sulfites: « vins biologiques – Zéro sulfite ajouté » sont élevées. C’est du jus de raisin fermenté sans additif. L’ensemble des cépages d’Alsace sont déclinées en cuvées « zéro sulfite ajouté », y compris du Blanc de Noir et des vins moelleux. Pour préserver la pureté du vin et le protéger de toutes les déviations organoleptiques, le bouchon de liège a été remplacé par une capsule en inox depuis 2002.
(Noté : sur Guide vert RVF 2017)

Que nous réserve ce second vin  en Grand Cru ?

Le verre se remplit d’un jaune or  soutenu, année 2012 ?
A l’approche le nez est mis à l’épreuve par des effluves puissantes et prenantes d’arômes de fruits (pommes, poires, prunes) en pré-fermentation ainsi que des fruits secs dénotant une oxydation avérée.
Un nez surprenant après toutes les sensations muscatées ressenties précédemment.
Reste à goûter.
Une première sensation de perlant s’insinue à la prise en bouche. Faire tourner le verre, aérer et cette perception se dissipe et là, une matière riche, tonique et très concentrée en fruits squatte notre palais.
Une concentration de fruits très mûrs compotés d’où l’on perçoit des émanations alcoolisées (alcool de mirabelles, rhum blanc) sommes toutes pas désagréables (pour moi), et procurant une bouche salivante sur une finale tapissées par ces arômes fermentaires mais totalement déconcertante vis-à-vis de l’attendu dans le verre.
Diantre, mais où se retrouve donc le cépage muscat dans tout cela ?
Bien qu’aucun indice ne permette de déceler le cépage, il reste à penser que ce vin nature n’était pas assez protéger (Jean-Loup a noté sur la contre-étiquette 19 gr de soufre seulement !) et qu’il n’a donc pas tenu la distance.
Alors là, pour l’utiliser gastronomiquement, cela relève du goût de chacun et de celui de ses convives.

Assez bien (tout de même)

Domaine Pierre Frick : Muscat  d’Alsace GC Steinert Vendanges Tardives Millésime 2009                      25,00 €

Grand Cru Steinert  Littéralement : le pierrier
Orienté vers l’Est, le Steinert, au Sud du ban de Pfaffenheim est le plus abrupt des vignobles de la commune. Son sol, sec et filtrant, est très largement calcaire. Il forme un terroir homogène dans le Dogger oolithique que recouvrent en aval des éboulis pierreux de même nature, d’où l’origine du nom Steinert. Les données géologiques conditionnent fortement l’encépagement et le mode de culture de ce lieu-dit, où il est nécessaire de faire appel à un porte-greffe à haute résistance au calcaire actif et à la sécheresse, donc très peu vigoureux Encépagement : Riesling, Gewurztraminer et Muscat

Dans ses choix, l’ami Laurent avait glissé deux flacons de Vendanges Tardives, s’excusant, presque, de ne pas avoir pu nous régaler avec une cuvée de SGN (le budget, naturellement !).

Ce premier flacon sur le millésime 2009 se présente sous un robe jaune or clair, brillante avec des reflets pistachés, d’un éclat presque équivalent aux premiers muscats goûtés  juvéniles et non VT.
A l’abri sous cette robe le nez s’embaume d’arômes riches et complexes recouvrant une palette très diversifiée rassemblant des notes muscatées, fruitées, exotiques, épicées et florales. De cette architecture olfactive presque envoûtante des touches minérales se mettent en symbiose dans cette complexité aromatique.

La bouche est à l’image des arômes perçus. L’attaque est riche, fruitée, gourmande, toute en finesse sur ces notes muscatées, bien intégrées. Le bel équilibre nous séduit par son moelleux délicat peu chargé en sucres et se révèle, attirant, séducteur.
Le palais se délecte longuement de cette chair fruitée, harmonieuse et diablement gourmande procurant une sensation de fraîcheur toute cristalline qui appelle au ‘’reviens-y’’.
La finale, longue, caressante, portée par une fine amertume en devient salivante.

Très beau flacon que cette VT qui a fait le bonheur de chacun.  Et une franche réconciliation avec ce viticulteur suite à la relative déception du vin précédent.
Dans l’éventualité d’un usage ‘’domestique’’ une mise en carafe pourrait s’envisager. Si cette opération n’apporterait rien à sa dégustation, sa présentation s’en trouverait valorisée en compagnie d’un gourmand dessert aux fruits blancs.

Très Bien +

Domaine Rolly Gassmann : Muscat Moenchreben  Millésime 2012                                                             16,00 €

Et oui !!! Un nouveau viticulteur adepte des principes de la biodynamie.

Le domaine situé à Rorschwihr s’étend sur 52 hectares de vignes, soignées et entretenues par une équipe de 20 personnes et se situe au cœur d’un village viticole de 350 habitants. Le village est cité dès l’an 742 par le Domaine Royal Mérovingien pour ses vins.
Les crus les plus réputés à dominante argilo-calcaro-marno-gréseuse, sont : Kappelweg, Lachreben, Moenchreben, Oberer Weingarten, Pflaenzerreben, Rotleibel, Silberberg, Stegreben, Weingarten, Brandhurst, Rotenberg et Haguenau. Ainsi que de l’appellation communale ‘De Rorschwihr’, ’ De Bergeim’ et ‘ De Rodern’.
Tout est mis en œuvre dans la recherche systématique de l’équilibre entre l’activité biologique du sous-sol et la croissance de la vigne afin d’obtenir un raisin le plus subtil et le plus complexe possible.
Pour lutter contre la pression cryptogamique, toutes les vignes sont travaillées selon les principes de la culture biodynamique pour la partie végétale.
Toutes les interventions et tous les travaux sont directement liés aux différents rythmes cosmiques (conjonctions astrales, oppositions planétaires par ex.) et au moyen de divers préparats et de plantes comme l’ortie, l’osier, la camomille, la prêle, la valériane, l’écorce de chêne, la fleur de pissenlit, la silice, le compost de bouse, l’argile, le petit lait…
(Noté : sur Guide vert RVF2017)

Le Moenchreben est constitué de limon argilo-marneux, colluvionné d’argile et de calcaire. Cette parcelle donne de beaux muscats et des pinots auxerrois de grande tenue.

Après une Vendange Tardive, retour à un simple muscat, la perception de ce dernier va-t-elle s’en ressentir ?

La robe se présente sous un beau jaune paille légèrement prononcé avec quelques reflets pistachés.
Les premières sensations olfactives sont intenses et élégantes ; sur un socle muscaté, l’émanation des notes florales (roses) et fruités pourraient néanmoins nous porter sur un autre cépage alsacien (le gewurztraminer).
L’attaque en bouche se découvre très suave, à la limite capiteuse sur des fragrances fruitées et d’une belle finesse. La teneur en sucre résiduel nous propose une partition assimilable celle d’un vin demi-sec relativement doucereux, attrayant et plaisant mais avec un déficit d’acidité et se terminant sur une finale évanescente. 

La question précédente se repose : fallait-il le proposer après la belle VT, pour ne pas être directement en position de comparaison avec celle-ci ?  
A chacun sa réponse.

Bien +

Domaine Rolly Gassmann : Muscat Moenchreben  Vendanges Tardives Millésime 2003                         65,00 €

Oh ! là, là !!!, l’assemblée se dissipe, la tonalité remonte d’un cran, des petits groupes se forment, à droite, à gauche, en fond de salle et partent sur des discussions hors du contexte ; la cour de récréation est en plein ébats.
Serait-ce le fait de la dégustation des précédents vins, du réchauffement des esprits ?
De sa voix de stentor la maître de cérémonie, Laurent, ramène le calme en présentant les  trois derniers flacons du muscat à déguster : une Vendange Tardive de 2003.

Belle perspective !!! Un vin adulte, c’est certain, mais dans ce millésime controversé 2003 (la fameuse année de la canicule).

La robe, dans le verre, se présente avec une parure brillante jaune d’or avec des reflets verts.
Le verre prestement glissé sous le nez nous propose des senteurs très intenses de fruits confiturés, sur des notes muscatées, des notes de poires mûres et de fruits exotiques avec des fragrances miellées et florales.
Ce nez capiteux ne peut-être que le prélude à une bouche affriolante.
Oui, tout semble en accord !
Ampleur et richesse caractérisent les perceptions en bouche ; l’alliance puissante des sucres (miel), de fines notes muscatées, de notes fruitées (poires et exotiques), des émanations alcooleuses confèrent à l’ensemble une structure équilibrée tapissant de manière enjôleuse le palais.
Toutes ces sensations entraînent de longues réminiscences en proposant sur une pointe de fraîcheur une finale toute en délicates amertumes.
Un beau et riche muscat, pour le plaisir de chacun,  pour terminer cette dégustation.

A bien réfléchir, que faut-il boire avec ce flacon ?
Sa richesse est difficile à placer sur un repas, hormis un dessert.
Ah, rêver à un après-midi d’été, à l’ombre sous le tilleul, la bouteille rafraîchissant dans le seau, en compagnie d’amis, devant une tarte Tatin aux poires (par exemple), quelle sérénité !......

Très Bien

Je tiens à remercier, tout d’abord Laurent pour nous avoir proposé cette belle diversité de Muscats, ensuite Jean-Loup et Bernard pour m’avoir communiquer leurs notes de dégustation afin de pouvoir les synthétiser et rédiger ce compte-rendu.

Également, n’hésitez surtout pas à apporter vos commentaires.  



Claude

4 commentaires:

  1. Le muscat bien connu en VDN nous offre en Alsace une diversité remarquable, de fines notes muscatées embellies par ses terroirs variés apportant minéralité et nobles amertumes.
    Bravo et merci Laurent pour cette découverte des muscats.

    Bernard

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  2. Bien agréable de pouvoir revisiter notre soirée grâce à notre nouveau blog et à ce bel article qui se lirait presque comme un roman !
    Merci à Claude et aux autres contributeurs.

    Patrice

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  3. En voilà un super CR, Claude !
    C'est vif, alerte et précis comme un bon Muscadet !

    Amicalement,
    Jean-Loup

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  4. Domaine Pierre Frick : Muscat d’Alsace GC Steinert Vendanges Tardives Millésime 2009
    une dégustation remarquable dans sa globalité tout particulièrement cette bouteille avec un équilibre minéralité/fruit, sans bouche liquoreuse, sirupeusece qui est rare en VT
    Nous avons eu le meilleur et le pire avec ce domaine
    merci
    jean michel jacquet

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