Rencontre avec les
Muscats d’Alsace le 15.02.2017
Pour cette seconde rencontre annuelle de notre Club, nous avions projeté d’aller dans
le vignoble d’Alsace à la rencontre
de productions élaborées à partir des cépages muscats.
Bien que ces derniers, muscats à petits grains, muscat ottonel et plus
confidentiellement muscat à petits grains roses ne représentent que moins de
trois pour cent de la l’encépagement total de ce vignoble, notre intérêt sur le
choix de ce thème s’est trouvé renforcé par trois arguments :
- d’une part, la relative rareté
de cette production méritait d’être prise en compte et dégustée,
- d’autre part, nous avions délaissé quelque peu ce vignoble (hormis une
dégustation l’an passé, des réalisations du viticulteur Deiss qui avait été,
puis-je dire, oublié à tort par nos participants),
- et aussi, par la prise en charge de cette dégustation par Laurent, qui
professionnellement, arpente les collines et vallées de ce vignoble (je ne parle pas des restaurants) et
se proposait donc de sélectionner une palette diverse et variée des
réalisations de certains viticulteurs (la suite nous confirmera la justesse de
ses choix).
Nous voilà donc partis pour déguster des muscats secs, des presque secs,
des Vendanges tardives, une cave coopérative, des vignerons connus et d’autres
très connus, des appellations régionales et des Grands Crus, des variétés, ‘’ petits
grains’’ et ‘’ Ottonel ‘’, des vins jeunes et d’autres matures.
Quelle belle perspective !!!
Comme un plaisir n’arrive jamais seul, la fréquentation, somme toute
réduite et inquiétante quelques jours auparavant s’est subitement gonflée pour
remplir une salle, bon enfant et joviale, pour cette rencontre (43
participants, je pense).
Au nom du bureau : Merci, merci.
Et, pour commencer, comme pour chaque dégustation, il convient de passer
par la case :
« Vin mystère ».
Là aussi, Laurent est à la manœuvre, et je crois savoir qu’il nous a
déniché un « Ovni » intéressant.
Dommage, compte-tenu qu’il ne dispose que d’un magnum et que l’affluence
(oui, l’affluence), demande au moins l’équivalence de trois flacons, le voilà
donc en train de changer son fusil d’épaule (pas pratique pour un chasseur).
Trois carafes nous sont donc présentées emplies d’une belle couleur jaune
pâle avec des reflets or.
Dans les verres cette robe limpide se révèle légèrement plus pâle tout en
y conservant ces reflets brillants ‘’or’’.
Le nez généreux, nous apporte des notes florales mélangées à des fruits
jaunes sur une trame minérale d’où se dégagent quelques émanations fumées.
L’attaque en bouche se révèle complexe et ample reposant sur une
structure vive, contenue, bien maitrisée dont une minéralité et une salinité
sont perceptibles en fin de bouche et laissant percevoir des sensations
pré-oxydatives.
Vin de très bonne facture alliant puissance et finesse.
Bien ++
Quèsaco ?
Personnellement, presque immédiatement les neurones bouillonnantes, je me
remémore une précédente dégustation et le jeu de l’année passée (2016), et éliminant
les cépages ‘’traditionnels’’ (sauvignon, chardonnay et chenin), je m’arrête sur un melon de bourgogne
(muscadet) de quelques années, suite d’une part à cette vivacité, cette minéralité
et cette sensation semi-oxydative.
Par ailleurs ma voisine, me glisse timidement :« Ca ne serait
pas un muscadet ? " .
Que nenni, il n’en était rien.
C’est donc un bien chardonnay, mais
du Jura.
Pas facile, et pourtant, une dégustation précédente (thème :
chardonnay du Jura) nous avait permis de déguster de tels vins et précisément
de ce viticulteur et aurait donc du m’aiguiller.
Il s’agissait donc du Domaine Labet
à Rotalier (Noté :
2 ** sur Guide vert RVF 2017)
et plus précisément de
sa cuvée :
Côtes du Jura Chardonnay ‘’Les Varrons’’ Millésime 2013 17,50
€
- Vigne
travaillée en bio depuis 2007, conversion Ecocert depuis 2010.
- Cépage chardonnay – Sélection massale - 60 ares -Vignes plantées en 1932 et 1940
- Altitude 260 m - Coteau exposé à l’Est.
- Argile de décalcification de couleur rouge-orangée sur socle calcaire du Bathonien
- Cépage chardonnay – Sélection massale - 60 ares -Vignes plantées en 1932 et 1940
- Altitude 260 m - Coteau exposé à l’Est.
- Argile de décalcification de couleur rouge-orangée sur socle calcaire du Bathonien
- Elevés sur lie, en fûts de chêne
âgés de 4 à 12 ans. Les fûts sont complétés (ouillés) chaque semaine pour
prévenir l’oxydation et le développement d’un voile de levure. Ce style
d’élevage permet d’être au plus proche de la personnalité de chaque vigne, de
chaque terroir.
Après cette belle
découverte, la dégustation peut commencer. Toutes les bouteilles seront servies
à température modérée 11-13 °C et seront débouchées au fur et à mesure de leur
service.
Cave Wolfberger :
Muscat d’Alsace Wolf Signature Millésime 2015 6,60 €
La Maison Wolfberger à Eguisheim fait partie, par sa taille et son niveau d’activité,
des entreprises de premier plan de la
viticulture française. Pour bâtir ce niveau de développement
l’entreprise a bâti sa marque Wolfberger
qui est aujourd’hui reconnue lorsqu’on parle de Vins, Crémants et Eaux-de-Vie
d’Alsace.
C’est : 142 salariés,420
vignerons, 13 000 parcelles enherbées, 90 km d’étendue du vignoble du Nord au
Sud de l’Alsace, 15 Grands Crus valorisés, 1 200 hectares de vignoble dont 48
hectares en Grands Crus.
Disponibles pour chacun des 7
cépages d’Alsace (Sylvaner,
Pinot blanc, Riesling, Muscat, Pinot gris, Gewurztraminer et Pinot noir), les vins Signature de Wolfberger sont représentatifs de la diversité du
vignoble alsacien. Issus de vignes âgées de 15 à 20 ans, les Vins Signature
sont vinifiés et élevés avec soin. Une fermentation à température
rigoureusement contrôlée et régulée leur permet de développer toute leur
richesse. Ils sont mis en bouteille au printemps qui suit la récolte.
Premier
muscat présenté dans le verre, première robe limpide jaune paille.
Le
nez présente une belle intensité sur des arômes muscatés et de raisin frais
d’où s’exhalent quelques fragrances de violettes et de roses dans une trame
manquant néanmoins de finesse.
L’attaque
en bouche très aromatique, sur les raisins frais, est prenante.
Des
notes florales, de violettes arrondissent la structure en apportant de la
fraicheur tandis que la finale bien présente, s’avère toutefois tendue et
s’accompagne d’une relative amertume.
Ce
vin basique, bien réalisé, réinstalle dans nos souvenirs les muscats d’Alsace
classiques que l’on a eu l’occasion de déguster (ou que l’on peut déguster)
lors de réunion amicales non centrées sur l’œnologie et que l’on pourra
présenter à table sans risque de mauvais goûts pour accompagner, asperges,
desserts à bases de fruits exotiques, foie gras (s’il reste encore des possibilités
pour s’en procurer).
Bien
Domaine
Remy Gresser :
Muscat d’Alsace Brandhof Millésime 2014 9,10 €
Pour commencer la valse des
vignerons, Laurent nous propose donc une réalisation d’un viticulteur adepte
des pratiques biodynamiques.
Et, et ce ne sera pas le
seul !!!
En premier, ce sera Rémy Gresser,
vigneron emblématique qui dirige son vignoble de 11 hectares sur la commune
d’Andlau depuis plusieurs décennies. Travaillées avec des pratiques
biodynamiques depuis 2000, les vignes sont certifiées AB depuis 2010. L’âme du
domaine est de type sec et la variation des trois grands crus d’Andlau est un
must. Des sols sablonneux au schiste, Rémy traduit au mieux ses terroirs et ne
se contente pas du riesling ; c’est d’ailleurs le seul à proposer du pinot gris
sur le grand cru Wiebelsberg. Millésimes prêts à boire, en vente à des prix
abordables, le domaine propose aussi d’excellents moelleux et liquoreux.
(Noté : sur Guide vert RVF 2017)
Dans le verre cet assemblage de muscat d’Alsace et de muscat Ottonel se
présente sous une robe paille très cristalline.
Le nez empreint de finesse s’ouvre lentement sur de fins arômes muscatés
parsemés de fragrances citronnées (citron vert) devenant plus présentes au fur
et à mesure de l’aération.
L’attaque en bouche ronde et riche reposant sur une structure fruitée
(prunes mûres) et équilibrée, se révèle généreuse (le fait des sucs
résiduels ?), souple, presque soyeuse, tout en tapissant et stimulant avec
plaisir et fraîcheur le palais de ces très présents arômes citronnés.
La belle (et envoûtante pour certains) harmonie ressentie : ce bel
équilibre entre la richesse et l’acidité, s’étire sur une tendre amertume dans
une finale néanmoins courte.
Bel réussite que l’assemblage de ces deux muscats que l’on aura plaisir à
déguster tranquillement dès à présent pour profiter de sa fraîcheur.
Si l’accord avec des asperges parait couler de source, pourquoi ne pas
essayer un accord sur des Saint-Jacques aux agrumes ?
Bien +
Domaine Paul Ginglinger : Muscat d’Alsace
Caroline Millésime 2014
11,00 €
Nous voilà donc de retour à Eguisheim pour rencontrer le second viticulteur.
Il s’agit du domaine Paul Ginglinger, situé à 5 km au sud de Colmar, qui exploite
quelques treize hectares de vignes sur des versants exposés à l’est, sud-est
particulièrement bien ensoleillés, à une altitude de 220 à 340 m. ce vignoble,
aux pieds des Trois Châteaux, est abrité par les contreforts des Vosges et
bénéficie d’un microclimat particulièrement sec et chaud, puisque les
précipitations y sont les faibles de France. Le sous-sol est marneux légèrement
granitique qui repose sur un sol argileux très caillouteux. Les vins issus de
ces terroirs sont charpentés, puissants et prédispose une belle longévité tout
en maintenant leur typicité et leurs arômes floraux.
Les pratiques viticoles si elles ne relèvent pas de la biodynamie
respectent au mieux l’environnement
L’usage d’herbicides est proscrit sur le domaine, les seuls traitements
autorisés sont réalisés à très faibles doses, avec des produits répondant au
cahier des charges de l’agriculture biologique.
(Noté : 1 * sur Guide vert RVF 2017)
Le Muscat Cuvée Caroline est
constituée pour majorité de muscat Ottonel sur le lieu-dit Mamsellenloch et de
muscat d’Alsace à petits grains sur le lieu-dit Pflanzer.
L’Ottonel apporte l’exubérance et
la finesse aromatique, tandis que le muscat à petits grains confère au vin une
belle structure acide et donc un meilleur potentiel de vieillissement.
La structure du vin se voit aussi
renforcée par la nature des terroirs marno-calcaires où se situent ces
parcelles.
La robe dans le verre se confondrait presque avec la paroi de ce dernier tant
celle-ci est pâle et lumineuse.
Les intenses senteurs qui viennent titiller nos parois nasales sont
pleines d’arômes muscatés, de prunes blanches, de touches florales, d’où
s’exhalent de belles notes acidifiantes d’agrumes : citron vert.
L’attaque en bouche n’est pas en reste.
Elle marie avec bonheur une chair riche empreinte de suavité à une grande
fraicheur.
La sensation aromatique s’appuie sur les notes florales donnant de la
finesse à cet ensemble dense et équilibré qui s’étire avec élégance dans une
finale dotée d’une amertume délicate.
Un beau moment en présence de ce beau vin qui, je pense, pourra
supporter, avec bonheur quelques années en cave et sera, à ne pas en douter, un
agréable compagnon de table.
Bien +
Domaine André Kientzler :
Muscat d’Alsace Millésime 2014
9,60
€
Depuis 5 générations, le domaine
Kientzler à Ribeauville se transmet de père en fils en
perpétuant l'amour des grands vins secs et de gastronomie. Cultivé avec le plus
grand respect de la terre et de son environnement, le vignoble s'étend sur 13,8
hectares dont 4,4 en Grands Crus répartis sur les villages de Ribeauvillé,
Bergheim, Hunawihr et Riquewhir.
Ce vignoble se retrouve :
sur le Geisberg, 1,5 ha pour 95 % de Riesling, 5%
de Pinot Gris.
sur le Kirchberg de Ribeauvillé, 1,63 ha pour les cépages Muscat, Riesling, Auxerrois et Pinot Gris.
sur
l'Osterberg, 1,15 ha pour les cépages Riesling, Gewurztraminer et
Pinot Gris.
sur
le Schoenenbourg, 012 ha pour le cépage Riesling.
Le plus grand soin est apporté au sol et à la vigne
tout au long de l’année. En dehors des travaux classiques de viticulture, trois
éléments concentrent toute l’attention de l’exploitation : les terroirs,
les vieilles vignes et la sélection des pieds.
(Noté : 2 ** sur Guide vert RVF 2017)
Dans ce domaine deux
vins ont été retenus pour la dégustation :
Ce premier muscat élaboré à partir, moitié de cépage
‘’petits grains’’ et moitié cépage ‘’Ottonel’’ présente un taux de sucre
résiduel < 2 gr/litres.
Presque à
l’identique du précédent vin, le verre se drape d’une robe très pâle, lumineuse.
Le nez inquisiteur,
s’interroge sur ce que peut bien cacher cette enveloppe diaphane, il s’y glisse
timidement et là dès que le nez plonge, d’intenses senteurs aromatiques sur une
trame variétale, vapeurs d’asperges en cuisson, emplissent les narines. La robe
est secouée, non, le verre virevolte pour aérer et dissiper ce surplus
d’intensité odorante et là, sur une trame minérale, des arômes fruités, raisins
frais, prunes blanches, sont perceptibles mélangés à des fragrances florales,
roses anciennes.
La bouche a hâte de
participer à ce plaisir olfactif. L’attaque fraîche est vive et ‘’explosive’’
sans manquer de finesse sur des notes de fruits frais.
Une très belle
acidité, vive non brutale, plutôt tonique (tension) avec un soupçon de
souplesse emplit avec plaisir le palais et propose une finale sur une délicate
amertume avec une pointe de salinité.
Un beau vin qui
pourra être un compagnon idéal à l’apéritif, bien pour ouvrir l’appétit et
attendre les premiers mets, sans parler d’alliances gastronomiques classiques à
ce type de cépage.
Bien qu’il soit
taillé pour la garde, pourquoi ne pas en profiter dans l’immédiat pour profiter
de sa fraîcheur et de sa tonicité ?
Bien +
Domaine André Kientzler :
Muscat d’Alsace GC Kirchberg Millésime 2015
19,00 €
Le Grand Cru Kirchberg de
Ribeauvillé est constitué de pentes assez fortes exposées sud, sud-ouest et
comprend à son sommet un plateau au climat légèrement plus frais. Le sol à
dominante marno-gréseux est complété par un filet de calcaire et ses terres, sous
l’influence de l’altitude et de vents rafraîchissants, permettent une lente
maturité des raisins.
Ce second muscat élaboré à partir du cépage
‘’Ottonel’’ présente un taux de sucre résiduel < 2 gr/litres.
Les robes se suivent
et se ressemblent même si pour cette dernière la tunique se présente un cran
moins pâle avec quelques reflets argentés.
Tout naturellement
l’annonce de la dégustation d’un CG titille les curiosités.
Celles-ci seront
satisfaites.
Très intenses les
effluves distillent une palette aromatique de muscat très pur tout en finesse
et élégance, reposant sur des touches fruitées et florales d’où quelques notes
fumées s’échappent.
Ouah !!! Quel
beau nez !!!
Il faut tout de même
goûter.
A l’instar des
perceptions olfactives la bouche élégante racée, se présente sous ses meilleurs
atours, par sa matière bien mûre, son fruité suave, ses notes florales
capiteuses (rose, violette), sa tension minérale et son ampleur.
La finale persistante
tout en finesse soutenue par une douce amertume donne un supplément de longueur et nous fait profiter avec bonheur de la pureté du
fruit.
Un beau muscat,
jeune, il est vrai, mais tellement empreint de classe et de race.
D’aucuns se sont
interrogés sur ce vin, le jugeant trop jeune, pas en ‘’place’’ proposant
quelques années de vieillissement pour qu’il puisse se structurer et donner un
vin ‘’accompli’’. Si l’on s’en tient à
sa minéralité, on peut penser qu’une garde de 5 à
10 ans révèlera sa dimension et sa complexité minérale et qu’au-delà, le temps
affirmera pleinement l’éclat de ce Grand Cru.
Mais pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent plus
attendre il ne reste qu’à le boire sur
sa jeunesse pour apprécier sa générosité aromatique.
Très bien.
Domaine Pierre Frick : Muscat d’Alsace GC Steinert Millésime 2012
17,60 €
Ah !!! Un nouveau viticulteur adepte de la
culture en biodynamie.
Le Domaine PIERRE FRICK à Pfaffenheim est lié au vignoble depuis
douze générations et soigne aujourd’hui 12 ha de vignes. Les parcelles se répartissent sur une douzaine de
terroirs à dominante calcaire, distants aux extrêmes de 15 km. Parmi ces
terroirs très diversifiés par leur sol et leur exposition, les principaux sont
: Grands Crus Steinert (Pfaffenheim), Grand Cru Vorbourg (Rouffach) et Grand
Cru Eichberg (Eguisheim), Bihl, Rot Murlé, Bergweingarten, Lerchenberg,
Carrières (Krottenfues) et Strangenberg.
Les
vignes sont cultivées en biodynamie depuis 1981 (demeter).
Sans
collage, sans flash-pasteurisation ou autres traitements physiques ou
chimiques, les vins sont simplement filtrés sur plaques de cellulose (pas de
filtration stérile) avant mise en bouteilles.
Les
vins reçoivent un ajout minimal de sulfites, avant mise en bouteilles.
Depuis 1999, des cuvées vinifiées et mises en bouteilles sans ajout de sulfites: « vins biologiques – Zéro sulfite ajouté » sont élevées. C’est du jus de raisin fermenté sans additif. L’ensemble des cépages d’Alsace sont déclinées en cuvées « zéro sulfite ajouté », y compris du Blanc de Noir et des vins moelleux. Pour préserver la pureté du vin et le protéger de toutes les déviations organoleptiques, le bouchon de liège a été remplacé par une capsule en inox depuis 2002.
(Noté : sur Guide vert RVF 2017)
Que nous réserve ce second vin en Grand Cru ?
Le verre se remplit d’un jaune or soutenu, année 2012 ?
A l’approche le nez est mis à
l’épreuve par des effluves puissantes et prenantes d’arômes de fruits (pommes,
poires, prunes) en pré-fermentation ainsi que des fruits secs dénotant une
oxydation avérée.
Un nez surprenant après toutes les
sensations muscatées ressenties précédemment.
Reste à goûter.
Une première sensation de perlant s’insinue
à la prise en bouche. Faire tourner le verre, aérer et cette perception se
dissipe et là, une matière riche, tonique et très concentrée en fruits squatte
notre palais.
Une concentration de fruits très mûrs
compotés d’où l’on perçoit des émanations alcoolisées (alcool de mirabelles,
rhum blanc) sommes toutes pas désagréables (pour moi), et procurant une bouche
salivante sur une finale tapissées par ces arômes fermentaires mais totalement
déconcertante vis-à-vis de l’attendu dans le verre.
Diantre, mais où se retrouve donc le
cépage muscat dans tout cela ?
Bien qu’aucun indice ne permette de
déceler le cépage, il reste à penser que ce vin nature n’était pas assez
protéger (Jean-Loup a noté sur la contre-étiquette 19 gr de soufre
seulement !) et qu’il n’a donc pas tenu la distance.
Alors là, pour l’utiliser
gastronomiquement, cela relève du goût de chacun et de celui de ses convives.
Assez bien (tout de même)
Domaine
Pierre Frick : Muscat d’Alsace GC
Steinert Vendanges Tardives Millésime 2009
25,00 €
Grand Cru Steinert Littéralement
: le pierrier
Orienté vers
l’Est, le Steinert, au Sud du ban de Pfaffenheim est le plus abrupt des
vignobles de la commune. Son sol, sec et filtrant, est très largement calcaire.
Il forme un terroir homogène dans le Dogger oolithique que recouvrent en aval
des éboulis pierreux de même nature, d’où l’origine du nom Steinert. Les
données géologiques conditionnent fortement l’encépagement et le mode de
culture de ce lieu-dit, où il est nécessaire de faire appel à un porte-greffe à
haute résistance au calcaire actif et à la sécheresse, donc très peu vigoureux
Encépagement : Riesling, Gewurztraminer et Muscat
Dans
ses choix, l’ami Laurent avait glissé deux flacons de Vendanges Tardives,
s’excusant, presque, de ne pas avoir pu nous régaler avec une cuvée de SGN (le
budget, naturellement !).
Ce premier flacon sur le millésime
2009 se présente sous un robe jaune or clair, brillante avec des reflets
pistachés, d’un éclat presque équivalent aux premiers muscats goûtés juvéniles et non VT.
A l’abri sous cette robe le nez
s’embaume d’arômes riches et complexes recouvrant une palette très diversifiée
rassemblant des notes muscatées, fruitées, exotiques, épicées et florales. De
cette architecture olfactive presque envoûtante des touches minérales se
mettent en symbiose dans cette complexité aromatique.
La bouche est à l’image des arômes
perçus. L’attaque est riche, fruitée, gourmande, toute en finesse sur ces notes
muscatées, bien intégrées. Le bel équilibre nous séduit par son moelleux
délicat peu chargé en sucres et se révèle, attirant, séducteur.
Le palais se délecte longuement de
cette chair fruitée, harmonieuse et diablement gourmande procurant une
sensation de fraîcheur toute cristalline qui appelle au ‘’reviens-y’’.
La finale, longue, caressante, portée
par une fine amertume en devient salivante.
Très beau flacon que cette VT qui a
fait le bonheur de chacun. Et une
franche réconciliation avec ce viticulteur suite à la relative déception du vin
précédent.
Dans l’éventualité d’un usage
‘’domestique’’ une mise en carafe pourrait s’envisager. Si cette opération
n’apporterait rien à sa dégustation, sa présentation s’en trouverait valorisée
en compagnie d’un gourmand dessert aux fruits blancs.
Très Bien +
Domaine Rolly Gassmann : Muscat
Moenchreben Millésime 2012 16,00 €
Et oui !!! Un nouveau viticulteur adepte des
principes de la biodynamie.
Le
domaine situé à Rorschwihr s’étend sur 52 hectares de vignes, soignées et
entretenues par une équipe de 20 personnes et se situe au cœur d’un village
viticole de 350 habitants. Le village est cité dès l’an 742 par le Domaine
Royal Mérovingien pour ses vins.
Les
crus les plus réputés à dominante argilo-calcaro-marno-gréseuse, sont :
Kappelweg, Lachreben, Moenchreben, Oberer Weingarten, Pflaenzerreben,
Rotleibel, Silberberg, Stegreben, Weingarten, Brandhurst, Rotenberg et
Haguenau. Ainsi que de l’appellation communale ‘De Rorschwihr’, ’ De Bergeim’
et ‘ De Rodern’.
Tout est mis en œuvre dans la recherche systématique
de l’équilibre entre l’activité biologique du sous-sol et la croissance de la
vigne afin d’obtenir un raisin le plus subtil et le plus complexe possible.
Pour lutter contre la pression cryptogamique, toutes
les vignes sont travaillées selon les principes de la culture biodynamique pour
la partie végétale.
Toutes les interventions et tous les travaux sont
directement liés aux différents rythmes cosmiques (conjonctions astrales,
oppositions planétaires par ex.) et au moyen de divers préparats et de plantes
comme l’ortie, l’osier, la camomille, la prêle, la valériane, l’écorce de
chêne, la fleur de pissenlit, la silice, le compost de bouse, l’argile, le petit
lait…
(Noté : sur Guide vert RVF2017)
Le Moenchreben est constitué de limon argilo-marneux, colluvionné d’argile et de
calcaire. Cette parcelle donne de beaux muscats et des pinots auxerrois de
grande tenue.
Après
une Vendange Tardive, retour à un simple muscat, la perception de ce dernier
va-t-elle s’en ressentir ?
Les premières sensations olfactives
sont intenses et élégantes ; sur un socle muscaté, l’émanation des notes
florales (roses) et fruités pourraient néanmoins nous porter sur un autre
cépage alsacien (le gewurztraminer).
L’attaque en bouche se découvre très
suave, à la limite capiteuse sur des fragrances fruitées et d’une belle finesse.
La teneur en sucre résiduel nous propose une partition assimilable celle d’un
vin demi-sec relativement doucereux, attrayant et plaisant mais avec un déficit
d’acidité et se terminant sur une finale évanescente.
La question précédente se
repose : fallait-il le proposer après la belle VT, pour ne pas être
directement en position de comparaison avec celle-ci ?
A chacun sa réponse.
Bien +
Domaine
Rolly Gassmann : Muscat Moenchreben
Vendanges Tardives Millésime 2003 65,00 €
Oh ! là, là !!!, l’assemblée
se dissipe, la tonalité remonte d’un cran, des petits groupes se forment, à droite,
à gauche, en fond de salle et partent sur des discussions hors du contexte ;
la cour de récréation est en plein ébats.
Serait-ce le fait de la dégustation
des précédents vins, du réchauffement des esprits ?
De sa voix de stentor la maître de
cérémonie, Laurent, ramène le calme en présentant les trois derniers flacons du muscat à déguster :
une Vendange Tardive de 2003.
Belle perspective !!! Un vin
adulte, c’est certain, mais dans ce millésime controversé 2003 (la fameuse
année de la canicule).
La robe, dans le verre, se présente
avec une parure brillante jaune d’or avec des reflets verts.
Le verre prestement glissé sous le nez
nous propose des senteurs très intenses de fruits confiturés, sur des notes
muscatées, des notes de poires mûres et de fruits exotiques avec des fragrances
miellées et florales.
Ce
nez capiteux ne peut-être que le prélude à une bouche affriolante.
Oui, tout semble en accord !
Ampleur et richesse caractérisent les
perceptions en bouche ; l’alliance puissante des sucres (miel), de fines notes
muscatées, de notes fruitées (poires et exotiques), des émanations alcooleuses
confèrent à l’ensemble une structure équilibrée tapissant de manière enjôleuse
le palais.
Toutes ces sensations entraînent de
longues réminiscences en proposant sur une pointe de fraîcheur une finale toute
en délicates amertumes.
Un beau et riche muscat, pour le
plaisir de chacun, pour terminer cette
dégustation.
A bien réfléchir, que faut-il boire
avec ce flacon ?
Sa richesse est difficile à placer sur
un repas, hormis un dessert.
Ah, rêver à un après-midi d’été, à l’ombre
sous le tilleul, la bouteille rafraîchissant dans le seau, en compagnie d’amis,
devant une tarte Tatin aux poires (par exemple), quelle sérénité !......
Très Bien
Je tiens à
remercier, tout d’abord Laurent pour nous avoir proposé cette belle diversité
de Muscats, ensuite Jean-Loup et Bernard pour m’avoir communiquer leurs notes
de dégustation afin de pouvoir les synthétiser et rédiger ce compte-rendu.
Également, n’hésitez
surtout pas à apporter vos commentaires.
Claude
Le muscat bien connu en VDN nous offre en Alsace une diversité remarquable, de fines notes muscatées embellies par ses terroirs variés apportant minéralité et nobles amertumes.
RépondreSupprimerBravo et merci Laurent pour cette découverte des muscats.
Bernard
Bien agréable de pouvoir revisiter notre soirée grâce à notre nouveau blog et à ce bel article qui se lirait presque comme un roman !
RépondreSupprimerMerci à Claude et aux autres contributeurs.
Patrice
En voilà un super CR, Claude !
RépondreSupprimerC'est vif, alerte et précis comme un bon Muscadet !
Amicalement,
Jean-Loup
Domaine Pierre Frick : Muscat d’Alsace GC Steinert Vendanges Tardives Millésime 2009
RépondreSupprimerune dégustation remarquable dans sa globalité tout particulièrement cette bouteille avec un équilibre minéralité/fruit, sans bouche liquoreuse, sirupeusece qui est rare en VT
Nous avons eu le meilleur et le pire avec ce domaine
merci
jean michel jacquet