Le Vignoble : Meursault
➩Pour cette approche du
vignoble, je vous propose deux textes :
1 -
l’un (écriture noire) se référant au « Grand Atlas des
Vignobles de France (Benoît) (Edition 2002) »,
2 - l’autre (écriture
bleue),
plus dense et détaillé, émanant du blog très documenté de Patrick Essa (vigneron à Meursault).
1 - Grand Atlas des Vignobles de France
(Benoît) (Edition 2002)
Au centre de la Côte de Beaune, le
vignoble de Meursault sur 395 ha amorce un bassin de production de très grands
vins blancs, qui va se poursuivre sur toute la partie sud de cette côte.
Célèbres dans le monde entier, les vins de Meursault se caractérisent par une
ampleur et une générosité uniques. Gras et longs en bouche, ils nécessitent de
vieillir en cave pour révéler toute la richesse de leur terroir exceptionnel.
Les facteurs naturels et le
vignoble :
Entre Volnay, au nord, et
Puligny-Montrachet, au sud, le vignoble de Meursault est implanté sur des
pentes douces entre 230 et 360 m d’altitude.
Le vignoble de Meursault, orienté à l’est, est composé de deux coteaux
dissymétriques situés de part et d’autre du bourg et de la vallée
d’Auxey-Duresses. L’un, très court, se trouve au nord de la commune ; il
constitue le prolongement et la fin du synclinal de Volnay ; l’autre, plus
long, situé au sud, est le grand coteau qui se prolonge sur toute la longueur
de la commune voisine de Puligny-Montrachet, et jusqu’à l’extrémité du Grand
Cru Montrachet, sur la commune de Chassagne. C’est sur ces deux coteaux que
sont implantés les prestigieux vignobles des vins blancs de Bourgogne, et pour
cette raison, on qualifie ce secteur de Côte des Blancs.
Le Coteau de Volnay. Le sol marneux qui constitue
l’essentiel de ce coteau, mi-jurassique supérieur, mi-jurassique moyen,
convient à la fois au chardonnay et au pinot noir. Ce type de sol explique la
présence des climats mixtes des Santenots
et des Plures, où l’on produit à
la fois des Premiers Crus rouges d’appellation Volnay et des Premiers Crus
blancs d’appellation Meursault, ces derniers «étant jugés comme plutôt atypiques par rapport aux vins
de Meursault.
Au dessus de ce secteur se trouvent deux lieux-dits classés en Meursault
Premiers Crus, Les Cras et Les Caillerets, où les sols sont
propices à la production de vins amples, gras et minéraux, bien typés
Meursault.
La Partie Centrale. Le bas du coteau de
Volnay se prolonge vers le bourg, où il reçoit les colluvions argilo-calcaires
du cône de déjection. On produit là des vins d’appellation Meursault, dont on
peu dire qu’ils sont les plus beaux Villages blancs de la Côte des Blancs. Ce
sont des vins bien structurés, amples et longs qui préfigurent assez nettement
ce que seront les Premiers Crus qui les prolongent sur le même coteau.
La Côte des Blancs. Les couches géologiques de la côte-de-Beaune sont
marquées par un synclinal, dont le point le plus bas se trouve à Volnay. Les
vignobles, de Corton à l’orée de Meursault, sont implantés sur des strates
marneuses du Jurassique supérieur (Oxfordien1). Le relèvement
progressif de la partie sud de cette ondulation ramène les strates du
Jurassique moyen avec ses calcaires, mais également avec ses marnes et ses
argiles. C’est le début de la Côte des Blancs qui se prolonge jusqu’à
Chassagne.
Au Jurassique, une mer profonde a
laissé sur le futur site de Meursault des couches marneuses. Aujourd’hui, elles
ferment le sommet des collines surmontant le vignoble. Pendant les derniers
millénaires, les eaux de ruissellement ont déposé sur les versants sous-jacents
des éboulis et des limons riches de matières argileuses, favorables à la
culture du chardonnay. A Meursault, sur un ensemble de coteaux bien dessinés,
riches de failles entrecoupées de petites combes, et avec des altitudes
variables, s’est formée une mosaïque de terroirs et, parla suite, de climats,
chacun avec une identité bien marqués.
Meursault. Le coteau de la Côtes des
Blancs commence à la sortie de la combe d’Auxey-Duresses. La nature du sol est
ici identique à celle qui, plus loin, porte les Premiers Crus. Elle comporte
des rendzines2 élaborées sur des marnes argoviennes plus ou moins
recouvertes d’éboulis, puis des sols brun calcaire argileux ou parfois des
rendzines2 rouges sur des calcaires du Callovien3 mêlés
de cailloutis d’éboulis, issus des étages supérieurs et, enfin, des cailloux
plus grossiers provenant du substratum4.
Toutefois, malgré cette analogie de terroir, il faut considérer une
différence géomorphologique due à la situation en sortie de combe, ainsi qu’une
différence d’exposition et d’altitude des différents lieux-dits qui y sont
installés. Ces terroirs plus froids n’ont pu obtenir le classement en Premier
Cru. Parmi ces lieux-dits, les climats Les
Clous, Les Casse-Tête, Les Tillets et Les
Narvaux sont parmi les plus renommés. Ce dernier, situé au-dessus des Genevrières, produit le plus souvent des
vins au niveau des Premiers Crus.
Les vins qui proviennent de la partie centrale du vignoble, où les
vignes reposent sur des colluvions du cône de déjection, présentent différents
types dans une gamme toujours élégante et assez racée. On peut distinguer,
parmi ces différents lieux-dits, Cronin,
dont le sol caillouteux permet l’élaboration d’un vin minéral, ou encore le
climat Les Forges, qui a un sol riche
en argile et donne un vin ample et gras.
Les Premiers Crus. Les vignobles classés en Premiers Crus reposent à
mi-versant, entre 260 et 280 m d’altitude, sur la meilleure partie du coteau.
Ils sont installés sur une roche mère rehaussée par les colluvions
argilo-marneuses de très bonne qualité. Ils s’étirent du nord vers le sud,
depuis Les Gouttes d’Or jusqu’aux Charrons, climat qui marque la limite
avec le vignoble de Puligny-Montrachet.
Le climat Les Gouttes d’Or est
implanté sur le substrat du Bathonien5, riche en marne. Le coteau
très pentu, orienté est-nord-est, permet d’élaborer des vins opulents,
onctueux, longs en bouche et de bonne garde.
Dans le prolongement de Gouttes
d’Or, le Premier Cru Les Bouchères repose sur sol marneux du Bathonien5
moyen. Bien exposé au levant, il produit des vins soyeux et ronds, élégants,
moins complexes que ceux des Gouttes d’Or.
Exposé à l’est-sud-est, le climat
Les Porusots bénéficie d’un
ensoleillement parfait. Il repose sur un sol pierreux du Bathonien supérieur au
faciès calcaire oolithique. C’est un vin assez sauvage, qui reste sur sa
réserve durant sa jeunesse, et qui développe, après vieillissement, une grande
finesse et beaucoup d’élégance. Il exprime des arômes de tilleul, de fleurs
séchées et d’amandes. C’est un vin minéral qui est de très bonne garde.
Le Premier Cru Les Genevrières est
l’un des climats les plus célèbres de Meursault. Exposé est-sud-est, il repose
sur un sol peu profond, sur des calcaires durs du Bathonien5,
alternant avec des marnes blanches. Il est considéré comme le Premier Cru le
plus complet de l’appellation. C’est un vin riche et expressif, qui possède une
concentration et une complexité étonnantes. Il est, par ailleurs, très
harmonieux et fin, et exprime fidèlement la richesse de son terroir
exceptionnel.
Au pied des Perrières et en
limite de Puligny, le climat Les Charmes,
qui couvre 31ha 11a 79ca, est installé sur un terrain assez plat issu d’un cône
de déjection formé de colluvions sur substrat calcaire. C’est un sol argileux,
profond et bien drainé.
Ce climat est constitué de deux lieux-dits étagés, Les Charmes du Dessus et Les
Charmes du Dessous. Pour distinguer les origines des vins que l’on y
produit, on y a ajouté une zone imaginaire qualifiée de Charmes du Milieu, qui prendrait place entre les deux précédentes.
Les vignes situées sur Les Charmes du
Dessus et Les Charmes du Milieu
passent pour produire des vins plis complexes et plus racés que ceux que l’on
produit dans Les Charmes du Dessous.
Dans ce dernier secteur qui, il est vrai, descend assez bas sur le coteau, le
sol est plus profond et donne un vin complet, mais moins riche et complexe. Le
cas de figure est identique à celui que l’on rencontre au Clos-de-Vougeot, et
les années très chaudes sont plus favorables à ce secteur. Les Charmes est un cru où la puissance
s’impose immédiatement en bouche. Il a toute l’opulence et l’ampleur qui
caractérisent les vins de Meursault. Il possède une grande structure, beaucoup
de consistance, et il exige du vieillissement pour se révéler totalement.
Exposé au levant, le climat Premier Cru Les Perrières est implanté en limite de Puligny, dans le meilleur
du coteau. Il repose sir un sol de couleur saumon, nourri de calcaire dur, de
marnes et de limons d’excellente qualité. Il repose sur le calcaire dolomitique
du Bathonien5, comme dans le Grand Cru Montrachet. Le vin de
Perrières est un vin de grande race, ample, consistant, minéral et de longue
garde ?
Le Clos des Perrières, qui ne couvre que 94a 32ca, est situé au dessus
des Charmes du Dessus. Il a la
réputation de produire le plus grand vin de l’appellation. Ce vin fin et
puissant, souvent comparé au Montrachet, possède une aptitude exceptionnelle au
vieillissement et mériterait, de l’avis général, d’être classé en Grand Cru.
Les vins rouges représentent 4% de la production communale. Ils sont
tendres et fruités et, en règle générale, ils ne gagnent rien à vieillir. Ils
sont produits sur les sols les plus profonds et les plus argileux comme ceux
des extrémités des lieux-dits Les Dressoles
et Les Malpoiriers situés en parti
basse du coteau de Volnay.
2 –
Blog de Patrick Essa (Ecrit de Janvier 1997 à Juillet 2014)
Le Finage de Meursault
- Variété des crus
Depuis toujours le nom de Meursault évoque
pour les dégustateurs du Monde entier un vin blanc ample, gras, concentré sur
des saveurs de noisettes, qui vieillit avec bonheur et procure du plaisir sur
des poissons en sauce ou des volailles blanches.
Sans renier cette
" image d'Epinal ", il est sans doute possible de dépasser le Mythe
et sa transmission orale, les fausses vérités et les interprétations imprécises
pour défricher un terroir qui mérite plus qu'une somme de lieux communs, même
si ce sont eux qui ont forgé d’une certaine manière sa légende.
L'imaginaire dans le
vin est souvent de type agrégatif : on complète des connaissances en les
additionnant à celles que l'on possède déjà. De nombreux auteurs ont parlé de
Meursault depuis le 17°siècle : Courtépée et Béquillet, le docteur Lavalle,
Danguy et Aubertin, Rodier et plus près de nous Anny et Paul Sadrin ou encore
Henri Cannard. Chacun a œuvré en relisant les précédents et en se fondant sur
des affirmations qui n'ont guère été contestées au fil des siècles car le
respect des canons anciens qui singularisent les crus a souvent valeur de
« sacralisation ». Au final la permanence du discours est plus le
fait d'un manque de recherche ou de questionnement que d'une stabilité qui
rendrait ce vignoble intemporel. Meursault a évolué, a changé comme toute la
Bourgogne (nous en reparlerons au fil du temps) et le village et ses vins sont
ancrés dans le présent autant qu'ils puisent dans le passé des racines dans
lesquelles la sève de la tradition circule.
Notre propos est donc
de comprendre le vignoble depuis le présent pour relire l'histoire et mettre en
lumière les faits du passés qui peuvent éclairer la situation actuelle.
Il est évident que ce
travail engage l'auteur et ses connaissances, chacun pourra à loisir compléter
ou contester tel ou tel fait ou analyse, il reste que l'éclairage apporté ici
n'est que le fait d'un dégustateur devenu producteur et négociant sur la
commune et qui tire ses conclusions de sa propre expérience, en toute
indépendance d'esprit.
Un village remarquable :
La première chose qui
frappe lorsque l'on arrive à Meursault est son clocher haut perché qui domine
l'église Saint Nicolas, cela donne une allure majestueuse au village qui sied à
ses pieds, cela procure également une grande fierté aux Murisaltiens6
qui aiment leur bourg aussi discrètement que passionnément.
De nombreuses maisons de maître apparaissent aux 4 coins du village. Les familles nobles et bourgeoises les ont construites souvent au cours des 18° et 19° siècles, elles étaient propriétaires et négociantes et ont contribué à l'essor du village.
Les grands murs qui bordent les maisons et enclavent les propriétés en des clos hermétiques aux regards sont le signe d'un passé glorieux et prospère et d'un goût affirmé pour l'austérité et le classicisme. Nous sommes en terre de tradition, la mémoire est préservée à l'intérieur de ces hautes clôtures en pierre, il est difficile d'y pénétrer sans être introduit et il est impossible de comprendre les gens qui y habitent sans comprendre pourquoi existent ces enceintes !
Un tissu social très dense, ouvert sur l'extérieur :
L'intimité des
familles de Meursault n'est percée que dans le cadre de la famille qui est ici
le noyau central de l'esprit du village, on est uni par les liens du sang, par
des principes de vie, mais aussi par la terre, les savoir faire, les méthodes
de vinification. Il existe des codes sociaux qui tissent les liens entre les
habitants du village, chacun est à sa place, il est très difficile de pénétrer
une sphère qui n'est pas la sienne. Tout cela n'exclu pas le respect entre les
Murisaltiens6 mais vous ne verrez que très rarement un propriétaire
fréquenter son ouvrier en dehors du travail. (Il est des contres exemples bien
sûr mais mon propos est général).
Une des valeurs majeures de ce microcosme social est le travail, toute personne laborieuse et dur au travail, est réputée pour cela et en tire un prestige insoupçonné ailleurs, c'est une forme de reconnaissance pour les " petites gens" (on comprendra aisément qu'il n'y a pas le moindre mépris de ma part pour cette expression), de l'admiration parfois même... . La terre, sa culture difficile tout au long des siècles, les efforts qui y sont liés, sont à l'origine de cette manière d'être car il a fallu des bras pour mettre en valeur le vignoble et donner du lustre aux habitations. Cependant après l'ouvrage chacun aime à donner une entité à son pré carré, celui-ci est alors clos et impénétrable.
Il est cependant de tradition de recevoir les visiteurs et de leur assurer une explication simple et claire des vins de la commune. Les vignerons ont toujours ouvert leurs portes pour vendre, ils ont aussi su garder des contacts très suivis avec les clients les plus connaisseurs et sympathiques. Il n'est pas rare de croiser des invités de toute nationalité dans les caves et les dégustateurs avertis sont appréciés pour échanger les points de vue sur telle ou telle cuvée. Ainsi, les expériences de dégustation qui se poursuivent tard avec de vieux flacons sont probablement le moyen le plus sûr de comprendre le village et ses vins.
Des crus réputés :
La description des
crus si dessous est uniquement fondée sur un passé de dégustateur, sans aucun
lien avec les caractéristiques communément admises des crus que l'on retrouve
dans la plupart des ouvrages de référence. Elle recoupe certaines conclusions
antérieures mais donne aussi à réfléchir sur des définitions aromatiques et
typiques précises qui tiennent compte de la position des parcelles dans les
crus.
Le terroir de
Meursault est très étendu, il compte 395 hectares de vignes sises entre
Puligny-Montrachet, Auxey-Duresses et Volnay. Les surfaces exactes sont peu
importantes mais il vous suffit de savoir qu'il faut environ 20 minutes en
courant à une allure modérée pour traverser le vignoble, cela replace celui-ci
dans des proportions très bourguignonnes.
Les premiers crus
n'occupent guère plus de la surface du château Lafite à Pauillac. Cette étroite
bande de terre et comprise entre 260 et 300 mètres d'altitude et l'on est dans
une zone ou la déclivité va de modérée (presque plate) dans les Charmes du bas,
à très " pentues " dans certaines parties des Perrières des Bouchères
ainsi que dans le dessus des Genevrières, Goutte d'Or et Poruzots. Avant de les
décrire précisément nous nous attacherons à définir le caractère des lieux-dits
de niveau village car ceux-ci plus étendus portent en eux une part de l’esprit
des vins de la commune, certains même – très qualitatifs – sont isolés et
donnent leurs noms à des bouteilles très recherchées, un fait quasiment unique
dans la Côte des blancs.
Des lieux dits "seconds crus" qui ont de la race :
Le classement des
parcelles, en dehors des premiers crus n'existent pas, pourtant il est d'usage
de considérer certaines d'entre elles comme de véritables seconds crus,
elles apparaissent sur les étiquettes avec de plus en plus d'insistance car le
fait de les mentionner rend le vin plus marchand, un peu plus cher bien souvent
car plus rare et sans aucun doute supérieur.
Nous pouvons les envisager en différents quartiers géographiques :
· Au sud en direction
de Puligny :
Les terrains sont très réputés et le milieu du coteau
est intégralement classé en premier cru, cependant le Limozin constitue
un excellent lieu-dit très proche de Genevrières du dessous et des Poruzots du
milieu, il allie puissance et complexité et fait partie des climats qui
méritent sans conteste d'être individualisé. Vous pouvez également miser sur
les Narvaux du dessous qui sont placés au dessus des Genevrières du
dessus, ils sont minéraux et fins. Les qualités des Pelles, des Crotots, des
Gruyaches et des Buissons Certaut les destinent plutôt à être assemblés pour en
faire des villages complets. Nous parlerons encore des Terres Blanches et des
Luraules qui pourraient constituer des troisièmes crus de bon niveau voire
mieux dans la partie haute des Luraules : les vins sont aromatiques et
vieillissent bien.
On soulignera ici qu'une grande partie du climat
des Gruyaches a été intégrée dans les Charmes lors du classement
des premiers crus au début des années cinquante. Les parcelles
restantes de ce cru sont moins bien exposées et susceptibles de voir
des eaux stagner à certains endroits. Le domaine Fichet qui en possède une
parcelle a, de ce fait, réalisé d'importants travaux de drainages à la fin des
années 90 pour assainir la parcelle et l'améliorer qualitativement. Il
produit depuis un vin de très haut vol qui tient tête à de nombreux Charmes.
Le climat des Pellans situé juste sous les
Charmes du bas termine l'AOC village en direction de Puligny-Montrachet, il est
assez hétérogène car incliné en pente douce vers le nord à partir de la moitié
du lieu-dit en direction de Meursault. Les parties "hautes" sont en
revanche très qualitatives car les terres y sont moins profondes et plus
filtrantes. Le domaine Henri Germain, le château de Chorey les Beaune, le
domaine Bellicard à Santenay produisent ici des génériques de belle tenue,
charnus, charpentés et amples. J'aime beaucoup ce cru dense qui est très
typique de l'AOC et capable de magnifier une cuvée d'assemblage en lui donnant
du corps et de la sève.
Le Limozin a la tenue et le caractère d'un
Genevrières du bas en sa partie haute et ses terres très courtisées
produisent sans doute avec le Tessons le meilleur des "seconds"
de la commune quoique dans un registre fort différent. Là où Tessons est tendu
et racé, Limozin se montre velouté, ample et enveloppant surtout s'il est issu
de vieilles vignes, et elles ne manquent pas dans le secteur! Henri Germain,
François Buisson, Rodolphe Demougeot, Michel Bouzereau en produisent de
remarquables dans des styles proches qui mêlent richesse et harmonie sur
des belles notes de fruits blancs. Son sol argilo-calcaire est composé de
terres blondes mêlées de petits cailloux en partie haute et de sols plus
profonds en sa partie basse non loin du lavoir communal. L'endroit est très légèrement
incliné vers le levant, solaire et mûrit précocement. IL faut en général le
récolter assez tôt pour préserver une tension interne affirmée, sinon il peut
se montrer quelque peu capiteux, puissant, voire un peu opulent. Il s'agit sans
doute d'un des "seconds crus" les plus « séveux » de cette
commune dont le finage génère des fruits naturellement riche en glycérol.
· Au nord en direction de Volnay :
Depuis toujours les terres de ce côté de la commune
ont été plantées - sauf à de rares exceptions- en pinot. Les appellations
d'origines contrôlées instituées au début des années trente et la progression
des ventes en bouteilles vers l'étranger, ont quelque peu changer les données
de plantation : Meursault est devenu un village synonyme de vins blancs à
l'exportation, sa réputation ancienne pour les blancs a été mise en avant, et
le côté sud de la commune - sans même parler des Santenots - qui portait des
rouges remarquables, a été replanté au fil du temps en vignes blanches.
Les bourguignons ne sont pas des rêveurs et la
possibilité de mieux vendre une appellation est déterminante dans le choix du
cépage, mais aussi aujourd'hui explique le type particulier des blancs produits
de ce côté-ci : Ce sont des blancs plantés sur des terrains dont la valeur agrologique
est remarquable, mais souvent ils sont produits sur des terres
destinées aux vins rouges issus du pinot.
La parcelle la plus célèbre est sans conteste celle
qui appartient aux Comtes Lafon elle est connue sous le nom de la Désirée
depuis au moins deux siècles, elle est enclavée dans le climat des Petures qui
peut aussi donner en rouge l'appellation Volnay Santenots. Tout est simple en
Bourgogne si l'on connaît le parcellaire... Il s'agit donc d'un " village
" revendiqué dans une terre de premier cru, il est remarquable et sa
puissance lui assure un bon vieillissement
mais ne lui demandez pas d'avoir la finesse des premiers crus du côté
nord.
Viennent ensuite le Clos de la Barre, le
Clos du Cromin et le Clos des Mouches, les deux premiers sont des blancs
massifs et de bonne expression, ils sont très aromatiques et sont prêts à boire
assez rapidement. Le clos des Mouches est planté en rouge, nous y reviendront
dans le paragraphe consacré aux vins rouges de la commune. Les autres parcelles
les plus remarquables sont les Perchots, les Peutes vignes, les Corbins, les
Criots, les Marcausses, les Vignes Blanches et en la Barre. Le dernier est sans
conteste le meilleur lieu dit et celui qui mérite le plus d'être cité sur une
étiquette, sa profondeur et son bouquet en font un Meursault village de grand
style. Les autres me paraissent devoir être assemblés, ils expriment de
manières moins originales les qualités du Meursault, mais en complément
d'autres lieux dits ils peuvent apporter de la puissance et des saveurs mûres,
les vignerons qui les assemblent obtiennent souvent de très belles cuvées de
village sans mention de lieu-dit.
Le coteau blanchit et de moins en moins de Meursault
rouges parsèment ces lieux-dits. Certains d'entre eux sont désormais isolés par
les producteurs qui en ont assez pour fidéliser une clientèle. Ils contribuent
largement à les faire connaître au delà des frontières et le prix des terres
grimpe en flèche! Ainsi trouve t'on une fort belle cuvée de Criots chez
Ballot-Millot, des Corbins ronds et puissants chez le cousin Vincent Dancer et
une cuvée un peu plus austère - mais tout aussi racée- chez Vincent
Bitouzet à Volnay. En revanche, point de Perchots, de Marcausses et de Peutes
vignes (les vilaines vignes en patois!)...demain peut-être, qui sait ?
Je suis plus réservé sur l'important Clos du Cromin
qui année après année produit des vins friands et généreux mais parfois
également un peu trop simples surtout en sa partie basse composée de terres
argileuses assez lourdes. Les vignes de l'extrémité nord proches de la
Désirée, plus pentues, plus hautes et plus caillouteuse me paraissent avoir un
meilleur potentiel. En moyenne c'est une cuvée de troisième classe, pas
plus.
Au dessus de ce clos, au dessus du camping de
Meursault se trouve un très petit, peu connu et sous-estimé lieu-dit : le Pré
de Manche. Terres caillouteuses, assez pentues selon l'endroit et
légèrement "versées" au sud. Il faut avoir dégusté la cuvée de
Max Piguet à Auxey-Duresses pour comprendre toute sa qualité. Un registre
nerveux, sec et racé qui n'est pas sans évoquer la tension et la forme des
Perrières, sans en posséder toute la plénitude bien entendu Il ferait un bon
"troisième" dans le haut du classement.
La Barre et le Clos de la Barre sont proches de la seconde classe. Dégustez la
récente - moins de 15 années de commercialisation - cuvée de François
Jobard pour vous convaincre de sa densité. Les Perchots (prononcez "perchottes") suivent de
près. Une "troisième haute" qui culmine je pense avec les vignes de
Lafon dans le Clos car "il y a du caillou" non loin de la
surface.
. Au centre sur le coteau de Meursault :
Le coteau qui surplombe le village à l'ouest est le
plus apte à produire des " Meursault village " de qualité. Presque
tous les lieux dits de cette zone méritent d'être mentionnés sur les
étiquettes car tous possèdent un type particulier, reconnaissable dans une
dégustation à l'aveugle : une identité propre s'en dégage.
A ce propos signalons qu'il n'existe pas un type de Meursault mais bel et bien plusieurs définitions d'une même expression aromatique : différents tableaux provenant d'un même peintre...Il est dès lors utile de mentionner chacun d'eux en essayant d'en donner une définition gustative
· Le plus connu d'entre eux, car il est
isolé par tous les vignerons est sans doute " Le Tessons
", c'est un cru qui est chaque année très proche
des premiers crus, il était placé en première cuvée au siècle précédent
par le docteur Lavalle et les vignerons de la commune le situe toujours en tête
des climats non premier cru avec le Limozin. Il est toujours très minéral avec
un nez de silex (de pierre à fusils), il s'ouvre assez rapidement et peut se
garder 25 ans sans problème lorsqu'il est bien vinifié. Sa structure est dense
et serrée sur un volume puissant mais élégant. C'est réellement un très beau
cru.
Une partie du coteau orienté plein Est à Meursault n'a
pas eu le classement premier cru décrété au début des années 50 du siècle
précédent. Après que les différents syndicats communaux aient refusés de se mettre
d'accord pour définir une aire en grand cru juste avant la seconde guerre
mondiale, préférant miser sur le seul nom de Meursault, la commune s'est
retrouvée avec le principal coteau blanc de Côte d'Or à délimiter selon une
logique excluant les classements des autres communes et avec la volonté de
créer un équilibre de production entre les zones "premier cru",
"village" et "régionale".
· Les Chevalières, les Rougeots et les Casses têtes suivent de très près accompagnés du haut des grands Charrons et de la partie la nord ouest des Tillets. Les Chevalières sont d'une finesse et d'une élégance rare en année chaude, mais on récolte toujours un peu plus tard dans ce secteur qui est un rien plus froid à cause des vents qui proviennent de la Combe d'Auxey-Duresses.
Les zones hautes et
plus froides :
A/ les zones hautes :
Certains climats se trouvent placés sur le second
mouvement du coteau de Meursault qui fait une sorte de replat au dessus des
premiers crus avant de reprendre une forme plus pentue. Ce replat très pierreux
était souvent creusé de carrière d'extraction de pierres de tailles.
Aujourd'hui les carriers ont disparu du coteau - ils subsistent non loin à
Chassagne - et certaines zones d'extraction ont été comblées pour
"porter" à nouveau de la vigne. Dans la zone qui prolonge ces
carrières on trouve en partant depuis Puligny une partie du domaine
communal planté il y a dix ans. Ce sont les Chaumes "côté Blagny",
assez hautes, très pierreuses, de maturité tardives, elles sont souvent
assemblées en raison de leur jeune âge et de leur valeur "bonne sans
plus». Des vins frais, tendus et assez linéaires.
Ensuite se trouve un très important lieu-dit : Les
Narvaux. Sol de tout premier ordre dans sa partie basse, il est capable
d'égaler le Tessons à cet endroit, mais il perd de sa force au fur et à mesure
de son positionnement haut sur le coteau. Très proche de l'esprit des
Genevrières du haut, il n'en possède toutefois pas la puissance. C'est un vin
d'une très grande longévité qui peut évoluer sur des décennies. Les
murisaltiens qui en possèdent assez l'isolent systématiquement et le tienne
pour un "second cru" naturel.
Faisant suite aux Gorges de Narvaux et Narvaux
du milieu on trouve les Tillets et les Cloux, lieux-dits qui
se ressemblent car ils sont exposés plein est sur des terres hautes remises en
valeur dans l'entre deux-guerres par ceux qui parmi les vignerons
possédaient un double attelage équin pour y accéder...c'est aussi cela la vraie
valeur culturelle des terres! Les vins sont très fins, élégants et possèdent
une distinction naturelle en année un peu chaude qui peut aller vers des
sommets. Des vins souvent assez longs à se faire, tendus et possédant une
énergie rare.
De l'autre côté de la route de la Montagne Saint
Christophe en direction d'Auxey-Duresses, se trouvent les lieux-dits Vireuils
du bas et Vireuils du dessus. Le bas est assez proche des Cloux
et le dessus préfigurent déjà les terres plus hautes des Hautes Côtes et de
saint Romain avec des vins plus droits et acides qu'il faut cueillir un peu
plus tardivement. Si le bas est parfois isolé, le dessus participe souvent aux
cuvées d'assemblage avec les crus de plaine plus bouquetés.
B/ les zones
plus froides :
Sous l'influence directe de la Combe d'Auxey -
et donc des vents qu'elle génère- on trouve deux lieux-dits d'excellents
niveaux: Les Luchets donnent des vins assez proches des Chevalières de
la partie haute, mais un rien plus froid, plus tendu et avec une très belle
énergie interne. Les Meix-Chavaux sont assez vastes et la meilleure partie
est sans doute le bord sud du Clos des Meix-Chavaux car elle est
disposée sur un sol pierreux de laverottes qui se délitent et elle peut être
aussi qualitative que les Chevalières voisinent.
Face à ces lieux-dits on trouve sur un coteau
très original situé sous le pré de Manche : les Murgers de Monthelie. Les vignes
regardent l'ouest, sont sous l'influence des vents de la Combe
d'Auxey mais très dégagées et moins pentues que le coteau d'en
face, bénéficient aussi d'une cuvette solaire assez chaude qui les fait
parvenir à maturité assez vite au regard de leur situation. De nombreux
Meursault "séveux" et racés naissent dans cette zone ou Patrick
Javillier par ex; possède une fort belle parcelle non loin de la nationale qui
va à Autun.
C / le cas des zones "communales" :
En plus de la
partie "Chaumes côté Blagny" toute une série de nouvelles
plantations est plantée sur l'ancienne "petite montagne " de
Meursault qui était autrefois une zone de friches arbustives ou la vigne
n'avait pas droit de cité. Les engins modernes et la volonté de mettre en
valeur ce patrimoine ont depuis permis de positionner des ceps là où autrefois
ils étaient proscrits. Une étroite bande de vignes court donc désormais depuis
le dessus des Goutte d'Or jusque sur le dessus des Chevalières. Ces zones "Chaumes" sont
de qualités variables et ne méritent en général pas plus que l'AOC village sans
nom de lieu-dit spécifique, mais le temps les fera sans doute rejoindre dans
quelques années des lieux-dits plus prestigieux, contigus...ce qui sera
une funeste erreur, tant ils sont en général différents des parcelles qu'ils
jouxtent. Les meilleurs sont toutefois placés au dessus des Chevalières et
des Tessons. Mais il faut connaître les endroits au cas par cas et pour le
consommateur ce n'est pas aisé. Il est cependant certain qu'aujourd'hui la
plupart de ces vins sont assemblés à d'autres cuvées.
Les premiers crus du Nord de la commune :
Meursault est réputé pour la qualité de ses
sols dévolus aux vins blancs, mais il subsiste quelques "ilots" de
premiers crus plantés en chardonnay du côté des Santenots et de Volnay.
Ces parcelles sont étonnantes, peu connues et pourtant forts qualitatives.
1/ Les Caillerets :
Moins d'un
hectare de vignes situées sur une étroite bande qui surplombe le climat des
"santenots blancs". Quelques producteurs produisent des premiers
crus, blancs et rouges, ce qui est une curiosité, et qui s'expriment
remarquablement. Les premières vignes contre le Clos des soixante
ouvrées (un clos AOC Volnay Caillerets) disposent plutôt d'un
sol à rouge et sont très proches de l'esprit "Volnay" fait de finesse
et d'élégance. Quelques ilots ont été gagnés sur des carrières anciennes et
montrent des sols plus pierreux mais parfois un peu remaniés. Ces dernières
vignes sont plantées en chardonnay et donnent des vins souvent un
peu lactés, puissants et assez différents des premiers crus du sud de la
commune car plus vineux et moins aériens.
2/ Les Cras :
Petit cru mesurant un peu moins de 4 ha les Cras sont
un vignoble mixte "à la mode murisaltienne6". N'ayant pas
réussi à rejoindre le "train" des Santenots alors que ceux-ci ont
englobés au moment des classements des parcelles de valeurs agrologiques
contestables pour des premiers crus (les Santenots du dessous), ils subsistent
sous leur nom mais comptent en leur sein un monopole qui occupe près d'1/4 de
sa surface : Le Clos Richemont du domaine Darnat. Les Cras peuvent être blancs
ou rouges comme le climat voisin de Meursault-Caillerets et ils s'expriment
avec bonheur dans les deux couleurs.
Le terroir est placé assez haut sur le coteau et
surplombe en fait les Petures. Il est composé de terres de nature variables
selon les situations. La bande du haut dispose de sols bruns/blonds,
caillouteux, assez pentus de nature argilo-calcaire et de maturité précoce.
Elles donnent des vins fins, bouquetés et discrètement fruité qui se livrent
assez facilement en jeunesse. La partie du Clos Richemont dans la partie nord
supérieure est plus argileuse et ses sols plus sombres étaient autrefois
plantés avec des pinots. Les blancs sont aujourd'hui très vineux et souples et
possèdent une nature originale qui les rapproche un peu du Montrachet de
Puligny. Enfin les parties basses du climat occupées par deux propriétaires
seulement montre des terres plus blanches en raison du passage d'une veine
d'oolithe. Cet endroit est plus spécifiquement dévolu aux blancs car très
solaires et de caractères minéraux, ils ressemblent un peu aux Blanchots
de Chablis où à la partie haute exposée sud du Charlemagne.
3/ Les Petures :
Sans doute l'un des premiers crus les plus
étranges de la Côte de Beaune car très peu connu- il peut produire de grands
vins blancs et rouges en AOC premier cru sans que l'on n'évoque jamais son nom
sur l'étiquette...car il se vend régulièrement sous le nom de
Volnay- Santenots (Meursault-Santenots en blanc) auquel il a
légalement droit. Funeste pour la "gloire" de son patronyme, ce
choix a pourtant été réfléchi par les diverses commissions syndicales
qui l'ont proposé car il entérine des usages loyaux et constants validés
par plus de deux siècles de pratique. On pourrait imaginer qu'il s'agit d'une
entité à part ou d'un sous lieu-dit minuscule ne pouvant s'affirmer
pleinement seul...il n'en est rien. Magnifique zone de plein coteau, idéalement
exposée à l'est et portée par un substrat argilo-calcaire dont l'origine
remonte au Bajocien, elle est naturellement destinée à tenir parfaitement
son rang de premier cru avec -sans doute- beaucoup plus de personnalité et de
caractère que la partie du dessous des Santenots.
Le cru est homogène et pentu et si la partie basse est
légèrement inclinée vers le levant les parties hautes sont un peu
plus fortement inclinées et par conséquent très filtrantes. En
surface les terres brunes, mêlées de cailloux de petites tailles,
argileuses, assez collantes et qui ressuient bien en superficie sont portées
par un substrat profond rocheux qui permet à la vigne de plonger ses racines
loin dans le sol. Cet ensemble donne des vins très originaux qui se rapprochent
fortement du Chevret de Volnay et pour la partie haute des Volany-Caillerets de
l'étage supérieur. Sans doute un des crus les plus sous-estimés de Meursault
car son grain souple et son énergie lui confèrent une personnalité
d'une originalité affirmée.
Le caractère des vins est similaire à celui des
Santenots du milieu, réglissé et fumé sur des accents de fruits noirs, mais
n'en possède pas toute l'intensité et surtout le cru se montre régulièrement
plus souple en jeunesse. Quelques ilots de blancs donnent des vins vineux,
puissants et très aromatiques qu'il ne faut pas cueillir en sur-maturité sous
peine de confiner à la mollesse. La vigne de Désirée du
domaine Lafon replantée en 2008 donne
ici un vin blanc, cadastré dans les Petures, sensuel et profond
qui termine le climat dans sa partie sud, contre le Clos du Cromin. On
notera par ailleurs que le climat "porte" légalement deux vignes
hautes qui ont droit à l'AOC Volnay-Santenots, elles sont exploitées par le
domaine Roy d'Auxey-Duresses.
4/ Les Santenots "Du
Milieu" ou Volnay-Santenots :
Les Santenots sont intégralement situés sur la commune de Meursault
dans un zone très qualitative qui prolonge le fameux coteau de Volnay.
Très étendu - plus de 30 hectares - le climat intègre plusieurs lieux-dits
ayant des profils différents mais possédant tous de magnifiques qualités
morpho-géologiques. Des terres argilo-calcaires brunes du Milieu aux cailloux
des Santenots blancs et du dessus des Petures en passant par les zones plus
riches des Petures du bas et des Santenots du dessous, il est assez difficile
de définir une véritable unité pour ce célèbre cru. Le "milieu"
est exposé Est, de terre rouge très argileuse, peu profonde sur un sous-sol de
calcaire dur, le site est très solaire et précoce.
La partie dite Santenots du Milieu donne
incontestablement sur 8 hectares les vins les plus intenses, sauvages et
profonds de l'appellation Volnay avec des notes réglissées, fumées qui évoquent
souvent les pinots fins des parties médianes du Clos de Vougeot ou
des Renardes à Corton. C'est un cru d'élite qui fait partie des cinq meilleurs
finages de la Côte de Beaune. Il possède de plus une capacité de garde
époustouflante, certains "spécimen" conservés du 19° siècle, chez
Bouchard Père et fils sont même dans une forme étincelante en ce moment.
Parmi les producteurs de ce célèbre finage, Lafon est
celui qui a la plus forte production car il en exploite plus de trois hectares.
Ces vins sont régulièrement de haut niveau. Citons également dans les
producteurs de très bonne qualité les domaines Mikulski, Jacques Thevenot et le
Clos des Santenots de Prieur qui est inclu dans "le Milieu".
Cuvées représentatives: Volnay-Santenots "du
Milieu" de Jacques Thevenot, Arnaud Ente, Lafon, Mikulski, Hospices
de Beaune. Volnay Clos des Santenots de Jacques Prieur.
Les premiers crus situés au Sud de la
commune :
1/ Les Perrières :
Le cru de
Perrières est sans conteste le plus courtisé de la commune car il réunit les
qualités essentielles de puissance et de tension qui signent les plus grands
vins blancs issus du chardonnay. Peu d'écrits se penchent en revanche sur les
facteurs qui génèrent cette supériorité affirmée.
On se fonde le plus souvent sur une tradition
ancestrale qui positionne le climat très proche du grand Montrachet pour sa
longévité et son originalité. Combien savent qu'il en est en fait l'exact
contraire stylistique? Autant le Montrachet s'exprime par une vinosité
insurpassable, autant le Perrières est un vin tellurique, énergique, violent, à
la sauvagerie quasi dérangeante, qui déroute souvent lorsqu'il est
jeune. Ce vin sans compromis est produit sur des secteurs assez divers qui
marquent également la race formelle des crus qui en sont issus.
Ainsi la "Grande Perrière" qui fait
suite aux Genevrières du dessus jusqu'à la grotte - qui la connaît ? - de
la "Porre et Piarde" donne t'elle les vins les plus civilisés du
climat , assez proches au fond des "grands Genevrières" qui lui font
face car plus opulents, plus sensuels et plus immédiatement accessibles, ils
livrent une partition droite et pure qui s'assagit un rien plus vite que la
partie haute du finage. Celle-ci, appelée "Perrières dessus" est
également très morcelée car disposant de parcelles hautes et basses, avec des
orientations variables, elle confère aux crus un côté rocailleux qui densifie
la granularité de la texture et finit par imprimer une sensation quasi coupante
sur la langue. vin de cailloux sur des terres maigres, vin sidérant de finesse
évoquant les dessus du Chevalier ou la rigidité de la Goutte d'Or si méconnue.
Le meilleur secteur est cependant le "plat
des Perrières" juste au dessus de la "grande Charmes" du dessus,
il englobe le Clos et une langue de terre qui va butter contre les Champs
Canets de Puligny-Montrachet. Les vins produits dans ce secteur sont sans
conteste les plus grands Bourgogne blancs par leur intensité et leur bouquet
unique mêlant les accents rocailleux d'une minéralIté vraie et cette
incomparable touche grillée/mentholée que génère les beaux chardonnays
d'équilibre subtil.
Cuvées représentatives: Meursault Perrières de Jacques
Prieur, Lafon, Ballot-Millot, Coche-Dury, Jean-Michel Gaunoux, Henri
Germain,Bithouzet, Grivault,Pierre Morey,Michel Bouzereau, Philippe Bouzereau,
Roulot, Vincent Dancer.
2/ Les
Charmes :
S'il est un cru qui identifie à coup sûr le style des
vins de Meursault, c'est bien Charmes. Cette évidente observation est même
particulièrement notable lorsqu'il s'agit de définir quels sont les amateurs
qui apprécient "vraiment" la plus grande, en superficie, des communes
de la Côte des blancs. Ceux qui n'ont pas de relation particulière avec ce cru
aiment en général mieux les vins de Puligny ou de Chassagne car l'opulence du
cru, son côté glycériné et sa texture très souvent visqueuse en font un modèle
qui mêlerait presque la douceur tactile des vins liquoreux avec la sècheresse
des crus les plus secs et même une étonnante "sauvagerie" dans les
années de fraîcheur, un peu tardives. Il n'est je pense aucun vin plus puissant
que lui en Bourgogne dans le monde des blancs et sa richesse est souvent assez
proche de celle d'un Bâtard-Montrachet sur une partition aromatique plus
florale et un rien moins brutale.
Cru de mi-plat, très caillouteux et étendu, les
Charmes regardent le levant et sont enclavés entre les Genevrières, les
Perrières du dessous et les Combettes de Puligny-Montrachet. Ce vaste ensemble
caillouteux et argilo-calcaire est assez uniforme en dépit des classifications
qui sont très souvent opérées et qui minorent le haut par rapport au bas du
climat. Bien entendu l'ensemble des vignes sises sous les Perrières est en
général un rien plus précoce et marqué par un substrat caillouteux qui leur
confère une énergie rare, mais la partie médiane est également bien dotée même
si les sols se font un peu plus argileux à certains endroits. Les vins
acquièrent alors un fruit et une profondeur qui complexifient encore la trame
tendue et un peu plus brutale qui marque les vins des parties hautes. J'aime
beaucoup la densité et le velouté de ces deux zones en signifiant toutefois que
le fameux "plat des Charmes" situés juste sous le Clos des Perrières
est naturellement - potentiellement - le plus régulier et le plus complet.
La question des parties basses est à mon sens
une "fausse bonne énigme" qui occupe trop d'observateurs se fondant
sur une approche "cartographique". Les Charmes du bas seraient
"moins" bien placés donc moins denses, moins complexes et surtout
moins racés. Le véritable problème est que de nombreux producteurs s'occupent
de cette partie et qu'il est souvent fort difficile de situer à l'aveugle le
"carré" qui a servi à générer le vin! D'autant que de nombreuses
vieilles vignes sont ici en production. Les sols y sont quand même plus lourds
et ressuient moins vite mais la terre est fine, les cailloux encore bien
présents et la classe naturelle du terroir indéniable. Après en avoir douté au
début de ma vie de dégustateur je dois bien avouer qu'aujourd'hui je
préfèrerais de beaux raisins provenant du bas que de médiocres grappes du haut!
Mais là je vois bien que je ne vous éclaire guère!
3/ Les Genevrières :
Parmi les grands crus blancs oubliés du classement des
années trente, Genevrières est sans doute celui qui aurait le plus mérité
d’obtenir ce titre, plus encore peut-être que Perrières si j’en juge
l’homogénéité remarquable de l’ensemble du territoire qu’il occupe. Une chose
est certaine pour les amateurs de blancs élégants, fins et racés à texture
soyeuse, il trône en tête des blancs de Bourgogne en compagnie du Chevalier de
Puligny-Montrachet.
Vin de
dentelle, pendant des Amoureuses cambuléennes7, ce vin harmonieux et
droit possède également l’incomparable qualité de vieillir avec grâce. Le
voir s’affiner au fil des années est sans doute l’un des rares plaisirs qu’il
est permis à un amateur de vérifier sur la quasi totalité des millésimes qui
sont mis en marché tant ce vin est régulier. Il doit ses extrêmes qualités à
plusieurs facteurs :
· En premier lieu un sol argilo-calcaire homogène, assez
peu profond – surtout en sa partie haute – datant de l’étage Bathonien5.
Ce substrat est également marqué par des Marnes blanches et il permet aux
plants d’équilibrer avec justesse leur vigueur pour générer des fruits gorgés
de sucs qui donnent des jus finement glycérinés.
· Ensuite, une inclinaison de pente allant de forte –
hauts des Genevrières Dessus – à modérée dans le bas des Genevrières Dessous. Cette situation morpho-géologique
assure un parfait drainage des eaux de pluie, elle est encore accentuée par la
construction assez récente d’un collecteur d’eau dans le milieu bas du climat. L’eau
ne stagne jamais dans les vignes.
· Une orientation plein Est avec des vignes coupant les
deux demies parties du climat dans le sens Est-Ouest. Cette situation
d’exposition, idéale, permet de préserver une très belle fraîcheur dans
les raisins qui arrivent à maturité sans être « rôtis » excessivement
par les rayons du soleil et il se développe ainsi une vraie maturité de fruit
avec des degrés potentiels modérés. Cela explique sans doute une bonne part de
l’ultime finesse qui caractérise les vins.
· Un ensemble de parcelles très homogènes et un
morcellement un peu moins accentué que dans d’autres climats communaux. Bien
sût le bord sud des Genévrières du Dessous est très découpé mais si l’on
excepte la zone médiane des parties hautes, ce sont à peu près les seules
parcelles qui sont inférieures à 20 ares. Par ailleurs 4 propriétés exploitent
ici plus de deux hectares ce qui est assez exceptionnel au niveau des premiers
crus de la commune.
A la lumière de ces constats nous pouvons dégager
trois grandes zones à l’intérieur de ce climat premier cru qui mesure 16 ha et 47a 94c a :
· Les Genevrières du Dessus : Ils forment un
rectangle quasi parfait enclavé entre les Chaumes de Narvaux au dessus, les
Poruzots au Nord et les Perrières du Dessous au Sud. Son sol est assez
fortement incliné vers le levant et un peu moins large au niveau de son bord
Sud. Terroir pierreux, marqué par des terres blondes, un rien plus sombre en
son centre, il a le potentiel avéré d’un grand cru et est sans doute celui qui
en plus de la finesse livre les expressions les plus ciselées. Un peu plus vif
que le bas en moyenne, moins corpulent mais aussi délicatement salin, il
embaume le chèvrefeuille et la fleur de vigne et cousine fortement avec le Chevalier-Montrachet.
· Au dessus des Genevrières du dessus – séparé de lui
par un long mur – et directement sous les Chaumes de Narvaux, un sous
lieu-dit peu connu appelé « Cure Bourse » ou en patois « Colle
Bosse » est exploité pour plus de un hectare par le domaine Pierre
Latour-Giraud. De petits rangs parfaitement alignés, plantés sur une pente
douce et sur la quasi largeur haute du climat bénéficient d’un sol comparable à
celui qu’il surplombe. Le vin y est en général extrêmement plein et fin et mêle
curieusement la tension des Perrières proches à la finesse de grain des
Genevrières.
· Les Genevrières Dessous : située en contre
bas des Genevrières Dessus est lui plus impacté par des terres un rien plus
lourdes – bien qu’encore très pierreuses – et donc un sol plus profond et moins
marneux. Il en résulte des vins plus denses, très complets et puissants qui
vieillissent avec une indicible harmonie. Subtil mélange entre l’immédiate
expressivité des Charmes du dessus qu’il jouxte au sud et la finesse des
Genevrières du dessus, c’est un vin de taffetas qui ressemble – mais il vous
faut faire un effort d’imagination - comme un jumeau blanc au Richebourg
vosnier8.
Il serait sans doute possible de définir à l’intérieur
du Dessus et du Dessous des sous zones caractérisées par une olfaction et des
profils organoleptiques singuliers. Je pense notamment au « presque »
Clos qui appartenait autrefois à la maison Ropiteau et qui, aujourd’hui, est
contrôlé par Bouchard père et fils ou encore au bord nord de la partie Dessous
qui est situé plus bas dans le coteau et forme un quasi "à plat" car
la pente y est très douce. Cette zone occupée pour une part par les
hospices de Beaune est marquée des terres les plus lourdes du climat et génère
des vins plus puissants, un peu moins délicat, sur une complexité plus
brutale...les « Bâtard » de Meursault peut-être….
4/ Goutte d’Or et Bouchères :
Si le premier
- Goutte d'Or - a gagné de récentes lettres de noblesse depuis que Madame Bize
Leroy en vinifie deux petites parcelles, le second reste médiatiquement bien
discret et assez éloigné de la notoriété des prestigieux Perrières, Charmes ou
Genevrières. La qualité de deux climats est pourtant incontestable
surtout si l'on considère leur capacité de garde hors norme. Je n'hésite
d'ailleurs pas à écrire ici qu'ils font partie des crus ayant la plus grande
longévité de l'ensemble de la Côte des blancs et que de ce point de vue ils
intègrent aisément le niveau des Perrières de Meursault ou de la sphère des
Montrachet à Puligny. Des exemples de bouteilles ayant été bues de 25 ans
à près d’un siècle me servant évidemment de référence. Pourquoi dès lors
semble- t'on s'interroger sur la permanence et les potentialités de ces deux
climats premiers crus? Essayons ici de lever une partie de ce mystère ?
4-1/ La Goutte d'Or :
Le cas de la Goutte d'Or - originellement
singulière et donc sans S et funestement affligée de celui-ci dans le cadastre
actuel! - est assez simple. Le lieu-dit historique mesure un peu
plus de 5 hectares et certaines parties - la partie médiane-sud
essentiellement - ont été quelque peu remaniées en raison
d'une déclivité dans le sens nord-sud qui générait des
difficultés à la mécaniser. D'autre part il est certain que la partie
basse non loin du collecteur d'eau et des terres blanches a été
également remise en forme. Par ailleurs le nom très porteur a été fort souvent
employé pour des parcelles contigües - ou non! - du cru historique et a
au final déprécié quelque peu sa qualité moyenne. Ainsi Bouchères a été vendu
avant les règles strictes des AOC - nous sommes dans les 50 pour les 1ers crus
- en tant que Goutte d'Or pendant plusieurs décennies dans certaines
propriétés...autres temps, autres usages!
Il en résulte une image qui a longtemps pâti de la
joliesse du nom, d'origines pas toujours bien claires et du peu de
producteurs le portant véritablement à la hauteur médiatique que lui confère
naturellement son terroir. J'entends encore de ci de là certains non
producteurs du cru le minorer nettement par rapport aux cinq autres
"majeurs". Ce sont en général ceux qui ne le vinifient pas et le
dégustent peu... Et qui la plupart du temps ne le connaissent simplement pas
assez. Ils me donnent ainsi une certaine légitimité à leur répondre avec des
arguments solides et bien entendu vérifiables sur le terrain:
· En premier lieu c'est un cru homogène qui forme un
rectangle quasi parfait entre les Luraules au Nord, les Terres Blanches à
l'Est et les Bouchères au sud. En pente régulière un rien plus inclinée
dans la partie supérieure haute, la quasi totalité des parcelles le coupent
d'Est en Ouest du bas vers le haut.
· En compagnie des Bouchères il s'agit du cru qui a la
plus précise des identités si l'on considère qu'il ne se décompose pas en
plusieurs sous lieux-dits. Exception faîtes sans doute des "pointes de
goutte d'or" dans le bord haut Nord du cru et de la partie qui verse
vers le sud, dont les terres ont été retenues par un muret.
· Il est marqué par une bande rocheuse en son centre et
est de ce fait proche de la roche mère en certains endroits. Ainsi, les
plants ont parfois bien du mal à s'y enraciner et "donnent toujours
naturellement peu" sur ce substrat maigre et argilo-calcaire.
· Encore un peu sous l'influence des vents de la Combe
d'Auxey, il est sans doute le plus froid - soyons prudent toutefois car ce
n'est pas un climat d'altitude - et le plus "tendu" des crus de la
commune, deux jours plus tardifs en moyenne en fin de cycle végétatif. Il ne
faut surtout pas le couper à haute maturité de ce fait car il y perd sa vraie
nature.
· Sa couleur n'est jamais plus dorée qu'ailleurs en
dépit de légendes qui aiment associer son nom à la robe du vin. Au contraire il
est la plupart du temps clair comme de l'eau de roche.
· La capacité de garde conférée par sa tension interne
affirmée en fait le cru qui vieillit le mieux de la commune, supérieur à tous
les autres à mon sens. Il en subsiste des exemples éclatants capables de défier
le siècle. Les 1947, 1929 et 1893 que j'ai bu récemment sont encore en pleine
forme!
Petit cru proche du village, découpé en bande il est
possédé directement par seulement quelques propriétés locales. La plus
grande parcelle mesurant 1.20 ha est exploitée par le domaine Buisson-Battault
en fermage, une partie de ses fruits fournit le négoce beaunois. A côté de
ce grand carré les entités n'excèdent jamais plus du demi-hectare.
4-2/Les Bouchères ou Les Bouches-Chères :
Longtemps diffusé sous le nom de Goutte d'Or ou comme
Poruzots dans les années qui ont précédées
les classements des climats en
"premier cru" il ne doit sa notoriété récente qu'à quelques
propriétés locales qui le mettent largement en valeur désormais. Hautement
qualitatif, murisaltien jusqu'au bout des ongles, il possède ce je ne sais quoi
"floral" qui le distingue nettement des autres premiers crus si l'on
excepte la partie haute des Genevières à laquelle il ressemble nettement.
Formant un rectangle au milieu du coteau il est marqué
par une parfaite homogénéité dans une situation le plaçant entre Goutte d
'Or au Nord et Poruzots au Sud. Un peu plus de 4 hectares dont 1.5 ha d'un seul
tenant formant sans aucun doute le Clos le plus homogène et qualitatif de la
commune avec le Clos des Perrières. Celui-ci sera exploité par le domaine
Roulot à partir de 2012 et était avant
la propriété de la maison Labour-Roi, et plus anciennement de la maison Manuel.
On peut en quelques items en lister les principaux caractères:
· Dans une situation un peu plus fraîche que Charmes ou
Perrières il arrive à juste maturité un rien plus tard et ne supporte pas
les raisins en sous maturité qui accentue son pole floral jusqu'à le rendre un
peu végétal sans lui conférer plus de tension.
· Son sol argilo-calcaire est l'un des plus pentus des
premiers crus de la commune. Il est orienté plein est et parsemé de petits
cailloux qui se mêlent à une terre blonde.
· Cru élégant, très racé et finement bouqueté, il
développe quasiment chaque année ce nez de noisette fraîche que l'on retrouve
aisément en Genevrières. Il s'agit alors d'une senteur mêlant la complexité du
fruit et du végétal dans une expression vraiment très originale qui peut aussi
évoquer la fleur de vigne.
· Naturellement peu enclin à exprimer une minéralité
vraie, elle peut toutefois surgir dans les millésimes tardifs qui préservent
une forte acidité tartrique.
· C'est un très grand vin de garde qui peut défier
plusieurs décennies et qui évoluent en affinant sa matière vers une sorte
d'essence de chardonnay en décuplant sa douceur tactile. Le boisé lui sied donc
assez mal car il marque la structure par un apport de tanins boisés aussi
incongrus qu'inutiles car ils éliminent sa nature délicate et altière.
· En dehors des Genevrières du Dessus, il peut aussi
"cousiner" avec la partie basse des Chevalier sur Puligny ou avec la
fabuleuse partie médiane des Folatières sur la même commune. Mais aussi curieux
que cela puisse paraître Vaudésir et Blanchots à Chablis, lorsqu'ils
ont élevés sous bois, peuvent aussi lui être comparé par leur nature florale et
leur évidente délicatesse.
· Le Clos s'est toujours étiqueté Bouches-Chères et une
autre propriété - voir ci dessous - l'orthographie également ainsi.
Pourquoi? Une question d'élégance il me semble...
5/ Les
Poruzots ou Porusots :
Le premier cru
Poruzots n'est ni le plus connu, ni le plus réputé de la commune de Meursault,
sa qualité est pourtant bien réelle. Positionné entre les Bouchères et les
Genevrières il occupe une zone de plein coteau argilo-calcaire, idéalement
exposée vers l'Est. Composé de sols bruns assez clairs, caillouteux
et parfaitement drainées qui marquent les vins du côté de la densité et de la
tension, c'est un climat qui évoque nettement l'imaginaire et la nature
très classique que l'on associe aux vins de Meursault.
Il souffre toutefois d'un certain manque d'unité et si
la partie haute est tout à fait digne des meilleurs Genevrières du dessus, les
zones médianes et basses ne participent pas tout à fait de cette haute qualité.
Sans démériter, la partie "dessous" qui est séparée du
"dessus" par le chemin qui mène à Puligny est moins inclinée et marquée
par un substrat un peu plus sombre, moins caillouteux et
plus argileux. Les vins y sont un rien plus lourds et immédiats mais n'ont
pas l'ultime raffinement des "Grands Poruzots" qui
prolongent les Genevrières dessus jusqu'aux Bouchères. La zone
intermédiaire placée sous les Bouchères sur une fin de coteau assez étroite
peut se révéler très qualitative mais ressemble plus fortement à
la Goutte d'Or voisine sans en avoir toute la puissance.
Les vins rouges de Meursault :
La commune est bien entendu plus réputée
pour ses blancs et les vignerons ont en général beaucoup plus de vins blancs en
production que de rouges, mais il subsiste aux 4 coins de la commune des rouges
de bonne qualité possédant des noms et des caractéristiques diverses:
1/ Un premier
secteur - et le plus connu - est celui des Volnay Santenots qui
regroupe plusieurs lieux-dits (Santenots du milieu, Clos des Santenots, Petures, Santenots du dessus, Marcausses, Santenots
blancs). Placé au nord de la commune il donne des vins assez divers selon
les lieux-dits, passant de la finesse à la puissance et de la rusticité à
l'élégance. C'est un peu la sphinge de Meursault et il mériterait une très
longue attention pour l'envisager dans toute sa complexité. Nous y viendrons
probablement un jour.
2/ On peut associer à ce secteur les parcelles
plantées en rouges dans les climats premiers crus Caillerets de
Meursault et Cras. Je vous recommande en particulier le Meursault
Caillerets de François Mikulski et le Meursault Les Cras du domaine
Latour-Mabille.
3/ Les Meursault rouges situés au nord de la commune
sous les Santenots dans les lieux-dits Peutes vignes, Marcausses, Corbins et
Clos des Mouches. Plus simples mais fruités ils sont assez proches des
Volnay Village et s'expriment de manière élégante. Marcausses de Jacques
Thevenot,Clos des Mouches (en monopole) de Germain.
4/ Les lieux-dits Dressoles et Malpoiriers ne
donnent que des Meursault rouges car s'ils sont plantés en blanc ils
prennent l'AOC Bourgogne. Ce sont des vins plus simples et fruités qui
s'assimilent un peu à certains rouges de plaine situés à Chorey le Beaune.Le
domaine Jean Monnier en tire une cuvée régulière et droite par ex.
5/ Le Clos de Mazeray de Jacques Prieur est une
survivance du passé car ce secteur au sud de la commune qui jouxte les
"terres blanches" , les Crotots et les
"Luraules" était souvent planté en rouge au 19° siècle (en
particulier Luraule). Le clos de la Baronne (dans le Meix Gagne)
de la maison Labouré roi (anciennement Manuel) est séparé par une route du Clos
de Mazeray et possède aussi une partie en rouge dans sa zone basse plus
argileuse. Mais la vigne de rouge diminue comme peau de chagrin ces dernières
années.
6/ Le secteur de Blagny qui est en partie sur
Meursault possède des vignes plantées en rouge dans les climats premiers
crus la Pièce sous le bois et Sous le dos d'âne. Il donne des vins
très fins et fruités qui ne ressemblent pas du tout aux autres rouges de la
commune mais qui cousinent un peu avec certains Côte de Nuits (ce qui est
assez surprenant). Ils sont étiquetés Blagny la Pièce sous le bois ou
Blagny sous le dos d'âne. Le domaine Matrot possède une large
part de la Pièce sous le bois et réalise souvent un vin d'excellente qualité. François
Jobard réalise ici son unique premier cru rouge.
Voilà qui donne une idée de la localisation des plants
de pinot noir sur la commune, ils sont loin d'être marginaux comme c'est le cas
pour le Chardonnay dans les communes de la Côte de Nuits par exemple.
Historiquement le nord était planté en pinot noir et le sud (hormis Blagny et
Luraule/Mazeray ) en blanc. J'ajoute que de nombreuses vignes de pinot noir
sont plantées sur le finage de Meursault dans l'aire d'AOC Bourgogne générique
et que des lieux-dits comme Magny, Belles Côtes, Herbeux ou Coutures en possède une
proportion.
Production de l’appellation :
Superficie en production* : (1 hectare (ha) = 10 000 m2= 24 ouvrées)
Blancs : 382,32 ha (dont 104,69 ha en Premier
Cru)
Rouges : 13,52 ha (dont 2,81 ha en Premier Cru)
Récolte moyenne annuelle** : (1 hectolitre (hl) = 100 litres = 133
bouteilles)
Blancs : 19 398 hl (dont 4 943 hl en Premier
Cru)
Rouges : 475 hl (dont 60 hl en Premier Cru)
*en 2011 ** moyenne 5 ans 2007-2011
Sources : >> Grand Atlas des Vignobles de France (Benoît) (Edition 2002)
Dictionnaire :
1 : Oxfordien : L'Oxfordien est le premier étage
stratigraphique du Jurassique supérieur
(Malm). Il s'étend de -163,5 ± 1.0
à 157,3 ± 1.0 millions d'années. Sa durée est d'environ 6 millions d'années.
2 : rendzines : Sol typique des
roches calcaires friables,
à profil généralement
peu profond et humifère. (Ces sols sont largement utilisés
en culture intensive
céréalière [Champagne crayeuse].
Les rendzines, sols
généralement jeunes, évoluent
par décarbonatation vers
les sols bruns.).
3 : Callovien : Le Callovien est le dernier étage
stratigraphique du Jurassique moyen (Dogger). Il s'étend à peu près entre
-166,1 ± 1,2 et -163,5 ± 1,0 millions d'années,
succédant au Bathonien et précédant immédiatement le
Jurassique supérieur (Malm).
4 :
substratum : Socle rocheux sain de surface, recouvert d'une épaisseur variable de
sédiments ou d'altérite.
5 :
Bathonien : Le Bathonien est un étage
stratigraphique du Jurassique moyen (Dogger). Il s'étend de
-168,3 ± 1,3 à -166,1 ± 1,2 millions d'années,
succédant au Bajocien et précédant le Callovien1. Sa durée est d'environ 2 millions d'années.
6 :
murisaltien : relatif à la ville ou aux
habitants de Meursault (Côte-d'Or).
7 : cambuléen : relatif
à la ville ou aux habitants de Chambolle-Musigny.
8 : vosnier : de Vosne-Romanée.
Cfa le 28.02.2017
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