jeudi 8 août 2024

Appellation : Moulin à Vent AOC

 

 

Appellation Moulin à vent (A.O.C)

 

 

Région :                            Beaujolais.
Catégorie :                       AOC - AOP
Décret d'origine :           Décret du 11.09.1936 et homologué par l’arrêté du 20 mars 2020, JORF du 27 mars 2020 modifié par l’arrêté du 22 février 2021, JORF du 2 mars 2021.
Type d'appellation :      Appellation communale.

Présentation :
La zone géographique s’étend sur le flanc oriental des « Monts du Beaujolais », principalement sur la « Montagne de Rémont » (510 mètres d’altitude) et sur les terrasses faisant face à la plaine de la Saône, à 15 kilomètres au sud-ouest de Mâcon, et 25 kilomètres au nord de Villefranche-Sur-Saône.
Elle s’étend ainsi sur le territoire des communes de Chénas et de Romanèche-Thorins, aux confins des départements du Rhône et de la Saône-et-Loire.
Il n'y a pas de communes du nom de "Moulin-à-Vent". 
Au cœur du vignoble domine un vieux moulin à vent qui a donné son nom à l'appellation.
Le moulin à vent.
Histoire :
La présence de la vigne au sein de la zone géographique est ancienne.
Suzanne BLANCHET, dans son ouvrage « Les vins de Bourgogne » relate que la culture de la vigne du « Mâconnais » au « Lyonnais », où la forêt domine, est effective depuis le Ier siècle (Pline L’AncienN). Au IIIème siècle, les vins, alors conditionnés dans des amphores, descendent à Lyon par la Saône toute proche.
Le vignoble connaît son véritable essor, à partir de la fin du XVème siècle, sous l’impulsion de la bourgeoisie lyonnaise enrichie par la soierie et la banque. 
Le commerce des vins de la région beaujolaise prend de l’ampleur au cours du XVIIIème siècle conduisant à de grandes transformations dans le vignoble. Les grandes propriétés sont alors divisées en « métayages », toujours très présents au sein de la zone géographique.
Les archives nationales de 1722 précisent que :« Romanèche est l’une des quatre localités du Mâconnais d’où sont expédiées le plus grand nombre de pièces de vin pour Paris. ».
Le nom de l’appellation d’origine contrôlée est lié à l’antique moulin à vent, construit en 1550, qui sedresse sur la colline de Romanèche-Thorins. Il a servi à moudre du grain jusqu’au milieu du XIXème siècle. Il est maintenant classé comme monument historique. Situé au cœur du vignoble et visible de très loin, il identifie parfaitement la zone géographique de « Moulin-à-Vent ».
Le jugement du tribunal de Mâcon, en date du 17 avril 1924, précise officiellement les limites géographiques dans lesquelles peuvent être produits les vins nommés « Thorins ou Moulin-à-Vent ».
L’année suivante, « l’Union des viticulteurs » est officiellement créée, et conduit le dossier de reconnaissance de l’appellation d’origine contrôlée, aboutissant au décret du 11 septembre 1936. Afin d’éviter toute confusion, le nom de « Thorins » est délaissé.
Parallèlement, une quarantaine de producteurs fondent la cave coopérative, installée depuis 1934 dans une dépendance du château des Michauds, à Chénas, qui vinifie environ 20% des volumes, et constitue un élément moteur pour l’économie.

Paysage viticole :
Les parcelles délimitées pour la récolte des raisins sont situées dans un paysage vallonné avec, à l’ouest, des coteaux parfois escarpés dominant le bourg de Chénas, et à l’est, des pentes plus douces et des terrasses s’étendant jusqu’à Romanèche-Thorins.
L’altitude varie ainsi de 190 mètres à 420 mètres.

Climatologie :
Le climat est océanique dégradé, soumis à des influences continentales et méridionales. Les précipitations sont régulièrement réparties au cours de l’année et la température moyenne annuelle est proche de 11°C. Les « Monts du Beaujolais » jouent un rôle essentiel de protection vis-à-vis des vents venant de l’ouest, atténuant ainsi l’influence océanique. L'effet de foehn qu'ils induisent assèche l'air humide, augmentant d'autant la luminosité et réduisant les précipitations. La large vallée de la Saône joue également un rôle prépondérant dans le développement de la vigne, offrant une grande luminosité et véhiculant les influences méridionales, marquées en particulier par de fortes chaleurs estivales.

Géologie - Pédologie :
Le granite qui est la roche locale, est constitué de 3 minéraux bien cristallisés, quasiment à parts égales : mica noir (sombre), quartz (translucide) et feldspath (rose).
Le granite sain n’est que rarement visible en surface, surtout sur Moulin-à-Vent, car il est altéré sur une plus ou moins grande profondeur. On peut l’observer sur des affleurements présents sur les hauts de Chénas, Fleurie ou Chiroubles mais pas ici.
L’altération du granite induit la création d’un sol, notion quelque peu floue car il n’y a pas de limite claire entre horizon meuble et roche intacte. Si on définit le sol comme étant la partie « désordonnée » comprenant plus ou moins de matière organique, on trouvera la limite entre 20 et 80 cm, alors que si on le définit comme étant tout l’horizon occupé par les racines, on placera peut-être la limite à 1,50 m ou 2,00 m (car les racines s’insinuent dans toutes les fissures).

Que se passe-t-il entre ces 2 limites ? Et bien le granite se dégrade sous l’action de l’eau (d’autant plus s’il y a de l’humus qui l’acidifie) et également sous l’action des bactéries et des racines qui vont notamment retirer la potasse des molécules de mica noir et de feldspath. Ceux-ci se transforment alors en argile, d’abord de façon pelliculaire puis entièrement. Il faut (ordre de grandeur) quelques 10 000 ans pour dégrader 1 ou 2 cm de granite.

La partie altérée du granite reste d’abord ordonnée et cohérente ; si on en prend un morceau, il a conservé sa structure de roche mais il est devenu friable. Elle est également plus foncée, plus rouge que le granite d’origine car du fer est aussi extrait des cristaux et s’oxyde. On l’appelle altérite ou saprolite (« roche pourrie »), mais on entend plus souvent le terme de gore qui est très utilisé par les vigneron.
Cette saprolite est essentielle dans la compréhension des sols de Moulin-à-Vent (et, à des degrés divers, des autres crus). Vis-à-vis de la vigne, ses principaux intérêts sont d’être poreux d’une part (réserve d’eau) et riche en argile d’autre part (donc en minéraux).

Au-dessus de la saprolite, le sable est très majoritaire (95% quartz, minéral très peu dégradable) car l’érosion fait son œuvre et l’argile est lessivée par la pluie, du moins dès qu’il y a un peu de pente. Les terrains plats conservent naturellement plus d’argile en surface. Il est d’ailleurs intéressant de noter ici que le travail des sols favorise également le lessivage des argiles et donc l’appauvrissement des sols ; c’est un facteur à prendre en compte dans les choix de culture.
Les sols les plus lessivés ne contiennent presque que du sable ; ils constituent un réservoir hydrique très faible (moins de 30 l/m2) et ils sont également très pauvres. La vigne, qui est une plante pionnière, y pousse tout de même mais on comprend que sa vigueur y soit réduite comparativement à un sol plus argileux. Ces sols très lessivés sont peu présents sur Moulin-à-Vent, on les trouve davantage sur les autres crus.

Sols :
Les sols dans leur ensemble sont imprégnés d’oxydes de fer et de manganèse dispersés à partir des filons recoupant la masse granitique.
Deux types de sols :
- Sur l'ensemble de la zone géographique de l'appellation et principalement sur les flancs de la montagne de Rémont, les sols qui portent les vignobles sont composés d'arènes granitiques, sables siliceux grossiers issus de l'altération de la roche mère constituée de granite rose riche en manganèse. Ces sols sont acides et maigres.
- En dessous du bourg de Chénas, sur les pentes plus douces, jusque sur le territoire de la commune de Romanèche-Thorins, des limons, des cailloutis et des graviers recouvrent le substrat granitique et enrichissent le sol imprégné d’oxydes de fer et de manganèse.  Les sols y sont argilo-siliceux.
En effet, le plus important gisement français de manganèse a été découvert, vers 1750, à Romanèche-Thorins. Ce gisement a été exploité du XVIIIème siècle au XIXème siècle, jusqu’au milieu de la place du village. La « romanéchite », comme on l’appelait alors, est une roche noire, très lourde.

On ne le voit pas sur cette carte car la topographie n’y est pas représentée mais les caractéristiques des sols sont le plus souvent liées au relief. Les granites altérés, peu profonds en haut des buttes et dans les pentes les plus fortes sont en revanche beaucoup plus profonds dans les pentes douces, les piémonts et les « plaines » ; dans ces dernières, des alluvions se sont également déposées et recouvrent largement les saprolites.Ajoutons qu’on observe aussi sur certains secteurs des roches lardées de quartz blanc épais ; elles sont issues de filons qui se sont formés dans les fractures du granite. On en trouve particulièrement sur Moulin-à-Vent, Chénas et Fleurie où elles forment des « échines » (ou des crêtes) car elles sont très résistantes à l’érosion (les crêtes de Poncié ou de Chassignol par exemple). Cela est dû à la proportion importante de quartz dans ces filons.
Quant aux sols en bleu et en jaune sur la carte, il s’agit d’alluvions récentes composées soit de limons fluviaux soit de marnes lacustres (dus à la formation d’un lac sur la Saône il y a 200 000 ans lorsqu’une langue glacière est venue la « boucher »). Dans les 2 cas, les parcelles concernées devraient logiquement être déclassées en Beaujolais ou Beaujolais-Villages.

Conclusions :
Les sols de Moulin-à-Vent sont des sols globalement pauvres (0,6% de matière organique au lieu de 2,5% par exemple pour un sol argilo-calcaire) mais tout de même moins pauvres que ceux des vignes des coteaux de Chiroubles ou Fleurie par exemple, car plus riches en argiles. Le gore, par sa porosité, offre aux vignes une alimentation en eau modérée (jamais d’engorgement et rarement de sécheresse marquée). Par sa dégradation, Il donne également à la vigne tous les minéraux essentiels à sa croissance, à des doses faibles certes, mais qui sont suffisantes pour son équilibre.

C’est sans doute cette conjonction de propriétés qui font que les sols de Moulin-à-Vent sont parmi les meilleurs climats de tout le Beaujolais.

A Savoir :
La formation de la roche-mère granitique (quelques informations ici)

Lieux-dits :
Dix-huit climats sont répertoriés :
Le Clos, Le Carquelin, Champ de Cour, les Rouchaux, En Morperay, les Burdelines, La Roche, La Delatte, Les Bois Maréchaux, La Pierre, Les Joies, Rochegrès, La Rochelle, Champagne, Aux Caves, Grenerier, Plantier Favre et Les Vérillats.

Concernant ceux-ci, on assiste à une bataille qui se situe à un autre niveau, celui de l’exception. Alors tout un processus s’est mis en route animé par l’Union des Crus du Beaujolais :  faire reconnaître les lieux-dits par une étude de caractérisation des terroirs, la sélection les parcelles, la création des cuvées lieux-dits en s’inspirant du modèle de toujours : les Climats de Bourgogne.
Cette reconnaissance par l’INAO des lieux-dits en climats ou premiers crus n’est pas encore à l’ordre du jour, bien que dans les pensées de nombreux vignerons.

Vins produits : Vins rouges.

Superficie totale :          660 ha (en 2010).

Production annuelle :   34 600 hl (environ en 2010).

L’encépagement :
Cépages principaux : Gamay noir à jus blanc
Le gamay est un cépage peu vigoureux, faible mais fertile et dont la production doit être maîtrisée car il a tendance à s'épuiser. Les meilleurs vins de gamay sont obtenus, à l’opposé du pinot noir, sur des sols acides et granitiques. Son débourrement précoce le rend également sensible aux gelées de printemps. Il se montre parfois sensible au millerandage lorsque les conditions climatiques sont défavorables au moment de la floraison. Le gamay présente l’avantage de produire une petite récolte sur les contre-bourgeons. Le vin de gamay possède une couleur rouge nuancée de violet, il est pauvre en tanins et dévoile une bonne acidité. Il possède généralement un caractère fruité (fruits rouges, fruits noirs) mais exprime peu de complexité au niveau aromatique.

Cépages accessoires :  aligoté B, chardonnay B et melon B.
Les cépages accessoires sont autorisés uniquement en mélange de plants dans les vignes. Leur proportion totale est limitée à 15 % au sein de chaque parcelle.

Rendement maximum : 56 hl/ha (butoir 61 hl/ha).

Méthodes culturales :
Travail manuel :
Ce travail commence par la taille, elle est courte (en gobelet, éventail ou cordon, simple, double ou charmet avec 3 à 5 coursons à 2 ou 3 yeux). Le tirage des sarments suit la taille. Les sarments sont enlevés et peuvent être brûlés ou mis au milieu du rang pour être broyés. On passe ensuite aux réparations. Puis éventuellement la plantation de nouvelles greffes est réalisée. L'ébourgeonnage peut débuter dès que la vigne a commencé à pousser. Cette méthode permet, en partie, de réguler les rendements. Le relevage est pratiqué lorsque la vigne commence à avoir bien poussé. Pour finir avec le travail manuel à la vigne, se réalise l'étape importante des vendanges.

Travail mécanique :
L'enjambeur est d'une aide précieuse. Les différents travaux se composent du broyage des sarments, réalisé lorsque les sarments sont tirés et mis au milieu du rang. De trou fait à la tarière, là où les pieds de vignes sont manquants, en vue de planter des greffes au printemps. De labourage ou griffage, réalisé dans le but d'aérer les sols et de supprimer des mauvaises herbes. De désherbage fait chimiquement pour tuer les mauvaises herbes. De plusieurs traitements des vignes, réalisés dans le but de les protéger contre certaines maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium, pourriture grise, etc.) et certains insectes (eudémis et cochylis). De plusieurs rognages consistant à reciper ou couper les branches de vignes (rameaux) qui dépassent du système de palissage.

Vendanges et rendements 
Le rendement est limité à un maximum de 56 hectolitres par hectare ; le rendement butoir est de 61 hectolitres par hectare. Le rendement réel est très en dessous du maximum autorisé par le cahier des charges, par exemple le rendement moyen pour l'ensemble de l'appellation lors des vendanges 2010 fut de 45,3 hectolitres par hectare.
Les vendanges sont faites à la main, les grappes de raisin devant arriver intactes dans les cuves. Le premier jour des vendanges (appelé « levée du ban des vendanges ») varie selon la maturité des baies, qui dépend lui-même de l'ensoleillement reçu : les années relativement chaudes les raisins sont vendangés tôt, les années relativement froides les vendanges sont plus tardives.

Vinification et élevage :
La particularité de vinification de cette appellation et du beaujolais en général est la macération carbonique. La vendange est récoltée manuellement et le raisin est amené directement dans la cuve. La cuve est fermée et les grappes du dessus écrasent celles qui sont situées au fond de la cuve, lesquelles libèrent alors leur jus. La fermentation alcoolique commence dans la partie inférieure de la cuve et le gaz carbonique qui s'en dégage remonte aux dessus des raisins pour un effet protecteur. Ce phénomène provoque une macération qui extrait des arômes et de la couleur. Les macérations dans l'appellation « Moulin-à-vent » sont plus longues que celles faites dans l'appellation « Beaujolais ». À la fin de la macération, la cuve est séparée en deux pour donner un vin de goutte et un vin de presse qui sont ensuite assemblés pour une fin totale de la fermentation alcoolique. La fermentation malolactique suit après pour assouplir et rendre les vins moins acides. L'élevage se fait en cuve, en foudres ou en fûts.

Titres alcoométriques :
Le degré des vins fini doit être d'au moins 10,5 % de volume et l'enrichissement, lorsqu'il est autorisé, ne permet pas de dépasser 13 % de volume, ce qui signifie qu'il n'y a pas de limite en degré naturel, bien que le viticulteur doit alors prouver l'absence de chaptalisation.

Etiquetage :
L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser le nom d’une  unité géographique plus petite, sous réserve :
  - qu’il s’agisse du nom d’un lieu-dit cadastré,
  - que celui-ci figure sur la déclaration de récolte.
Le nom du lieu-dit cadastré est inscrit immédiatement après le nom de l’appellation d’origine contrôlée et imprimé en caractères dont les dimensions ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur  qu’en largeur, à celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.
L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser l’unité géographique plus grande « Vin du Beaujolais » ou « Grand Vin du Beaujolais » ou « Cru du Beaujolais ».
Les dimensions des caractères de l’unité géographique plus grande ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, aux deux tiers de celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.

Caractères gustatifs des vins :
Les sols granitiques avec du manganèse donne en généralité un vin de couleur intense, à la robe oscillante entre un grenat sombre et un rubis profond. Elle est très caractéristique. Comme pour tous les vins, ses arômes évoluent avec l'âge. Dégusté jeune, il évoque la fleur et le fruit, avec une dominante de violette soutenue par une note de cerise. Avec les années, sa palette odorante devient plus complexe. S'y ajoutent des parfums d'iris, de roses fanées, d'épices, de fruits mûrs puis, avec le temps, de la truffe, du musc, une odeur de venaison et même d'ambre gris. Taniques et charnus, subtilement épicés, les vins développent en bouche des saveurs complexes, mêlant finesse et harmonie. Ils sont généralement caractérisés par une longueur en bouche remarquable.

Gastronomie, durée de garde et température de service :
Ils s'accordent bien avec un tournedos, du coq au vin, des viandes rouges rôties, des viandes en sauces, du gibier, des fromages. Ils peuvent se conserver jusqu'à dix ans (moyenne de 5 à 10 ans), en fonction des millésimes, avec souvent, au fil du temps, une nette tendance à ‘’pinoter’’. Ils se servent entre 14 et 16 degrés.

Les lieux-dits :
Le Clos,
Le Carquelin,
Champ de Cour,
les Rouchaux,
En Morperay,
les Burdelines,
La Roche,
La Delatte,
Les Bois Maréchaux,
La Pierre, 
Les Joies,
Rochegrès,
La Rochelle,
Champagne,
Aux Caves,
Grenerier,
Plantier Favre,
Les Vérillats.

Sources :             www.vinsvignesvignerons.com
                             https://www.beaujoloire.fr/
                            Cahier des charges de l’appellation d’origine contrôlée « Moulin à vent » :
                            - info.agriculture.gouv.fr
                            - www.legifrance.gouv.fr 

Claude F ; le 8.08.2024

mardi 6 août 2024

Appellation : Morgon AOC

 

 

Appellation Morgon (A.O.C)

 


Région :                            Beaujolais
Catégorie :                       AOC - AOP
Décret d'origine :           Décret du 11.09.1936 et homologué par le décret JORF n°0250 du 27 octobre 2010.
Type d'appellation :      Appellation communale.

Présentation :
Appellation communale du Beaujolais située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Mâcon et au nord du département du Rhône et sur un coteau face à la Saône orienté au sud-est. Au nord de l'appellation, on retrouve Chiroubles et Fleurie, au sud-ouest Régnié.
Le vignoble est disposé sur un sol de granit désagrégé à une altitude variant de 250 m à 500 mètres sur un socle granitique.
L'appellation tire son nom de la commune de Villié-Morgon issue de l'union en 1867 du village de Villié et du hameau de Morgon.

Histoire :
En 1874, le phylloxéra fait son apparition dans le vignoble de Villié-Morgon.
En 1906, une croix est érigée au sommet du mont Py (358 mètres d’altitude).
Le 11 septembre 1936, l’appellation d’origine contrôlée Morgon ou Morgon suivi d’un nom de climat d’origine est accordée à des vins rouges par un décret, publié le 4 octobre 1936 au Journal Officiel. Le cépage autorisé est le Gamay mais il reste possible d’ajouter jusque 15 % d’Aligoté, de Chardonnay ou de Gamay blanc (Melon), la richesse minimale des moûts est fixée à 170 g/L (187 g/L si ajout du nom d’un climat), le rendement maximal autorisé est fixé à 40 hL/ha (moyenne sur 5 ans) et le degré minimum des vins produits est de 10 ° (11 ° si mention d’un climat). La superficie en production est alors de 816 hectares (1007 hectares avec l’appellation Beaujolais-Villié-Morgon située sur les parties nord et sud de la commune avec un rendement moyen supérieur, 45 hL/ha et un degré alcoolique inférieur : 9,5 °).
Le 28 juillet 1938, un décret supprime l’appellation d’origine simple Morgon.
En 1953, le premier caveau de dégustation du Beaujolais est inauguré dans les caves du château de Foncrenne construit au 17ème siècle par le chevalier Jacques de Saint-Amour sur l'emplacement d'un ancien château médiéval.
Le 8 décembre 2003, les climats Corcelette, Côte du Py (roche éruptive), Douby, Grand Cras (schistes décomposés), Les Charmes et Les Micouds sont autorisés par L'I.N.A.O à accoler leur nom à l'appellation Morgon.
Ces 6 climats découpent l'aire d'appellation en trois bandes, orientées Sud, Sud-Est, Nord-Ouest (Corcelette, Côte du Py, Douby, Grand Cras, Les Charmes, Les Micouds).

Paysage viticole :
La zone géographique est établie sur les flancs orientaux des « Monts du Beaujolais », précisément sur les premières pentes du « Fût d’Avenas », sommet culminant à 842 mètres d’altitude.
Située au nord du département du Rhône, elle se limite à la commune de Villié-Morgon, à 19 kilomètres, au nord de Villefranche-sur-Saône et 21 kilomètres, au sud de Mâcon.
La zone géographique présente un paysage vallonné dont les pentes s’accentuent vers l’ouest. Ces croupes sont découpées par des ruisseaux comme la « Morcille » tributaire de « l’Ardières » et le « Douby », affluents de la Saône. Les coteaux s’étagent à une altitude comprise entre 220 mètres et 480 mètres, sont exposés au sud-est, et dominent la large plaine de la Saône.

Climatologie :
Le climat est océanique, soumis à des influences continentales et méridionales. Les précipitations sont régulièrement réparties au cours de l’année et la température moyenne annuelle est proche de 11°C. Les « Monts du Beaujolais » jouent un rôle essentiel de protection vis-à-vis des vents venant de l’ouest, atténuant ainsi l’influence océanique. L'effet de foehn qu'ils induisent assèche l'air humide, augmentant d'autant la luminosité et réduisant les précipitations.
La large vallée de la Saône joue également un rôle prépondérant dans le développement de la vigne, offrant une grande luminosité (près de 2000 heures par an, en moyenne) et véhiculant les influences méridionales, marquées en particulier par de fortes chaleurs estivales.

Géologie - Pédologie :
Sous-sol :
Le sous-sol est composé de substrats variés, on trouve trois formations principales :
- des schistes riches en oxyde de fer et en manganèse datés du Dévonien supérieur ; la roche, en se désagrégeant, donne des sols argileux appelés localement « morgon ». Cette formation occupe le centre et l’est et notamment la colline du Py. (Climat Côte du Py),
- des granites porphyroïdes donnant, par altération, des arènes sableuses qui donnent naissance à des sols pauvres et filtrants, au nord et au nord-ouest de la zone viticole. (Climats : Les Charmes, Corcelette, Douby),
- dans les confins orientaux, les bas de versant portent des colluvions et terrasses fluviatiles anciennes, d’âge Quaternaire ; les sols sont alors variés, parfois très sableux ou au contraire argileux. (Climats : Grand Cras, Les Micouds).

Sols :
Ces différents substrats sont à l'origine de la diversité des sols.
On trouve :
- Des sols argileux issus de l'altération des roches métamorphiques (schistes riches en manganèse). sur les formations qui occupent le centre et l’est et notamment la colline du Py.
(Climat : Côte du Py),
- Des sols argilo-siliceux, pauvres et filtrants, issus de l'altération des roches de granite au nord et au nord-ouest de la zone viticole.
(Climats : Les Charmes, Corcelette, Douby),
- Des sols variés sablo-limoneux ou alluvionnaires. Sablo-argilo-limoneux lorsque la pente s’atténue, la roche mère est recouverte par des colluvions issues des coteaux, les sols s’épaississent, s’enrichissent en argiles et en sables fins et limons, alluvionnaires, plus argileux et caillouteux sur les terrasses fluviatiles anciennes d’âge quaternaire
(Climats : Grand Cras, Les Micouds).

A Savoir :
A l'époque hercynienne, les vieux sédiments marins déposés depuis le début de l'ère paléozoïque dans la zone géographique de l'appellation ont été infiltrés par des filons magmatiques de basalte et recuits au cours du Carbonifère.
Cuits et feuilletés par la pression et la chaleur, ces formations ont développé des schistes pyriteux noirs (riches en oxyde de fer et en manganèse). Schistes et filons de roches éruptives se sont désagrégées et altérées pour donner la roche pourrie qui compose le sol de Morgon.
 Les oxydes de fer et de manganèse colorent le sol en ocre rouge et noir. Les schistes de la zone géographique livrent des fossiles végétaux datant du Carbonifère.
Les vignerons de Morgon donnent à ces schistes altérés, cuits et brisés en plaquettes le nom de "roche pourrie".  Le vignoble de la Côte du Py est représentatif de ce terroir particulier qui donne aux vins de Morgon, après quelques années de vieillissement, une caractéristique aromatique de "sherry" qui fait dire qu'ils morgonnent.
Dans la "Côte du Py", on trouve éparpillé dans la "roche pourrie" ,  des fragments de  roche éruptive de couleur bleu-vert sombre, appelés "pierres volantes".

Carte des sols de l'AOC Morgon

Lieux-dits :
Parmi les différents terroirs de l'aire d'appellation, deux sont particulièrement réputés pour la qualité de leurs vins :
--‘’Les Charmes’’à l'Ouest de Villié-Morgon en direction de Régnié-Durette, sur un axe rejoignant le hameau de Morgon à celui de Saint-Joseph, de part et d'autre de la voie romaine qui reliait Lyon à Autun. C'est un coteau orienté sud-sud-est sur des sols granitique, filtrants et pauvres, avec des veines de schistes à manganèse. Les Morgon produits sur ce terroir sont tout en finesse, aux fruits rouges et noirs mêlés. Ils sont de très bonne garde dans les domaines situés à mi-coteau où les vignerons vinifient de manière traditionnelle (pas de thermovinification).
- ‘’La Côte du Py ‘’, au sud de Villié-Morgon, juste au-dessus du hameau de Haut Morgon, est une colline culminant à 358 mètres et dont le sol est composé de pierres bleues.
Le nom « Côte du Py » est un terme spécifique qui fait référence à une colline célèbre située au cœur du vignoble de Morgon, dans le Beaujolais. La raison pour laquelle on dit « Côte du Py » au lieu de « Côte de Py » est liée à l'usage traditionnel et historique du nom local.

Le mot « Py » lui-même est un ancien toponyme qui viendrait probablement du latin « podium » (colline ou éminence). « Côte du Py » est donc une manière d'indiquer la colline ou la pente associée à ce lieu particulier, plutôt qu'une propriété ou un domaine (ce que « de » impliquerait). On peut voir cela comme une désignation géographique qui a été conservée par la tradition.


La Côte du Py
Les vins produits sur cette croupe sont riches et puissants.
- ‘‘les Micouds’’, ‘’les Grands Cras’’, ‘’Corcelette’’ et ‘’Douby’’ sont sur des terroirs différents d'argile et de sables issus de la décomposition du granite.

Vins produits : Vins rouges.

Superficie totale :          1126 ha  en 2010.

Production annuelle :   56 000 hl (environ en 2010.

L’encépagement :
Cépages principaux : Gamay noir à jus blanc.
Le gamay est un cépage peu vigoureux, faible mais fertile et dont la production doit être maîtrisée car il a tendance à s'épuiser. Les meilleurs vins de gamay sont obtenus, à l’opposé du pinot noir, sur des sols acides et granitiques. Son débourrement précoce le rend également sensible aux gelées de printemps. Il se montre parfois sensible au millerandage lorsque les conditions climatiques sont défavorables au moment de la floraison. Le gamay présente l’avantage de produire une petite récolte sur les contres-bourgeons. Le vin de gamay possède une couleur rouge nuancée de violet, il est pauvre en tanins et dévoile une bonne acidité. Il possède généralement un caractère fruité (fruits rouges, fruits noirs) mais exprime peu de complexité au niveau aromatique.

Cépages accessoires :  aligoté B, chardonnay B et melon B.
Les cépages accessoires sont autorisés uniquement en mélange de plants dans les vignes. Leur proportion totale est limitée à 15 % au sein de chaque parcelle.

Rendement maximum : 56 hl/ha (butoir 61 hl/ha).

Méthodes culturales :
La conduite ancienne traditionnelle était en gobelet à densité élevée.
La densité minimale est de 6 000 pieds par hectare. Toutefois, à titre transitoire jusqu’en 2034, les vignes plantées avant 2004 peuvent présenter, après arrachage partiel, une densité minimale de 5 000 pieds. La densité est sur les meilleurs climats entre 9 000 et 11 000 pieds par hectare. Aujourd'hui, le besoin de mécaniser le vignoble conduit les viticulteurs à planter à densité plus faible, mais supérieure à 6 000 pieds par hectare. L'écartement entre rangs ne peut excéder 2,3 mètres et entre ceps sur le rang, il doit être au minimum de 0,80 mètre. Pour les vignes non palissées en gobelet, l'écartement maximum entre rangs ne doit pas excéder 1,5 mètre. Des allées peuvent être aménagée en arrachant un rang de vigne. L'allée ne doit pas excéder 3 mètres et doit bénéficier d'un couvert végétal spontané ou semé. Les tournières doivent bénéficier d'un couvert végétal permanent.
La hauteur de feuillage entre la limite inférieure du feuillage et la hauteur de rognage doit dépasser 0,6 fois l'écartement entre rangs et un palissage est obligatoire si l'écartement entre rangs dépasse 1,5 mètre.
La taille courte est obligatoire. Traditionnellement en gobelet, la taille en cordon ou la taille charmet (taille inventée par M. Charmet en sud-Beaujolais, intermédiaire entre la taille en cordon et celle en éventail) sont aujourd'hui pratiquées. La taille est limitée à 8 yeux porteurs de grappe après épamprage et un bras à deux yeux peut être ajouté en vue de rajeunir la souche.

Vendanges et rendements :
La récolte manuelle est obligatoire et le transport de la vendange doit se faire dans des remorques basses afin de préserver l'intégrité des grains de raisin. Une parcelle qui n'est pas vendangée en totalité ne peut pas être revendiquée en AOC morgon. La charge maximale à la parcelle est de 10 000 kilogrammes par hectare. La richesse naturelle en sucre du raisin doit être au moins de 180 grammes par litre de moût.
Le rendement est limité à un maximum de 56 hectolitres par hectare ; le rendement butoir est de 61 hectolitres par hectare. Le rendement réel est très en dessous du maximum autorisé par le cahier des charges.
Le premier jour des vendanges (appelé « levée du ban des vendanges ») varie selon la maturité des baies, qui dépend lui-même de l'ensoleillement reçu : les années relativement chaudes les raisins sont vendangés tôt, les années relativement froides les vendanges sont plus tardives.

Vinification et élevage :
Le mode de vinification du beaujolais explique beaucoup le type de vins très particulier qui y est produit. On l'appelle la macération carbonique : le raisin est encuvé entier et la cuve est fermée pendant quatre à sept jours. La saturation de la cuve en CO2 empêche les raisins de s'oxyder, les obligeant à un mode de fonctionnement anaérobie. Cet oxyde de carbone est obtenu en faisant d'abord fermenter une partie de la récolte (10 à 30 %) en fond de cuve, foulée et levurée, auquel on rajoute le reste de la récolte dont les grappes doivent être le plus intact possible (non éraflées et non foulées, les baies ne doivent pas être écrasées)13. Cette évolution à l'intérieur du grain de raisin s'apparente à un début de fermentation : elle produit un peu d'alcool et des précurseurs d'arômes. Ensuite, le raisin est foulé et une fermentation traditionnelle se poursuit.

Pour les morgons, surtout pour ceux destinés à être gardé quelques années de plus en bouteille, la vinification est semi-carbonique, à mi-chemin de la macération carbonique et de la vinification bourguignonne. Le raisin est récolté manuellement, encuvé entier sans éraflage. La fermentation débute comme pour une macération carbonique, mais au moment où le marc destiné au primeur est décuvé et pressé, les cuves destinées au vin de garde sont pigées et la macération se poursuit jusqu'à épuisement presque complet des sucres. Le vin est ensuite écoulé, le marc pressé et la fermentation malolactique peut s'enclencher tant que la température n'est pas trop descendue. Ces procédés favorisent la production de vins peu tanniques, une coloration pas trop soutenue et des arômes fruités.

Titres alcoométriques :
Le degré des vins fini doit être d'au moins 10,5 % de volume et l'enrichissement, lorsqu'il est autorisé, ne permet pas de dépasser 13 % de volume, ce qui signifie qu'il n'y a pas de limite en degré naturel, bien que le viticulteur doit alors prouver l'absence de chaptalisation.

Déclaration de la récolte :
Le raisin issu d'une parcelle classée en morgon peut devenir du vin de Morgon, de Bourgogne, du Beaujolais ou du Beaujolais-villages. Par exemple, un viticulteur n'ayant que des parcelles en morgon et qui voudrait faire du primeur, déclasse une partie de sa vendange pour en faire du beaujolais nouveau.

Etiquetage :
- L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée "Morgon" peut préciser le nom d’une unité géographique plus petite, sous réserve :
- qu’il s’agisse du nom d’un lieu-dit cadastré,
- que celui-ci figure sur la déclaration de récolte.
Le nom du lieu-dit cadastré est inscrit immédiatement après le nom de l’appellation d’origine contrôlée et imprimé en caractères dont les dimensions ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, à celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée
- L’étiquetage des vins bénéficiant de l’appellation d’origine contrôlée peut préciser l’unité géographique plus grande « Vin du Beaujolais » ou « Grand Vin du Beaujolais » ou « Cru du Beaujolais ».

Les dimensions des caractères de l’unité géographique plus grande ne sont pas supérieures, aussi bien en hauteur qu’en largeur, aux deux tiers de celles des caractères composant le nom de l’appellation d’origine contrôlée.

Caractères gustatifs des vins :
Le morgon est un vin coloré, d'un rouge grenat soutenu et profond à maturité.
Au nez, sa grande originalité réside dans ses arômes de kirsch, de fruits mûrs à noyau, d'eau-de-vie de fruit que l'on ne retrouve dans aucun autre cru du Beaujolais. Quelques cuvées révèlent des notes minérales caractéristiques.
En bouche, l'attaque est nette, la matière emplit rapidement la bouche et fait écho aux sensations perçues à l'olfaction. Le morgon est un vin corsé, robuste, dont les cuvées les plus réussies voient leur bouquet s'affiner et s'intensifier au cours du vieillissement. La particularité gustative du morgon a donné lieu à un verbe nouveau dans le vocabulaire du dégustateur : « morgonner ». Morgonner, c'est bien sûr avoir les caractères du morgon, mais aussi une bonne aptitude au vieillissement.
Et quelques accompagnements possibles : Terrine, gigot d’agneau, gibier à plume (faisan, canard sauvage), fromages.

Les lieux-dits :
Corcelette,
Côte du Py,
Douby,
Grand Cras,
Les Charmes
Les Micouds

Et aussi :
Javernière,
Aux Chênes,
Château Gaillard,
Bellevue,
Fontriante,

Sources :                   www.vinsvignesvignerons.com
                                   https://fr.wikipedia.org/wiki/Morgon
                                   www.beaujolais.com
                                   Cahier des charges de l’appellation d’origine contrôlée « Morgon » :
-                                 www.inao.gouv.
-                                 info.agriculture.gouv.fr

 

Claude F ; le 5.08.2024