Cépage : Gamay
2 - Caractéristiques
ampélographiques
3 - Clones et sélection clonale
4 - Caractéristiques agronomiques et physiologiques
5 - Profil organoleptique
6 - Vinification (y compris macération carbonique et alternatives)
7 - Élevage
et potentiel de garde
8 - Zones de culture dans le monde
9 - Adaptation climatique et sol
10 - Accords mets et vins
1. Origine et génétique
Nom complet : Gamay Noir à Jus
Blanc
Origine : France, mentionné dès le
XIVe siècle en Bourgogne.
Généalogie : croisement
naturel entre Pinot Noir et Gouais Blanc (comme le chardonnay).
Longtemps mal vu en Bourgogne (édit de
Philippe le Hardi en 1395), il s'est imposé dans le Beaujolais.
Famille : Vitis vinifera.
2. Caractéristiques ampélographiques
Feuilles : moyennes à
grandes, orbiculaires, souvent trilobées, sinus pétiolaire ouvert en U.
Rameaux : jeunes rameaux à apex
vert clair, duvet dense.
Grappes : moyennes à grandes,
cylindro-coniques, compactes.
Baies : petites à moyennes,
sphériques, peau fine noire bleutée, pulpe incolore et juteuse.
3. Clones et sélection clonale
Nombre de clones agréés en France : plus de
40 (source : ENTAV-INRA).
Clones principaux :
- 222 : très qualitatif, faible
rendement, arômes fins.
- 358 : rendement modéré, bonne
typicité Beaujolaise.
- 509, 787, 875 : rendement plus élevé, pour production de volumes.
Sélection massale également utilisée pour
conserver diversité génétique et adaptation au terroir.
Des clones adaptés à des conduites en
altitude ou à des climats plus chauds sont en expérimentation.
4. Caractéristiques agronomiques et
physiologiques
Débourrement : précoce à
moyen (sensibilité au gel de printemps).
Maturité : précoce (1ère
époque).
Vigueur : moyenne à élevée.
Productivité : élevée mais
variable selon le clone et le système de conduite.
Sensibilité aux maladies :
- Mildiou : moyenne
- Oïdium : sensible
- Botrytis : forte sensibilité
(grappes compactes)
- Coulure et millerandage
fréquents en conditions fraîches.
Exigences pédoclimatiques :
- Sols granitiques, schisteux ou sableux idéaux (Beaujolais)
- Redoute les sols argileux lourds.
5. Profil organoleptique
Couleur : rouge rubis clair à
moyen.
Nez : fruits rouges (fraise,
framboise, cerise), bonbon anglais, parfois violette, poivre blanc, arômes
amyliques (selon vinif). VOIR NOTA.
Bouche : souple, peu
tannique, acidité marquée, finale fruitée, peu d’astringence.
Typicité : grande buvabilité,
gourmandise, fraîcheur.
6. Vinification
A. Macération carbonique
(MC) :
Méthode emblématique du Beaujolais.
Raisins entiers non foulés en cuve saturée
en CO₂.
Fermentation intracellulaire dans la baie →
production d’alcools, esters, arômes fermentaires.
Résultat : vin fruité, léger, peu tannique,
consommation rapide.
Utilisée dans Beaujolais Nouveau, mais
aussi dans d'autres AOC.
B. Macération
semi-carbonique (MSC) :
Méthode traditionnelle Beaujolaise :
raisins entiers, fermentation spontanée sans ajout de CO₂, pressoir vers le
6e-10e jour.
Donne plus de complexité et de structure
que MC pure.
C. Vinification
bourguignonne (égrappée, foulée) :
Utilisée en Cru (Morgon, Moulin-à-Vent,
Côte Roannaise).
Extraction par remontage/pigeage,
macération longue (10–20 jours).
Résultats : vins plus structurés, garde
possible, bois partiellement utilisé.
D. Élevage :
Cuves béton ou inox pour fruité et
fraîcheur.
Fûts anciens ou demi-muids pour élevage
long (ex : Moulin-à-Vent, Côte de Brouilly).
Amphores ou œufs béton : expérimental,
favorise micro-oxygénation douce.
7. Zones de culture dans le monde
France :
Beaujolais (principal) : 12 AOC dont 10
crus (ex : Morgon, Fleurie, Chénas, Moulin-à-Vent)
Val de Loire : Côtes Roannaise, Côte du
Forez (volcanisme, vins frais, épicés)
Savoie : Chautagne, Jongieux
Touraine : en assemblage
Auvergne : renaissance en cours (Côtes
d’Auvergne, Corent)
Suisse :
Canton de Genève et Vaud : Gamay en
mono-cépage ou assemblage avec Pinot Noir ("Dôle" en Valais)
Styles légers, minéraux, bonne tension.
Canada :
(Ontario,
Colombie-Britannique)
Cépage bien adapté aux climats frais.
Styles proches de la Loire ou de la
Bourgogne légère.
États-Unis :
Oregon (Willamette Valley) : Gamay de
climat frais, souvent en vinif bourguignonne.
Californie : rare, expérimental (ex.
Arnot-Roberts, Edmunds St. John).
Australie /
Nouvelle-Zélande :
En
climat frais (Yarra Valley, Adelaide Hills).
Style très fruité, souvent en macération
carbonique ou légère extraction.
Autres :
Japon (Hokkaidō), Afrique du Sud (très
rare), Allemagne (expérimental).
8. Adaptation climatique et pédologique
Climat : préfère
climat tempéré frais avec été chaud mais non caniculaire.
Il craint également le
millerandage, en conditions climatiques défavorables, lors de la floraison
(pluviométrie). Cépage précoce, il est sensible au gel tardif, mais son
aptitude à produire des fleurs sur les bourgeons secondaires assure quand même
une petite récolte. Sa maturité précoce lui fait craindre les grillures du
soleil. Le rognage sévère sur vigne conduite en gobelet accentue ce phénomène.
À l'inverse, un palissage, même court, qui permet de maintenir un feuillage
suffisant, permet de limiter ce phénomène.
Sols : réussit sur
granites acides, schistes, parfois sur sables ou calcaires pauvres.
Mauvais résultats sur argiles
lourdes → végétation excessive, dilution.
9. Potentiel de garde
Beaujolais Nouveau : 6 mois à
1 an.
Villages : 3 à 5 ans.
Crus (ex : Morgon,
Moulin-à-Vent) : 5 à 10 ans, voire plus dans de grands millésimes.
Évolution sur notes de kirsch, prune,
sous-bois, cuir léger.
10. Accords mets et vins
Charcuteries fines (jambon persillé,
rosette),
Volaille rôtie (pintade, caille),
Poissons gras grillés (thon, saumon),
Cuisine japonaise (yakitori, tataki),
Fromages doux (camembert, reblochon),
Plats végétariens (lentilles, champignons).
NOTA :
Les arômes amyliques sont des composés
aromatiques primaires ou fermentaires qui se forment durant la fermentation
alcoolique, notamment dans les vinifications en macération carbonique ou
semi-carbonique, comme c’est souvent le cas pour le Gamay.
Définition des arômes
amyliques :
Ils proviennent principalement de
l'estérification d'alcools supérieurs (comme l'isoamyl) avec des acides
organiques produits par les levures (surtout Saccharomyces cerevisiae).
Exemple typique : acétate
d'isoamyle = arôme de banane.
Caractéristiques sensorielles :
Molécule Arôme
perçu
Acétate d’isoamyle Banane
Acétate d’éthyle Solvant, vernis à ongles
Hexanoate d’éthyle Ananas, fruit tropical
Acétate d’hexyle Poire, pomme verte
Butanoate d’éthyle Fraise, framboise
- Très présents dans les Beaujolais Nouveaux : arômes de banane, bonbon
anglais, fruits rouges confits.
- Plus
discrets (ou absents) dans les crus du Beaujolais vinifiés de manière
traditionnelle (égrappée, extraction lente).
- Éphémères : ces arômes sont fugaces et tendent
à disparaître au bout de quelques mois, d’où la recommandation de consommer ces
vins jeunes.
Facteurs influençant leur
expression :
-Température de fermentation
(idéale entre 20–25 °C pour maximiser les esters),
- Souche de levure utilisée
(levures aromatiques favorisent les esters),
- Richesse en azote assimilable
(YAN) : influence la production d’alcools supérieurs,
- Absence d’oxygène :
fermentation en anaérobie accentue ces arômes,
-
Durée de fermentation : courte fermentation favorise les notes amyliques.
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