vendredi 12 janvier 2018

Dégustation du 11 Décembre 2017 - Barolo



Dégustation  du 11.12.2017

Barolo ! Barolo !  

Trois syllabes qui claquent, résonnent, vibrionnent et envahissent le subconscient et l’imaginaire de chaque dégustateur.
Surnommé « Vin des rois, rois des vins » cette appellation Barolo dont le thème avait été retenu pour clôturer nos dégustations de 2017 ne demande qu’à nous conduire vers des goûts, des arômes, des sensations gustatives méconnus pour la plupart d’entre nous.  
Avides de découvertes, vous avez, pour notre plus grand plaisir, répondu par votre présence à ce que l’affiche vous laissait entrevoir  ; vous étiez donc 41 (dont quelques invités) à vous asseoir autour de la salle avec cette impatience, pour les uns de se conforter avec quelques souvenirs, pour d’autres, néophytes, de ‘’voir de quoi il retourne’’.

Tout d’abord, cette appellation italienne, c’est  ? Partons donc pour le Piémont (‘’le pied des montagnes’’) à la découverte (rapide) des secrets de cette DOCG : Dénomination d’Origine Contrôlée et Garantie (notre AOP) située à 50 km au sud de Turin dans la région de Langhe, autour des villes d’Alba (capitale de la truffe blanche) et d’Asti. Située à 25 km d’Alba, cette appellation (décret du 1er juillet 1980) couvre 1700 ha synonymes de grands vins rouges intenses et de garde dont le nom a été laissé par la petite commune de Barolo. Cette DOCG est la plus connue du Piémont, au même titre que la DOCG Barbaresco.

Ces appellations ne tolèrent que le nebbiolo dans leurs vins (il s’agit d’un cépage local qui tire son nom des brouillards (nebbia) qui bordent les collines du Piémont italien au moment des vendanges).
Ce cépage difficile est très exigeant et ne donne le meilleur de lui-même que lorsque tous les paramètres sont optimaux : sol constitué d’un sédiment d’argile marne calcaire entremêlé de grès qui fonctionne comme une éponge en ne retenant que la quantité d’eau nécessaire, une orientation vers le sud avec un ensoleillement généreux, une chaleur tempérée, une altitude adéquate ; ensemble de critères rassemblés sur ce terroir : pentes exposées au sud, à une altitude comprise entre 150 et 450 mètres, sur des sols peu fertiles constitués de marnes calcaires, de grès et de sable pour des rendements maxima de 80 quintaux / hectares).
Les prescriptions de production du Barolo prévoient un élevage au domaine d’au moins 38 mois avant sa mise sur le marché, dont 18 mois en fûts de chêne. Pour le Barolo Riversa la période de vieillissement est d’au moins 62 mois dont au moins 18 mois en fûts.
Tout aussi important le style de vinification.
Au Piémont, les traditionalistes ne jurent que par des grands fûts en bois d’au moins 1000 litres qu’ils réutilisent année après année. La macération pelliculaire est relativement longue pour extraire un maximum de goût et de couleur des pellicules des raisins, et après la fermentation alcoolique, les vins mûrissent longuement dans de grands fûts.
L’avantage de ce procédé est qu’il exclut toute transition brutale. Le désavantage est que la durée de la macération risque d’extraire trop de tannins des pépins et des rafles et que les vins deviennent trop ‘’durs’’. De plus, un élevage prolongé sur bois peut altérer la fraîcheurs des arômes fruités.
Par contre, les modernistes, optent pour des macérations courtes et utilisent des roto-fermenteurs pour la fermentation : il s’agit de cuves horizontales qui tournent autour d’un axe. A l’intérieur, des ailettes écrasent les raisins et en extraient un maximum de couleur et de goût en peu de temps. Ensuite, les vins sont élevés en barriques, de type bordelaises de 225 litres, renouvelées chaque année, ou tous les 2 à 3 ans, pour assurer une constance de la présence en tannins et en arômes de vanille et chocolat dans les vins.
Dans les années 90, les viticulteurs optaient résolument pour l’une ou l’autre de ces méthodes de vinification, mais aujourd’hui, la plupart d’entre eux mélangent les styles. Le secret d’un bon vin reste entre les mains des viticulteurs qui apportent sa touche personnelle en mélangeant différents styles de viticulture et de vinification.

A la dégustation ces vins laissent entrevoir une homogénéité de leurs spécificités, à savoir :
- une robe de couleur grenat intense, virant vers des tons brique puis orangés avec le temps,
- un nez riche associant de puissants arômes de fruits très mûrs (prune, framboise …) et de fleurs (violette, rose fanée, iris…), à des arômes sombres, qui vont des épices à des notes fumées en passant par le sous-bois, la réglisse, le cacao ou la torréfaction,
- une bouche concentrée, au fruité intense et ‘’sombre’’, dotés de tanins particulièrement puissants et d’une forte acidité.
Malgré un délai minimum légal de vieillissement de 3 ans en barriques, ces vins exigent souvent davantage de temps (potentiel de garde de 10 à 30 ans) pour se défaire de leur austérité et de leur jeunesse.
A maturité, le bouquet d’un grand Barolo montre une complexité hors du commun (truffes, épices, fruit en confiture…) et sa matière se révèle en bouche à la fois soyeuse, fondue, fraîche et longue.

Pour tous ceux qui ne peuvent se contenter et se satisfaire par ce rapide survol vous trouverez ci-après quatre liens qui vous permettrons d’approfondir vos connaissances tant sur Barolo, Barbaresco que sur la région de Langhe.
- Région Langhe :

Arrêtons donc notre périple touristico-viticole pour découvrir ce que l’ami Claude B. s’est chargé de sélectionner lors d’un de ses déplacements dans cette région du Piémont.  Afin de ne pas se limiter à Barolo, il va nous proposer de découvrir ; un Barbera d’Alba,  un Nebbiolo de Langhe, un Barbaresco et cinq Barolo.

Mais, en prélude, il convient de se plier aux us et coutumes et nécessairement passer par la case obligatoire :

« Le Vin Mystère »

Sortant de l’arrière-salle Claude B. nous présente une à une les trois carafes (audience oblige) contenant, tant on peut l’apercevoir en fond de salle, un liquide d’un brillant jaune pale légèrement doré.
Les verres s’emplissent d’un jus brillant d’une belle robe jaune pâle légèrement doré laissant transparaître quelques reflets verts à l’agitation.
Le verre tarde à s’exprimer, demande à se réchauffer et à s’oxygéner un tantinet et là, il commence à laisser échapper des arômes d’une palette aromatique relativement complexe posée sur les fruits blancs (poires) de laquelle s’exhalent de façon très perceptible des notes florales (fleur d’acacia) et herbacées. L’ensemble olfactif relativement intense se caractérise par une belle et agréable fraîcheur.
La franche attaque en bouche portée par une belle acidité se dévoile toute en fraîcheur. Netteté et vivacité sont les maîtres mots de cette première approche. Supportée par cette trame minérale, une matière significative se développe avec rondeur dans la bouche et laisse échapper des fragrances  d’agrumes (citron, pamplemousse) ainsi que de fruits à fleurs blanches (poires). Une discrète et bienveillante amertume vient sous-tendre cette trame.
Cet ensemble dégage une impression d’équilibre favorable à l’appétence avec des sensations gustatives qui perdurent sur une finale bien présente marquée par ces perceptions acidulées adjointes à de légères touches mentholées.
Cette bouteille semble se caractériser  par sa volonté de se placer dans un moule apportant une satisfaction immédiate à chaque consommateur. D’une personnalité standardisée, avec ses arômes accrocheurs sur une matière présente et sans ‘’aspérités’’ ce vin semble donc être conçu pour être bu dans sa jeunesse afin de pouvoir profiter ainsi de sa vivacité et sera un bon compagnon aux fruits de mer et poissons.

Bien

Que se cache donc dans ce flacon ?
Claude B. remonte la tête et commence à scruter la salle.
Tout un chacun à forcément le nez plongé dans son verre et ne pipe mot.
Comme à l’accoutumée, l’expression s’avère difficile.
Bien que les sensations ne me semblent pas inconnues, je suis porté par la netteté des notes acides tout au long de la dégustation, nez, bouche et finale ; ces notes associées à cette matière d’une certaine structure  ainsi qu’aux fragrances florales, me rappellent et me conduisent immédiatement sur le melon de bourgogne et l’appellation Muscadet.
Que nenni, je suis encore dans l’erreur.
Le dialogue entre les participants se débloque et les suppositions vont bon train, les noms de cépages fleurissent et à force d’évoquer les cépages blancs, la Marsanne sort de l’ombre.
Enfin trouvé ce cépage!
Illico Claude B. éclaire notre lanterne et nous annonce le pédigrée du flacon.
Nous sommes donc en présence d’un vin de l’appellation Crozes Hermitage et produit à 100% avec le cépage Marsanne.
En l’occurrence il s’agit de la production de la :

Cave de Tain l’Hermitage  ‘’Crozes Hermitage’’ 2016 (9,60 € à la cave)

Rapidement quelque notes sur ce vin :
-  produit sur un sol granitique, alluvions fluvio-glaciaires et terrasses de cailloux roulés du Rhône ou de loess,
- sélection parcellaire rigoureuse, pressurage pneumatique, débourbage sévère, protection maximale contre l’oxydation, fermentation thermo régulée,
- élevage sur lies fines en cuves inox et mise en bouteille précoce.

Après ce prélude revenons donc au thème principal de notre dégustation, à savoir l’appellation Barolo à laquelle  trois autre vins de la région de Langhe seront présentés.
Tous les flacons n’auront pas été pré-carafés (1 h aurait surement été bénéfique) et seront donc ouverts au fur et à mesure de leurs dégustations.

Vin N° 1 : Domaine Lano Gianluigi ‘’Barbera d’Alba’’ 2013 (9,00 €)

La ferme Lano Gianluigi est située à 5 km d’Alba, dans la région typique de Barbaresco sur les collines entre San Rocco et Treiso. La cave est familiale, Gianluigi travaille avec son épouse Daniela  et son fils Samuel.
La Barbera (c’est bien au féminin) d’Alba, vin italien de la région du Piemont, produit à 100% à partir du cépage Barbera, est doté d’une appellation DOC depuis le 27.05.1970. Seuls ont droit à la DOC les vins rouges récoltés à l’intérieur de l’aire de production spécifiée par le décret. Ce cépage Barbera est un cépage populaire dans le nord de l’Italie, essentiellement le Piémont ; son aire de production se développe sur près de 50000 ha. La Barbera d’Alba se présente sous une robe rubis avec des reflets grenat, un nez vineux, intense et spécifique, une bouche sèche, puissante et légèrement tannique et se rapproche en qualité à celle d’un Barolo.

Dans le cas présent, ce vin est élaboré sur un terrain argile et de calcaire, les rendements sont de 70 quintaux / ha, aucun ajout de levures, fermentation de 8 à 13 jours, élevage en fûts de chêne de 25 hl pendant 12 mois.

Cette première bouteille déverse sa dose standardisée pour la consommation dans notre verre et l’enrobe avec une teinte grenat, violacée très soutenue. L’œil se surprend avec la profondeur, presque consistante du vin ne laissant pas paraître une brillance gourmande, mais plutôt une légère turbidité. La rotation du verre n’apporte aucune modification de cette apparence et laisse trainer des larmes sur les parois, les 14,5° expliquent certainement cela. Le nez se dévoile très expressif et se confronte à une palette aromatique capiteuse et vineuse, dominée par des arômes de fruits noirs et rouges, (mûres, griottes) surmûries, presque confiturées, desquels  des fragrances florales  (iris) se dégagent  ainsi que des émanations d’épices.
L’attaque en bouche se montre de prime abord, d’une certaine fluidité mais devenant, avec plaisir, emplie de gourmandise fruitée. Fort de ces premières impressions la bouche accueille un ensemble aromatique d’une relative complexité, dominée par des goûts de fruits maturés, fraises, mûres, myrtille, posés sur une trame alcooleuse et notamment tannique (des tannins presque rustiques). Chacun de ces trois éléments gustatifs est parfaitement perceptible, mais ceux-ci paraissent tout de même s’accorder mutuellement et posent sur le palais un agrégat de plaisantes notes caramélisées. La matière, qui semblait discrète à la première impression se met en évidence et, une sympathique amplitude emplie la bouche, nous avons par ailleurs presque oublié le degré alcoolique.
Cette sensation que l’on aimerait voir perdurer lors de le finale se veut agréable mais elle se voit dominée par des notes tanniques presque rêches, dérangeantes pour certains, et se dissipant sur une légère astringence.
Sympathiques ces premières impressions ressenties sur ce Barbera d’Alba.
Personnellement, j’aimerais bien rééditer la dégustation d’un vin de cette appellation. J’en profiterai, si cette occasion se présente, de carafer le flacon 1 à 2 heures à l’avance afin de favoriser son oxygénation et son homogénéisation. Aurais-je un jour le plaisir de réécrire à ce sujet ?
A table, je pense que ce vin accompagnera avec plaisir et en toute simplicité des plats de pâtes, poulet rôti, viandes grillées et fromages.

Bien

Vin N° 2 : Domaine Lano Gianluigi ‘’Langhe Nebbiolo’’ 2015 (10,00 €)
Ce vin est élaboré sur un terrain d’argile et de calcaire, les rendements sont de 80 quintaux / ha, aucun ajout de levures, fermentation de 10 à 15 jours, élevage en fûts de chêne de 500 litres pendant 24 mois.

Deuxième vin de ce domaine afin de découvrir cette appellation régionale élaborée à partir du cépage Nebbiolo. 
Le verre s’habille d’une robe d’un grenat très soutenu, à la limite du foncé  ;  l’œil tente de percer la texture du breuvage pour discerner le fond du verre. Très sombre, le vin parait épais et ne laisse passer aucun reflet. A la rotation du verre, les parois se colore de cette teinte grenat soutenu.
Une large palette d’expressifs et de fins arômes imprègnent le nez. Pleines de  vivacité, ce sont des notes de fruits rouges et noirs (griottes, mûres) qui se présentent, des fragrances de torréfaction viennent se joindre, les épices ne sont pas loin, certains y ont retrouvé des émanations de girofles et d’orgeat.
A la fois en rondeur et vraiment légère, l’attaque en bouche propose des arômes fruités tant rouges que noirs auxquels se glissent des notes épicées.
Puis ces perceptions fruités sont recouvertes par un voile de tannins très présents et secs mêlés à des fragrances alcooleuses asséchant le palais. La matière, le volume pour contenir ou absorber ces sensations tannins-alcool ne pointe pas au rendez-vous.
Un manque de structure, de volume et un manque homogénéisation sont-ils à l’origine de ce ressentiment de désordre ?
La bouche semble désorientée, appâtée par des arômes plaisants, elle les voit se dissiper et proposer en lieu et place une matière légère évanescente et donnant une grosse impression de sécheresse qui perdure tout au long d’une finale laissant, à l’unisson des sensations précédentes, s’échapper quelques fragrances fruitées de la trame de ces tannins secs et non fondus.
Vin en demi-teinte (pour moi) qui mériterait, je pense d’être goûté à nouveau pour parfaire mon opinion.     

Passable

Vin N° 3 : Domaine Lano Gianluigi ‘’Barbaresco’’ 2011 (20,00 €)

Ce vin est élaboré sur un terrain d’argile et de calcaire, les rendements sont de 65 quintaux / ha, aucun ajout de levures, fermentation de 13 à 15 jours, élevage en fûts de chêne de 25 hl pendant 24 mois.

Troisième vin de ce domaine afin de découvrir cette production élaborée à partir du cépage Barbaresco. 
Ce nouveau vin habille notre verre avec sa robe présentant des notes d’évolution (millésime 2011). D’un grenat glissant sur le tuilé, le vin apparaît limpide, d’une texture claire et peu soutenue.
Tant la différence visuelle est importante avec les deux précédents vins, le nez est curieux de découvrir ce que le verre voudra bien lui proposer. C’est tous les arômes d’un vin évolué qui s’échappent du verre. Avec en prééminence des notes éthérée, de fruits surmûris et à l’alcool, viennent s’adosser à celles-ci des notes épicées et des fragrances boisées et de cuir.
Toute en souplesse la prise en bouche s’effectue sur des notes de fruits macérés (prunelles) accompagnées de notes de fines épices, des notes d’oranges amères se dégageant en retro-olfaction. Ces notes bien fondues enrobe une matière que son évolution temporelle a vu s’amenuiser au point de se demander si ce vin n’est pas en phase terminale. Malgré cela l’ensemble qui à vu se mettre en osmose, tous les éléments, acidité, alcool, tannins conserve une plaisante et délicate constitution et, flatte, avec un tantinet d’élégance, le palais.
La finale, toute en continuité, sur cette trame de fruits macérés et de tannins fondus, laisse percevoir une discrète amertume. Ces plaisantes sensations fugaces ne peuvent laisser que des regrets au dégustateur.
Vin évolué, à boire sans attendre, que l’on pourrait sous certains aspects assimiler à un Bourgogne évolué.
Est-ce que ce cépage Barbaresco évolue toujours aussi rapidement ? Est-ce que cette bouteille est représentative de l’appellation ?
Encore là, à déguster de nouveau pour compléter son opinion.

Bien

Vin N° 4 : Domaine Eugenio Bocchino Barolo ‘’Lu’’ 2013 (36,00 €)

Cinzia (agronome) et son mari Eugenio ont hérité de la propriété de leur père en 1996. Leur premier millésime était minuscule, seulement 225 litres ont été produits, bien que cela les ait encouragés à planter plus de vignes et à croître jusqu’à 5,5 ha aujourd’hui répartis en sept parcelles et dispersées dans les communes de La Morra, Verduno, Alba et Roddi. C’est grace à l’attention et à la recherche que le duo traduit son terroir de manière fluide, en privilégiant une approche bio et biodynamique dans les vignes et en utilisant des techniques traditionnelles en cave qui demandent peu d’élaboration. Les efforts minutieux de Cinzia dans les vignobles sont préservés respectueusement en n’exagérant pas trop les extractions, en refusant le nouveau chêne, et en utilisant une filtration légère avant la mise en bouteille dans la cave. En fait, Eugenio explique qu’ils font aussi peu que possible des remontages pendant la fermentation et choisissent aussi d’effectuer des soutirages minimes pendant le vieillissement afin de traiter leurs Nebbiolo presque comme des vins blancs.
En conséquence, les vins sont vraiment ouverts et accessibles avec des tannins magnifiquement gérés, mettant l’accent sur la pureté et l’élégance.

Avec cette promenade dans la région des Langhe, nous voilà donc en présence de notre premier vin de l’appellation Barolo. La bouteille circule, se déleste dans chaque verre de sa dose (5 cl) propice à la dégustation. Le verre vient se teinter d’un beau et vif grenat, d’une texture à la fois limpide et claire, somme toute sympathique.
L’œil se lève et découvre les réactions comportementales des premiers servis.
Sans aucun doute, problème, il y a.
Une palette d’arômes déviants prennent possession du nez. Donnant un ressentiment des plus désagréables, ce sont des notes foxées, giboyeuses, viscérales, terreuses, toutes enrobées par des émanations éthérées qui s’échappent du verre. Le verre tourne avec vigueur, dans l’espoir de voir dissiper ces senteurs. Dans le délai imparti à notre dégustation, rien n’y fait, quoique, quelques notes  d’espoir de fruits rouges compotés parviennent à être décelées.
La bouche sera-t-elle  à l’aune de ces désagréments olfactifs.
Tout dans la continuité, le palais se couvre de fragrances analogues à de l’essence térébenthine, qui semble s’échapper d’une matière de fruits surmuris (prunelles) et à la limite, caramélisés. La sensation buccale est dérangeante et asséchante, complètement déstructurée, l’alcool prenant le dessus, laissant s’échapper quelques petites notes épicées. La matière n’est pas au rendez-vous, le volume est réduit ; manque de densité et tous les éléments perceptibles, alcool, tannins et acidité semblent totalement désunis.
La finale,  toute dans la continuité de ces ressentis, d’une faible densité et asséchante dont seules des notes éthérées sont mises en évidence est évanescente et disparait rapidement.
Ce vin Barolo, disparait en ne laissant que très peu de traces de son passage en bouche.
Est-ce la signature de cette appellation ?
Certainement pas.
Et pour preuve : le reste d’une bouteille a pu être regoûter 2 jours après par Bernard qui a écrit « le nez est ouvert sur des notes de cerises au kirch avec de la finesse ; la bouche fine et élégante avec un toucher précis sur une dominante fruitée et de sous-bois, les tannins sont présents et fins, la fin de bouche est gourmande et fraîche ».
Il semblerait que les conditions dans lesquelles nous avons réalisé cette dégustation n’était pas favorable à ce flacon. Celui-ci aurait du, pour le moins, être préalablement carafé quelques temps auparavant.
Afin d’apporter un jugement, nécessité de le revoir dans d’autres conditions de préparation.

Pas de notation

Vin N° 5 : Domaine Fratelli Serio & Battista Borgogno
 Barolo Cannubi 2012 (24,00 €)

Depuis 5 générations ce domaine de 10 ha actuellement produit des Barolo sur 3 ha et viennent de créer une cave au sommet de Cannubi. Ce vin de la mention géographique Cannubi est produit à partir de 100 % du cépage nebbiolo planté sur un terroir de sable fin et calcaire à une altitude s’échelonnant de 260m à 300m. Cette vigne à successivement été plantée en 1982, 1992 et 1998 , la taille s’effectuant selon le principe du système Guyot traditionnel et la récolte manuelle réalisée en octobre. A la cave, macération de 30 à 40 jours, fermentation malolactique spontanée, vieillissement en barriques de chêne slovènes de 25-30 hl pendant environ 30 mois, embouteillage en été et affinement en bouteilles pendant environ 6 mois. Toutes les 19000 bouteilles de la  production annuelle sont numérotées sur l’étiquette.

Ce nouveau flacon de Barolo va-t-il nous monter une autre facette de l’appellation ?
Le vin se présente dans le verre avec une belle parure grenat soutenu avec des reflets bruns et montre un disque tuilé, signes d’évolution (millésime 2012 !).
Expressif et agréable un ensemble de fraîches effluves envahissent le nez. Sur une trame de fruits macérés à l’alcool, cerises, cassis, pruneaux et raisins, des émanations de sous-bois, de champignons transpercent ainsi que des fragrances épicées.
L’attaque en bouche se pose, presque avec timidité, toute en linéarité, fluette et propose une matière de densité réduite imprégnée de fruits compotés. Cette matière apparaît dans une phase d’évolution (à la fois d’affaiblissement et d’amoindrissement) dans laquelle l’alcool semble vouloir se mettre en évidence, l’acidité étant perceptible ainsi que quelques tannins secs ; tout un panel générateur d’une amertume dérangeante. Cette structure donne une sensation de fluidité, d’un manque de consistance que la palette aromatique ne peut masquer et n’apporte aucune gourmandise à la dégustation.
La finale s’évanouie rapidement, laissant des stigmates alcooleux et tanniques sur les lèvres ainsi qu’une prégnante et désagréable amertume.
Ouaf ! Le compte n’y est pas me direz-vous.
Le prochain flacon va-t-il nous conforter ?

Pas de notation


Vin N° 6 : Maison Marchesi di Barolo Barolo 2011 (33,00 €)

La cave historique, vieille de 200 ans, de la maison Marchesi di Barolo se trouve dans la ville de Barolo, au cœur de la région de Langhe. Elle appartenait à l’origine au Marquis Falletti qui produisait dès 1810 des vins de ses vignes de Nebbiolo, ce dernier soutenu par sa femme : Juliette Colbert de Maulévrier. A sa mort, la famille Abbona racheta la cave jouxtant le Château du Marquis et entreprit d’améliorer la production de vin. Aujourd’hui encore, c’est cette même famille qui dirige la maison Marchesi di Barolo depuis plus de cinq générations. Leurs Barolo ont acquis une renommée internationale du fait de leur élégance.
Dans le cas du Barolo proposé, les vignes de Nebbiolo sont plantées sur des collines pentues de sols argilo-calcaire entrecoupés de couches compactes de grès et recouvertes de sables de quartz et de limon très fin.
Les vignes sont cultivées sur un contre-espalier avec le système Guyot sur ces collines pentues.
Les raisins, fraîchement récoltés, atteignent la cave intacte et sont rapidement broyés et éraflés délicatement pour extraire les particules aromatiques La fermentation est réalisée dans des cuves thermo régulées. La macération sur la peau dure environ 8 jours, avec des remontages souples et périodiques. Le vin subit un vieillissement, d’abord dans de petits fûts de chêne, puis il est assemblé dans de grands fûts traditionnel de chêne Slovène pour un vieillissement s’étalant sur environ 30 mois. Avant sa mise sur le marché une phase d’affinage en bouteille s’effectuera pendant quelques mois.

C’est une robe limpide d’un rubis légèrement soutenu, qui habille notre verre ; sa rotation pare ses parois de larmes qui retombent lentement.
Très expressif, le nez est emplit par un ensemble de fins arômes, complexe et empreint d’élégance. Des notes de fruits rouges (cerises) macérés à l’alcool (kirsch) viennent titiller nos narines ainsi que des émanations chocolatées, de tabac et de cuir ;  des notes épicées sont également perceptibles. Cette fine et fraîche sensation perdure lors d’une prise en bouche fine et presque empreinte de délicatesse. Posée sur une trame de doux tannins la bouche s’emplit d’une matière d’une belle densité dont les arômes de pruneaux et de cerises ainsi que des fragrances chocolatées emplissent avec une certaine plénitude et gourmandise la bouche du fait de sa structure bien équilibré ; acidité, tannins et alcool y sont bien agrégés. 
Plaisir, tel peut être le mot pour qualifier cette sensation buccale qui perdure longuement en finale et avec élégance. Ce frais ensemble aromatique tarde à s’évanouir sur une faible et non désagréable perception d’astringence.
Beau vin, donnant un plaisir immédiat, dont la structure permettra certainement de lui envisager une évolution favorable pour le plus grand plaisir des dégustateurs les plus patients.

Bien ++

N.B : Cependant, il a été dommage que ce lot des trois bouteilles ne soit pas homogène et qu’une bouteille se soit trouvée non consommable, privant de ce fait un tiers des participants de profiter de ce très sympathique flacon.

Vin N° 7 : Domaine Monchiero Barolo Montanello 2011 (30,00 €)

Le domaine Montchiero se trouve à Castiglione, est un petit village pittoresque proche de la commune de Barolo. Dans cette région, on produit de splendides vins de Barolo depuis 1800. Ce sont des vins riches et harmonieux. Cette région compte une grande variété de microclimats, de par ses nombreuses collines, ses vallées et un climat continental. La famille Montchiero sait en effet comment tirer parti de ces conditions exceptionnelles et décroche régulièrement des prix pour des vins de qualité.
Les raisins de ce Barola Montanello sont sélectionnés soigneusement et cueillis à la main dans des vignes de plus de 20 ans d’âge. Les vignes sont elles-mêmes entretenues avec soin et cultivées sur un terroir exceptionnel d’argile et de calcaire (on ne peut pratiquement pas trouver mieux pour des raisins) sur une exposition Sud, Sud-est. Macération de 20 jours, remontage par une pompe à aspersion qui atténue l’écoulement du vin sur le chapeau. Elevage dans une barrique unique de 25 hl de chêne slovène pendant 3 ans, pour une production de 2500 cols.

Après cette précédente et belle expression de Barolo, ce nouveau flacon vient parer notre verre avec une robe grenat soutenu et laissant percevoir un début de turbidité dans le verre. A l’agitation des reflets tuilés sont perceptibles, teintant les larmes qui s’attardent sur les parois.
Très expressif, une palette d’élégants arômes vient titiller nos narines ; là, sur une trame de fruits rouges macérant dans l’alcool, des senteurs animales, de sous-bois et de cuir s’acoquinent et complètent la palette.
Avec plaisir la bouche est garnie par une matière fine et délicate, avec des tannins présents mais fondus et doux, une acidité présente, rafraîchissante et une puissance alcoolique contenue (14,5°) et sachant se faire discrète ; les papilles s’amusant avec ces notes de fruits rouges, complexifiées par ces arômes liés à la macération et aux fragrances animales.
Tous ces riches éléments se présentent parfaitement intégrés, fondus et nous donne la sensation de tapisser le palais.
La palette aromatique, large, d’une certaine complexité, harmonieuse et goûteuse apportent une belle personnalité au ressenti d’autant plus que le vin s’étire plaisamment.
Cette impression se prolonge avec persistance dans une finale d’un beau volume, appétente et discrètement rafraîchissante, marquée par ces arômes de fruits macérés liés aux fragrances animales et se terminant sur de fugaces notes d’une discrète amertume.

Un vin déjà de haute tenue, que je verrai bien avec plaisir comme étant représentatif  de l’échantillon dont on rêve de cette appellation tant louée Barolo.
Appréciable dès aujourd’hui, mais dont la structure permettra une évolution bienveillante ce vin saura encore donner de beaux plaisirs gourmands lors des années à venir.
Pensons à présenter ce vin sur table en accompagnement d’un carré d’agneau, un Osso Bucco à la milanaise, un plateau de fromages.

Très Bien  

N.B : Là encore, ce lot des trois bouteilles n’est pas apparu homogène et une bouteille, vraiment dommage, n’était pas en état d’être appréciée privant de ce fait un tiers des participants de pouvoir profiter de ce très bel exemplaire de Barolo.


Vin N° 8 : Azienda Agricola E.Pira & Figli Chiara Boschis
 Barolo Cannubi 2008 (65,00 €)

La cave est située dans la ville de Barolo et fait face à la Pléazza del Oeso, où se rencontrent Via Monforte et Via Vittorio Veneto (denommée Via Nuova) ; de là, en scrutant ces collines, on peut comprendre le volume de travail nécessaire pour créés ces vignobles escarpés. E.Pira & Figli vinifie seulement les raisins fournis par ses propres vignobles, environ 2,5 ha, situés dans certaines des meilleurs zones des ‘’Grands Vins’’ de Bariolo : 2 ha à Cannubi et Cannubi San Lorenzo et le reste à Via Nuova, le tout à une altitude de 300 m. En 2009 la cave a acquis une propriété de 4 ha dans la région de Montforte d’Alba, localité Conterni.
Chiara cherche toujours à produire des vins de haute qualité et innovants qui sont des vins élégamment équilibrés d’une structure traditionnelle et mettant en avant l’austérité.
Un soin et une attention méticuleuse au travail dans les vignes sont respectés pour que ses vins soient élaborés dans le plus grand respect de la terre par l’utilisation des pratiques de l’agriculture biologique. Les travaux à la vigne voient se succéder, l’émondage hivernal (maximum 9 têtes par plan), la réduction de l’excès de grappes. La vinification s’effectue avec égrappage, fermentation avec contrôle des températures, remontage automatique pendant 8 jours en cuves inox, pressurage léger et premier soutirage, fermentation malo lactique en barriques. Maturation pendant 2 ans en barriques neuves de chêne français (225 l) légèrement grillées. Mise en bouteille sans filtration ni clarification. Vieillissement complémentaire de 1 an en bouteille avant la mise en vente.

Claude B. nous propose donc de terminer cette dégustation par un vin de cette appellation présentant quelques années sous la ‘’selle’’. Ce sera dons un Barolo Cannubi de 2008. 
L’espoir  transfigure le visage de tous les participants ; un grand et ‘’vieux’’ Barolo.
Les espoirs seront fugaces car dès les premiers services dans les verres, alors que le silence et l’introspective sont de mises habituellement chez chacun, les exclamations fusent dès que les nez approchent des verres. Et pour cause, le verre se teinte d’un épais violacé et enferme une matière épaisse et trouble, pas très attrayante. Le nez est pris en otage par de fortes notes désagréables (à la limite repoussantes) de sales serpillères non essorées et abandonnées en train de sécher. Avec un peu de pugnacité un méli mélo de notes de réglisse et de pelures d’oignon peuvent être perceptibles. 
Il faut bien goûter ; la prise en bouche est à l’aune de la palette olfactive. Sur une trame laissant s’échapper des senteurs de café, une matière peu attirante et déstructurée se pose sur le palais. Les saveurs en bouche se présentent toutes en vrac, on y retrouve des fragrances de madère et de réglisse, mais vraiment aucun plaisir en bouche si ce n’est un rejet pur et simple de cette présence buccale. La finale hautement asséchante complète le panel et amplifie le désagrément et la désillusion ressenties.
Ce vin (les 3 flacons) nous est apparu totalement déstructuré, dénaturé et usé.
Faut-il en trouver les causes ? Conservation, stockage, transport … ? Nous ne saurons pas.
Les curieux, et je suis sûr que vous êtes de ceux-là pourront toujours consulter le site de Chiara qui parle avec plaisir de son vin.

Pas de notation


Et, pour compléter, les coordonnées des domaines :

Vin mystère : Cave de Tain l’Hermitage
CS 89721
26602 Tain l’Hermitage
Tel : 04 75 08 20 87

N° : 1 , 2  & 3 : AZ.AGR. LanoGianlugi
Rue Basso N°38
San Rocco Seno D’Elvio
ZIP 12051 Alba (CN) Italie
Tel : 39 01 73 28 69 58
Email : lano.vini@tiscali.it
www.lanovini.it

N° : 4   Domaine Eugenio Bocchino
Fraz. Santa Maria Serra , 96 / a
12064 La Morra
Tel : 01 73 50 03 58
www.euggeniobocchino.it
mail : info@eugeniobocchino.it

N° : 5   Domaine Fratelli Serio & Battista Borgogno
Via Crosia,
12  Loc Cannubi                                                     
12060 Barolo
Tel : 01 73 50 61 07
www.www.borgognoseriobattista.it

N° : 6   Maison Marchesi di Barolo
Via Alba, 12
12060 Barolo
Tel : 01 73 56 44 00
www.marchesibarolo.com
mail : reception@marchesibarolo.com

N° : 7   Domaine Monchiero
Via Alba
Monforte 49
Castiglione Falletto
Tel : 0 17 36 28 20

N° : 8   Azienda Agricola E.Pira & Figli  
Chiara Boschis
Via Vittorio Veneto,1
12060 Barolo
Tel : 0 17 35 62 47
info@pira-chiaraboschis.com

Je remercie Claude B. pour avoir eu la patience de sélectionner sur le terrain les vins de cette séance même si certains n’ont pas été à la hauteur de ses espérances ainsi que Bernard pour ses notes de dégustations sans lesquels ce compte-rendu n’aurait pas pu être rédigé.
Surtout, n’hésitez-pas à vous exprimer, tant sur la dégustation que sur la formulation du compte-rendu et je serais friand de vos commentaires.

Claude F.

1 commentaire:

  1. Merci à Claude B de nous avoir apporté ces vins en direct des producteurs et à Claude F d'avoir disséqué au mieux cette prestigieuse appellation Italienne. Je dois dire que que je ne connaissais que très peux ces vins à fort tempérament concentré et frais ,une aération en carafe aurait sans doute été bénéfique pour dompter ces longs élevages preuve en est le Barolo Lu d'Eugenio Bocchino bue le lendemain.

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