lundi 30 décembre 2019

Dégustation du 9.12.2019 : Sauternes <> Alsace VT Pinot Gris



Duels ou joutes amicales !
Toujours dans un esprit de compétition, c’est donc une rencontre amicale entre deux types de liquoreux qui  est proposée.

La sélection s’est portée d’une part sur le bordelais avec Sauternes et Barsac et d’autre part sur l’Alsace avec ses vendanges tardives de pinot gris.  Pour limiter les paramètres, les millésimes étaient les mêmes ; et pour augmenter notre plaisir ces millésimes ont été choisis parmi les meilleurs communs à ces deux origines.
Comme les palais fatiguent plus vite avec des liquoreux, la dégustation a été limitée à trois paires, sur les millésimes 2015, 2009 et 1996.

En aparté, un grand merci aux 47 participants qui se sont déplacés pour cette dégustation.

Mais comme nos séances démarrent toujours par un « vin mystère », le malicieux Jean-Michel nous avait glissé un autre vin sucré, dans la catégorie « moelleux », pour nous préparer la bouche.

La robe se présente sous un bel or.
Le nez est un peu sur la retenue mais on y distingue tout de même du miel, du coing, des fruits exotiques et quelques touches fumées fugaces.
L’équilibre de la bouche est presque celui d’un demi-sec ou d’un tendre, tellement les sucres s’effacent derrière la tension et la sapidité, pourtant pas très expressive.
 Or il n'y a que 57 g/l de SR !
C’est la très grande persistance et la finale salivante et crayeuse qui rappellent la noble origine du terroir et du vin.

Très Bien +

(Appréciations de Jean-Loup).


Mais qu’est-ce donc ?
« Peu de temps après avoir bu deux fois Le Haut Lieu moelleux sur le même millésime, l’air de parenté est évident, et j’avais donc trouvé chenin et vouvray cette fois-ci à l’aveugle.

En revanche le déficit de sapidité ne m’emmenait pas sur un moelleux de Huet et je l’ai donc un peu moins apprécié. » (Jean-Loup).

 

Il s’agit donc d’une production du :


Domaine Huet : Vouvray Moelleux ‘’Clos du Bourg’’ - 2009                                                        37,00 €


Le Domaine :
Les vins de Vouvray du domaine Huet, disposant d'une renommée mondiale pour ses vins de Vouvray, est une maison très ancienne. Elle existe en effet depuis 1928, implantée à l’est de Tours sur des terres plantées exclusivement en cépage chenin.

Le domaine s'étend sur 35 hectares sur 3 propriétés distinctes :
- le premier, le Mont, présente un sol caillouteux, majoritairement argileux et contenant de la silice,
- le Haut-Lieu présente, lui, un sol argilo-calcaire, tandis que le troisième,
- le Clos du Bourg, affiche un sol calcaire. Autant de terroirs particulièrement adaptés pour produire des vins uniques, d'une précision remarquable, très apprécié des connaisseurs.

A la vigne :        
Le domaine Huet pratique la méthode bio-dynamique depuis 1990.
Le sol est travaillé mécaniquement en accord avec les méthodes traditionnelles.
 Labour pour recouvrir les ceps après les vendanges. Au printemps, il procède à un décavaillonnage, c'est-à-dire qu'il retire la terre du pied des ceps. Puis périodiquement, il enlève l'herbe au fur et à mesure qu'elle pousse, grâce au passage d'outils mécaniques. Ce traitement mécanique est essentiel, il n'ont d'ailleurs jamais employé de désherbants chimiques sur le domaine afin de conserver la vie microbienne du sol. Les engrais organiques apportés en faible quantité, sont produits sur l'exploitation à partir de fumier de bovins, et de paille compostés pendant environ un an. Les produits de traitement qui sont utilisés pour la protection du vignoble sont uniquement la bouillie bordelaise, le soufre en poudre, et des préparations à base de plantes (prêle, ortie, achillée millefeuille). Il ont supprimé totalement l'emploi d'acaricides, d'insecticides et de tous produits chimiques de synthèse depuis 1988. Ainsi, il ont recrée un milieu écologiquement équilibré où les prédateurs naturels sont de nouveau présents. Les travaux du sol et de la vigne sont effectués en fonction des différents rythmes des planètes, ainsi que le pratiquaient plus ou moins consciemment les vignerons des siècles passés. Cette méthode de culture qui respecte le sol, la plante et l'environnement, permet de développer le caractère de leur vins et de garder l'authenticité de leur terroirs.

Vendanges :                    
Manuelles par passages successifs sur les ceps. Ramassage des raisins sains et mûrs afin de rechercher le plus possible la «Pourriture Noble» qui donne aux grains le maximum de maturité et de qualité. 

Vinification & Elevage :  
La vinification est conduite en respectant les meilleures traditions.
Chacun des trois crus est vinifié séparément. Les grappes entières sont déversées dans les pressoirs sans être broyées ni foulées. 
Le pressurage est effectué en douceur. En caves, après un débourbage de 24 heures, le jus de raisin est entonné en deux parties, l’une est mise en cuves, l’autre en barriques anciennes. La durée de cette fermentation varie en fonction de la richesse du moût et de l’activité des levures indigènes qui se trouvent dans nos caves. 
Chaque cuvée est conservée six mois jusqu’à la mise en bouteille du mois d’avril.

Ce choix vient mettre un peu plus en avant l'excellence de la qualité de production du domaine Huet. Celle-ci est accrue par la qualité de ses vignes qui permettent de mettre en valeur ces terroirs d’exception. Jean-Bernard Berthomé, l'actuel chef de culture, veille à la répartition idéale des vignes. La moitié des plantations a un âge compris entre 30 et 50 ans, 35 % se situent entre 10 et 30 ans, tandis que seulement 15 % des vignes ont moins de 10 ans.

 

Alors, cette cuvée ‘’mystérieuse’’ ? :

 

Il s’agit du Vouvray Moëlleux ‘’Clos du Bourg’’ dans le millésime 2009.
Cépages :               100% Chenin.
Terroir :                 Sol peu épais profondeur moyenne d’un mètre qui se trouve en contact direct avec le rocher calcaire et non actif.
Situé en 1ère Côte au-dessus de l’église de Vouvray.
           Vendanges :          Tries successives, afin de séparer à chaque étape de maturité les plus beaux raisins.
La proximité de la Loire apporte l’humidité matinale qui, alliée au soleil d’automne, favorise la maturité et la concentration des raisins.
Vinification :         50 % en demi-muids, 50 % en cuves.

 
Après cette goûteuse entame ‘’mystérieuse’’, poursuivons donc notre dégustation par une réalisation du :
 

1 – Domaine Albert Mann : Alsace Vendanges Tardives - Pinot Gris ‘’Altenbourg’’ - 2015              37,50


Le Domaine :
Le domaine Albert Mann est une exploitation alsacienne historique. Il est le fruit de l’union de deux grandes familles de vignerons : les Mann, vignerons depuis le début du 17e siècle et les Barthelmé, les actuels propriétaires, vignerons depuis 1654. Ce sont aujourd’hui les frères Barthelmé qui en tiennent les rênes : Maurice et Jacky. Ce sont eux qui ont agrandi le petit domaine familial qui emploie aujourd’hui 11 personnes à l’année.

Situé à Wettolsheim dans le Haut-Rhin, au cœur du vignoble alsacien, le domaine s’étend sur près de 24 hectares. Les vignes sont dispersées sur une centaine de parcelles du fait de la grande diversité géologique du domaine, avec deux lieux-dits, six Grands Crus (7 ha), le Clos de la Faille en monopole (1 ha pinot noir) et les Saintes Claires (pinot noir).
Pour tirer le meilleur de ce magnifique patrimoine de parcelles, les vignerons mettent un point d’honneur à la qualité de leur végétal, en replantant en sélections massales et en multipliant les essais (en variant les porte-greffes, en recherchant un maximum de diversité des pieds via un travail d’échange avec leurs collègues et voisins vignerons). « L’œnologie a prouvé ses limites. Et on est des paysans, on travaille la terre. Aujourd’hui, c’est vraiment du côté du végétal qu’on peut encore progresser.« , nous explique Jacky Barthelmé.

L’encépagement :
Il est composé de riesling (31%), pinot blanc auxerrois (19%), pinot gris (18%), gewurztraminer (17 %), pinot noir (12%) et muscat (3%).
Les vignes sont âgées en moyenne de 35 ans, mais le vignoble comporte quelques très belles vieilles vignes de plus de 60 ans, comme une magnifique parcelle de gewurtzraminer plantées dans les années 1920, à partir de laquelle ils ont fait des sélections massales.

A la vigne :
Si la biodynamie est pratiquée depuis 1997, la certification officielle de l’intégralité du domaine s’est faite en 2013 par Biodyvin (2000 pour la certification bio).
Les parcelles sont labourées – certaines parcelles plantées en terrasses sont labourées au cheval – et souvent enherbées (un rang sur deux) mais travaillées sous-pieds. De nombreuses préparations biodynamiques sont appliquées (préparation 500, préparation 501, compost de bouse MT) ainsi qu’un compost maison pour stimuler la vie microbienne du sol. Le cuivre et le soufre sont également utilisés.

Les vendanges :
Manuelles, les raisins sont récoltés à juste maturité, mais tout de même relativement tôt, car le vigneron recherche une grande fraîcheur. Les rendements sont plutôt faibles, souvent entre 30 et 40 hl/ha.
C’est bien dans les vignes que se fait l’essentiel du travail : « Notre travail est beaucoup basé sur l’observation. On prend le temps d’observer les choses, d’essayer de nouvelles méthodes. Il faut beaucoup de bon sens paysan. Faire un grand vin ça demande beaucoup de travail dans les vignes. »

En cave :
Le travail est peu interventionniste avec une recherche maximale de finesse.
Les extractions sont très douces, de type infusion, afin d’obtenir des jus clairs qui ne nécessitent pas d’ajout de produit œnologique, excepté le soufre en faible dose. « Il y a déjà tout dans le raisin, on n’a pas besoin d’en faire trop.« , ajoute Jacky.  « Pour le soufre, on fait des efforts, on est en-dessous des doses maximales autorisées en biodynamie, mais pas non plus des adeptes du sans soufre. On en met un peu en fin de fermentations puis à la mise ».  

Les fermentations se font avec les seules levures indigènes. Peu d’opérations sont réalisées et les vins ne sont pas collés.
Les vins rouges, comportant une proportion variable de vendange entière, sont élevés en barriques bourguignonnes durant environ 17 mois.
Pour les vins liquoreux, le pressurage est vertical, « à l’ancienne » afin de presser délicatement les raisins botrytisés. Pour ces vins, les fermentations ne montent jamais trop hauts en alcool (entre 9 et 11°).

Les frères Barthelmé recherchent et parviennent à produire des vins d’une grande élégance : « J’aime la finesse. C’est pour moi le paramètre le plus difficile à obtenir. La richesse et la puissance c’est facile. La finesse, c’est plus difficile, mais le terroir le rend bien. »

La Cuvée : Albert Mann, Alsace Vendanges Tardives Pinot gris ‘’Altenbourg’’ 2015

Situation :          Kientzheim sur le lieu dit Altenbourg  
Terroir :               Marno-calcaire.
Cépages :            100 % Pinot gris

Sa dégustation, les commentaires :
La robe se dévoile sur une belle couleur vieil or.
Très intense, le nez s’exprime par des fruits exotiques, notamment la mangue, puis par de beaux arômes de poire et de riches notes miellées.
L’attaque est large et confortable, plus par la matière bien fruitée que par le sucre. Une très belle acidité prend ensuite le dessus et apporte une grande tonicité au vin, le propulse assez loin, jusqu’à une finale aux très fins amers, pouvant rappeler ceux de certains gewurztraminers.
C’est déjà très bon mais devrait encore s’améliorer avec le temps lorsque les deux parties auront fondu leurs qualités respectives.

Très Bien +(+)

(Appréciations de Jean-Loup).

 

En complément, il me semble intéressant de parcourir les commentaires suivants qui se placent sur le même registre.

"Ce pinot gris a une très jolie présentation visuelle, d’une profondeur et d’une intensité importante. D’apparence jeune, d’une belle brillance, les couleurs sont dominées par des nuances jaune soutenues, avec de nombreux reflets vieil or. Le bouquet aromatique est parfumé, il est complexe et concentré avec une spontanéité aristocratique et vaporeuse. Il s’agit d’un vin très fruité, aux saveurs de raisins de Corinthe, de coings en pâte de fruits, d’abricot Bergeron, d’ananas et de poire. Ce vin prend de plus en plus d’ampleur à l’aération. Il y apparaît alors des arômes d’épices, de zan, de réglisse et de poivre, marqueurs du millésime 2015, le tout complété par des fragrances de caramel au beurre salé, de cire et de notes légèrement fumé en finale. La vinosité, l’opulence, la générosité, l’ampleur, le corps et la charpente, la salinité en finale et le tempérament fort issu de ce millésime solaire, lumineux, donne naissance à une vendange tardive racée de grande classe. Une vinification parfaite, bravo !"

Anne Humbrecht, Sommelière à La Table du Gourmet - Riquewhir.

 

Et maintenant, si nous pensions à la table ?

Alors, n’oublions ce vin de réception que l’on aura plaisir à partager entre amis pas pour accompagner :

salade gourmande au magret de canard fumé, copeaux de foie gras et grains de raisins de Muscats, tarte aux abricots.

 

Et maintenant, frappons à la porte d’un domaine barsacois dont la renommée n’est plus à faire : 


2 – Château Coutet : Barsac - 2015                                                                                                                                   37,56 €


Le Château :
Forteresse anglaise bâtie au XIIIème siècle, cette citadelle chargée d’histoire dont la tour carrée est typique des constructions militaires de l’époque, devient un domaine viticole en 1643.
Le vin porte le nom de « Coutet », dérivé du Gascon « couteau » qui évoque tranchant et vivacité, fraîcheur et nervosité, un style unique. En 1788, le domaine est acquis par Gabriel-Barthélémy-Romain de Filhot, président du Parlement de Bordeaux et déjà propriétaire de Château Filhot à Sauternes.
En 1794, Filhot est guillotiné et la propriété revient alors à son petit-fils, le marquis Romain-Bertrand de Lur Saluces.
Château Coutet côtoie ainsi le célèbre Château d’Yquem, le Château Filhot et le Château de Malle au sein d’un ensemble qui fait du marquis de Lur Saluces le plus grand producteur de vins blanc liquoreux du monde.
La qualité des vins produit à l’époque est récompensée en 1855 lors du classement et obtient le rang de 1er Grand Cru Classé en AOC Barsac. La propriété abritait à cette époque les écuries du Château d’Yquem, transformées aujourd’hui en chai.
En 1922, Château Coutet est racheté par Louis Guy, cette transaction signifie la séparation de Château d’Yquem.

Marcel BALY et ses deux fils, Philippe et Dominique BALY, acquièrent Château Coutet en 1977.
Rapidement, ils décident de rénover le vignoble et les bâtiments d’exploitation. Des pressoirs verticaux datant des années 20, une chapelle du 14ème siècle et la cour pavée personnalisent la propriété.

Le vignoble :
La superficie du vignoble sur ce terroir iconique est de 38,5 hectares et est composé d'un sol rougeâtre argileux, mais aussi de graves fines déposées par la Garonne, sur un sous-sol calcaire.

L’encépagement :
- 75% de Sémillon,
- 23% de Sauvignon Blanc,
- 2% de Muscadelle.
L’âge moyen des vignes est de 38 ans.

A la vigne :
La conduite de la vigne est en culture raisonnée.
Les vendanges se font quant à elles par plusieurs tries manuelles (environ une dizaine) directement dans les vignes.

Vinification & élevage :
La fermentation se fait en barriques pendant 3 à 4 semaines.
L’élevage se fait par la suite pendant 18 mois en barriques 100% neuves.
Le château renouvelle chaque année ses barriques afin d’éliminer au mieux les levures produites pendant la fermentation.

La Cuvée : Château Coutet, Barsac  2015

Climatologie :    L’année 2015 est une des années les plus sèches et ensoleillées depuis 50 ans. Un hiver peu rigoureux et pluvieux a laissé place à un magnifique printemps lumineux et très doux. Ces conditions climatiques idéales ont entraîné début avril un beau débourrement et une floraison précoce rappelant 2011. Les mois de mai et juin sont historiquement chauds et secs. Dans la première quinzaine de juillet un début de stress hydrique ralentit la croissance de la vigne, enclenchant néanmoins le processus de maturité. Un mois d’août moins chaud et plus humide avec des averses orageuses redonne une certaine vigueur à la vigne. Après l’orage du 31 août, une baisse sensible des températures (fraîches la nuit) est constatée entraînant une botrytisation lente et un plein développement début octobre.
Cépages :            75% Sémillon, 23% Sauvignon Blanc, 2% Muscadelle
Terroir :               Sol rougeâtre argileux, mais aussi de graves fines déposées par la Garonne, sur un sous-sol calcaire.
Vendanges :       Dates des vendanges : du 15 septembre au 27 octobre2015
Nombre de jours de vendanges : 28
Nombre de passages : 10 tries successives et manuelles. Amenés en cagettes, les grains sont triés avant de passer au fouloir. Le raisin est délicatement pressuré dans des pressoirs pneumatiques verticaux. Puis les jus sont épurés de leurs lies grossières et passés en barriques neuves pour y effectuer leur fermentation via levures indigènes.
Elaboration :     Fermentation en barriques (50% de barriques neuves).
Elevage 18 mois en barriques de chêne 100% français.
Mise en bouteilles : Juin 2017.

Sa dégustation, les commentaires :
La robe arbore un or dense.
Le nez d’une grande intensité affiche un botrytis noble, avec ses arômes d’écorce d’orange très prégnants, mais aussi de miel et d’abricot sec. Une touche résineuse vient complexifier ce bel ensemble.
La bouche est dense, dotée d’une très belle sapidité et de sucres présents, certes, mais déjà bien intégrés.
 Une acidité vertébrale l’anime et lui apporte du relief, notamment dans la belle finale épurée.
Un Sauternes incroyablement bon alors qu’il est si jeune, mais c’est la magie de Barsac et de Coutet !

Excellent

(Appréciations de Jean-Loup).


Pensons à la table et aux plats qui ne manqueront de s’accorder avec ce si jeune Barsac et réservons : foie gras aux figues, foie gras poêlé aux épices et pour terminer tarte feuilletée aux abricots, poire aux macarons de Saint-Emilion, tarte briochée aux quetsches, tarte Tatin

Pour continuer notre confrontation filons aux environs de Colmar pour nous arrêter au :


3 – Domaine Jean Siegler : Alsace Vendanges Tardives - Pinot Gris - 2009                                          11,00 €


Le Domaine :
Un héritage construit depuis plus de 2 siècles fait aujourd'hui tout le caractère, la passion et l'expertise du domaine Jean Siegler-Clos des Terres Brunes d'aujourd'hui.
Descendant de Balthazar Siegler, né à Mittelwihr en 1643, c’est Jacques Siegler qui crée le domaine en 1784.
En 1933, Jean Ernest Siegler établit l’exploitation au Clos des Terres Brunes, à l’écart du village, au milieu des vignes. Actuellement ce domaine familial s’étend sur  9 hectares.
Il y est produit tous les cépages habituels dont un Riesling Grand cru Mandelberg, diverses vendanges tardives et vieilles vignes (plantées entre 1948 et 1950).
A noté leur cuvée "Clos des Terres Brunes", assemblage de Riesling, Pinot Gris et Gewurztraminer de vignes plantées autour de la demeure familiale.

 

Un terroir exceptionnel :

Le domaine du Clos des Terres Brunes est situé sur les hauteurs de Mittelwihr, aussi appelé « le Midi de l’Alsace » au coeur de la Route du Vin, dans la région qui rassemble les meilleurs crus d'Alsace, les fameuses « Perles du Vignoble ».
Ces vins sont effectivement marqués de façon unique par un terroir marno-calcaro-gréseux exceptionnel, allié à un climat semi-continental ensoleillé et sec (une des pluviométries les plus faibles d’Europe).
Plantés sur les collines sous-vosgiennes, entre 200 et 400 m d’altitude, la plupart des cépages s’y développent harmonieusement.

Le respect de la nature :
Par une connaissance fine de la vigne et de ses techniques, les différents cépages sont élevés pour en respecter les caractéristiques et leur permettre de s'exprimer au mieux lors de la vinification.
Ainsi, les rendements sont ils maintenus à un niveau relativement bas afin de privilégier la qualité des raisins.
L’approche est celle d’une agriculture raisonnée : les produits phytosanitaires sont utilisés de façon parcimonieuse et l'ensemble des parcelles est enherbé.
Une magnifique cave de fûts de chêne anciens permet de développer toute la puissance aromatique des futurs vins, tout juste issus d'un pressoir à membrane, qui extrait le jus du raisin sans brutaliser les grappes.


La Cuvée : Domaine Jean Siegler, Alsace Vendanges Tardives – Pinot gris 2009

Sol et Sous-sols :                           Marno-calcaro-gréseux.
Cépages :                                         Pinot gris 100%
Ages des vignes :                           60 ans de moyenne.

Sa dégustation, les commentaires :
La couleur vieil or de la robe est bien translucide.
Très intense, le nez serait plutôt monolithique sur les fruits exotiques si une note mentholée assez étonnante ne venait poindre à l’horizon.
Le profil de la bouche est droit, fluide et plutôt long, mais la matière peu sucrée, ce qui est une bonne chose, manque de chair et de sapidité (en intensité, pas en saveurs qui sont avenantes) pour moi, la finale se montrant un rien alcooleuse.

Bien ++ / Très Bien

Nota : Je dois préciser que cet avis n’a pas été partagé par tout le monde. Certains, pas des becs à sucres, ont même positionné ce vin en tête de la dégustation.
(Appréciations de Jean-Loup).

Pour information : ce viticulteur participe depuis de nombreuses années au Salon Gastronomique de Saint-Amand-Montrond (3ème week-end de Mars).
 
Après cet arrêt à Mittelwhir qui n’a pas manqué de montrer les différenciations gustatives de chaque adhérent, ce qui n’a pas manqué d’amener arguments et contradictions et de rehausser le ton des débats, repartons dans l’appellation Barsac, où, sans nul doute, le consensuel saura être trouvé par cette production du :


4 – Château Doisy-Daëne : Barsac - 2009                                                                                                           42,00 €


Le Château,  son histoire, les hommes :
On trouve la première mention d’un cru Doisy dans la « Topographie de tous les vignobles connus » d’André Jullien (1832).
Doisy fait partie des vingt crus de la première classe des vins blancs de Bordeaux qui en comporte cinq.
Daëne figure dans le classement de Charles Cocks (1846), parmi les 4 premiers crus de Barsac avec Coutet, Climens et Myrat. En 1850, le même  auteur le classe parmi les onze premiers crus de vins blancs de Bordeaux.  Le nom de Doisy-Daëne résulte de l’adjonction au cru Doisy du nom de son propriétaire, Jean Jacques Emmanuel Daëne, Négociant à Bordeaux.
D’ailleurs, le cru figurant dans le classement de 1855 est Doisy appartenant à Daëne.
En 1875, les 3 trois fils de J.J.E. Daëne héritent du cru. La même année, ils en cèdent une partie aux Frères Dubroca puis, en 1878, vendent Doisy-Daëne à Jean Paul Billot. Sa fille unique, Pauline, épouse de Jean Lodoïs Juhel-Renoy, négociant à Paris, en hérite en 1884. Elle le vend aux frères Debans en 1889.

Georges Dubourdieu achète Doisy-Daëne aux héritiers des frères Debans en 1924.
Depuis plus de quatre vingt ans, trois  générations de vignerons passionnés par l'élaboration des grands vins blancs s’y sont succédés de père en fils: Georges, Pierre et Denis.
Georges, vigneron et vinificateur perfectionniste a acquis le cru et en a conforté la réputation par des millésimes légendaires jusqu'en 1949.
Pierre, passionné, innovant et entreprenant  a agrandi Doisy-Daëne, en achetant notamment une partie de Doisy-Dubroca ; dès le début des années 1950, il créa le Grand Vin Sec de Doisy-Daëne. Cinquante ans durant, il signa de splendides bouteilles.
Denis, préside depuis 2000, aux destinées de Doisy-Daëne. Il est également Professeur à la Faculté d'Oenologie de Bordeaux et Consultant Oenologue de réputation mondiale.
Depuis 2004, Fabrice et Jean Jacques prêtent main forte à leur père et poursuivent ensemble l’œuvre familiale.

>>> Denis Dubourdieu nous a quitté à l’âge de 67 ans en 2016.

Le terroir :
Le terroir du plateau de Barsac est une formation géologique singulière en Bordelais. Une mince couche de sables argileux "les sables rouges du barsacais" recouvre le sous-sol calcaire.
Cette dalle rocheuse relativement peu fissurée limite la profondeur d'enracinement de la vigne à environ 50 cm.
Au cours de l'été, le calcaire finement poreux restitue à la vigne l'eau dont il s'est imbibé pendant l'hiver, évitant une contrainte hydrique excessive. Ce type de sol, confère aux vins blancs une finesse exceptionnelle
.

« « Voisin de Climens, ce cru classé de Barsac bénéficie du savoir-faire de la famille Dubourdieu, propriétaire depuis plusieurs générations. Dans les derniers millésimes, Denis Dubourdieu, chef de file de l'école oenologique bordelaise, a pris le relais de son père et vinifie magistralement une vendange récoltée toujours avec précision, au moment où la pourriture noble offre le meilleur compromis entre richesse en sucres et finesse aromatique, tout en préservant de hauts niveaux d'acidité et en pratiquant des élevages en barriques courts. Les vins affichent ainsi une pureté et une élégance qui les rende  d'autant plus recherchés que les prix restent sages. La propriété produit trois vins : un blanc sec aromatique, un liquoreux raffiné et, dans les très grands millésimes, la rarissime cuvée ‘’Extravagant ‘’, issue d'un lot beaucoup plus riche de la récolte, équivalent local des plus sublimes "trockenbeerenauslse" allemands. » »
Le guide des meilleurs vins de France 2012- Antoine Gerbelle-Olivier Poussier-Olivier Poels

Encépagement :
Reconstitué pour l'essentiel dans les années 50 à 60, le vignoble de Doisy-Daëne est âgé de plus de 40 ans.
Sa surface est actuellement de 18,2 ha.
Etabli à 7000 ceps par hectare, il associe le Sémillon (92 %), le Sauvignon (8 %).

Vinification :
La récolte, effectuée par des vendangeurs expérimentés, nécessite 3 à 6 passages, pour cueillir, au stade idéal, les grains concentrés par la "pourriture noble".
Depuis trois quarts de siècle, progrès œnologiques et tradition raisonnée conjuguent leurs effets pour exprimer le caractère des raisins de Doisy-Daëne.
De ce savoir-faire résulte un procédé d'élaboration étonnamment minimaliste.

Elevage :
Fermentations et vieillissement de 18 à 24 mois en fûts (renouvelés par tiers à chaque millésime) ; collage et filtration.

La Cuvée : Château Doisy-Daëne, Barsac  2009

Densité  de plantation :                7000 pieds / ha
Age moyen du vignoble :            40 ans
Rendement moyen :                     < 20 hl / ha
Sol et sous-sol :                              Plateau calcaire, sables argileux (« sables rouges    de Barsac ») surmontant un banc calcaire fissuré.
Encépagement :                             Sauvignon 8 %, Sémillon 92 %
Conduite de la vigne :                   Labours traditionnels, aucun herbicide.
  Les fumures organiques sont à base de composts végétaux.
  Ebourgeonnages, palissages, effeuillages sont effectués à la main avec un soin méticuleux.
  Engagement dans un processus de viticulture raisonnée
                
Vendanges :                                    Vendanges manuelles par des vendangeurs expérimentés par "tries" successives (en moyenne, 3 à 6 tries)
Elevage :                                          Fermentations et vieillissement de 18 à 24 mois en fûts (renouvelés par tiers à chaque millésime) ; collage et filtration.

Sa dégustation, les commentaires :
La robe est d’un or très soutenu.
D’une magnifique intensité, presque puissant, le nez se montre très rôti, exhalant une aromatique d’agrumes, de pralin, de miel et de coing. Très beau !
La matière en bouche est énorme, très dense et mûre. La liqueur est généreuse mais bien contrebalancée par la formidable acidité qui, associée aux saveurs opulentes, la porte très loin, jusqu’à une finale savoureuse sur le zeste d’orange.

Excellent (+)

Encore un superbe choix que ce Barsac encore bien jeune, mais qui nous rappelle le génie de Denis Dubourdieu qui nous a quittés.

(Appréciations de Jean-Loup).


Et pour l’apprécier, entourez-vous de vos meilleurs amis,  ouvrez la bouteille et carafez celle-ci une belle heure avant sa dégustation, présentez à 8, 9° pour accompagner, foie gras, viandes blanches crémées, Roquefort et autres fromages à pâte persillée.

Pour terminer notre joute, le millésime 1996 a été retenu et nous repartons tout d’abord en Alsace pour faire halte au :


5 – Domaine Rolly Gassmann : Alsace Vendanges Tardives -
                                           Pinot Gris ‘’Rotleibel de Rorschwihr’’ - 1996                                           30,00 €


Le Domaine :
Le domaine situé à Rorschwihr s’étend sur 52 hectares de vignes, soignées et entretenues par une équipe de 20 personnes et se situe au cœur d’un village viticole de 350 habitants. Le village est cité dès l’an 742 par le Domaine Royal Mérovingien pour ses vins.

Les crus les plus réputés à dominante argilo-calcaro-marno-gréseuse, sont : Kappelweg, Lachreben, Moenchreben, Oberer Weingarten, Pflaenzerreben, Rotleibel, Silberberg, Stegreben, Weingarten, Brandhurst, Rotenberg et Haguenau. Ainsi que de l’appellation communale ‘De Rorschwihr’, ’ De Bergeim’ et ‘ De Rodern’.

Tout est mis en œuvre dans la recherche systématique de l’équilibre entre l’activité biologique du sous-sol et la croissance de la vigne afin d’obtenir un raisin le plus subtil et le plus complexe possible.
Un rang de vigne sur deux est enherbé, l’autre rang étant labouré. La base du pied est désherbée chimiquement sur une largeur de 20 cm. Pour lutter contre la pression cryptogamique, toutes les vignes sont travaillées selon les principes de la culture biodynamique pour la partie végétale. Toutes les interventions et tous les travaux sont directement liés aux différents rythmes cosmiques (conjonctions astrales, oppositions planétaires par ex.) et au moyen de divers préparats et de plantes comme l’ortie, l’osier, la camomille, la prêle, la valériane, l’écorce de chêne, la fleur de pissenlit, la silice, le compost de bouse, l’argile, le petit lait… C’est ces infusions et doses homéopathiques qui nous donnent la possibilité d’intervenir de la façon la plus naturelle contre les agressions externes tout en préservant les qualités intrinsèques du fruit qui représente la relation entre le monde vivant de la nature et l’influence de l’environnement universel.
 C’est donc toute cette conjonction de facteurs qui permet de retrouver dans le vin l’expression de l’identité du terroir et le particularisme de chaque millésime.
C’est ainsi que notre production annuelle, issue des trois communes de Rorschwihr, Bergheim et Rodern, se monte à environ 300 000 bouteilles dont 92 % de blancs et 8 % de rouges.

C’est ainsi que nous recherchons la maturité physiologique et phénologique du raisin avec, si possible, la présence de botrytis cinérea, surtout pour les Vendanges Tardives et Sélections de Grains Nobles.
Toutes les parcelles sont vendangées manuellement et vinifiés séparément.
Les fermentations sont naturelles avec les levures du cru et s’échelonnent de 4 à 6 mois selon le type de terroir. L’élevage s’étend sur au moins 11 mois pour tous les 40 vins produits annuellement.
En septembre le vin est mis en bouteille.
Le bouchage des bouteilles s’effectue à l’aide d’un liège de haut de gamme (0, 90 €).
La disponibilité des lots, variant en fonction du type de sol, est de 3 000 à 22 000 bouteilles.

La Cuvée : Domaine Rolly Gassmann : Alsace VT - Pinot Gris ‘’Rotleibel de Rorschwihr’’1996

Cépage :             Pinot gris (100%).
Terroir :               Le Rotleibel suggère une terre rouge, en fait un limon argileux marneux brun caillouteux, plaqué sporadiquement de lœss. Deuxième lieu-dit par sa superficie de 17 ha, il donne naissance à un vin aux arômes de fumé, grillé, toast, et, à la dégustation, il est intense, botrytisé, ample et gras, revendiqué à la fois par les bénédictins de Moyenmoutier et les dominicains de Sélestat.
Viticulture :        Biodynamique.

Sa dégustation, les commentaires :

La robe est bien ambrée.

D’une bonne intensité, le nez nous fait voyager dans un univers de senteurs d’une belle complexité, avec des pâtes de fruits, des fruits confits, des raisins secs, des fruits exotiques , du miel, de la truffe et … une touche de carton mouillé qui ne parvient quand même pas à gâcher la très bonne impression générale.

En bouche le style est droit et austère. L’aromatique manque de netteté avec même des notes de serpillère, les sucres sont mangés, la matière est maigre et c’est la minéralité qui domine.

La persistance est remarquable, la finale se révélant plus avenante sur un fruité plus franc et on termine donc sur une impression favorable.

 

Bien ++ mais Très Bien + pour le nez seul.

(Appréciations de Jean-Loup).


Notre fratricide duel va se terminer en redescendant dans le sauternais au :


6 – Château Guiraud : Sauternes - 1996                                                                                                                41,40 €


Le Château,  son histoire, les hommes :

 " La Maison Noble du Bayle ", premier nom de Château Guiraud était la possession de la famille de Mons de Saint Poly. Le 22 février 1766 Pierre Guiraud, négociant protestant bordelais, s'en porte acquéreur pour la somme de 53.000 livres.
A sa mort en 1799 il lègue le domaine à son fils Louis. Celui-ci fera de Bayle un grand domaine et surtout un grand cru, le relevant de la dévaluation où il était tombé depuis 1793. En 1837, le domaine qu'il lègue à son fils Pierre-Aman vaut 250.000 francs. C'est avec cette dernière succession que Bayle quitte la famille Guiraud alors même que sa valeur avait triplé en moins de quarante ans.
En 80 ans et trois générations Guiraud est devenu un grand cru de prestige consacré en 1855 comme 1er cru lors du classement impérial.

Le 20 juillet 2006, Guiraud est repris par 4 personnalités, un industriel, Robert Peugeot, et trois vignerons, Olivier Bernard, Stephan Von Neipperg et Xavier Planty.
La rencontre de ces quatre personnages lors d'un dîner à Paris est l'événement fondateur de la nouvelle équipe. Le partage de la passion des vins, de la gastronomie, de la nature, de la chasse, tout cet art de vivre a permis qu'ils s'accordent très vite sur l'éthique de la qualité et la philosophie du cru.

La production du château :
Situé à 45 km au sud de Bordeaux sur la rive gauche de la Garonne, le Château Guiraud, d'une superficie de 128 ha, a parmi quelques particularités celle d'être entièrement situé sur la commune de Sauternes.

Le terroir :
Géologie et pédologie :
La vigne est cultivée sur des sols et sous sols très diversifiés: les sols sont composés de graves sableuses sur 80% de la surface et de graves argileuses pour le reste du domaine.
Les sous-sols sont excessivement hétérogènes: on rencontre des sables translucides profonds, des graves pures traversées par endroits par des masses d'argile rouge, mais on trouve aussi des marnes calcaires, des bandes de calcaire à huîtres ou des argiles rouges et blanches.
Les années pluvieuses, la vigne peut s'asphyxier si l'eau stagne autour de ses racines dans les couches argileuses. Il est donc nécessaire de drainer ces sous sols en plaçant des drains à 60 cm de profondeur avant la plantation de la vigne
L'eau sera ainsi évacuée vers les fossés.

Le micro climat :
Le climat de l'appellation Sauternes est de type océanique. Les hivers y sont doux (5-10°c) et humides, le printemps, humide lui aussi, est tiède, favorisant le débourrement. Les étés sont modérément chauds (17-20°c allant jusqu'à 30°c), et assurent à la vigne une maturité progressive.
C'est en automne que les conditions climatiques diffèrent de celles d'un climat océanique normal. Le sauternais est alors sous l'emprise d'un micro climat particulier, favorisant le développement d'un champignon microscopique, le botrytis cinerea ou pourriture noble, sans lequel le Sauternes ne serait pas. Un brouillard matinal recouvre le vignoble. L'humidité véhiculée par cette nappe favorise alors le travail du botrytis.
Avec l'apparition du soleil au cours de la matinée, le brouillard disparaît laissant la place aux chaudes températures qui vont sécher et concentrer les raisins. Le vent aussi joue un rôle majeur, pouvant sauver une récolte ou bien la perdre. Un vent sec de Nord et d'Est asséchera le vignoble, provoquant ainsi la concentration des raisins. Un vent d'ouest laissera présager de la pluie et d'une possible perte d'une partie, voire de la totalité, de la récolte.
Le régime hydrique annuel s'établit aux alentours de 860 mm. Les précipitations les plus abondantes se produisent en hiver et sont en relation directe avec les perturbations de l'Océan Atlantique. En revanche les pluies estivales avoisinent 50 à 60 mm par mois.
Le fort ensoleillement et les températures proches de 30°C en juillet et août accélèrent le processus de maturation des raisins. Mais c'est l'ensoleillement et le régime hydrique des mois de septembre et octobre qui feront la qualité du millésime.

Les Cépages :
Le Sémillon est un cépage originaire du sauternais; il n'était d'ailleurs présent qu'à cet endroit au XVIII°. Il s'est ensuite développé sur la rive droite de la Garonne puis dans le Sud-ouest, le Centre, etc. Le sémillon "pourrit" bien et régulièrement, ce qui en fait un cépage incontournable pour la production des vins liquoreux.
Très sensible lui aussi à la pourriture, mais plus difficile à cultiver, le sauvignon, à égalité au début du XXème siècle avec le sémillon, ne représente plus aujourd'hui que 25 % de l'encépagement en moyenne de l'appellation mais apparaît comme indispensable dans la composition des grands sauternes apportant finesse et arômes.

C'est aussi en cela que Guiraud offre une autre spécificité en ayant 35 % de sauvignon, et en obtenant avec ce cépage et la pourriture noble des résultats exceptionnels.

Le travail de la vigne :
La vigne requiert une attention constante et de nombreux travaux tout au long de l'année. Un travail soigné est la condition primordiale pour des raisins de qualité, même si le résultat final dépend toujours en grande partie de la nature et des aléas météorologiques...
Dans une appellation comme Sauternes, les attentions portées à la vigne sont encore plus spécifiques puisque l'objectif final est de favoriser au mieux le développement du botrytis, ennemi juré de la plupart des autres appellations.
A Guiraud, nous avons beaucoup travaillé sur la connaissance du développement de ce champignon que l'on essaie « d'apprivoiser » afin qu'il se propage le mieux possible ; nos méthodes culturales servent donc cet objectif.

La production : (certifiée « Bio » à partir du millésime 2011)
La production moyenne annuelle pour le 1er Cru Classé est de 100 000 bouteilles.
Certaines années, réputées très mauvaises comme 1991 et 1993 n'ont pas vu la naissance de 1er cru.
Le deuxième vin, Petit Guiraud, est issu de la production de jeunes vignes et d'une sélection effectuée lors des assemblages.
Le 1er cru est produit à partir des 85 ha de vignes d'appellation Sauternes.
Seuls les cépages sémillon (à 65%) et sauvignon (à 35%) sont cultivés à Guiraud avec une taille à cots pour le sémillon et à longs bois pour le sauvignon.
La densité est de 6660 pieds/ha (Porte greffe Riparia, 33 09, 101 14, 161 49).
L'âge moyen des vignes est de 35-40 ans.
Le rendement moyen est de 12 hl/ha. Le rendement maximum autorisé de l'appellation est de 25hl/ha.

Les vendanges :
Sont uniquement manuelles et réalisées par tries successives (2 à 6 tries) de raisins botrytisés.
Un degré potentiel minimum de 20° est requis pour débuter la récolte.

Vinification & élevage :
La fermentation, spontanée, s'effectue dans des barriques neuves renouvelées par tiers, pendant une durée allant de trois semaines à deux mois. Les différents lots sont fermentés jusqu'à l'équilibre qui leur est propre en fonction de leur sélection.
La chaptalisation, la cryoextraction et toutes autres techniques d'enrichissement sont absolument proscrites.
L'élevage réalisé sur fines lies, est effectué en barrique d'une durée de 18 à 24 mois suivant les millésimes avec soutirage tous les trois mois.

La Cuvée : Château Guiraud, Sauternes 1996

Superficie propriété :     128 ha dont 85 ha en production pour le 1er cru soit une production moyenne de 85 tonneaux (1 tonneau équivaut à 900 l soit 1200 bouteilles)
Densité plantation :        6600 pieds / hectare
Rendement moyen :      14 hl / ha (en 1996).
Age moyen vignoble :    35-40 ans (chaque année, 3 ha sont replantés)
Sol :                                   Graves sableuses sur 80% de la surface et de graves argileuses pour le reste du domaine.
Sous-sols :                    Sables translucides profonds, des graves pures traversées par endroit par des masses d'argile rouge, mais aussi des marnes calcaires, des bandes de calcaire à huîtres ou des argiles rouges et blanches
Encépagement :              Sauvignon 35 %, Sémillon 65 %
Taille :                               A côt (3 côts à 2 yeux) pour le Sémillon, à longs bois pour le Sauvignon
Vendanges :                    Vendanges manuelles des baies atteintes de Botrytis-Cinerea (pourriture noble) avec une richesse minimale 20° alcool potentiel.
La vendange est effectuée (120 vendangeurs) grain par grain.
Début : 28 Aout, Fin : Fin Octobre.
Vendanges manuelles uniquement par tries successives de raisins botrytisés.
Un degré potentiel mi,imum de 20° est requis pour débuter la récolte.
Nombre de tries : 5 tries, la plus importante : 2éme
Vinification :                   Fermentation : en barriques de chêne 90% neuves 10% issues d’un 1er vin durée 3 à 6 semaines.
Elevage : en barriques de 18 à 24 mois selon le millésime.
Alcool : 13,48 %
Sucres résiduels : 90 g/l.
Acidité totale : 4,18 g/l.

Sa dégustation, les commentaires :
La robe est très ambrée et dense, arborant presque la couleur d’un armagnac.
Le nez est puissant mais malheureusement sur des odeurs de térébenthine, d’éther, de quinquina et de colle blanche sur un fond miellé et de raisins secs. Après aération, il se montre plus avenant en s’axant sur de l’orange amère.
La bouche est bien équilibrée entre sucre et acidité, mais l’aromatique n’est pas au niveau , même si elle est plus agréable qu’au nez.
L’allonge est fort intéressante.
Certains ont trouvé que ce vin était oxydé.
Pour moi c’est de la déviance.

Pas de notation

(Appréciations de Jean-Loup).


C’est étonnant car les trois bouteilles de chaque vin sont goûtées avant puis, après feu vert, mélangées dans une grande carafe pour que chaque dégustateur ait la même chose dans son verre.
Les trois bouteilles auraient donc le même problème.
Contacté, le domaine ne comprend pas et évoque un problème de lot…

Il serait intéressant de regoûter un autre flacon de ce millésime.
Si l’un d’entre vous à cette opportunité, nous serons friands de connaître vos appréciations.

Curieuses, curieux, vous voulez en savoir plus sur les domaines ?
Voici leurs références.
En complément, prenez plaisir à consacrer quelques précieuses minutes à la consultation de l’onglet ‘’Dégustations - Présentations’’ dans le blog pour vous remémorer les particularités de ces 3 millésimes (2015, 2009 et 1996) dans ces deux belles appellations.

Mystère -  Domaine Huet
11, rue de la Croix-Buissée
37210 Vouvray
Tél. 02 47 52 78 87
Mail : contact@domainehuet.com
Web : www.domainehuet.com

1 - Domaine Albert Mann

13, Rue du Château
68920 Wettolsheim
Tél : 03 89 80 62 00
Fax : 03 89 80 34 23
Mail : vins@albertmann.com
Web www.albertmann.com 

2 - Chateau Coutet 
33720 Barsac 
Tel : 05 56 27 15 46

Fax : 05 56 27 02 20
Mail : info@chateaucoutet.com
Web : www.chateaucoutet.com

3 - Domaine Jean Siegler

26, rue des merles
68630 Mittelwhir
Tel : 03 89 47 90 70
Web : www.jeansiegler.fr
Mail : jean.siegler@wanadoo.fr

4 - Château Doisy-Daëne

15, Gravas
33720 Barsac
Tél :
05 56 62 96 51
Fax : 05 56 62 14 89
Mail : contact@denisdubourdieu.fr
Web : www.denisdubourdieu.fr

5 - Domaine Rolly Gassmann
1,2 rue de l'eglise
68590 Rorschwihr
Tél :  03 89 73 63 28
Fax : 03 89 73 33 06
Mail : rollygassmann@wanadoo.fr
Web : www.vinsalsace.com

6 - Château Guiraud

1 Château Guiraud
33210 Sauternes
Tél : 05 56 76 61 01
Fax : 05 56 76 67 52 
Mail : accueil@chateauguiraud.com 
Web : www.chateauguiraud.com

 

« Un grand merci à Jean-Michel et à Laurent qui ont très bien préparé cette séance, même si certains vins n’ont pas été au niveau attendu, mais ils n’y pouvaient rien !
Je ne tirerai aucune conclusion sur les valeurs comparées des deux appellations car cela n’aurait aucun sens, encore moins sur un si faible échantillon. Je peux simplement confirmer que les Sauternes, et même les Barsac, sont plus opulents que les Pinot Gris VT, mais que, bien choisis, ils ont suffisamment d’acidité pour les équilibrer. » (Jean-Loup )

Après avoir remercié Jean-Michel et Laurent pour la sélection des vins et l’organisation de la séance et naturellement Jean-Loup pour ses commentaires toujours aussi précis et synthétiques, je vous souhaite une bonne lecture ;  elle vous permettra, j’espère,  de vous remettre en mémoire cette belle et animée soirée.

Claude F. (le 30.12.2019)