samedi 20 décembre 2025

ROUSSANNE 

DECEMBRE 2025


En voilà un thème peu courant !
D’autant que l’ami Jean-Michel a dégoté uniquement des 100 % Roussanne !
Et comme il est malicieux, il nous a glissé un 100 % Marsanne au milieu, en nous prévenant quand même de la présence de cet intrus. D’ailleurs la liste des vins était fournie, mais pas l’ordre car nous étions en semi-aveugle ; enfin, de moins en moins, car chaque vin étant dévoilé après sa dégustation et après quelques commentaires échangés, la liste des vins non encore bus était donc de plus en plus limitée.


d'Arenberg - McLaren Vale - The Money Spider – Roussanne – 2024

 

D'Arenberg The Money Spider 2024.jpg



La robe est brillante, de couleur paille.
Le nez d’une belle intensité développe des fruits jaunes et des herbes aromatiques, complétés par une touche mentholée et une autre moins agréable, mais heureusement fugace, de térébenthine.
Le point fort de la bouche est son équilibre entre rondeur et vivacité. En revanche les curseurs de l’ampleur et de la densité sont à un niveau assez faible. L’aromatique reprend celle du nez, avec du miel en plus, et la finale d’allonge honnête est habillée de légers amers salivants.
Bien ++


Domaine Adrien Berlioz – Chignin Bergeron – Cuvée Raipoumpou – 2024


 

Adrien Berlioz Raipoumpou 2024.jpg



La robe affiche un or brillant.
Le nez généreux est axé sur les fruits jaunes, abricot et coing, teintés de notes de miel et d’amande.
L’attaque se révèle assez charnue mais, très vite, la bouche s’effile, voire s’effiloche, en perdant en densité et en aromatique, celle-ci s’avérant moins expressive qu’au nez. À l’inverse, l’acidité va crescendo et devient très forte dans la finale minérale.
Bien + et pourtant j’apprécie les vins tendus ; mais sur cette cuvée le millésime a frappé : trop d’acidité, matière pas assez mûre. Une grosse déception car ce doit être ma première mauvaise expérience avec ce domaine sur la petite trentaine relatée sur LPV, blancs et rouges confondus.


The Foundry – Stellenbosch Cape of Good Hope – Roussanne – 2022

 

The Foundry Roussanne 2022.jpg



La robe oscille entre paille et or.
Très expressif, le nez exhale des arômes de nèfle, d’herbes aromatiques, de fumé (encore un peu d’élevage ressenti) et prend une inflexion citronnée.
La bouche pleine, aromatique et plutôt dense se déploie avec une belle ampleur. Elle bénéficie d’un support acide qui lui donne du tonus et d’un boisé bien fondu dans la matière mûre. La finale de bonne allonge reste en même temps cossue et fringante.
Très Bien (+)


Domaine Bernard Gripa – Saint-Joseph – Le Berceau – 2022


 

Bernard Gripa Le Berceau 2022.jpg



Il s’agit de l’intrus car c’est un monocépage Marsanne.

La robe se présente sous un or dense et bien brillant.
Le nez d’une bonne intensité privilégie des senteurs miellées très prégnantes. Quelques accents floraux viennent à peine le compléter pour éviter un nez monocorde.
Charnue et enveloppée d’un certain gras, pour ne pas dire un gras certain, la bouche est dotée de saveurs plus neutres que les arômes du nez. L’acidité est au bas de la fourchette mais suffisante pour lui éviter toute mollesse. Elle est plus présente en finale où elle se complète de quelques amers.
Bien ++ / Très Bien

S’agissant du vin où l’acidité est la plus faible sur les quatre dégustés à ce moment-là, et avec une certaine charpente, on a pu s’orienter sur une Marsanne.


Domaine Yves Cuilleron – Saint-Joseph – Lieu-Dit Digue – 2024

 

Cuilleron Digue 2024.jpg



La robe hésite entre paille et or et j’hésite avec elle. 

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Moyennement expressif, le nez associe des arômes de poire, de fumé et d’agrumes, et se teinte de tonalités pierreuses.
La bouche étoffée et nappante, assez capiteuse, développe une belle aromatique en rétro-olfaction, avec notamment un fruité plus jaune qu’au nez. L’acidité peu marquée est quand même bien présente car elle affine la bouche, la guide et lui confère un grand équilibre.
Très Bien (+)

Je suis quand même surpris par la maturité et la sensation d’alcool pour un millésime tel que 2024. Si la Marsanne n’avait pas été révélée auparavant, j’aurais certainement parié sur une Marsanne 2022 du Rhône septentrional plutôt qu’une Roussanne 2024 du Rhône septentrional. Pas facile, le vin, quand on joue aux devinettes ! 

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Domaine de Fondrèche – Ventoux – Persia blanc – 2024

 

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L’or clair de la robe est teinté de reflets verts de jeunesse.
Le nez très généreux propose les classiques fruits jaunes mais se complexifie aussi par des arômes moins attendus, balsamiques et résineux.
Pleine et confortable, la bouche est assez riche, tant en alcool qu’en aromatique. C’est le Sud qui parle, plus que le millésime ! L’acidité mûre donne la mesure, mais c’est grâce à sa puissance maîtrisée que la finale persiste longuement.
Bien ++ / Très Bien 
Je suis confiant pour une garde supplémentaire de quelques années.


Domaine Peter Sichel – IGP Pays de Cucugnan – Roussanne Vieilles Vignes – 2022

 

Peter Sichel Roussanne 2022.jpg



La robe est parée d’un or clair bien brillant.
Le nez attire par son aromatique avenante qui combine des fruits blancs et des fruits jaunes avec de belles notes minérales caillouteuses.
La bouche, harmonieuse sur l’ensemble de son déroulé, se signale par une attaque vive, dynamique et fruitée. Puis elle prend du volume, s’élargit tout en s’allongeant, jusque dans la finale qui garde sa sapidité au boisé bien intégré.
Très Bien et une chouette découverte pour moi.
Là encore, les heureux possesseurs peuvent attendre deux ou trois ans sans risque.


Domaine Grand Veneur – Châteauneuf-du-Pape blanc – La Fontaine – 2023

 

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La robe arbore un or dense.
Le nez frappe par sa puissance, certainement le plus extraverti de la série, en associant l’abricot avec des marqueurs d’élevage (brioche beurrée, vanille et épices).
La bouche est dans la lignée, démonstrative, riche et capiteuse, au boisé très (trop ?) présent. Ce n’est que dans la finale que l’acidité se manifeste en lui apportant de la finesse.
Bien ++ en l’état mais la plupart des dégustateurs ont beaucoup aimé.

Pour ma part, je pense qu’il faudrait essayer d’attendre au moins dix ans pour tempérer cet effet « too much ». La question en corollaire porte sur l’acidité : est-elle suffisante pour faire tenir le vin aussi longtemps ?


Pour conclure, je dirai que le gros point fort de cette dégustation a été la quasi absence de vins trop boisés, comme c’est malheureusement trop souvent le cas avec les vins à base de Roussanne ou de Marsanne.
J’ai également beaucoup apprécié la diversité des régions, et même des pays !
Enfin le niveau des vins était tout à fait intéressant.

Un triple bravo donc à Jean-Michel ! 

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En 2026, on commencera avec une dégustation de vins des Pyrénées, inspirée d’une dégustation de LPV78, même si la sélection sera différente.
Bonnes fêtes d’ici-là !

Jean-Loup