dimanche 22 mars 2020

Grece

Avec un tel nom, notre club devait explorer ce pays où les amphores ont été tellement utilisées il y a plus de deux mille ans ! La Grèce, mais surtout ses îles car on y trouve les appellations les plus prestigieuses du pays, notamment pour les vins blancs.
Et pour réaliser cette très belle dégustation, Amphores a fait appel à son expert en vins étrangers : Jean-Michel ! (tu)

Je ne reprendrai que peu de précisions générales apportées par Jean-Michel sur les vins grecs, et notamment ceux dégustés, mais deux quand même.
Tous les vins dégustés sont issus de la viticulture biologique ou biodynamique, mais bien entendu ceci est favorisé par le climat très sec. A contrario, les vignerons ont besoin de rechercher de la fraîcheur pour leurs vins et ils utilisent plusieurs paramètres dans ce but : l’altitude, la brise marine, l’orientation nord et enfin une taille très particulière en couronne sur l’île de Santorin. Celle-ci permet au cep de résister aux vents et même de ne pas être arraché, mais également d’emmagasiner de l’humidité la nuit et de la restituer le jour.
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La sélection réalisée par Jean-Michel, très largement sur le millésime 2016 (un très beau millésime pour les blancs d’après le MW Yiannis Karakasis), a été très judicieuse pour viser des vins frais et digestes, comme on va le voir. Pierre, notre grand spécialiste sur LPV, pourra confirmer.

On commence par les rouges

Domaine Nostos – the Journey – Syrah – 2016

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Il s’agit d’un IGP de l’ouest de la Crète.

La robe est presque noire mais laisse voir des reflets violacés.
Le nez est peu intense et assez simple mais avenant en empruntant ses arômes à la gamme fruitée (fruits noirs) et épicée.
L’attaque est large, pleine de sève et chaleureuse. Une certaine vivacité, mais pas une vivacité certaine, est bienvenue pour tempérer un ensemble assez capiteux. Des tanins poudreux mais pas rugueux la soutiennent jusque dans une finale plus fraîche qui se montre salivante.
Bien ++


Domaine Lyrarakis- Plakoura – Mandilari – 2016

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Un autre IGP de la Crète, issu d’une zone plus centrale et du seul cépage mandilari, avec un vieillissement de 12 mois en fûts de différents âges.

La robe est très sombre et assez jeune.
D’une belle intensité le nez allie des fruits rouges et noirs avec des notes variées d’épices, de chocolat et de menthe.
La bouche est tendue et vive. Elle est gouleyante, rien ne dépasse mais elle manque un peu de sapidité et de longueur à mon goût.
Bien +(+) mais beau nez


Domaine Thymiopoulos – Naoussa – Terre et Ciel – Xinomavro – 2016

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Ce vin de monocépage xinomavro est issu de la région de Naoussa, au nord de la Grèce et a été élevé 18 mois en fûts français (pas de données sur leur âge).

La robe tranche avec les précédentes, car à la fois plutôt claire (typique du cépage) et aux reflets tuilés.
Le nez conjugue une grande intensité et une belle subtilité, sur des petits fruits rouges, ainsi que des notes florales et mentholées.
La bouche est toute en finesse et en fraîcheur, dotée d’un fruité suffisamment charnu et d’une allonge satisfaisante et bien salivante.
Pour moi on est proche d’un beau village de Bourgogne sur la finesse.
Très Bien (+) et le meilleur rouge de la soirée


Domaine Gaia – Nemea – S – 2016

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Cette cuvée est issue de l’appellation Nemea dans le nord-ouest du Péloponnèse, d’un assemblage à majorité d’agiorgitiko, complété par de la syrah et a été élevé en fûts de la forêt de Tronçais.

La robe noire se pare de reflets nettement violets.
Bien intense, l’aromatique est axée sur les fruits noirs, avec de la mûre, du cassis et du pruneau, ce qui la rend un peu monolithique, avec des nuances lactées pas du meilleur effet.
La bouche se montre corsée, charpentée, ample et assez capiteuse, habillée de tanins gras. Une acidité sous-jacente ne parvient pas à tempérer ce caractère fougueux et impactant. La finale d’une allonge correcte est bien fruitée.
Bien + mais je suis confiant pour son avenir : dans cinq ans environ le vin devrait s’être assagi.
Je dois dire que beaucoup l’ont mieux apprécié que moi et l’ont même considéré comme le meilleur rouge. Question de palais différents… C’est bien !


Domaine Parparoussis – Nemea – 2013

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On reste sur la même AOP, avec un monocépage agiorgitiko et un vin un peu plus âgé, élevé pendant deux ans dans des fûts neufs.

La robe est moyennement sombre et déjà évoluée.
Bien ouvert le nez confirme cette évolution par des fruits compotés et du sous-bois ; on perçoit également une touche vanillée mais ai-je été influencé par les caractéristiques de cet élevage luxueux ?
La bouche est équilibrée, aboutie, au grain encore assez dense et sur des arômes bien tertiaires de cuir et toujours de fruits compotés. Les tanins sont complètement fondus, sans doute aidés par l’élevage qui lui ne se ressent pas, même en le cherchant. Le vin a conservé une belle fraîcheur et la finale persistante se révèle assez savoureuse.
Bien ++ / Très Bien pour ce vin à son apogée qui peut y rester encore un peu.
Je dois dire que je craignais les deux ans de fûts neufs mais j’ai été rassuré.


On fait une transition avec un vin orange

Domaine Tetramythos – Patras – Roditis Orange Natur – 2017

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Ce vin orange est issu de l’appellation Patras dans le nord du Péloponnèse et du cépage roditis. Le domaine travaille en biodynamie, le vin a été élevé en amphores (yes!) et sans soufre ajouté.

La robe n’est pas franchement orange, plutôt intermédiaire entre l’ambre et l’orange, mais translucide (pas de soufre mais collage oui !).
Le nez s’ouvre bien à l’aération dans le verre et se montre appétant, avec même une certaine complexité : très floral, il développe aussi des notes de miel, de fruits jaunes et d’épices.
La bouche offre un bon compromis entre rondeur, fraîcheur, aromatique et buvabilité. Aucune note oxydative n’apparaît et la finale plutôt longue est très sapide sans être salivante.
Bien ++
C’est un vin bien fait à qui il ne manque qu’un peu de caractère, ce qui est inattendu pour un vin orange. Par ailleurs la combinaison amphores et sans soufre pouvait faire craindre une oxydation voire une déviance : il n’en est rien.


On poursuit avec les blancs

Domaine Sclavus – Robola de Céphalonie – Vino di Sasso – 2016

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Edit : il semble que malgré le nom sur l'étiquette le nom du domaine (et du vigneron) soit Sclavus.
Ce vin est issu de l’île de Céphalonie et du cépage robola qui donne aussi son nom à l’appellation.

La robe hésite entre paille et or.
Le nez est tellement puissant qu’on a un mouvement de recul lorsqu’on l’approche du verre ! Il faut dire que l’aromatique étonne par son association d’arômes avenants comme le pain d’épices, d’autres un peu moins comme la fumée et d’autres encore moins comme le vernis.
De l’autre côté du miroir, la bouche est beaucoup plus appréciable, avec un très léger perlant et une belle vivacité en attaque, puis un milieu de bouche et une finale plus joufflus et sapides, avec même une finale sur des amers assez nobles.
Bien ++


Domaine Sigalas – Santorini – 2016

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Le vin de monocépage assyrtiko a été élevé pour 15 % en fûts neufs et 85 % en fûts de quatre vins.

La robe est parée d’un or clair.
Puissant et classieux, le nez exhale des arômes de fruits jaunes, enveloppés par un beau et fin grillé, et teintés d’une touche iodée complexifiante.
Tout est harmonie en bouche, avec une rondeur enveloppée d’un gras confortable, une densité profonde, un élevage parfaitement intégré et une acidité structurante. Sur sa lancée, la finale joue la même partition, de grandes sapidité et persistance sur de magnifiques amers.
Très Bien +(+)
Le vin de la soirée pour la plupart mais alors que certains ont loué sa finesse, c’est plutôt sa puissance maîtrisée, tant au nez qu’en bouche, qui m’a conquis.


Domaine Hatzidakis – Santorini – Hommage à Haridimos – 2016

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Les vignes dont est issue cette cuvée ont deux cents ans ! C’est possible car le phylloxéra ne peut pas survivre sur le sol volcanique de l’île. Le vin de monocépage assyrtiko a été élevé en cuves.

La robe arbore un or moyen.
Le nez très intense virevolte entre fruits jaunes et épices, s’enrichissant d’une note pierreuse.
Le profil de la bouche est droit et dynamique, mais sans manquer de chair ni d’ampleur. La vivacité contribue à donner de l’allonge à la finale très goûteuse.
Très Bien +


On termine par un liquoreux

Domaine Sclavus – Muscat de Cephalonie – Vin doux du soleil – 2016

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Edit : il semble que malgré le nom sur l'étiquette le nom du domaine (et du vigneron) soit Sclavus.
Les vignes sont franches de pied. Les raisins sont passerillés sur claies au soleil pendant une dizaine de jours et l’élevage est réalisée en fûts de plusieurs vins.

La robe est ambrée mais claire.
D’une grande intensité immédiate, le nez explose d’abord sur les raisins secs puis les épices avant qu’une petite touche muscatée vienne rappeler le cépage.
La bouche possède une belle liqueur, assez riche, bien retendue par une grande acidité. La persistance est magnifique, certainement le vin le plus long de la soirée, sur de très beaux arômes confits aux accents d’orange amère.
Très Bien +


Cette séance se termine donc en beauté avec trois vins blancs de caractère.
Bravo à Jean-Michel qui, après l’Espagne et la Nouvelle-Zélande, a réussi la passe de trois avec brio. La salle était comble et est sortie enchantée ! :jump:


Jean-Loup

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