« Oyez, oyez, mariniers, gréer vos gabares pour nous
mener sous ce doux zéphyr automnal à Montloire afin d’honorer notre rencontre
avec le divin chenin.»
C’est bien à Montlouis sur Loire que nous avions décidé de poser nos
verres pour cette dégustation de rentrée en nous arrêtant essentiellement sur
la réalisation de leur vins demi-secs.
Si par le passé nous avions eu que très peu le loisir de
nous attarder, peu ou prou, sur les vins élaborés à partir du cépage chenin, en
mémoire, le vignoble rival Vouvray et une ballade à étapes sur le chemin des
chenins secs ligériens, nous n’avions jamais eu l’opportunité, ni envisager, de
s’arrêter dans le vignoble de Montlouis-sur-Loire.
Montlouis direz-vous ?
Un petit et bref rappel sur cette appellation, en fait, seulement
à quelques lieues de Bourges.
A Montlouis sur Loire, la vigne est présente depuis le Vème
siècle ; à cette époque la ville se
nommait Mons Laudium pour se
transformer successivement en Montloué,
Montloire, Montlouis .
Son essor est essentiellement du à la Loire, alors
navigable, et à son port d’où partaient notamment le vin et le tuffeau. La
Loire s’étant ensablé, l’activité portuaire a disparu, le vin étant resté une
activité agricole à part entière.
Entre Amboise et Tours, l'appellation fait face à celle de
Vouvray, sur la rive gauche de la Loire. Elle s'étend entre ce fleuve et le
Cher, limitée à l'est par la forêt d'Amboise.
Ses vins étaient à l'origine vendus sous le nom de ‘’Vin de
Vouvray’’, puis les trois communes de Montlouis-sur-Loire, de
Lussault-sur-Loire et de Saint-Martin-le-Beau ont obtenu leur propre AOC , tout
d’abord par décret en 1938, complété en 2009 , dénomination devenue
Montlouis-sur-Loire en 2002, pour une superficie actuelle de 447 ha.
Le vignoble bénéficie d'influences atlantiques et d'une
exposition au sud.
Les vignes sont plantées sur des sols composés, en surface,
d’argile, de sable et de silex. Mais ce qui fait la particularité du terroir
c’est le sous-sol dans lequel plongent ses racines. Le tuffeau (de la craie ou
calcaire du Turonien) y règne en maitre. Accessible à une profondeur variable
suivant le secteur, il transmet aux vins finesse et force de caractère.
Seul cépage cultivé, le chenin, aussi appelé pineau de la
Loire, fournit des vins tranquilles secs, demi-secs ou moelleux, la part de ces
styles variant selon les conditions météorologiques de l'année. L'appellation
produit aussi des mousseux élaborés selon la méthode traditionnelle ainsi que
quelques pétillants.
Les
vins de Montlouis-sur-Loire ont longtemps pâtis de la renommée de sa voisine
Vouvray, mais en l’espace d’une décennie, sous le dynamisme d’une jeune
génération volontaire et enthousiaste, l’appellation de la ‘’Rive Gauche’’ est
apparue en pleine lumière au point d’ombrager parfois sa ‘’rivale’’ de la
‘’Rive droite’’.
Quelques
chiffres pour mieux appréhender l’appellation :
Rendements
:
.
vins tranquilles et pétillant « Originel » : 52 hl/ha (rendement butoir : 65
hl/ha),
. vins de base pour mousseux et pétillants
: 65 hl/ha (rendement butoir : 78 hl/ha).
Titre alcoométrique naturel minimum :
Titre alcoométrique naturel minimum :
.
vins tranquilles : 10,5% (15% maximum après enrichissement),
.
vins de base des mousseux et pétillants : 9,5% (13% maximum après
enrichissement).
.
vin tranquille sec : 8g/l maximum de sucre résiduels.
. vin ‘’Pétillant originel’’ : titre
alcoométrique naturel minimum sur moût : 11,5%.
Les catégories des vins:
Les catégories des vins:
. Secs :
Moins de 5g de sucre résiduel par litre.
. Demi-sec :
Entre 8g et 25g de sucre résiduel par litre
. Moelleux : Supérieur à 25g et
jusqu'à 45g de sucre par litre
. Doux et Liquoreux : Supérieur à 45g de sucre
par litre, provenant uniquement de vendanges surmûries, ces grands vins de
garde résultent uniquement d’années exceptionnellement ensoleillées.
. Effervescents :
> Méthodes
traditionnelles : sont le résultat de 2 fermentations avec une pression
finale supérieure à 3 bars.
Elles peuvent recevoir une liqueur de dosage au dégorgement.
- jusqu’à 12g de sucre par litre pour le brut.
- entre 32g et 50g de sucre par litre pour le demi sec.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.
Elles peuvent recevoir une liqueur de dosage au dégorgement.
- jusqu’à 12g de sucre par litre pour le brut.
- entre 32g et 50g de sucre par litre pour le demi sec.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.
> Pétillants : sont le
résultat de 2 fermentations avec une pression finale de 1 à 2,5 bars.
Ils peuvent recevoir une liqueur de dosage au dégorgement.
- entre 17g et 32g de sucre par litre pour le sec.
- entre 32g et 50g de sucre par litre pour le demi sec.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.
Ils peuvent recevoir une liqueur de dosage au dégorgement.
- entre 17g et 32g de sucre par litre pour le sec.
- entre 32g et 50g de sucre par litre pour le demi sec.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.
> Pétillants originels (appelés
aussi ‘’Pétillants Naturels’’: sont le résultat d'une seule et unique
fermentation.
Pas de dosage au dégorgement.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.
Pas de dosage au dégorgement.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.
Pour cette dégustation de rentrée l’audience fut pour le
moins honorable : 34 participants, en y incluant les invités. Même si les
organisateurs auraient aimés recueillir un plus grand intérêt pour découvrir
(oui, découvrir) ces Montlouis Demi-secs chinés par l’ami Bernard, l’ambiance
bon enfant, qui a régné dans la salle
tout au long de la dégustation avec des dérivés potaches a pu faire oublier les
absences.
A défaut de me répéter, une large participation ne peut
qu’apporter du baume au cœur des organisateurs et permet de valider la justesse
de leur choix des thèmes des dégustations ainsi que de leur implication pour le déroulement de
celles-ci.
Revenons-donc au thème de notre dégustation ; les Montlouis Demi-secs dans le millésime
2015, en distinguant deux catégories : 6 vins présentant 15 gr/ litre de
sucres résiduels et 2 à 25 gr/litre de sucre résiduel ; l’ensemble étant
présenté pour une dégustation totalement à l’aveugle, vins présentés en carafes
avec discussions et délibérations au terme de la séance de dégustation.
Après un préalable dédié au planning de nos futures
rencontres ainsi que d’une présentation rapide de cette AOC Montlouis, il
convient donc de nous attarder sur la case obligatoire :
« Le vin mystère ? »
Pour l’organisateur, toujours compliqué de proposer les
flacons labellisés « Mystère » qui donneront le départ de la
dégustation et qui devront s’intégrer dans le thème proposé, apporter un plus à
celle-ci et ne pas rebuter les participants en leur proposant un Objet Vinicole
Non Identifiable.
Plein d’allant, Bernard se présente avec une carafe dans
chaque main (l’audience ne justifiant l’ouverture que de deux flacons), les
dépose afin de les faire circuler de verre en verre. Leur contenant nous
dévoile une robe jaune paille légèrement soutenue avec quelque reflets dorés.
Que ce cache donc derrière celle-ci ?
Une belle robe jaune paille soutenue habille le verre,
quelques reflets dorés sont perceptibles, la rotation du verre laisse trainer
sur ses parois quelques larmes.
Le nez s’ouvre sur ces vives et intenses senteurs florales,
fleurs blanches mélangées à un peu d’oranges confites, enrobant une alliance de
fragrances mélangeant de riches notes miellées, de coings, de pommes mûres,
reposant sur une trame minérale.
Sympathique ce nez, ces senteurs ne me sont pas inconnues.
Comment les replacer en mémoire ?
La bouche me mettra plus facilement sur la bonne piste.
L’attaque en bouche se révèle pleine de vivacité ,
intense, empreinte d’une droiture posée sur une structure mûre et équilibré
laissant échapper des titillements dont certains ont pu l’assimiler à du
perlant et d’autre à cette belle acidité pleine de résurgences citronnées.
En bouche, soutenue et bien en équilibre sur ce droit fil,
les riches arômes muris, miel, pommes, coings s’échappent tout en rondeur de
cette structure bien construite et, telles des ailes de papillons vont
délicieusement et tout à la fois en fraîcheur caresser la paroi buccale en y laissant
stagner quelques sensations minérales.
La finale se place à l’unisson des impressions précédentes :
fraicheur agréable, portée par cette vivacité, riche douceur de la sucrosité
des arômes fruités et miellés pou
constituer cette finalité harmonieuse source d’une persistante et séduisante
présence sensorielle.
Quel vin charmant, parfaitement taillé pour la gastronomie.
Bien +++
Mais, là est le hic : disséquer ce vin afin de trouver
son cépage majoritaire, sa région de production, son millésime et … plus si
possible.
Les supputations vont bon train autour de la salle , le tour
de France régional est enclenché, les noms de cépage fleurissent et une sourde
jubilation semble pointée chez Bernard devant tant d’imprécisions.
Le cépage chenin auquel je tente de me rallier semble tenir
la corde, j’ai en souvenir un Jasnières du Domaine Bellivière, mais cette
vivacité, posée sur ces flaveurs de fleurs blanches, ressentie dès le départ me
laisse dans l’expectative et je porte à croire qu’il ne s’agit pas de ce
cépage.
Mais qu’est-ce ?
Bernard, le sourire plein de satisfaction dévoile sa
‘’découverte’’.
Pourquoi donc vouloir aller chercher loin alors que nous
sommes tout simplement en présence du cépage local : le sauvignon et de plus
récolté dans la zone d’appellation de Pouilly-Fumé ?
Nous voilà donc en présence d’une production du vigneron Alexandre Bain avec sa cuvée ‘’Levée 15’’, Vin
de France produit sur l’appellation Pouilly-Fumé dans le millésime 2015, car sa
production s’est vue retirer en 2015 le droit d’utiliser la dénomination ‘’AOC
Pouilly-Fumé’’ par l’INAO pour refus de présentation à un contrôle obligatoire,
cette autorisation venant enfin de lui être réattribuée en 2017 suite à une
procédure judiciaire. Ouf !!!
Jeune vigneron, 39 ans, Alexandre Bain est installé depuis
2007 à Tracy-sur-Loire (Nièvre). Le domaine est constitué de 11 hectares, que
du Sauvignon, évidemment on est à Pouilly-Fumé.
La démarche d’Alexandre Bain est celle de la biodynamie, du
travail des vignes au cheval dans la plupart des parcelles, de la vendange
manuelle à parfaite maturité, et de la vinification avec les levures indigènes
et avec peu ou pas de soufre : l’ambition est de produire des vins
"naturels" qui traduisent l’essence du terroir plus que le simple
profil variétal du cépage. Une démarche parfois incomprise par les instances du
syndicat de l’appellation, d’où certaines cuvées en simple appellation Vin de
France…Il est le seul sur les 156 vignerons que compte le Syndicat viticole de
l'aire de Pouilly à produire des vins «naturels», avec une production de 40.000
litres par an.
Ses vignes sont installées sur deux sols différents :
. calcaire du Portlandien (135 millions d’années) sur 8 Ha,
avec peu ou pas de terre arable, forte pierrosité, qui apporte beaucoup de
rondeur, un coté très ensoleillé. Ce sol donne les cuvées Pierre Précieuse,
Terre d'Obus ainsi que Levée.
. calcaire du Kimméridgien (marne à petite huître - 140
millions d’années), terre plus grasse, plus difficile à travailler et qui
apporte plus de structure, de longueur au vin et de finesse. Donne la cuvée
Mademoiselle M. Cette dernière est sans soufre ajouté.
Côté vinification, rien de technologique et oenologique,
levures indigènes, pas d'ajout d'enzymes. Les vins ne sont pas collés. Les
premières cuvées reçoivent une quantité infime de soufre à la mise. Le résultat
offre des jus nets, tranchants, hautement expressifs et très gourmands.
‘’Levée 15’’ :
. vignes sur terroirs calcaires du Portlandien (135 millions
d’années) sur terre argilo-limoneuse-sablonneuse,
. vinification :
levures indigènes, pas de collage, zéro soufre et rendement contenu de
33hl/ha, élevé 17 mois en cuves.
. mise en bouteilles en janvier 2017.
. Achetée 22,80 € (Site :
www.petitescaves.com), cette cuvée fera le bonheur d’un apéritif, accompagnera
une coquille St Jacques, une belle queue (ou joue !) de lotte, cuisinée
simplement avec quelques épices et de la crème.
Ce vin aime aussi le fumé ; tuyau breton : accompagnez
le tout avec un écrasé de pommes de terres (une belle Bintje si possible) dans
lequel vous aurez mis quelques tronçons d’andouille…
Après ce délicieux et inattendu prélude revenons au thème
principal de notre dégustation, à savoir Montlouis demi-secs dans le millésime
2015.
Tous les vins sont présentés, dégustés à l’aveugle et
carafés juste avant leur service.
Vin N° 1 :
Demi-sec : 15 gr/litre de sucres résiduels
Conforme aux habitudes, une circulation des carafes un
tantinet lente et les deux flacons se rencontrent en fond de salle alors même
que des premières parcelles de commentaires se font entendre, éléments réellement
perturbateurs pour les participants en fin de service.
Les verres se parent d’une belle, limpide et brillante robe jaune
paille légèrement soutenue.
Le nez est happé par ces intenses effluves de pommes à la
limite du murissement (compotée), l’aération produite par la rotation de verre
dissipe celles-ci dans un nuage d’arômes végétaux et floraux, verveine, menthe
verte le tout posé sur une trame fine et offrant une palette olfactive d’une
certaine complexité.
L‘attaque en bouche est à la mesure de la sensation nasale, souple
et douce portée par ces arômes de pommes compotées qui amènent une plaisante et
immédiate sucrosité qui tend à dissimuler une faible acidité perceptible ainsi
que les notes florales et végétales ressenties
précédemment.
Le palais se complait dans l’immédiateté de cette doucereuse
et plaisante matière présente, ample et pleine de rondeur qui après avoir
atteint son sommet sensoriel s’estompe pour se cacher au point de disparaitre
et d’être supplantée par l’acidité qui n’était alors que faiblement
perceptible.
En fait des sensations bipolaires : sucre et douceurs
puis acidité.
Doit-on en déduire un manque d’équilibre et d’harmonie?
Il est à douter que certains répondent par l’affirmative.
La finale est à l’aune de ce séquençage, en finesse et
offrant une belle persistance mais elle se trouve serrée par cette trame acide donnant
cette vivacité qui peut faire oublier que l’on déguste un demi-sec.
Assez-Bien +
Vin N° 2 :
Demi-sec : 15 gr/litre de sucres résiduels
Au service, une belle teinte jaune paille vient se plaquer
sur les parois du verre, des nuances dorées y sont perceptibles. Très limpide
le vin s’impatiente pour s’exprimer. Le nez est accroché par ces odeurs de
pommes et de poires que l’on pourraient assimiler à une sortie de
pressoir ; du cidre !!!. Que nenni, car derrière ce nuage se dégagent
des discrètes notes florales, verveine, posée sur une compresse acidifiée
tempérant l’impression première et révélant à l’ensemble de la finesse avec un
ressenti de minéralité dans un second temps.
L’acidité s’impose immédiatement et vivement en bouche, elle
s’adoucit progressivement pour laisser la place
aux arômes développés par la sucrosité fournit par l’agrégat très
prégnant pommes-poires. Néanmoins l’ensemble reste nerveux, vifs, donnant sur
une matière bien présente un semblant de déséquilibre et dérangeant pour certains,
semble-t-il.
Cette nervosité bien séante nous entraine sur une finale
dont la trame met tout de suite en premier plan cette alliance de fruits
blancs, pommes et poires qui ne tarde pas à prendre le pas sur l’acidité et la
minéralité.
Ces dernières s’évanouissent et rendent cette finale
relativement volatile.
L’acidité présente alliée au volume de sucrosité permet de
tabler sur un potentiel qui devrait sûrement permettre au vin d’envisager un
avenir durant lequel tous les éléments acidifiants et sucres se fondraient avec
bonheur pour le dégustateur.
Assez-Bien +
Vin N° 3 :
Demi-sec : 15
gr/litre de sucres résiduels
Ce vin limpide se présente revêtue d’une chatoyante robe
d’un beau jaune paille nuancé par des reflets or.
En pleine rotation pour favoriser son aération, le vin
s’exprime intensément et comble le nez
avec ces arômes fruités, compotés desquels des fragrances de pommes, de
poires, coings et même de mirabelles sont présentes, sous-jacentes des notes
caramélisées émergent, des fragrances végétales sont perceptibles.
Cet afflux de senteurs est tempéré et est conduit sur une
trame acide et minérale qui apporte fraîcheur et sur laquelle repose la
totalité des sensations aromatiques donnant à cet ensemble une impression
d’équilibre quasiment inébranlable.
La première présence en bouche, franche, droite et nette, nous
surprend presque par sa vivacité. Non, pas de cette vivacité brutale ; mais
ici, rien que de la finesse, de cette vivacité qui est là pour apporter de le
fraîcheur, pour donner une contenance aux arômes sucrés, bref pour conduire les
sensations sur un ensemble fusionnel,
plaisant et charmeur pour le dégustateur.
La bouche est acquise par ces perceptions qui s’élargissent
afin de donner des ressentis doucereux, tout en équilibre au palais :
sucre, acide (minéralité), évanescences végétales. L’ensemble donne cette
agréable impression de ne former qu’un tout dont tous les éléments, sucres,
acides, alcool se sont agrégés dans une parfaite et délicate harmonie.
J’oublie d’en parler, mais la matière est là, présente, s’arrondissant
dans le palais, mais elle aussi, intégrée dans ce bel et délicat équilibre qui
appelle à la gourmandise de chacun.
La finale qui s’étire est toute dans la continuité des
impressions précédentes et se trouve à l’unisson des ressentis. Longue
persistance, richesse gourmande et fraîcheur peuvent la caractériser.
Vin ! que tu es goûteux et agréable !
Et comme dirait un célèbre acteur à la question :
‘’Que faites-vous après avoir bu 3 verres de vin ‘’,
La réponse : ‘’J’en bois un quatrième’’.
Cette remarque pourrait avec bonheur s’appliquer à cette
cuvée.
Bien ++
Vin N° 4 :
Demi-sec : 15
gr/litre de sucres résiduels
Le vin se présente très limpide dans sa brillante parure
jaune d’or pale offrant beaucoup de similitude avec les précédentes
présentations.
Dans le verre, le vin tourbillonne et laisse échapper,
toutes en finesse et d’une moyenne intensité, d’agréables notes végétales d’où
l’on distingue des senteurs de menthe, d’anis et de chlorophylle. Ces notes
végétales enrobent des arômes de fruits légèrement en compotées, pommes, poires
et petites prunes auxquelles se mélangent quelques notes citronnées ; tout
cet agrégat de senteurs reposant sur une fine trame acide et minérale très
typique au cépage chenin.
La bouche est presque surprise par la vivacité à la fois
franche et délicate ; celle-ci tend à se dissiper et s’effacer en partie
pour laisser la place à ces arômes de fruits blancs desquels s’échappent des
fragrances végétales et d’agrumes (citrons).
Le palais se complait avec cette matière présente, toute en agréable
rondeur et s’attarde avec bonheur avec ces fraiches sensations délivrées par
cet aromatique de fruits en compotées, de végétal et d’agrumes contenu dans une
bulle d’une belle acidité.
La perception de la délivrance des sensations tend à se
réaliser de façon séquentielle, acidité puis sucre puis acidité et non d’une
façon linéaire où l’ensemble des ingrédients sensoriel est fondu, en osmose, ce
que nous avions pu ressentir dans le précédent vin.
La finale plaisante s’étire toute en vivacité sans être
dérangeante, laissant d’agréables et fraîches sensations de fruits blancs en
compotées et citronnées en bouche.
Bien +
Vin N° 5 :
Demi-sec : 15
gr/litre de sucres résiduels
Que se passe-t-il avec ce nouveau vin ? Les carafes
n’ont pas même pas terminées leur tour de salle , que déjà des remarques
fusent, des exclamations jaillissent. Y-aurait-il problèmes ? En tout état
de cause nous n’allons pas tarder à se trouver devant le dilemme, nous qui
sommes assis en fond de salle.
Rien dans le visuel, le vin se présentant agréablement dans
sa belle robe jaune paille avec des nuances dorées.
Mais, inutile mettre le nez trop près du verre ; la
perception olfactive est forte et hautement, oui, hautement désagréable.
Des odeurs déviantes s’exhalent du verre ; chacun y va
naturellement de sa connotation. Personnellement j’y retrouve des odeurs
similaires à des réductions champignonnées, des linges mouillés mal séchés.
Aérons, oxygénons donc le verre et patientons. Les verres
INAO à notre disposition manquent véritablement de volume pour accélérer
l’aération. C’est compliqué et ces odeurs ne s’estompent vraiment pas et ont
semble-t-il imprégné le contenant.
Néanmoins en insistant des fragrances citronnées et
mentholées peuvent être décelées.
Avec témérité, il convient de goûter.
L’attaque en bouche est instantanément portée par une ligne
alcooleuse qui déséquilibre totalement la perception en bouche. Aucuns des éléments relatifs au cépage chenin
que nous attendions ne sont reconnaissables si ce n’est quelques notes
végétales et citronnées.
La finale est à l’aune de cette déstructuration, fluide,
sans réelle définition et asséchante.
Faut-il oublier ce vin ?
Non, il faut lui donner une seconde chance.
Nous ne l’avons, en tout état de cause, sûrement pas gouté
dans les bonnes conditions car il ya fort a pensé qu’un passage en carafe de
plusieurs heures aurait changé la donne.
Donc à revoir.
Et puis, surprise, quelques jours après cette dégustation,
Bernard qui a rapporté un fond de bouteille chez lui me fait part de ce
commentaire :
« Bue
après 3 jours d'aération dans la bouteille.
Robe
or à reflet paille, nez ouvert net et sans défaut, d'une belle finesse sur la
compote de pomme, de l'amande et de la poire.
L'attaque
en bouche est dominé par le citron et la pomme verte vient ensuite des notes
plus miellées et pomme cuite à l'aération.
Finale
acidulée et gourmande les petites notes miellée et une fine amertume restant en
bouche ».
Ceci me réconforte et confirme donc avec
force notre conclusion, à savoir qu’une obligatoire et longue aération s’impose
pour que ce vin soit en condition pour sa dégustation.
Aucune appréciation (à revoir)
Vin N° 6 :
Demi-sec : 16,2
gr/litre de sucres résiduels
Après cette déception, on ne peut dire autrement, scrutons
cette belle robe jaune or relativement pâle qui enrobe notre verre, d’une
franche limpidité ; quelques reflets verts sont également décelables.
Le vin serait-il capricieux et ne pas vouloir se dévoiler ?
Très discret à la première approche, il demande quelques
rotations dans le verre pour s’aérer et commencer à de se dénuder pour dévoiler
avec plaisir une belle, fine, complexe et intense palette aromatique et nous
propose en premier plan de magnifiques notes de fruits, à la fois pommes ,
poires et pêches ainsi que des notes mellifères qui se réunissent, se
mélangeant en second plan aux agrumes et aux fleurs blanches.
Des sensations olfactives hors pair et prometteuses.
L’attaque en bouche vive, est dominée par une belle acidité
apportée par ces fragrances citronnées qui se mettre en osmose avec les notes
sucrées d’origine fruitée et miellée. Le palais s’élargit, se délie pour
accepter une riche caresse procurée par cette matière complexe et de grande
classe, où le sucre harmonieusement intégré est en équilibre parfait avec cette
acidité qui procure une fraîcheur des plus vivifiante, gourmande et d’une
grande délicatesse.
L’ensemble constituant un mélange empreint de finesse et
d’élégance s’étire longuement sur une trame d’une légère amertume dans une
finale où les émanations aromatiques se dissipent très lentement.
Un vin d’une grande classe, à ne pas en douter d’un gros
potentiel de garde et (si je n’ai pas encore évoquer ce volet auparavant) de
haute gastronomie.
Bien +++
Vin N° 7 :
Demi-sec : 25
gr/litre de sucres résiduels
Premier des deux vins proposés dans cette catégorie.
Le verre se pare d’une belle robe jaune d’or très brillante
(presque métallisée) dans laquelle se distinguent quelques reflets verts.
Le vin d’une parfaite limpidité s’ouvre immédiatement au nez
et lui délivre une palette aromatique d’une réelle complexité. Posée sur une
délicate trame acide et minérale, plusieurs catégories de senteurs se
distinguent, les fruitées (pommes, pommes, poires complétées par des notes
mellifères), au même niveau, les exotiques (citron, pamplemousse), complétées
par des notes d’amandes douces, de fleur d’oranger, de cédrat.
Ce panel de sensations olfactives ne peut que précipiter la
mise en bouche.
L’attaque en bouche se distingue par cette dualité :
douceur, acidité, donnant des premières sensations goûteuses et affriolantes.
Toute de soie revêtue, la bouche est emplie par la riche
générosité de cette imposante matière parfaitement imbibée de saveurs en osmose
dans lesquelles se retrouvent les fruits blancs mûris (en compotée), les
saveurs exotiques ainsi que quelques émanations vanillées, enveloppée dans une bulle de fraîcheur procurée par
l’acidité et la minéralité présentes. Tous ces ingrédients donnent l’impression
d’être assemblés avec une rigoureuse précision et de manière harmonieuse, ce
qui ne manque pas de donner ce parfait équilibre à la structure.
La rondeur capiteuse, sous-tendue par la minéralité, qui se
dégage de cet ensemble s’étire très, très longuement dans une finale empreinte
de plaisirs gourmands.
Vin ‘’classieux’’, actuellement et véritablement pour
quelques années encore.
Du bonheur !!!
Très bien
Vin N° 8 :
Demi-sec : 25
gr/litre de sucres résiduels
Pour terminer notre série dégustative, notre verre se drape
dans une tunique brillante jaune d’or vraiment soutenue, laquelle tranche avec
toutes les présentations précédentes. L’œil aurait pu reconnaître une livrée
sauternaise.
Immédiatement le vin se dévoile et le nez s’emplit d’arômes concentrés
présageant une certaine puissance dans lesquels des notes végétales, menthe,
des fragrances d’amande, s’extraient de senteurs fruitées, pommes et poires en compotées.
L’ensemble étant enveloppé par un voile acide, minéral procurant fraicheur et équilibrant l’ensemble des perceptions.
Une gracile minéralité vient immédiatement titiller nos
papilles ; presque fugace cette sensation s’éloigne car de belles notes
sucrées viennent contrebalancées le ressenti initial et apportent gras et
opulence sans aucune ostentation. Très belle impression première qui préfigure
certainement de l’équilibre qu’a voulu rechercher le vigneron.
La encore, je me répète, le palais donne cette belle
impression de recevoir les caresses d’ailes de papillons se déployant et qui
par leurs battements stimulent le palais avec une grâce et douceur ; ces
dernières enveloppant une matière riche, racée et toute en harmonie (équilibre)
entre le sucré et cette belle acidité minérale.
Une belle bouche en somme.
Mais cette belle harmonie est néanmoins perturbée en finale
par un point de désagrément consistant en une prédominance de la minéralité sur
la trame sucrée allant donner à cette finale , par ailleurs longue et d’une belle richesse , un soupçon de
sensation asséchante provoquée par des perceptions alcooleuses.
Pour moi, il est dommage que cette finale ne soit pas la
fidèle continuité de la riche gourmandise ressentie en bouche.
Malgré ce hiatus , un vin bien constitué aux arômes
complexes dont l’équilibre primaire est bien présent et sans aucun doute d’un
beau potentiel.
Bien ++
Notre séance se termine, il convient maintenant de mettre un
visage sur chaque numéro.
Cuvée
‘’Montlouis Tendre’’ Prix : 7,90 €
Cave des Producteurs de
Montlouis
2 Route de
Saint-Aignan
37270
Montlouis-sur-Loire
02 47 50 80 98
Cuvée
‘’A Cabane’’ Prix :
14,00 €
Domaine Benoît &
Julie Mérias
41 route de
Montlouis
37270 St Martin
le Beau
02 47 74 61 90
Cuvée
‘’Jade’’ Prix :
11,00 €
Gabrièle
et Régis Dansault
1,rue
Gaspard-Monge
37270 Montlouis-sur-Loire
37270 Montlouis-sur-Loire
02 47 44 36 23
Cuvée
‘’Authentique’’ Prix : 12,50 €
Franck Breton
1 bis, rue de la Résistance,
37270 Saint-Martin-le-Beau
02 47 50 23 24
1 bis, rue de la Résistance,
37270 Saint-Martin-le-Beau
02 47 50 23 24
Cuvée
‘’Les Borderies’’ Prix : 16,00 €
Domaine Le Rocher des Violettes
Xavier Weisskopf
34, rue de la Roche
37150 Dierre
02 47 23 52 08
N° : 6 Domaine François Chidaine
Cuvée
‘’Les Tuffeaux’’ Prix : 18,00 €
Domaine François Chidaine
30 Quai Albert
Baillet
37270
Montlouis-sur-Loire
02 47 45 19 14
N° : 7 Domaine Bertrand Jousset
Domaine Bertrand Jousset
36 Rue des
Bouvineries
37270
Montlouis-sur-Loire
02 47 50 70 33
N° : 8 Domaine La Grange Tiphaine
Domaine La Grange Tiphaine
1407 Rue du Clos
Chauffour
37400 Amboise
02 47 30 53 80
Après toutes ces appréciations et indications, je n’oublie
pas de vous parler accords et gastronomie, et à cet effet, je reprend quelques
commentaires ‘’piqués’’ dans différents sites.
«Quels accords sur
un Montlouis demi-sec ?
Les blancs demi-secs,
qui sont un peu une spécialité de la Loire, posent parfois des problèmes à de
nombreux amateurs qui ne savent pas trop sur quel pied danser. Trop de sucre
pour un poisson au four, pas assez pour une tarte Tatin, alors que faire ? En
fait, à l’usage, on se rend compte que ces blancs, à la matière bien tendue par
une acidité minérale (ce qui est typiquement le cas du chenin), supportent
parfaitement d’être “arrondis” par une pointe de sucre résiduel. Une belle
acidité tranchante équilibrera le vin qui paraitra à peine sucré et le sucre
gommera un peu le tranchant de l’acidité… Du coup les demi-secs de Montlouis
font très bon ménage avec une cuisine exotique bien épicée, des tajines
sucrés/salés, de nombreux plats de la cuisine thaï, des currys assez relevés
(poulet ou poisson comme la lotte). Ils fonctionnent également bien avec des
fromages à pâte persillée ou sur des desserts aux fruits (tarte aux pommes ou
salade de fruits). »
Je remercie Bernard pour le choix de ses vins ainsi
que de ses notes de dégustations sans lesquels ce compte-rendu n’aurait pas pu
être rédigé.
Surtout, je vous le rappelle, n’hésitez-pas à vous
exprimer, tant sur la dégustation que sur les commentaires.
Claude F.
J'avais à cœur de montrer une des nombreuses facettes de ce grand cépage ligérien qu'est le chenin dans sa version demi sec.
RépondreSupprimerUn peu délaissé aujourd'hui au profit des secs ,avec le travail de cette nouvelle génération de vignerons montlouisiens il à de nombreux atouts on peut le constater avec cette dégustation.
Une autre précision ces vins ont un très grand potentiel de garde j'ai même dégusté lors de me visites un millésime 2002 pour moins de 9 €.
J'adresse à mon ami Claude mes chaleureux remerciements pour la présentation et la rédaction des commentaires de cette belle dégustation.
Bernard C
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RépondreSupprimerBravo pour cette dégustation !
RépondreSupprimerJe regrette doublement de n'avoir pu y participer :
- pour le VDF d'Alexandre Bain dont j'ai beaucoup entendu parler et que je n'ai jamais goûté ;
- pour la qualité des vignerons choisis par Bernard sur l'appellation Montlouis. Tous les grands sont là et terminent en tête dans les appréciations de Claude. Je suis en effet surpris par la difficulté à boire sans aération "Les Borderies" du domaine du Rocher des Violettes et regrette de ne toujours pas avoir dégusté les vins de Lise et Bertrand Jousset. Ceux qui veulent avoir une vision complète des stars de l'appellation rajouteront Jacky Blot du domaine de la Taille aux Loups mais il est vrai que ses sélections parcellaires en sec sont beaucoup plus intéressantes que son demi-sec.
Jean-Loup
Jean Loup je me suis rendu à la Taille aux Loups lors ma première visite à Montlouis à ma grande surprise Jacky Blot ne fait plus de demi sec.
Supprimerles Borderies ont été carafé environ pendant 1h30 au service après aération dans mon verre Authentis j'avais personnellement un côté réduit moins marqué , et lors de ma visite au Rocher de violettes Xavier Weisskopf m'avait dit de faire une longue aération.
Je rajouterais dans ma liste de vignerons ,Frantz Saumon;Ludovic Chanson;Les Pierres Écrites etc
Bernard C