mercredi 4 octobre 2017

Dégustation du 14.09.2017 Montlouis Demi-sec





« Oyez, oyez, mariniers, gréer vos gabares pour nous mener sous ce doux zéphyr automnal à Montloire afin d’honorer notre rencontre avec le divin chenin.»

C’est bien à Montlouis  sur Loire que nous avions décidé de poser nos verres pour cette dégustation de rentrée en nous arrêtant essentiellement sur la réalisation de leur vins demi-secs. 
Si par le passé nous avions eu que très peu le loisir de nous attarder, peu ou prou, sur les vins élaborés à partir du cépage chenin, en mémoire, le vignoble rival Vouvray et une ballade à étapes sur le chemin des chenins secs ligériens, nous n’avions jamais eu l’opportunité, ni envisager, de s’arrêter dans le vignoble de Montlouis-sur-Loire.

Montlouis direz-vous ?
Un petit et bref rappel sur cette appellation, en fait, seulement à quelques lieues de Bourges.
A Montlouis sur Loire, la vigne est présente depuis le Vème siècle ;  à cette époque la ville se nommait Mons Laudium pour se transformer successivement en Montloué, Montloire, Montlouis .
Son essor est essentiellement du à la Loire, alors navigable, et à son port d’où partaient notamment le vin et le tuffeau. La Loire s’étant ensablé, l’activité portuaire a disparu, le vin étant resté une activité agricole à part entière.
Entre Amboise et Tours, l'appellation fait face à celle de Vouvray, sur la rive gauche de la Loire. Elle s'étend entre ce fleuve et le Cher, limitée à l'est par la forêt d'Amboise.
Ses vins étaient à l'origine vendus sous le nom de ‘’Vin de Vouvray’’, puis les trois communes de Montlouis-sur-Loire, de Lussault-sur-Loire et de Saint-Martin-le-Beau ont obtenu leur propre AOC , tout d’abord par décret en 1938, complété en 2009 , dénomination devenue Montlouis-sur-Loire en 2002, pour une superficie actuelle de 447 ha.
Le vignoble bénéficie d'influences atlantiques et d'une exposition au sud.
Les vignes sont plantées sur des sols composés, en surface, d’argile, de sable et de silex. Mais ce qui fait la particularité du terroir c’est le sous-sol dans lequel plongent ses racines. Le tuffeau (de la craie ou calcaire du Turonien) y règne en maitre. Accessible à une profondeur variable suivant le secteur, il transmet aux vins finesse et force de caractère.
Seul cépage cultivé, le chenin, aussi appelé pineau de la Loire, fournit des vins tranquilles secs, demi-secs ou moelleux, la part de ces styles variant selon les conditions météorologiques de l'année. L'appellation produit aussi des mousseux élaborés selon la méthode traditionnelle ainsi que quelques pétillants.
Les vins de Montlouis-sur-Loire ont longtemps pâtis de la renommée de sa voisine Vouvray, mais en l’espace d’une décennie, sous le dynamisme d’une jeune génération volontaire et enthousiaste, l’appellation de la ‘’Rive Gauche’’ est apparue en pleine lumière au point d’ombrager parfois sa ‘’rivale’’ de la ‘’Rive droite’’.
Quelques chiffres pour mieux appréhender l’appellation :
Rendements :
. vins tranquilles et pétillant « Originel » : 52 hl/ha (rendement butoir : 65 hl/ha),
     . vins de base pour mousseux et pétillants : 65 hl/ha (rendement butoir : 78 hl/ha).
Titre alcoométrique naturel minimum :
. vins tranquilles : 10,5% (15% maximum après enrichissement),
. vins de base des mousseux et pétillants : 9,5% (13% maximum après enrichissement).
. vin tranquille sec : 8g/l maximum de sucre résiduels.
      . vin ‘’Pétillant originel’’ : titre alcoométrique naturel minimum sur moût : 11,5%.
Les catégories des vins:
. Secs : Moins de 5g de sucre résiduel par litre.
. Demi-sec : Entre 8g et 25g de sucre résiduel par litre
. Moelleux : Supérieur à 25g et jusqu'à 45g de sucre par litre
. Doux et Liquoreux : Supérieur à 45g de sucre par litre, provenant uniquement de vendanges surmûries, ces grands vins de garde résultent uniquement d’années exceptionnellement ensoleillées.
. Effervescents :
> Méthodes traditionnelles : sont le résultat de 2 fermentations avec une pression finale supérieure à 3 bars.
Elles peuvent recevoir une liqueur de dosage au dégorgement.
- jusqu’à 12g de sucre par litre pour le brut.
- entre 32g et 50g de sucre par litre pour le demi sec.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.
> Pétillants : sont le résultat de 2 fermentations avec une pression finale de 1 à 2,5 bars.
Ils peuvent recevoir une liqueur de dosage au dégorgement.
- entre 17g et 32g de sucre par litre pour le sec.
- entre 32g et 50g de sucre par litre pour le demi sec.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.
> Pétillants originels (appelés aussi ‘’Pétillants Naturels’’: sont le résultat d'une seule et unique fermentation.
Pas de dosage au dégorgement.
Elevage minimum sur lattes : 9 mois.

Pour cette dégustation de rentrée l’audience fut pour le moins honorable : 34 participants, en y incluant les invités. Même si les organisateurs auraient aimés recueillir un plus grand intérêt pour découvrir (oui, découvrir) ces Montlouis Demi-secs chinés par l’ami Bernard, l’ambiance bon enfant,   qui a régné dans la salle tout au long de la dégustation avec des dérivés potaches a pu faire oublier les absences.
A défaut de me répéter, une large participation ne peut qu’apporter du baume au cœur des organisateurs et permet de valider la justesse de leur choix des thèmes des dégustations ainsi que de  leur implication pour le déroulement de celles-ci.

Revenons-donc au thème de notre dégustation ;  les Montlouis Demi-secs dans le millésime 2015, en distinguant deux catégories : 6 vins présentant 15 gr/ litre de sucres résiduels et 2 à 25 gr/litre de sucre résiduel ; l’ensemble étant présenté pour une dégustation totalement à l’aveugle, vins présentés en carafes avec discussions et délibérations au terme de la séance de dégustation.
Après un préalable dédié au planning de nos futures rencontres ainsi que d’une présentation rapide de cette AOC Montlouis, il convient donc de nous attarder sur la case obligatoire :

«  Le vin mystère ? » 

Pour l’organisateur, toujours compliqué de proposer les flacons labellisés « Mystère » qui donneront le départ de la dégustation et qui devront s’intégrer dans le thème proposé, apporter un plus à celle-ci et ne pas rebuter les participants en leur proposant un Objet Vinicole Non Identifiable.

Plein d’allant, Bernard se présente avec une carafe dans chaque main (l’audience ne justifiant l’ouverture que de deux flacons), les dépose afin de les faire circuler de verre en verre. Leur contenant nous dévoile une robe jaune paille légèrement soutenue avec quelque  reflets dorés.
Que ce cache donc derrière celle-ci ?

Une belle robe jaune paille soutenue habille le verre, quelques reflets dorés sont perceptibles, la rotation du verre laisse trainer sur ses parois quelques larmes.
Le nez s’ouvre sur ces vives et intenses senteurs florales, fleurs blanches mélangées à un peu d’oranges confites, enrobant une alliance de fragrances mélangeant de riches notes miellées, de coings, de pommes mûres, reposant sur une trame minérale.
Sympathique ce nez, ces senteurs ne me sont pas inconnues. Comment les replacer en mémoire ?
La bouche me mettra plus facilement sur la bonne piste.
L’attaque en bouche se révèle pleine de vivacité , intense, empreinte d’une droiture posée sur une structure mûre et équilibré laissant échapper des titillements dont certains ont pu l’assimiler à du perlant et d’autre à cette belle acidité pleine de résurgences citronnées.
En bouche, soutenue et bien en équilibre sur ce droit fil, les riches arômes muris, miel, pommes, coings s’échappent tout en rondeur de cette structure bien construite et, telles des ailes de papillons vont délicieusement et tout à la fois en fraîcheur caresser la paroi buccale en y laissant stagner quelques sensations minérales.
La finale se place à l’unisson des impressions précédentes : fraicheur agréable, portée par cette vivacité, riche douceur de la sucrosité des  arômes fruités et miellés pou constituer cette finalité harmonieuse source d’une persistante et séduisante présence sensorielle.
Quel vin charmant, parfaitement taillé pour la gastronomie.
Bien +++

Mais, là est le hic : disséquer ce vin afin de trouver son cépage majoritaire, sa région de production, son millésime et … plus si possible.
Les supputations vont bon train autour de la salle , le tour de France régional est enclenché, les noms de cépage fleurissent et une sourde jubilation semble pointée chez Bernard devant tant d’imprécisions.
Le cépage chenin auquel je tente de me rallier semble tenir la corde, j’ai en souvenir un Jasnières du Domaine Bellivière, mais cette vivacité, posée sur ces flaveurs de fleurs blanches, ressentie dès le départ me laisse dans l’expectative et je porte à croire qu’il ne s’agit pas de ce cépage.

Mais qu’est-ce ?

Bernard, le sourire plein de satisfaction dévoile sa ‘’découverte’’.
Pourquoi donc vouloir aller chercher loin alors que nous sommes tout simplement en présence du cépage local : le sauvignon et de plus récolté dans la zone d’appellation de Pouilly-Fumé ?

Nous voilà donc en présence d’une production du vigneron Alexandre Bain avec sa cuvée ‘’Levée 15’’, Vin de France produit sur l’appellation Pouilly-Fumé dans le millésime 2015, car sa production s’est vue retirer en 2015 le droit d’utiliser la dénomination ‘’AOC Pouilly-Fumé’’ par l’INAO pour refus de présentation à un contrôle obligatoire, cette autorisation venant enfin de lui être réattribuée en 2017 suite à une procédure judiciaire. Ouf !!!

Jeune vigneron, 39 ans, Alexandre Bain est installé depuis 2007 à Tracy-sur-Loire (Nièvre). Le domaine est constitué de 11 hectares, que du Sauvignon, évidemment on est à Pouilly-Fumé.
La démarche d’Alexandre Bain est celle de la biodynamie, du travail des vignes au cheval dans la plupart des parcelles, de la vendange manuelle à parfaite maturité, et de la vinification avec les levures indigènes et avec peu ou pas de soufre : l’ambition est de produire des vins "naturels" qui traduisent l’essence du terroir plus que le simple profil variétal du cépage. Une démarche parfois incomprise par les instances du syndicat de l’appellation, d’où certaines cuvées en simple appellation Vin de France…Il est le seul sur les 156 vignerons que compte le Syndicat viticole de l'aire de Pouilly à produire des vins «naturels», avec une production de 40.000 litres par an.
Ses vignes sont installées sur deux sols différents :
. calcaire du Portlandien (135 millions d’années) sur 8 Ha, avec peu ou pas de terre arable, forte pierrosité, qui apporte beaucoup de rondeur, un coté très ensoleillé. Ce sol donne les cuvées Pierre Précieuse, Terre d'Obus ainsi que Levée.
. calcaire du Kimméridgien (marne à petite huître - 140 millions d’années), terre plus grasse, plus difficile à travailler et qui apporte plus de structure, de longueur au vin et de finesse. Donne la cuvée Mademoiselle M. Cette dernière est sans soufre ajouté.
Côté vinification, rien de technologique et oenologique, levures indigènes, pas d'ajout d'enzymes. Les vins ne sont pas collés. Les premières cuvées reçoivent une quantité infime de soufre à la mise. Le résultat offre des jus nets, tranchants, hautement expressifs et très gourmands.

En ce qui concerne plus particulièrement la cuvée dégustée : 
‘’Levée 15’’ :
. vignes sur terroirs calcaires du Portlandien (135 millions d’années) sur terre argilo-limoneuse-sablonneuse,
. vinification :  levures indigènes, pas de collage, zéro soufre et rendement contenu de 33hl/ha, élevé 17 mois en cuves.
. mise en bouteilles en janvier 2017.

. Achetée 22,80 € (Site : www.petitescaves.com), cette cuvée fera le bonheur d’un apéritif, accompagnera une coquille St Jacques, une belle queue (ou joue !) de lotte, cuisinée simplement avec quelques épices et de la crème.
Ce vin aime aussi le fumé ; tuyau breton : accompagnez le tout avec un écrasé de pommes de terres (une belle Bintje si possible) dans lequel vous aurez mis quelques tronçons d’andouille…

Après ce délicieux et inattendu prélude revenons au thème principal de notre dégustation, à savoir Montlouis demi-secs dans le millésime 2015.
Tous les vins sont présentés, dégustés à l’aveugle et carafés juste avant leur service.


Vin N° 1 :
Demi-sec : 15 gr/litre de sucres résiduels

Conforme aux habitudes, une circulation des carafes un tantinet lente et les deux flacons se rencontrent en fond de salle alors même que des premières parcelles de commentaires se font entendre, éléments réellement perturbateurs pour les participants en fin de service.

Les verres se parent d’une belle, limpide et brillante robe jaune paille légèrement soutenue.
Le nez est happé par ces intenses effluves de pommes à la limite du murissement (compotée), l’aération produite par la rotation de verre dissipe celles-ci dans un nuage d’arômes végétaux et floraux, verveine, menthe verte le tout posé sur une trame fine et offrant une palette olfactive d’une certaine complexité.
L‘attaque en bouche est à la mesure de la sensation nasale, souple et douce portée par ces arômes de pommes compotées qui amènent une plaisante et immédiate sucrosité qui tend à dissimuler une faible acidité perceptible ainsi que les notes florales et végétales ressenties  précédemment.
Le palais se complait dans l’immédiateté de cette doucereuse et plaisante matière présente, ample et pleine de rondeur qui après avoir atteint son sommet sensoriel s’estompe pour se cacher au point de disparaitre et d’être supplantée par l’acidité qui n’était alors que faiblement perceptible.
En fait des sensations bipolaires : sucre et douceurs puis acidité.
Doit-on en déduire un manque d’équilibre et d’harmonie? Il est à douter que certains répondent par l’affirmative.
La finale est à l’aune de ce séquençage, en finesse et offrant une belle persistance mais elle se trouve serrée par cette trame acide donnant cette vivacité qui peut faire oublier que l’on déguste un demi-sec.

Assez-Bien +

Vin N° 2 :
Demi-sec : 15 gr/litre de sucres résiduels

Au service, une belle teinte jaune paille vient se plaquer sur les parois du verre, des nuances dorées y sont perceptibles. Très limpide le vin s’impatiente pour s’exprimer. Le nez est accroché par ces odeurs de pommes et de poires que l’on pourraient assimiler à une sortie de pressoir ; du cidre !!!. Que nenni, car derrière ce nuage se dégagent des discrètes notes florales, verveine, posée sur une compresse acidifiée tempérant l’impression première et révélant à l’ensemble de la finesse avec un ressenti de minéralité dans un second temps.
L’acidité s’impose immédiatement et vivement en bouche, elle s’adoucit progressivement pour laisser la place  aux arômes développés par la sucrosité fournit par l’agrégat très prégnant pommes-poires. Néanmoins l’ensemble reste nerveux, vifs, donnant sur une matière bien présente un semblant de déséquilibre et dérangeant pour certains, semble-t-il.
Cette nervosité bien séante nous entraine sur une finale dont la trame met tout de suite en premier plan cette alliance de fruits blancs, pommes et poires qui ne tarde pas à prendre le pas sur l’acidité et la minéralité.
Ces dernières s’évanouissent et rendent cette finale relativement volatile.
L’acidité présente alliée au volume de sucrosité permet de tabler sur un potentiel qui devrait sûrement permettre au vin d’envisager un avenir durant lequel tous les éléments acidifiants et sucres se fondraient avec bonheur pour le dégustateur.

Assez-Bien +

Vin N° 3 :
Demi-sec :  15 gr/litre de sucres résiduels
Ce vin limpide se présente revêtue d’une chatoyante robe d’un beau jaune paille nuancé par des reflets or.
En pleine rotation pour favoriser son aération, le vin s’exprime intensément et comble le nez  avec ces arômes fruités, compotés desquels des fragrances de pommes, de poires, coings et même de mirabelles sont présentes, sous-jacentes des notes caramélisées émergent, des fragrances végétales sont perceptibles.
Cet afflux de senteurs est tempéré et est conduit sur une trame acide et minérale qui apporte fraîcheur et sur laquelle repose la totalité des sensations aromatiques donnant à cet ensemble une impression d’équilibre quasiment inébranlable.
La première présence en bouche, franche, droite et nette, nous surprend presque par sa vivacité. Non, pas de cette vivacité brutale ; mais ici, rien que de la finesse, de cette vivacité qui est là pour apporter de le fraîcheur, pour donner une contenance aux arômes sucrés, bref pour conduire les sensations  sur un ensemble fusionnel, plaisant et charmeur pour le dégustateur.
La bouche est acquise par ces perceptions qui s’élargissent afin de donner des ressentis doucereux, tout en équilibre au palais : sucre, acide (minéralité), évanescences végétales. L’ensemble donne cette agréable impression de ne former qu’un tout dont tous les éléments, sucres, acides, alcool se sont agrégés dans une parfaite et délicate harmonie.
J’oublie d’en parler, mais la matière est là, présente, s’arrondissant dans le palais, mais elle aussi, intégrée dans ce bel et délicat équilibre qui appelle à la gourmandise de chacun.
La finale qui s’étire est toute dans la continuité des impressions précédentes et se trouve à l’unisson des ressentis. Longue persistance, richesse gourmande et fraîcheur peuvent la caractériser.
Vin ! que tu es goûteux et agréable !
Et comme dirait un célèbre acteur à la question :
‘’Que faites-vous après avoir bu 3 verres de vin ‘’,
La réponse : ‘’J’en bois un quatrième’’.
Cette remarque pourrait avec bonheur s’appliquer à cette cuvée.

Bien ++

Vin N° 4 :
Demi-sec :  15 gr/litre de sucres résiduels

Le vin se présente très limpide dans sa brillante parure jaune d’or pale offrant beaucoup de similitude avec les précédentes présentations.
Dans le verre, le vin tourbillonne et laisse échapper, toutes en finesse et d’une moyenne intensité, d’agréables notes végétales d’où l’on distingue des senteurs de menthe, d’anis et de chlorophylle. Ces notes végétales enrobent des arômes de fruits légèrement en compotées, pommes, poires et petites prunes auxquelles se mélangent quelques notes citronnées ; tout cet agrégat de senteurs reposant sur une fine trame acide et minérale très typique au cépage chenin.
La bouche est presque surprise par la vivacité à la fois franche et délicate ; celle-ci tend à se dissiper et s’effacer en partie pour laisser la place à ces arômes de fruits blancs desquels s’échappent des fragrances végétales et d’agrumes (citrons).
Le palais se complait avec cette matière présente, toute en agréable rondeur et s’attarde avec bonheur avec ces fraiches sensations délivrées par cet aromatique de fruits en compotées, de végétal et d’agrumes contenu dans une bulle d’une belle acidité.
La perception de la délivrance des sensations tend à se réaliser de façon séquentielle, acidité puis sucre puis acidité et non d’une façon linéaire où l’ensemble des ingrédients sensoriel est fondu, en osmose, ce que nous avions pu ressentir dans le précédent vin.
La finale plaisante s’étire toute en vivacité sans être dérangeante, laissant d’agréables et fraîches sensations de fruits blancs en compotées et citronnées en bouche.  

Bien +

Vin N° 5 :
Demi-sec :  15 gr/litre de sucres résiduels
Que se passe-t-il avec ce nouveau vin ? Les carafes n’ont pas même pas terminées leur tour de salle , que déjà des remarques fusent, des exclamations jaillissent. Y-aurait-il problèmes ? En tout état de cause nous n’allons pas tarder à se trouver devant le dilemme, nous qui sommes assis en fond de salle.
Rien dans le visuel, le vin se présentant agréablement dans sa belle robe jaune paille avec des nuances dorées.
Mais, inutile mettre le nez trop près du verre ; la perception olfactive est forte et hautement, oui, hautement désagréable.
Des odeurs déviantes s’exhalent du verre ; chacun y va naturellement de sa connotation. Personnellement j’y retrouve des odeurs similaires à des réductions champignonnées, des linges mouillés mal séchés.
Aérons, oxygénons donc le verre et patientons. Les verres INAO à notre disposition manquent véritablement de volume pour accélérer l’aération. C’est compliqué et ces odeurs ne s’estompent vraiment pas et ont semble-t-il imprégné le contenant.
Néanmoins en insistant des fragrances citronnées et mentholées peuvent être décelées.
Avec témérité, il convient de goûter.
L’attaque en bouche est instantanément portée par une ligne alcooleuse qui déséquilibre totalement la perception en bouche.  Aucuns des éléments relatifs au cépage chenin que nous attendions ne sont reconnaissables si ce n’est quelques notes végétales et citronnées. 
La finale est à l’aune de cette déstructuration, fluide, sans réelle définition et asséchante.
Faut-il oublier ce vin ?
Non, il faut lui donner une seconde chance.
Nous ne l’avons, en tout état de cause, sûrement pas gouté dans les bonnes conditions car il ya fort a pensé qu’un passage en carafe de plusieurs heures aurait changé la donne.
Donc à revoir.

Et puis, surprise,  quelques jours après cette dégustation, Bernard qui a rapporté un fond de bouteille chez lui me fait part de ce commentaire :
«  Bue après 3 jours d'aération dans la bouteille. 
Robe or à reflet paille, nez ouvert net et sans défaut, d'une belle finesse sur la compote de pomme, de l'amande et de la poire. 
L'attaque en bouche est dominé par le citron et la pomme verte vient ensuite des notes plus miellées et pomme cuite à l'aération. 
Finale acidulée et gourmande les petites notes miellée et une fine amertume restant en bouche ». 
Ceci me réconforte et confirme donc avec force notre conclusion, à savoir qu’une obligatoire et longue aération s’impose pour que ce vin soit en condition pour sa dégustation.

Aucune appréciation (à revoir)

Vin N° 6 :
Demi-sec :  16,2 gr/litre de sucres résiduels

Après cette déception, on ne peut dire autrement, scrutons cette belle robe jaune or relativement pâle qui enrobe notre verre, d’une franche limpidité ; quelques reflets verts sont également décelables.
Le vin serait-il capricieux et ne pas vouloir se dévoiler ?
Très discret à la première approche, il demande quelques rotations dans le verre pour s’aérer et commencer à de se dénuder pour dévoiler avec plaisir une belle, fine, complexe et intense palette aromatique et nous propose en premier plan de magnifiques notes de fruits, à la fois pommes , poires et pêches ainsi que des notes mellifères qui se réunissent, se mélangeant en second plan aux agrumes et aux fleurs blanches.
Des sensations olfactives hors pair et prometteuses.
L’attaque en bouche vive, est dominée par une belle acidité apportée par ces fragrances citronnées qui se mettre en osmose avec les notes sucrées d’origine fruitée et miellée. Le palais s’élargit, se délie pour accepter une riche caresse procurée par cette matière complexe et de grande classe, où le sucre harmonieusement intégré est en équilibre parfait avec cette acidité qui procure une fraîcheur des plus vivifiante, gourmande et d’une grande délicatesse.
L’ensemble constituant un mélange empreint de finesse et d’élégance s’étire longuement sur une trame d’une légère amertume dans une finale où les émanations aromatiques se dissipent très lentement.
Un vin d’une grande classe, à ne pas en douter d’un gros potentiel de garde et (si je n’ai pas encore évoquer ce volet auparavant) de haute gastronomie.

Bien +++

Vin N° 7 :
Demi-sec :  25 gr/litre de sucres résiduels
Premier des deux vins proposés dans cette catégorie.
Le verre se pare d’une belle robe jaune d’or très brillante (presque métallisée) dans laquelle se distinguent quelques reflets verts.
Le vin d’une parfaite limpidité s’ouvre immédiatement au nez et lui délivre une palette aromatique d’une réelle complexité. Posée sur une délicate trame acide et minérale, plusieurs catégories de senteurs se distinguent, les fruitées (pommes, pommes, poires complétées par des notes mellifères), au même niveau, les exotiques (citron, pamplemousse), complétées par des notes d’amandes douces, de fleur d’oranger, de cédrat.
Ce panel de sensations olfactives ne peut que précipiter la mise en bouche.
L’attaque en bouche se distingue par cette dualité : douceur, acidité, donnant des premières sensations goûteuses et affriolantes.
Toute de soie revêtue, la bouche est emplie par la riche générosité de cette imposante matière parfaitement imbibée de saveurs en osmose dans lesquelles se retrouvent les fruits blancs mûris (en compotée), les saveurs exotiques ainsi que quelques émanations vanillées, enveloppée  dans une bulle de fraîcheur procurée par l’acidité et la minéralité présentes. Tous ces ingrédients donnent l’impression d’être assemblés avec une rigoureuse précision et de manière harmonieuse, ce qui ne manque pas de donner ce parfait équilibre à la structure.
La rondeur capiteuse, sous-tendue par la minéralité, qui se dégage de cet ensemble s’étire très, très longuement dans une finale empreinte de plaisirs gourmands.
Vin ‘’classieux’’, actuellement et véritablement pour quelques années encore.
Du bonheur !!!

Très bien

Vin N° 8 :
Demi-sec :  25 gr/litre de sucres résiduels
Pour terminer notre série dégustative, notre verre se drape dans une tunique brillante jaune d’or vraiment soutenue, laquelle tranche avec toutes les présentations précédentes. L’œil aurait pu reconnaître une livrée sauternaise.
Immédiatement le vin se dévoile et le nez s’emplit d’arômes concentrés présageant une certaine puissance dans lesquels des notes végétales, menthe, des fragrances d’amande, s’extraient de senteurs fruitées, pommes et poires en compotées. L’ensemble étant enveloppé par un voile acide, minéral procurant fraicheur  et équilibrant l’ensemble des perceptions.
Une gracile minéralité vient immédiatement titiller nos papilles ; presque fugace cette sensation s’éloigne car de belles notes sucrées viennent contrebalancées le ressenti initial et apportent gras et opulence sans aucune ostentation. Très belle impression première qui préfigure certainement de l’équilibre qu’a voulu rechercher le vigneron.
La encore, je me répète, le palais donne cette belle impression de recevoir les caresses d’ailes de papillons se déployant et qui par leurs battements stimulent le palais avec une grâce et douceur ; ces dernières enveloppant une matière riche, racée et toute en harmonie (équilibre) entre le sucré et cette belle acidité minérale.
Une belle bouche en somme.
Mais cette belle harmonie est néanmoins perturbée en finale par un point de désagrément consistant en une prédominance de la minéralité sur la trame sucrée allant donner à cette finale , par ailleurs  longue et d’une belle richesse , un soupçon de sensation asséchante provoquée par des perceptions alcooleuses.
Pour moi, il est dommage que cette finale ne soit pas la fidèle continuité de la riche gourmandise ressentie en bouche.
Malgré ce hiatus , un vin bien constitué aux arômes complexes dont l’équilibre primaire est bien présent et sans aucun doute d’un beau potentiel.

Bien ++

Notre séance se termine, il convient maintenant de mettre un visage sur chaque numéro.

N° : 1   Cave des Producteurs de Montlouis    
Cuvée ‘’Montlouis Tendre’’    Prix : 7,90 €
Cave des Producteurs de Montlouis
2 Route de Saint-Aignan
37270 Montlouis-sur-Loire
02 47 50 80 98










N° : 2   Domaine Benoît Mérias  
Cuvée ‘’A Cabane’            Prix : 14,00 €
Domaine Benoît & Julie Mérias
41 route de Montlouis
37270 St Martin le Beau
02 47 74 61 90



N° : 3   Domaine de l’Ouche Gaillard  
Cuvée ‘’Jade’’                      Prix : 11,00 €
Gabrièle et Régis Dansault
1,rue Gaspard-Monge
37270 Montlouis-sur-Loire
02 47 44 36 23



 
N° : 4   Domaine Franck Breton  
Cuvée ‘’Authentique’’      Prix : 12,50 €
Franck Breton
1 bis, rue de la Résistance,
37270 Saint-Martin-le-Beau
02 47 50 23 24




N° : 5   Domaine Rocher des Violettes  
Cuvée ‘’Les Borderies’’     Prix : 16,00 €
Domaine Le Rocher des Violettes
Xavier Weisskopf
34, rue de la Roche
37150 Dierre
02 47 23 52 08


 
N° : 6   Domaine François Chidaine  
Cuvée ‘’Les Tuffeaux’’      Prix : 18,00 €
Domaine François Chidaine
30 Quai Albert Baillet
37270 Montlouis-sur-Loire
02 47 45 19 14




N° : 7   Domaine Bertrand Jousset   
Cuvée ‘Trait d’Union’’     Prix : 20,00 €
Domaine Bertrand Jousset
36 Rue des Bouvineries
37270 Montlouis-sur-Loire
02 47 50 70 33





N° : 8   Domaine La Grange Tiphaine  
Cuvée ‘Les Grenouillères’’     Prix : 20,80 €
Domaine La Grange Tiphaine
1407 Rue du Clos Chauffour
37400 Amboise
02 47 30 53 80







Après toutes ces appréciations et indications, je n’oublie pas de vous parler accords et gastronomie, et à cet effet, je reprend quelques commentaires ‘’piqués’’ dans différents sites.
«Quels accords sur un Montlouis demi-sec ?
Les blancs demi-secs, qui sont un peu une spécialité de la Loire, posent parfois des problèmes à de nombreux amateurs qui ne savent pas trop sur quel pied danser. Trop de sucre pour un poisson au four, pas assez pour une tarte Tatin, alors que faire ? En fait, à l’usage, on se rend compte que ces blancs, à la matière bien tendue par une acidité minérale (ce qui est typiquement le cas du chenin), supportent parfaitement d’être “arrondis” par une pointe de sucre résiduel. Une belle acidité tranchante équilibrera le vin qui paraitra à peine sucré et le sucre gommera un peu le tranchant de l’acidité… Du coup les demi-secs de Montlouis font très bon ménage avec une cuisine exotique bien épicée, des tajines sucrés/salés, de nombreux plats de la cuisine thaï, des currys assez relevés (poulet ou poisson comme la lotte). Ils fonctionnent également bien avec des fromages à pâte persillée ou sur des desserts aux fruits (tarte aux pommes ou salade de fruits). »



Je remercie Bernard pour le choix de ses vins ainsi que de ses notes de dégustations sans lesquels ce compte-rendu n’aurait pas pu être rédigé.
Surtout, je vous le rappelle, n’hésitez-pas à vous exprimer, tant sur la dégustation que sur les commentaires.

Claude F.

4 commentaires:

  1. J'avais à cœur de montrer une des nombreuses facettes de ce grand cépage ligérien qu'est le chenin dans sa version demi sec.
    Un peu délaissé aujourd'hui au profit des secs ,avec le travail de cette nouvelle génération de vignerons montlouisiens il à de nombreux atouts on peut le constater avec cette dégustation.
    Une autre précision ces vins ont un très grand potentiel de garde j'ai même dégusté lors de me visites un millésime 2002 pour moins de 9 €.
    J'adresse à mon ami Claude mes chaleureux remerciements pour la présentation et la rédaction des commentaires de cette belle dégustation.
    Bernard C

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  3. Bravo pour cette dégustation !
    Je regrette doublement de n'avoir pu y participer :
    - pour le VDF d'Alexandre Bain dont j'ai beaucoup entendu parler et que je n'ai jamais goûté ;
    - pour la qualité des vignerons choisis par Bernard sur l'appellation Montlouis. Tous les grands sont là et terminent en tête dans les appréciations de Claude. Je suis en effet surpris par la difficulté à boire sans aération "Les Borderies" du domaine du Rocher des Violettes et regrette de ne toujours pas avoir dégusté les vins de Lise et Bertrand Jousset. Ceux qui veulent avoir une vision complète des stars de l'appellation rajouteront Jacky Blot du domaine de la Taille aux Loups mais il est vrai que ses sélections parcellaires en sec sont beaucoup plus intéressantes que son demi-sec.
    Jean-Loup

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    1. Jean Loup je me suis rendu à la Taille aux Loups lors ma première visite à Montlouis à ma grande surprise Jacky Blot ne fait plus de demi sec.
      les Borderies ont été carafé environ pendant 1h30 au service après aération dans mon verre Authentis j'avais personnellement un côté réduit moins marqué , et lors de ma visite au Rocher de violettes Xavier Weisskopf m'avait dit de faire une longue aération.
      Je rajouterais dans ma liste de vignerons ,Frantz Saumon;Ludovic Chanson;Les Pierres Écrites etc
      Bernard C

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